°°°
Pensées pour nous-mêmes:
(N'ATTENDS AUCUN SECOURS DE LA COLÈRE)
°°°
"Mon Dieu....
Pas un seul pour relever l'autre...
Pfff..."
Jane Russell in ‘Gentlemen Prefer Blondes’, 1953.
(Source: ever-so-dreamy)
°°°
(Obligées de vendre leurs vêtements pour
pouvoir jouer, ces américaines gardaient
cependant le sourire)
Les Américains ont perdu foi dans l’avenir
DAVID BROOKS
THE NEW YORK TIMES
(...) Auparavant, quand les visiteurs étrangers décrivaient la culture américaine, ils mettaient généralement en avant diverses variantes d'une même caractéristique : l'énergie. Que leurs motivations fussent terre à terre ou spirituelles, les Américains travaillaient plus frénétiquement, se déplaçaient davantage et changeaient plus souvent d'emploi que pratiquement tout le monde.
Les choses sont en train de changer. Au cours des 60 dernières années par exemple, les Américains sont devenus de moins en moins mobiles. En 1950, 20 % d'entre eux déménageaient chaque année. Désormais, le chiffre tourne autour de 12 %. Dans les années 50 et 60, les gens habitaient dans la même maison pendant cinq ans en moyenne ; aujourd'hui, cette durée atteint 8,6 années. Notre mobilité géographique n'a jamais été aussi faible : elle équivaut à celle du Danemark ou de la Finlande.
Il est vrai que le pays vieillit et qu'en général, les gens se déplacent moins lorsqu'ils prennent de l'âge. Mais les jeunes d'aujourd'hui sont bien moins mobiles que ceux des générations précédentes. La mobilité a chuté de 41% chez les jeunes adultes rien qu'entre les années 80 et 2000.
Il est vrai aussi que beaucoup de gens sont coincés avec des logements dont la valeur a beaucoup baissé. Mais, comme le note Timothy Noah dans Washington Monthly, la mobilité connaît une baisse aussi forte chez les locataires que chez les propriétaires.
Non, un facteur primordial pour expliquer cette tendance est la perte de confiance en soi. Il faut y croire pour bouger. Si on s'expose à des frais et à des difficultés temporaires, c'est parce qu'on est convaincu qu'on y gagnera à long terme. Les personnes hautement qualifiées, qui bougent encore beaucoup, possèdent cette conviction. Souvent, les personnes moins qualifiées ne l'ont pas.
L'une des curiosités de la mobilité d'aujourd'hui, c'est que les gens ne vont pas s'installer dans des zones où le chômage est faible et les revenus élevés. Ils vont dans des zones où les revenus sont faibles et le logement bon marché. C'est-à-dire qu'ils sont moins prêts à accepter des difficultés de logement temporaires pour bénéficier de futures opportunités. Ils préfèrent s'installer dans des zones qui offrent un confort immédiat même si les perspectives de revenu sont plus faibles à long terme.
Ce manque de foi dans l’avenir se manifeste également dans d'autres domaines. Le taux de fertilité, qui est un bon indicateur de la confiance, est en baisse. Les gens sont moins enclins à quitter un emploi pour en chercher un meilleur – même en tenant compte des variations cycliques. Seuls 46 % des Américains blancs pensent avoir de bonnes chances d'améliorer leurs conditions de vie. C'est le chiffre le plus bas de l'histoire du General Social Survey [une enquête sociologique bisannuelle]. (...)
Peter Beinart a écrit un article fascinant pour le National Journal, montrant que les Américains croyaient jadis bien davantage au capitalisme, à une société sans classe, au rôle des Etats-Unis dans le monde et à la religion organisée que les Européens. Or leurs conceptions ressemblent aujourd'hui à celles des Européens. Et si on ne considère que les jeunes, l'exception américaine a tout simplement disparu.
50 % des Américains de plus de 65 ans pensent que les Etats-Unis ont une place à part parmi les nations en tant que plus grand pays au monde. Seuls 27 % de ceux âgés de 18 à 29 ans sont du même avis. En 2003, les Américains étaient plus nombreux que les Italiens, les Anglais et les Allemands à affirmer que "l'économie de marché est le meilleur système sur lequel fonder l'avenir du monde". En 2010, ils étaient un peu moins nombreux que ces mêmes Européens à adhérer au capitalisme.
Il y a trente ans, les Américains se considéraient en grande majorité comme appartenant à la classe moyenne. Depuis 1988, le pourcentage des personnes qui se considèrent comme "laissées pour compte" a doublé. Aujourd'hui les jeunes ont davantage tendance à penser que la réussite est une question de chance et non de travail que les générations précédentes.
Ce pessimisme m'évoque un concept qui circule en Europe : le précariat. Selon l'universitaire britannique Guy Standing, le précariat est une catégorie en expansion qui regroupe les personnes vivant avec des emplois à durée déterminée et à temps partiel, dans des conditions précaires et "sans possibilité de se construire une trajectoire professionnelle". Elles connaissent de multiples formes d'insécurité et sont susceptibles de rallier des mouvements de protestations de toutes tendances politiques.
Le précariat américain semble plus frileux, peu sûr de lui, réfractaire à la prise de risques, s'appuyant sur les amis et la famille mais sans foi dans les possibilités de l'Amérique. Ce fatalisme est à rebours de l'histoire des Etats-Unis.
°°°
(Le premier groupe rock soviétique
quelques heures avant son départ
et sa disparition dans l'espace)
°°°
Benoît Barvin
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire