Bonjour à vous qui, dans le maelström du net, êtes arrivés, par hasard? lassitude? erreur? sur ce blog. Vous êtes les bienvenus. Vous y lirez des extraits d'articles, de pensées, d'interviews, piochés ça et là, et illustrés de photos et dessins détournés, via un humour de bon aloi. Vous pouvez évidemment réagir avec le même humour, la même ironie que nous mettons, chaque jour, à tenter de respirer un peu plus librement dans une société qui se corsète chaque fois un peu plus.

samedi 2 février 2013

"Les petites souris, transformées en valets par la Bonne Fée, comprirent ce qu'était la Lutte des Classes chez les Humains". Benoît Barvin in "Pensées pensées".

°°°
Pensées pour nous-mêmes

(TU NE RATTRAPERAS JAMAIS
TON OMBRE)

°°°
"Oulà! Tu as vu ces chaussons?
- Lesquels?
- Ceux de cette pimbêche de danseuse étoile...
- Oui, et alors?
- Ils sont u-s-é-s, je te dis pas...
- C'est pas vrai... Déjà?"


°°°
"Mon Papa et ma Maman?
Le premier est en prison,
la seconde dans la rue,
elle dit bonjour à des Messieurs"

Cosette dans "Les Misérables"

°°°

La communauté de la haine : 
essai de typologie
Antoine GAUDIN
(extraits)

   (...) Prenez n’importe quel discours d’un opposant au mariage pour tous, il entrera (au moins) dans une des dix catégories suivantes :

   - 1. Les insultes ouvertes, propos de comptoir et autres ricanements de corps de garde sur fond de clichés associés à l’homosexualité, célébrant en creux le profond satisfecit de leurs auteurs, qui se réconfortent ainsi, implicitement, de leur appartenance à une norme dominante.

   - 2. Les comparaisons avilissantes (le rapport homosexuel apparenté à la pédophilie ou la zoophilie par exemple) qui, associées aux prospectives dégradantes sur les effets d’une évolution législative vers le mariage entre personnes de même sexe ("et si demain j’ai envie de me marier avec mon téléphone ?", etc.), en disent beaucoup plus long, hélas, sur l’univers psycho-sexuel propre à leurs auteurs (cette incapacité apparente à saisir le concept d’une relation affective entre adultes consentants est le signe d’une immaturité sexuelle inquiétante, au fond) que sur les conséquences effectives qu’entraînerait une telle évolution sur les mœurs contemporaines.

   - 3. La hiérarchisation décomplexée des identités sexuelles, associée à l’emphase millénariste de la menace du "chaos" civilisationnel ("à quand la légalisation de l’inceste ou de la polygamie ?") : au nom de visions simplistes et délirantes de l’histoire de notre "civilisation" et de son possible effondrement, plusieurs députés FN et UMP ont, par exemple, fait publiquement mention d’une supposée infériorité morale de l’homosexualité sur l’hétérosexualité. (Ce n’est évidemment pas le seul domaine, aujourd’hui, où la parenté idéologique entre ces deux partis apparaît clairement.)

   - 4. La convocation rassurante de la "tradition", grand classique du conservatisme, doublée dela référence désespérée à une supposée "essence" de la famille ("un papa et une maman"), que tout contredit par ailleurs : l’anthropologie historique des structures de parenté, l’observation sociologique des évolutions contemporaines de la famille (divorces, systèmes monoparentaux), etc.

   - 5. L’expression naïve et arbitraire d’un système de valeurs fondé sur la base de textes religieux (autrement dit, dans une République laïque, sur rien), qui a d’ailleurs amené les représentants de certaines minorités (juive, musulmane) à prendre une position, sans doute évaluée par eux comme "stratégique", dans la grande vague de l’Ordre moral qui investira les rues ce dimanche.

   - 6. L’homophobie chrétienne-compassionnelle (avec en figure de proue l’inoxydable passionaria anti-PACS Christine Boutin), qui, sous couvert d’une hypocrite et condescendante bienveillance (la soi-disant "souffrance" des personnes homosexuelles, vues comme des brebis égarées), répand une vision idéologico-normative extrêmement violente des rapports entre les êtres et des structures de filiation. Cette idéologie s’oppose ainsi, de façon virulente, à tout (égalité des droits, sensibilisation à l’homophobie dans les milieux scolaires, etc.) ce qui pourrait, dans les faits, atténuer la dite-souffrance possiblement ressentie par les homosexuels en raison des phénomènes d’exclusion dont ils sont victimes. 

