Bonjour à vous qui, dans le maelström du net, êtes arrivés, par hasard? lassitude? erreur? sur ce blog. Vous êtes les bienvenus. Vous y lirez des extraits d'articles, de pensées, d'interviews, piochés ça et là, et illustrés de photos et dessins détournés, via un humour de bon aloi. Vous pouvez évidemment réagir avec le même humour, la même ironie que nous mettons, chaque jour, à tenter de respirer un peu plus librement dans une société qui se corsète chaque fois un peu plus.

mercredi 20 février 2013

"Cette chienne de vie me mordillait toujours les basques". Jacques Damboise in "Pensées inconvénientes".

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Pensées pour nous-mêmes:

(DÉSHABILLE TES MAUVAISES PENSÉES)

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COURTS RÉCITS AU LONG COURS (74)
pcc Benoît Barvin


Van (2)

   J'acquis pour une bouchée de pain ce véhicule utilitaire lors d'une vente aux enchères. Il s'agissait d'un van banal, à porte coulissante, qui n'accusait  que 25 000 km au compteur. Je m'en étonnai, d'autant que j'avais appris qu'il avait eu plusieurs propriétaires avant moi. "Ce n'est pas étonnant, me dit le commissaire-priseur. Ce van a une histoire bizarre. Tous ses possesseurs ont eu maille à partir avec la Justice, comme on dit ou ont eu une mort accidentelle. Le dernier, par exemple, se serait suicidé sur la voie publique à l'aide d'un fusil d'assaut modifié... Comment a-t-il fait? Mystère... Mais cette lourde hérédité explique, peut-être, le prix de départ et d'arrivée du véhicule".

   Je partis au volant du van, en me disant que si le commissaire-priseur avait raison, je devais redoubler de prudence. L'engin avait l'air pourtant banal, il répondait normalement aux sollicitations de son propriétaire. Lorsque je le rangeai devant mon garage, je l'inspectai sous toutes les coutures. Le moteur, les pneus, les freins, tout était OK. Le véhicule n'avait besoin que d'un bon nettoyage, chose que j'entrepris dans l'après-midi, en frottant avec décision le métal en assez bon état.

   "Hé! Ne frottez pas comme ça! Vous m'empêchez de me repoudrer le nez!". La voix féminine me statufia sur place. J'aperçus un petit bout de femme qui, tirant à elle la porte coulissante, sauta sur le sol. Elle avait un museau de souris, une coiffure en bol formée de cheveux filasses d'un roux mordoré, ses yeux étaient rieurs, ainsi que sa bouche aux belles lèvres pleines. Pour le reste, j'ai noté ses vêtements au look hippie - jean accentuant des formes alléchantes et Tee-shirt vivement coloré sous lequel la poitrine semblait très à l'aise... L'odeur de patchouli a immédiatement saturé l'espace.

   Comme je ne réagissais toujours pas, l'apparition m'a souri : "On dirait que t'as vu un fantôme, mon chéri... Je ne suis qu'un génie... Enfin, une Génie, puisqu'il n'y a pas de féminin pour ce mot... Phallocratie, quand tu nous tiens!" Elle a ri de nouveau, et je me suis senti bien, inexplicablement. Génie féminin ou pas, elle était drôlement sympathique, et jolie, surtout quand ses yeux se plissaient, ou qu'elle inspirait son oxygène comme si c'était l'air du grand large.

   La Génie m'a expliqué qu'un méchant sort lui avait été lancé par Schéhérazade elle-même, ce qui l'avait expédiée dans ce "machin" pour les siècles et les siècles "Amen"... "C'est moi qui lui écrivait ses histoires... Le roi de Perse, Shahryar, s'en est rendu compte. Jalouse de l'intérêt qu'il me portait,  cette "garce de Chère Rasade" s'est vengée". Elle continua en disant que, en tant que Génie, elle pouvait exaucer  un seul voeu. Si j'en avais un sous le coude, cela l'arrangerait. Elle en avait assez de ce truc métallique qui sentait "la pisse de chat" et de ses différents propriétaires mal embouchés.

   Je réfléchis un moment, mais fus incapable de sortir de mon cerveau déconcerté une quelconque envie... autre que celle de garder, un moment, la Génie avec moi. Il faut me comprendre: j'étais seul depuis cinq ans. Mon épouse s'était enfuie avec le livreur de pizzas, après avoir vidé notre compte commun. Avoir une Génie dans son logement me serait bien utile... D'abord pour le rangement au quotidien, puis pour les repas non surgelés et, enfin, heu... pour la bagatelle, peut-être? Je m'interrogeai sur la teneur des prouesses charnelles d'une Génie quand celle-ci s'approcha vivement de moi et me donna une paire de gifles!

   "La première, c'est pour me voir sous la forme d'une boniche. La seconde, pour m'imaginer en objet sexuel, non mais! Tu as cependant formulé un voeu et je ne peux m'y soustraire, alors...". "Comment ça, un voeu? répliquai-je en me frottant la joue. Je n'ai rien formulé du tout!". "Je lis dans les pensées, gros bêta, et les images que tu as formées étaient explicites". Elle sourit de nouveau, cette fois avec un zeste de malignité, m'a-t-il semblé, et elle a récité sa formule magique.

   "Tagadam, Tsointsoin, Ziboumcrac et AliBaba". Une poussière d'or a auréolé sa silhouette. Quand elle a disparu, la Génie était toujours là, me souriant d'une manière provocante. Le van, lui, avait disparu. "Bon, on fait quoi, maintenant?" a interrogé la Génie en jetant un oeil vaguement méprisant envers mon pavillon. 

   Cela, c'était il y a quinze jours à peine. Quinze jours horribles au cours desquels j'ai appris que les Génies femelles sont inaptes au ménage, ignorantes dans l'art culinaire et, pour le reste, je préfère ne pas en parler. Chaque nuit, relégué dans mon canapé alors que la Génie se vautre dans mon lit en se régalant de crème glacée, je me demande comment  faire pour me débarrasser de cette souillon frigide qui...

   Aie! J'ai pensé trop fort... Je sens que ça va être de nouveau ma fête... Mais Bon Dieu, qu'est-ce qui m'a pris de troquer ce van, à l'utilité évidente, contre cette grossière Génie maboule? Plus jamais, vous m'entendez, plus jamais je ne lirai un de ces ignobles "Contes des Mille et une nuits"... Si j'ai un conseil à vous donner, Messieurs, c'est de faire comme moi.

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"Participer à l'effort national?
Tout à fait d'accord, les mecs!
Voilà d'ailleurs ma réponse..."


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(La femme dépoitraillée en pleine action)



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(La Mère Michel qui avait retrouvé son chat
était euphorique)


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(La fille qui dormait dans une valise
sortait parfois la tête pour mieux respirer)


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Jacques Damboise

2 commentaires:

Castor tillon a dit…

Il y a des bonnes à rien dans tous les corps de métiers. En plus, une génie normalement constituée devrait pouvoir exaucer trois voeux. Au hasard : savoir cuisiner, savoir faire le ménage, et savoir faire l'a... le reste.
Même ma femme en est capable, et c'est loin d'être un génie.

Benoît Barvin, Blanche Baptiste, Luc Desle, Jacques Damboise, Nadine Estrella a dit…

Cher Castor Tillon: vous aussi vous avez remarqué combien cette "Génie" était peu fiable et un rien au rabais, il faut l'avouer... La faute à Benoît Barvin qui ne connaît pas bien ses classiques, peut-être, à moins qu'il veuille tout faire dans l'économie, allez savoir...