Bonjour à vous qui, dans le maelström du net, êtes arrivés, par hasard? lassitude? erreur? sur ce blog. Vous êtes les bienvenus. Vous y lirez des extraits d'articles, de pensées, d'interviews, piochés ça et là, et illustrés de photos et dessins détournés, via un humour de bon aloi. Vous pouvez évidemment réagir avec le même humour, la même ironie que nous mettons, chaque jour, à tenter de respirer un peu plus librement dans une société qui se corsète chaque fois un peu plus.

mercredi 13 février 2013

"La reine des tortues était super rapide dans sa tête". Jacques Damboise in "Pensées à contre-pet".

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Pensées pour nous-mêmes:

(N'ATTENDS PAS LA VERTU,
PRATIQUE-LA)

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COURTS RÉCITS AU LONG COURS (72)
pcc Benoît Barvin

Mouche

   Délicatement, elle se promène sur ta hanche... Elle s'arrête, elle se nettoie les yeux avec ses pattes antérieures, comme si elle réfléchissait sur la conduite future à tenir... Elle avance avec précaution, se demandant si elle risque quelque chose. Que ta main s'abatte sur elle, par exemple. Mais tu as toujours aimé les mouches, Macha, toujours. 

   Je me rappelle de ce premier été, au bord de l'océan, où notre demeure fut envahie d'une myriade de ces diptères et où, furieux, je m'apprêtais à les massacrer à coups de vaporisateur. Tu t'es insurgée, disant que non seulement le produit était toxique pour nos poumons, mais que ces mouches étaient des créatures de Dieu et qu'à ce titre, elles-aussi, avaient le droit de vivre...

   La peur de cet insecte à ton encontre est donc pathétique. Si tant est qu'elle possède une conscience, la petite bestiole... D'autant plus qu'elle ne semble pas savoir que la chair appétissante sur laquelle elle s'est posée appartient à une spécialiste de son espèce: la mouche domestique. Macha s'est en effet prise d'une telle passion pour la "musca domestica" qu'elle a rapidement envahi la bibliothèque de livres savants consacrés à cette catégorie d'insectes. Elle a passé presque tout son temps à l'étude, se fournissant d'un certain nombre de mouches auprès de professionnels de la région, relevant les différences entre la petite mouche domestique, ou "Fannia canicularis" et la mouche charbonneuse, ou "Stomoxys calcitrans" capable, elle, de piquer.

   J'ai moi-même participé à ses recherches car Macha me payait en nature. Et je dois avouer que cette "nature"-là était brûlante et passionnée. Seul inconvénient, elle ne s'envoyait bien en l'air que si, dans la pièce, vrombissaient des centaines de ces insectes. Mon amante prétendait que le bruit de leur vol, que le frôlement de leurs ailes, que les titillements fugaces de leur minuscule trompe augmentaient ses sensations.

   Au début je n'ai rien dit. J'ai obéi à ses désirs un rien risibles, car Macha était endurante, inventive... et riche, aussi, c'est un paramètre qui compte. Une richesse héritée d'un vieux mari qui avait eu le bon goût de décéder rapidement, en lui laissant une plantation sous les tropiques. Je me suis également pris d'affection pour cet ordre des "dipteras", dont le cycle de vie n'excède pas 19 jours. J'ai rapidement tout su à propos de leur mode de reproduction. 

   J'ai appris, par exemple, que la femelle ne s'accouple qu'une seule fois, qu'elle stocke le sperme afin de l'utiliser pour plusieurs pontes d'œufs. A l'image des humains - à moins que ce ne soit l'inverse - les mâles sont territoriaux. Eux aussi défendent un certain territoire contre l'intrusion d'autres mâles et cherchent à monter toute femelle qui entre sur cette aire spatiale leur appartenant. Bien sûr, la ponte, les milliers d'oeufs, les larves qui en sortent, leur mode de mutation, leur transformation finale en mouche domestique, j'ai tout appris au contact de Macha. 

   Cet intérêt qui croissait à leur contact semblait aspirer celui que j'avais éprouvé pour Macha, finalement une belle garce, une "Marie couche-toi là" de la pire espèce. Ne l'ai-je pas surprise, la semaine dernière, à se faire bourrer par un boy de la plantation, et quand elle m'a aperçu, cette roulure ne m'a-t-elle pas proposé de les rejoindre... 

   Je pense que j'ai su tout de suite ce qui allait lui arriver. Ce matin, je lui ai mitonné un délicieux jus d'orange à la strychnine. D'ordinaire je fais à Macha une piqûre de ce stimulant du système nerveux central, juste avant que nous baisions. Cette fois-ci, j'ai mis la dose dans la boisson que j'ai fortement sucrée. Comme ma maîtresse se méfiait - ne m'a-t-elle pas demandé de goûter avant elle car, paraît-il, je la regardais "comme un chacal observe sa proie" -, je la menaçais d'une arme.

   Ses convulsions ont duré un moment. Pendant ce temps, j'étais occupé à choisir avec soin les mouches qui allaient l'accompagner dans son agonie. J'ai opté pour les banales mouches domestiques, car j'aime beaucoup ces insectes d'apparence paisible. C'est, en quelque sorte, un hommage que je rends à ma future ex-maîtresse qui me laisse la propriété, par testament fait au tout début de son empoisonnement - alors que je prétendais lui donner un antidote si elle obéissait à mes ordres.   

   Plus tard, lorsque son cadavre commencera à pourrir, il sera temps d'envoyer à la curée la "Calliphora vomitoria", autrement dit la mouche bleue. Une espèce dont j'attends, avec impatience, d'étudier le curieux comportement...


(L'auteur remercie l'Encyclopédie libre Wikipédia, sans qui...)

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"Oh Mon Dieu, non! Etre dans la Lumière,
comme ça, c'est trop... C'est trop...
J'ai pas l'habitude et...
- Crétin, je fais rien que régler mes éclairages!"


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(L’Écrivain public devait savoir écrire
sur n'importe quel support)


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(Depuis la mort de son papa Dogson,
la petite Alice tourne mal)


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("L'Homme qui tire la langue devant un flingue chargé"
a eu une carrière météorique)


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Jacques Damboise

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