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Pensées pour nous-mêmes:
(LA PIERRE DANS L'EAU
NE DÉTOURNE PAS LE FLEUVE)
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Nouveau court récit au long cours (13)
LE LIBÉRÉ
DU
CLUB MAD
Surveillés par les gens du Club, via un système informatique des plus perfectionné, Daniel et Rachel ont fini de se confier.
CHAPITRE 4
« Le monde monotone et petit, aujourd’hui,
Hier, demain, toujours, nous fait voir notre image :
Une oasis d’horreur dans un désert d’ennui ! »
Baudelaire
Daniel et Rachel se sont un peu séparés. Elle avait très envie de marcher seule le long de la mer et lui aussi avait besoin d’être en solitude. La plage était déserte, une plage de lendemain de fête comme elle les aime près de Palavas, au matin du premier janvier, quand tout le monde dort encore et qu’elle est là à se croire seule au monde, dans son petit cinéma existentiel. A la différence, qu’ici, l’air est chaud, que cela sent les eucalyptus et le sable salé, qu’elle est en tee-shirt et que, hier, à peine arrivée, elle a rencontré quelqu’un de formidable.
Jusqu’à présent, elle avait plus appris par les livres que par les êtres. Il fallait bien que cela change.
Tout au bout de la baie, il y a une grande demeure, dans un bois d’oliviers centenaires. Un bulldozer retrace des allées. Des échafaudages grimpent le long de la bâtisse. Peut-être que toute cette baie n’était, dans un temps reculé, qu’une seule et même propriété ? Son esprit échafaude lui aussi. Peut-être y avait-il, plus loin, des maisonnettes de pêcheurs vivant de peu, et heureux d’être là au bord de cette mer placide ? Comme cet homme qui est là sur une avancée rocheuse en train de surveiller sa ligne-alibi. Toute la matinée, il va contempler le paysage et ce sera suffisant.
L’homme immobile lui adresse cependant la parole. Combien de fois les touristes doivent-ils le regarder d’un air navré, en gesticulant pour lui faire comprendre qu’ils ne parlent pas le grec ? Mais cette fois, ça marche, il a une touche. Il l’avait deviné rien qu’en la voyant s’approcher et sauter de rocher en rocher, légère comme un criquet. Celle-ci parle sa langue et Rachel est ravie d’entrer en conversation avec ce solitaire contemplatif, revenu des expéditions de pêche pour se poser là, sur ce ponton, pareil à l’oiseau des mers qui a trop voyagé, trop vu et enduré.
Il lui fait comprendre pourquoi il est là à faire semblant de pêcher alors que tous ceux de la rade de Dessia savent pertinemment qu’il n’y a plus de poissons dignes de ce nom dans la baie. Il est celui qui veille, qui scrute. Du moins s’en donne-t-il la fonction, et tous les matins il vient là, jusqu’à sentir en lui un soupçon de l’immortalité que l’on confère aux Dieux. Il a, d’ailleurs, du respect pour ces derniers, pour cette mythologie vectrice d’imaginaire.
Il s’étonne que Rachel loge au Club. Il la voyait plutôt faisant du camping sauvage ou dans quelque village, chez l’habitant. Surtout qu’elle parle bien le grec ! Elle aurait plus goûté à ce qui reste de la Grèce profonde, non standardisée, en évitant la vie du Village Vacances. Elle en convient, ce n’est pas ce à quoi elle s’attendait. C’est pour cela qu’elle s’échappe à l’extérieur.
Lui, en veut à ses compatriotes d’avoir laissé faire, d’avoir vendu leur âme à ces sauvages qui électrisent les jours et les nuits avec leurs vociférations et leurs rythmes de fous. L’hiver dernier quand enfin tout allait redevenir calme, ils n’ont pas arrêté d’aller et venir avec des excavatrices et autres engins de chantier. La baie n’a pas connu de repos et il a idée que les esprits divins qui hibernent dans les profondeurs vont se rebeller. C’est sa croyance de pêcheur grec et il a des preuves pour appuyer ses dires.
