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Pensées pour nous-mêmes:
(NE TE VICTIMISE PAS TOUT SEUL)
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Nouveau court récit au long cours (18)
LE LIBÉRÉ
DU
CLUB MAD
Rachel, qui est venue se reposer au Club, ne peut s'empêcher de juger l'organisation interne du lieu dans lequel Ptitboss règne en maître.
Oui, parfois, elle voudrait se fondre dans l’éther, pour mieux observer, avec le plus grand détachement, les terres qui défileraient sous ses yeux multiples.
Elle est reconnaissante envers Daniel de la secouer. Sans lui, elle serait allée dans sa case réfléchir ou retrouver Jean-Michel pour disserter sur le monde. Au lieu de cela, elle grimpe une côte rude, sous un soleil à assommer un âne. Les ânes, ils sont à l’ombre des oliviers, de-ci, de-là, au hasard des jardins entourés de murettes ou de haies d’épineux.
Il y a aussi des poules en liberté dans des basses-cours de fortune, et toutes les odeurs qui vont avec. Des oranges jonchent les talus. Le jus ne sera pas tiré. Et la montagne devant eux est belle, oui. Au détour du chemin sinueux, on aperçoit tantôt la mer en bas, tantôt des combes et des villages sans majuscule, humbles d’apparence, reliés à l’embauche par de pétaradantes Vespa au sillage d’huile grillée.
La grâce est là et Rachel sait pourquoi elle est venue. Pour marcher encore et encore en grappillant ces instants où le gravier sous les semelles prend le relief d’un chant de cigales, où la femme qui vous salue semble échappée d’un poème.
- Pense à me le rappeler, Daniel, lorsque je l’oublie, que je ne suis qu’une passante.
- Tu ne m’auras peut-être pas toujours à portée de main, lui dit-il en la lui serrant dans la sienne.
(A Suivre)
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(Le croqueur de chats aimait poser avec
ses futures victimes)
Man Ray, 1920s
(via http://teenangster.net/)
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"Comment ça vous n'êtes pas satisfaite
par notre nouvelle ligne de transport
en commun?"
ESTONIE :
La ville verte n’avance pas
(...) La comparaison entre le fonctionnement des transports publics à Tallinn et à Tartu [la deuxième ville d’Estonie], permet de tirer quelques conclusions sur les changements d’habitudes.
On voit premièrement que le prix n’est pas le seul critère d’utilisation des transports en commun. On voit ensuite que notre choix pour un moyen de transport dépend aussi des habitudes que l’on avait auparavant. Pour ceux qui avaient opté déjà pour la marche à pied, le prix a un impact plus important. Pour ceux qui préféraient la voiture, la qualité des transports en commun est un facteur décisif.
A Tallinn, on avait mal évalué les préférences des personnes qui prennent leur voiture. L’un des arguments (si l’on met de côté le populisme) qui avait pesé le plus sur l’instauration de la gratuité des transports publics, était celui d’une ville verte : moins de voitures signifie moins de pollution de l’air et de bruit dans la ville. Ce n’est pas ce qui s’est passé. Selon le Centre de recherche sur les transports de l’Institut royal technologique suédois, la gratuité des transports en commun à Tallinn n’a fait augmenter le nombre de voyageurs que de 1,2%, n’induisant donc pas de hausse particulière. (...)
Que Tallinn diffère autant de villes d’autres pays s’explique par le fait que les transports en commun étaient déjà moins chers ici et par le fait que la part des usagers des transport en commun était déjà plus importante qu’ailleurs. La gratuité des transports n’a fait que stopper la constante baisse du nombre des usagers.
Il y a probablement d’autres raisons. Au début de cette année, le professeur Dago Antov, de l’Université technologique de Tallin, avait pointé dans Postimees trois facteurs qui influent sur la décision des usagers. D’abord, le temps que l’on met pour parcourir une distance. Viennent ensuite le coût et tout ce que l’on peut inclure dans le mot “qualité” : à savoir si le bus ou le tramway sont surchargés, comment sont les autres passagers, si le conducteur est poli etc.
Le coût n’est primordial que pour les personnes à bas revenus, alors que le temps et la qualité sont des facteurs déterminants pour les personnes à revenus plus élevés
Finalement, le coût n’est primordial que pour les personnes à bas revenus, alors que le temps et la qualité sont des facteurs déterminants pour les personnes à revenus plus élevés (tiens, on n'aurait pas cru...). Etant donné que les automobilistes appartiennent plutôt à cette dernière catégorie, on peut en partie comprendre pourquoi la gratuité des transports en commun n’a pas diminué le nombre de voitures. (...)
(...) D’autres facteurs ont freiné la baisse du nombre d’automobilistes. Le plus important est sans doute le fait que les transports en commun ne sont gratuits que pour les personnes inscrites comme résidents dans la ville de Tallinn. Les habitants des municipalités proches de la capitale [qui y viennent pour travailler], les plus nombreux à prendre leur voiture, n’avaient aucune motivation pour changer leurs habitudes.
Il s’est donc avéré que les gens ne se comportent pas selon les attentes de la ville mais selon ce qui est mieux pour eux (superbe découverte!).
Début 2012, Hannes Luts, de l’université technologique de Munich, écrivait dans ce journal que si les transports en commun demeurent un service lent et de faible qualité, les gens ne l’utiliseront pas même s’ils sont gratuits. C’est en grande partie ce qui s’est passé à Tallinn.
Traduction : Katerina Kesa
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(Le fumeur de havanes surpris à téter une banale cibiche)
Vaudeville Performer Bobby Doyle c.1921
via http://fffertileminds.blogspot.com
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Benoît Barvin
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