   Ce n’est pas la moindre des contradictions d’une pensée très étroitement religieuse (la foi est ici vidée de toute spiritualité, réduite à un petit vade-mecum moral) qui met en avant, théoriquement, les notions d’amour et de tolérance à l’égard des "déviants", pour mieux les piétiner au nom du respect de textes "sacrés".

   - 7. La sociologie sauvage et intuitive d’un "monde homosexuel" fantasmé (associé, en vrac, à la luxure, à l’individualisme décadent post-mai 68, à la consommation de stupéfiants, etc.) et/ou réduit à une poignée de témoignages tirés de l’expérience personnelle et haussés à valeur de loi générale ("j’ai croisé un gay lors d’une soirée, et il m’a dit qu’il ne souhaitait pas se marier", etc.).

   - 8. La camaraderie de sortie de boîte, qui entend reléguer le rôle social des personnes homosexuelles à celui de gentils transgressifs nocturnes, sympathiques, drôles, originaux et décoratifs, en assurant (à leur place) qu’ils ont bien de la chance d’être "différents", et qu’ils ne souhaitent pas vraiment s’embarrasser de cette "institution bourgeoise" qu’est le mariage. Notons que cette dernière posture manque ainsi gravement le fond du problème, qui n’est pas le mariage lui-même, mais l’égalité des droits.

   - 9. L’"homophobie de l’agacement" (dont le fameux "Messieurs les homosexuels, laissez-nous tranquilles !" du député UMP Jacques Myard pourrait constituer le parangon) , qui s’indigne de constater que les Français homosexuels d’aujourd’hui (pourtant beaucoup mieux tolérés que leurs "ancêtres" des périodes passées ou leurs "congénères" d’autres aires géographico-culturelles), loin d’être reconnaissants envers la société qui ne les emprisonne pas et ne les classe plus dans la catégorie des malades mentaux, ont l’outrecuidance de réclamer encore et toujours plus de droits – un peu comme s’ils étaient pressés d’être reconnus comme des citoyens à part entière. 

   Reposant souvent sur l’idée que l’homosexualité relève d’un "comportement" choisi (et non d’une donnée naturelle de l’individu, comme la couleur de peau par exemple), cette "homophobie de l’agacement" s’incarne souvent dans des phrases-type telles que : "L’Etat n’a pas à valider les caprices d’une minorité", et s’accompagne en général de jugements dépréciateurs à l’égard des homosexuels lorsque ces derniers outrepassent le caveau underground que la norme hétéro-tolérante leur avait alloué (on dit alors, parce qu’ils exposent leurs vies de couple ou qu’ils s’embrassent dans la rue, qu’ils "s’affichent", et que cela est "obscène").

   - 10. La manifestation d’une inquiétude pour la condition psychique et morale des enfants élevés par des couples de même sexe. On touche ici à l’un des arguments les plus volontiers avancés par les discours des anti- (notamment par tous ceux qui débutent avec l’expression "Je ne suis pas homophobe, mais… ") : l’invocation d’un "principe de précaution" visant à la protection de nos chères têtes blondes est sans nul doute ce que les opposants au projet de loi considèrent comme leur argument le plus efficient, et surtout comme le plus "présentable". Le fait que leur sollicitude envers les enfants s’arrête bien souvent au seuil des foyers hétérosexuels dysfonctionnels, qu’elle repose sur une vision caricaturale à souhait de l’archétype oedipien et des fonctions sexuées au sein du couple, et qu’elle choisit d’ignorer le nombre important des études sérieuses menées dans les pays qui nous devancent sur la question de l’homoparentalité (et dont les conclusions rassureront tous ceux qui se posent réellement la question du bien-être des enfants), empêche cependant d’accorder un crédit suffisant à leurs préoccupations. 

   Dans l’écrasante majorité des cas, ces dernières dissimulent assez mal le lien direct entre "l’inquiétude pour les enfants" et le préjugé dégradant à l’égard des homosexuels. Le rapport de couple homosexuel, souvent appréhendé sous l’angle du seul génital, est alors considéré comme une forme "impure" d’existence, un mode d’"être-ensemble" inférieur au rapport hétérosexuel. Certains discours de sollicitude contournent cet écueil en affirmant regretter l’existence d’un préjugé dévalorisant à l’égard des couples homosexuels, tout en faisant de l’existence regrettable de ce préjugé un argument pour combattre l’éventualité de l’adoption : les enfants élevés par des homosexuels risqueraient de souffrir, pendant leur développement, de l’homophobie ambiante de la société française. Il s’agit alors d’un renversement spectaculaire des priorités : l’urgence n’est plus de faire reculer l’homophobie en donnant aux homosexuels les mêmes droits qu’aux autres citoyens, mais de protéger les enfants qu’ils pourraient avoir de cette homophobie justement entretenue par l’absence de reconnaissance légale de leur structure familiale.