Il lui demande si elle distingue la falaise, là-bas, près de la presqu’île. Eh bien, elle s’écroule, oui, et plus vite que la normale, et bientôt tout s’effondrera dans la mer, car ils ont touché au domaine d’Hadès, le Dieu des enfers. Ils ont osé pénétrer dans son royaume sans discernement, en violant toutes les règles ancestrales. Ils auraient plutôt intérêt à se méfier mais n’en font qu’à leur tête.
Rachel est dans l’expectative. L’homme a l’air plus que censé, avec des illuminations se voulant prémonitoires. Elle ne sait que dire. Troublée, elle bafouille un au revoir. Il lui conseille de ne pas rester au Club, que sa famille se ferait une joie de l’accueillir dans leur petite spiti, la maison que l’on distingue parmi les oliviers, là-bas, au-dessus de la baie. Qu’elle réfléchisse...
Elle revient à pas lents vers le Village, se baigne un moment pour se rafraîchir. Les restaurants grecs, en bordure de plage, ont rouvert. Musique traditionnelle en sourdine, bouzouki, sirtaki, et odeur de brochettes. Ce sont les clichés touristiques typiques, mais dans ce lieu et à cette heure, ils sonnent juste, sont à leur place, peut-être justement, parce qu’il n’y a pas de touristes à ce moment-là, et que ceux qui ont mis la cassette nasillarde dans le lecteur, apprécient vraiment dans leurs fibres, ce qu’ils écoutent.
(A Suivre)
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"Hooo Mon Diiieeuu...
Nooonnn!
- Ça sera non pour moi aussi,
Mademoiselle la figurante.
Au suivant!"
Au suivant!"
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(Il fallait absolument effacer cette affreuse danse
à la Belle-Mère, exécutée un jour de cuite...)
MULTIMÉDIA
Gérer l'au-delà numérique
EMMA JACOBS
(...) Lorsqu'il s'est connecté à Facebook quelques semaines après la mort de sa tante, Paul Golding a reçu un message l'invitant à reprendre contact avec elle. "C'était bizarre", commente-t-il sobrement.
Il a alors suggéré à ses cousins de fermer son compte Facebook. Mais ils ne connaissaient pas le mot de passe de leur mère et, submergés par le chagrin, se sentaient incapables de s'occuper de ses effets immatériels.
En réfléchissant à leur problème, M. Golding, qui était consultant en technologies, s'est dit qu'il y avait quelque chose à faire dans le domaine de l'administration de biens numériques. Il y a 18 mois, il a créé Cirrus Legacy avec son frère.
Ce ne sont plus seulement votre maison, vos actions et vos effets personnels que vous laissez derrière vous à votre mort. Il y a aussi votre compte Twitter et les codes d'accès à vos comptes en banque, et peut-être même votre inscription secrète à un site de paris en lignes, voire à des pages plus osées. Voudriez-vous que votre épouse, votre mère, votre fils ou votre fille tombe dessus ?
Des agences comme Cirrus s'engagent à gérer les détails de votre succession numérique en consignant vos mots de passe et vos dernières volontés sur qui aura accès à quoi, ainsi qu'à inclure vos instructions dans un testament concernant vos biens immatériels. Un administrateur de biens numériques - un service offert par de plus en plus de notaires - peut vous aider à désigner un exécuteur virtuel, ou plusieurs, pour appliquer vos instructions. (...)
Ce sont les conséquences de la mort de Justin Ellsworth, un marine américain tué par une bombe sur une route irakienne, qui ont poussé Jesse Davis et Nathan Lustig, deux étudiants de l'Université du Wisconsin, à créer Entrustet en 2008. La famille d'Ellsworth avait dû poursuivre Yahoo devant les tribunaux pour obtenir l'accès aux courriels du défunt, et obtenu gain de cause.
L'idée derrière la création d'Entrustet était d'éviter aux proches de devoir intenter une action en justice pour pouvoir accéder aux données numériques de leurs défunts, et d'aider les gens à organiser la transmission de leur patrimoine virtuel aussi bien que celle de leurs biens matériels. "Les effets numériques sont des choses bien réelles qui peuvent avoir une valeur sentimentale ou pécuniaire", explique M. Lustig.
