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Pensées pour nous-mêmes:
(QUE SAIS-TU DE LA BEAUTÉ DU MONDE?)
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(La fille aux cheveux de vent,
entre deux bourrasques,
se repose parfois un peu)
(Source: buffbuns)
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(Le Revenu de Base permettrait-il de s'acheter
la photo d'un yacht sur papier brillant?)
Simple, juste et efficace :
Karima Delli
Députée européenne
(...) Oui, c’est la crise, en France comme en Europe. Les derniers chiffres disponibles nous disent que plus de 26 millions de personnes sont en recherche d’emploi, soit 10,9 % des actifs européens. Les jeunes sont encore plus touchés avec un taux de chômage moyen de 24 %, qui atteint même 55 % en Espagne et en Grèce ! Ce sont des niveaux jamais vus depuis très longtemps.
Parmi les européens qui ont encore un emploi, 30 millions vivent sous le seuil de pauvreté. Cette pauvreté prend désormais de nouveaux visages, puisque les familles, les personnes âgées, les parents isolés en deviennent les nouvelles victimes. En tout, on compte 120 millions de personnes au bord ou dans la pauvreté, soit l’équivalent de deux fois la population française !
L’épuisement de la croissance et la concentration des profits dans les mains de quelques-uns impose un changement de paradigme. Si je vous dis qu’il existe un outil simple, juste, efficace, émancipateur, qui permette un partage plus équitable des richesses, ça intéresse quelqu’un ? Un revenu de base pour toutes et tous, est-ce crédible ? Je dis oui, trois fois oui, et grâce à la mise en place d’une Initiative citoyenne européenne, Près de 200 000 personnes ont déjà demandé à la Commission européenne de faire une proposition en la matière ! Partout dans le monde, des voix s’élèvent pour défendre cette idée novatrice. Ils ont bien raison, car le revenu de base pour tous, sans conditions… (...)
(...) Les diverses aides sociales pécuniaires sont fondées, aujourd’hui, sur la mutualisation des revenus du travail. Mais depuis une quinzaine d’années, les conditions d’accès aux droits sociaux se sont restreintes, de plus en plus d’individus ont été exclus des filets de protection sociale. Pour ceux qui restent bénéficiaires des aides, la complexité et la durée des procédures les poussent souvent à abandonner leurs démarches, sans toucher leurs droits. In fine, c’est la cohésion sociale, et la participation du citoyen à la vie de la cité, qui en a pris un coup.
Le revenu de base inconditionnel répare ces dégâts et crée un vrai progrès social, puisqu’il repose sur un principe de solidarité universelle liée à la dignité humaine et aux droits humains. Peu importe le « mérite » (impossible à déterminer) ou le salaire (qui ne récompense pas la création de richesse hors du cadre salarié) : chacun a le droit à cette aide, point barre. La cohésion sociale, le lien entre tous les milieux sociaux, l’intégration des populations étrangères seraient incontestablement favorisés par la mise en place d’un revenu de base inconditionnel. (...)
Beaucoup de sceptiques froncent le sourcil quand on leur parle du revenu de base, et selon les périodes, on considère que soit ce n’est pas nécessaire, soit ce n’est pas finançable. Difficile de dire qu’aujourd’hui cette aide serait malvenue, il suffit de voir les millions de personnes qui ont renoncé à demander leur RSA. Sur le coût, rappelons que si on met en place un revenu de base, on peut revoir à la baisse, voire supprimer un tas d’autres aides aujourd’hui trop diffuses pour être efficaces.
Quant à l’argument selon lequel, même les personnes aisées pourraient bénéficier de cette aide universelle alors qu’elles n’en ont pas besoin, il ne vaut pas car ces personnes rembourseraient l’allocation au moment de payer leur impôt sur le revenu. (...)
La plus grande objection au revenu de base, c’est que les gens aient droit à un revenu sans travailler. En gros, le revenu de base serait une « usine à feignasses ». Désolé, mais cette idée ne résiste pas à l’épreuve des faits ! Sur le principe, rappelons déjà que dans une communauté humaine, où chacun vit en relation avec les autres, et au vu du gigantesque stock de richesse accumulé, nous avons tous droit à une petite part de la richesse collective. (...)
Par ailleurs, des expérimentations menées en Amérique du Nord entre 1970 et 1980 ont permis de montrer que le revenu de base n’est pas une utopie. Certes, ces expériences restent encore beaucoup trop sporadiques, mais elles attestent de résultats concrets et très encourageants. Par exemple, que l’instauration du revenu de base n’a découragé personne de travailler. En revanche, les gens ont pris plus de temps pour chercher une activité qui leur convenait véritablement. Les adolescents ont abandonné les petits jobs étudiants les plus ingrats. Les jeunes mamans ont gagné un temps suffisant pour profiter de leurs nouveau-nés. Les femmes ont tiré leur épingle du jeu en gagnant une autonomie face au mari seul fournisseur du revenu. Mieux, si la pauvreté a disparu, le niveau d’éducation a grimpé tandis que le nombre d’hospitalisations et les frais collectifs qui en découlent chutaient. (...)
Versé à tous, le revenu de base inconditionnel permettrait d’abord de garantir un niveau de revenu suffisant pour vivre dans la dignité. Mais ce n’est pas tout. Il permettra de supprimer le travail administratif lié à la surveillance des bénéficiaires de l’aide sociale, discutable du fait de son caractère humiliant, intrusif et moralisateur. Vecteur de respect de soi-même, il permettra de lutter contre la stigmatisation des plus démunis. Il rendra solvables certains travaux ou certaines tâches créatives ou de lien social qui ne seraient autrement pas rentables, augmentant la liberté des individus de vivre comme bon leur semble, en harmonie avec leurs voisins. Il permettra de rendre le pouvoir de négociation à ceux qui en ont le moins aujourd’hui : exclus du marché du travail, salariés précaires, jeunes...
L’Europe n’est pas qu’un grand machin néolibéral (on travaille à changer ça, il y a encore du boulot). L’Europe, c’est aussi une formidable occasion d’avancer. Le moment est venu de remplacer le compromis social basé sur la croissance par un nouveau compromis basé sur un revenu de base inconditionnel. Alors qu’attendez-vous pour signer l’initiative citoyenne pour un revenu de base inconditionnel ? Il nous reste jusqu’au 14 janvier 2014 pour donner le poids le plus lourd possible à cette demande !
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(L'Homme Invisible avait des amusements basiques)
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Benoît Barvin
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