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Pensées pour nous-mêmes:
(LE VALET DU MAÎTRE
N'EST PAS UN DISCIPLE)
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"Heu... L'expression 'Notre amour est plus haut
que la plus haute des montagnes" n'est pas
forcément à prendre au pied de la lettre, chéri..."
from RJ Shaughnessy’s book ‘Stay Cool’
Tags: COMPANION
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"Toc, toc, toc!
- Y'a personne...
- Mais ouvre, enfin...
T'es ridicule avec ton agoraphobie...
Ce n'est que moi..."
voustombezpile.wordpress.com
Arrêtons de nous gargariser
de notre taux de fécondité !
Jean Matouk
Economiste
Arrêtons de nous gargariser
de notre taux de fécondité !
Jean Matouk
Economiste
(...) La croissance démographique qui résulte de notre taux de fécondité[PDF] (nombre d’enfants par femme), au « top » de l’Europe avec l’Irlande, serait un « atout » dans la mondialisation, par rapport aux autres pays de l’Union européenne... Dans son blog, récemment, l’Office français des conjonctures économiques (OFCE) fait litière de cette idée fausse, qui nous leurre, comme je l’ai fait moi-même récemment ici-même.
Pour que le dynamisme démographique soit un atout, pour qu’il y ait un dividende démographique, il faut que les citoyens d’âge actif créent de la valeur ajoutée sur une vie de travail suffisamment longue pour financer les retraites, il faut que les enfants soient bien formés, et il faut enfin qu’un nombre suffisant d’entreprises créent suffisamment d’emplois. Hors de ces conditions, le soi-disant « dividende démographique », est en réalité une perte. (...)
(...) Il y a encore un siècle, la puissance d’un pays pouvait se mesurer au nombre de ses habitants de 18-40 ans, aptes à le défendre en cas de guerre, quand celle-ci dépendait encore de la « chair à canon » disponible. Mais la guerre elle-même est devenue très technologique – on y tue plus de civils que de militaires–, et de toutes façons, elle n’est pas d’actualité en Europe.
Sur le plan économique, les natalistes ont soutenu, de leur côté, une succession d’arguments. Le plus anciens étaient les mercantilistes pour lesquels l’essentiel était de disposer de main d’œuvre pour les « fabriques » naissantes. En manquant déjà, la France fit venir et retint des « ouvriers » de divers pays. Un moment Malthus eut l’intelligence de montrer aux ouvriers qu’un excès de fécondité était problématique, les « ressources » croissant en progression arithmétique face à la progression géométrique de la population.
Puis revint la thèse nataliste moderne, celle qui prévalait il y a cinquante ans, et trop souvent encore aujourd’hui. En dehors de l’argument précité de la « chair à canon », elle affirmait que la natalité crée des agents économiques supplémentaires qui, à travers leurs parents, puis plus tard, d’eux-mêmes, créent une demande, laquelle stimule la production. Par ailleurs la jeunesse insufflerait un esprit permanent d’innovation. Aujourd’hui, tous ceux qui se sont opposés plus ou moins à la réforme des retraites, ajoutent que plus il y a de jeunes, moins sera lourd, plus sera supportable, le poids relatif des retraités. (...)
(...) Tous ces arguments sont simultanément balayés par le chômage de masse qui prévaut depuis vingt ans sans notre pays. Les jeunes expriment une « demande », certes, des biens courants nécessaires à la vie, mais aussi de tous les biens électroniques et informatiques, et des marques de vêtement, rendues psychologiquement « nécessaires » par la publicité et le mimétisme de consommation particulièrement élevé chez eux. Or d’une part, ces biens ne sont plus produits en France – alors que dans la logique nataliste cette demande devrait être satisfaite par le travail de ces jeunes – et alourdissent donc la balance commerciale.
D’autre part, pour « solvabiliser » très partiellement cette demande, et maintenir le « climat » social, les systèmes d’aides diverses, sur fonds publics, sont de plus en plus sollicités, en sus des prestations chômage. Enfin, pour la part qui ne l’est pas, certains jeunes recourent aux trafics divers, ce qui augmente la délinquance.
On remarquera au passage que notre taux de fécondité de 2,01 (2008, mais inchangé depuis), se décompose en 1,9 quand il s’agit de mères née en France ou françaises, et 3,99 de mères étrangères. Les quartiers sensibles ou le taux de chômage des jeunes 15-24 ans atteint 50%, sont donc aussi ceux ou la natalité est la plus élevé portant en germe un chômage encore plus important.
Ces jeunes sont certes imaginatifs et de nombreuses réussites d’entreprises de jeunes de ces mêmes quartiers, ou d’autres, après études brillantes, illustrent leur potentiel d’innovation. Mais ce potentiel doit être activé par des financements spécifiques qui ne se développement vraiment, sous incitation publique, que depuis quelques années. En France, les « business angels », les épargnants « risquophiles », prêts à parier sur une idée présentée par un de ces jeunes, sont bien plus rares que dans les pays anglo-saxons
Par ailleurs, depuis vingt ans, il y a eu un déficit important d’investissements réellement productifs – si l’on élimine les hypermarchés, les banques et les investissements publics–, ce qui est la clé d’un développement de l’emploi, donc de la création de valeur ajoutée permettant de payer les retraites. Le patronat n’a pas complètement tort quand il attribue cette carence d’investissements productifs à l’excès des cotisations sociales. Mais ce poids sur la compétitivité-prix n’en explique qu’une partie. Du côté de la compétitivité technologique, de la recherche, le même patronat a fait preuve d’un piètre dynamisme.(...)
(...) Enfin, sous le poids-même de cette masse de jeunes, souvent socialement très handicapés, notre système scolaire ne fait plus face. Sa qualité a considérablement baissé comme le montrent les enquêtes PISA (Programme international de suivi des acquis des élèves). Phénomène cumulatif : il est de moins en moins capable de former cette jeunesse si « vantée » pour qu’elle soit apte à créer de la valeur ajoutée, ce qui est facteur d’aggravation de leur chômage
Bref, il est absurde de se gargariser d’un taux de fécondité élevé. Comme l’explique l’OFCE, le dividende démographique est un leurre. Un gouvernement courageux devrait le reconnaître et annoncer une suppression des allocations familiales, pour les enfants à naître dans un an – les allocations étant évidemment maintenues pour les enfants en vie. Quitte à rétablir des allocations dans dix ans, si la démographie l’exigeait ! (...)
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(L'Homme au cœur d'artichaut avait la main verte)
Growing cabbages, Wairarapa, 1890s
(Source: SISTERWOLF, via HAREMOFPEACOCKS)
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Benoît Barvin
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