"Neuf fois sur dix, [les mots de passe et les données numériques] sont gravés dans la tête des gens", souligne M. Golding. "Et comme l'homme est fainéant, il est rare qu'il les écrive. Et si par hasard il le faisait, est-ce qu'il les tiendrais à jour ?"
Certains des clients de M. Lustig étaient ce qu'il appelle des "personnes à haute valeur Internet", des gens qui gardaient "beaucoup de choses sur le Net". Ils se divisaient plus ou moins en deux catégories. La première, c'était les mères d'enfants de moins de quinze ans, qui archivaient toute la vie de leur progéniture sur des supports numériques : "Comme elles avaient peu de photos sur papier, tout ce qui concernait leurs enfants pouvait disparaître avec elles", explique-t-il.
La deuxième catégorie se composait de membres de professions libérales qui ne partageaient pas leurs données numériques. Cette catégorie s'est fortement étoffée après la mort soudaine d'un directeur d'agence de publicité. Un mois plus tard, le nom de domaine de l'agence devait être renouvelé, or le mot de passe avait disparu avec lui. Cela a donné à M. Lustig l'idée de proposer un service post-mortem autorisant sa compagnie à négocier avec les sociétés informatiques au nom d'un associé ou d'un proche d'un défunt pour toutes les questions liées aux biens numériques de ce dernier. (...)
L'administration de biens numériques n'est qu'une possibilité parmi d'autres pour ceux qui ont l'esprit d'entreprise. Des sites comme Legacy.com proposent à leurs utilisateurs de rédiger des messages qui seront envoyés après leur décès avec des photos, des vidéos et des enregistrements audio. Des services comme LivesOn et DeadSocialenverront des tweets et actualiseront votre statut Facebook et vos blogs même lorsque vous ne serez plus.
Evan Carroll et John Romano sont des concepteurs de logiciels installés en Caroline du Nord. Ils dirigent un site nommé TheDigitalBeyond.comet ont publié un livre, Your Digital Afterlife [Votre vie numérique après la mort], qui donne des conseils sur le sujet. "Nous avons créé un blog en 2008 pour informer les consommateurs parce que personne ne s'occupait de la mort numérique ou de la vie numérique après la mort. La question s'était posée à l'époque pour des jeunes gens qui avaient connu une fin prématurée", explique M. Carroll. Mais, ajoute-t-il, cela a changé avec le vieillissement de la génération Internet et l'accroissement de la popularité des médias sociaux auprès des populations plus âgées.
Cette année, Google a lancé un nouveau service, Inactive Account Manager, qui permet à l'entreprise de savoir ce qu'elle devra faire des biens numériques de ses utilisateurs lorsqu'ils auront disparu ou ne pourront plus utiliser leur compte à cause d'une incapacité physique ou mentale.
Ce secteur a pris de l'ampleur. L'année dernière SecureSafe, le spécialiste suisse de la sécurité informatique, a acheté Entrustet. Après avoir vendu son entreprise, M. Lustig a fait une pause dans sa vie professionnelle.
Il dit avoir "sous-estimé à quel point les gens détestent parler de la mort". Il se souvient qu'une avocate spécialisée dans le droit des successions lui a confié un jour que "lorsqu'elle obtient des gens qu'ils rédigent leur testament - des gens qui se préparent effectivement à disparaître -, la plupart refusent de dire : 'Quand je serai mort'. Ils la corrigent et insistent pour qu'elle écrive : 'Si je meurs'."
Selon M. Lustig, la plupart des personnes qui avaient souscrit aux services d'Entrustet ne consultaient pas particulièrement les sites pornographiques et n'avaient pas non plus d'addiction aux paris. Ils cherchaient plutôt à protéger leurs proches d'éventuels malentendus : "Par exemple, ils ne voulaient pas que leur femme lise les courriels dans lesquels ils se plaignaient d'elle à leur mère", explique-t-il. "Les courriels servent parfois à évacuer les tensions, et il y a des choses que vous ne voulez peut-être pas que votre femme lise après votre mort." (...)
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(Son chapeau était si ridicule,
que cette femme crut bon de prendre le voile)
Zelda Boden circus performer 1910’s
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Luc Desle
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