   On touche ici à un cas de pure aberration rhétorique, une constante dans les arguments des opposants au projet de loi ; un autre de leurs arguments, consistant à démontrer l’inexistence d’une discrimination au motif que "les homosexuels ont, comme les autres, le droit de se marier… avec une personne de sexe opposé", en représente sans doute l’exemple le plus "abouti". (...)

Lire l'article sur:


°°°
"Merci... Merci bien...
Je vous aime..."


(Dans cette assemblée de derviches,
cette danseuse eut un certain succès)

°°°

(Accord social: 
Patronat et syndicats
étaient prêts à aider... heu... 
à gruger les travailleurs)


Droit social à la moulinette
Martine Bulard

    (...) Historiquement régressif. On a beau chercher les mots les plus nuancés, on ne peut en trouver d’autres pour qualifier l’accord concocté par, d’une part, le Mouvement des entreprises de France (Medef), la Confédération générale du patronat des petites et moyennes entreprises (CGPME), et, d’autre part, trois des cinq syndicats salariés invités autour de la table : la Confédération française démocratique du travail (CFDT), la Confédération générale des cadres (CGC) et la Confédération française des travailleurs chrétiens (CFTC). Deux syndicats — la Confédération générale du travail (CGT) et Force ouvrière (FO) — ont rejeté l’accord. La Fédération syndicale unitaire (FSU), Solidaires (Sud) et l’Union nationale des syndicats autonomes (UNSA) étaient d’emblée hors course, car considérés comme « non représentatifs » selon la nouvelle loi.

   Salué quasi unanimement par les commentateurs politiques et par la presse, l’accord « historique » n’en est pas moins signé par des « partenaires » (un mot qui sonne doux aux oreilles patronales) ne représentant pas plus de 38 % des voix aux élections prud’homales de 2008. Autrement dit, il reste minoritaire. Cela n’empêche pas M. François Hollande et, à sa suite, les médias, de vanter la méthode et ses résultats. Et d’exiger des députés de la majorité (socialistes et verts) de ne pas toucher une ligne du texte quand il sera examiné au Parlement. On pourrait aussi se faire une autre idée de la démocratie sociale et politique.

   Il est vrai que les mots tendent à perdre leur sens. Déjà, on parlait de « plans sociaux » pour dire licenciements ; désormais, « sécurisation de l’emploi » désigne la flexibilité. Si sécurisation il y a, c’est bien celle des profits — expression totalement bannie du texte. Qu’on en juge à l’aune des principales dispositions de l’accord.

   1. Le maintien dans l’emploi. Dans la novlangue patronale, cela s’appelle : « trouver un nouvel équilibre dans l’arbitrage global temps de travail/ salaire/ emploi ». Traduit dans la vraie vie, cela devient : quand l’activité baisse, le temps de travail baisse et les salaires suivent. C’est le chômage partiel généralisé... sans indemnités chômage. Ainsi, le travailleur peut voir son temps de travail diminuer d’un quart ou de moitié et son salaire se réduire d’autant, quand le patron le décide. (...)

   (...) 2. La mobilité de l’emploi. Cela sonne jeune et dynamique — mais cela renvoie des générations en arrière. L’entreprise peut décider d’envoyer le salarié ou un service entier n’importe où dans le groupe, dès lors qu’elle ne modifie pas sa qualification. Ce n’est plus la loi qui régit ce droit patronal, mais un simple accord d’entreprise. Le contrat de travail ne fait rien à l’affaire, et toute personne qui aurait le front de refuser serait licenciée « pour motif personnel ».

   3. Les règles relatives au licenciement. Désormais, les procédures de licenciement ne sont plus celles fixées par la loi mais « par un accord d’entreprise » (majoritaire, c’est bien le moins) ou par un « document produit par l’employeur et homologué par la Direccte » (Direction régionale des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l’emploi) (et de l'enfumage?) et non l’inspection du travail, en vingt-et-un jours maximum. Dans le cas contraire, le plan est réputé acquis. (...)

Lire la suite sur:


°°°
Benoît Barvin

Aucun commentaire: