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Pensées pour nous-mêmes:
(LA VOLONTÉ N'EST PAS LA SAGESSE)
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Nouveau court récit au long cours (8)
LE LIBÉRÉ
DU
CLUB MAD
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Nouveau court récit au long cours (8)
LE LIBÉRÉ
DU
CLUB MAD
Les relations entre Rachel et Daniel prennent peu à peu un tour plus intime...
sarana2007.centerblog.net
Le lever de soleil en direct sur la mer plate et les rayons qui chauffent la peau, chaque seconde un peu plus. Daniel fait une série de postures et à chaque étirement se mêle la caresse de l’air ensoleillé.
Rachel dort dans le creux de son coude. C’est bon de la voir dormir ainsi. Qu’elle en profite ! Il sait que les animateurs de voile n’arriveront que vers 9h30, s’ils arrivent, car avec cette mer d’huile, la voile c’est râpé une fois de plus. Il sait aussi qu’il n’ira pas faire du ski nautique ce matin. Trop d’attente au seul ponton ouvert. Il a vérifié hier qu’il tenait encore sur l’eau, mais ça ne l’intéresse plus de faire le mariole devant des monos qui te poussent à la compétition. Et puis, il n’est pas là pour ça.
Pour quoi est-il là d’abord ? Est-ce la bonne question ? Il devrait plutôt se demander pour qui est-il là ? C’est peut-être cela la vraie question. Et il pense bien avoir la réponse , là, sous ses yeux, en train de s’éveiller
Rachel s’étire, ouvre les paupières et met ses mains en visière pour regarder la mer.
- Daniel, vous savez, j’aimerais continuer à vous dire vous. C’est étrange, cela n’a rien à voir avec un quelconque sentiment social normatif. Il y a quelque chose en vous qui m’intrigue, qui me fait vous placer un peu à part, dans le domaine de l’inclassable. Comme si vous étiez un extra- terrestre, bien incarné tout de même…
Il éclate de rire.
- C’est que tu ne sais pas grand chose de moi et moi-même je me fais quelques nœuds à mon sujet.
- Qu’est-ce que vous voulez dire ?
- Eh bien, je crois avoir eu récemment de petits problèmes cérébraux. Du moins, c’est ce qu’on m’a laissé entendre
- Pourtant, vous paraissez en pleine forme, aussi bien de corps que d’esprit.
- Oui, c’est paradoxal. Il est vrai que j’ai fait dernièrement des rêves bizarres et que je crois à ces rêves par moment, au point de m’y investir à fond.
- Quels genres de rêves ?
Il ne sait pas s’il va répondre. Ce serait comme trahir une part de lui-même. Il sent le ridicule de sa position, mais c’est encore plus fort que lui.
- Je te raconterai cela plus tard. On va d’abord ranger les matelas...
- Et se baigner avant le petit déjeuner.
Rachel n’est pas du genre compliqué. Elle dit que c’est autour d’elle qu’elle sent les complications. Et plusieurs années d’études d’ethno-psycho-socio lui ont appris que les embrouilles n’étaient pas prêtes de disparaître de sitôt.
Elle envoie balader son tee-shirt, va tout au bout du ponton et s’élance. Elle plonge profond dans l’eau claire, frôle les algues et le banc de sable, seule à nager dans cette immensité marine d'où a disparu, comme Daniel l’a constaté hier après-midi, toute faune aquatique.
- C’est un délice matinal. Un peu frais quand même. Vous ne venez pas ?
C’est tentant. Juste pour se coller une fois de plus contre ce corps gracile qui évolue là, simplement, tout simplement. Et tant pis s’il se gèle un peu. Ce n’est pas souvent que l’on rencontre des personnes simples dans leur comportement. Disons que la façon de se comporter de Rachel lui va comme un gant Ca fait partie des miracles des affinités sélectives. Chimiquement, physiquement parlant, il doit y avoir des causes logiques à ces rapprochements subtils. En tout cas, c’est un plaisir total.
Cela fait longtemps qu’il croit avoir trouvé le secret de l’harmonie, qui consiste pour lui à ne rien désirer de plus que ce que lui offre chaque instant. Et l’instant présent est tout bonnement extraordinaire, débordant de sensations, d’une netteté lumineuse en ce matin de juin.
La falaise abrupte, sculptée de figures minérales, se détache sur le ciel. Chaque roche étincelle au bord de l’eau salée. Les cheveux de Rachel ruissellent sur ses épaules pales.
Ils remontent vers le Village endormi. Le sol ne gronde plus sous leurs pieds. Tout est calme.
(A Suivre)
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(Chuchotant)
"Tu as vu le médiocre noeud pap' qu'il arbore?"
(La jeune femme, pensant)
"Moi j'ai surtout vu sa belle moustache...
et sa bouche tentante..."
The Opera - Clarence F. Underwood
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"S'il n'y a plus de forêts...
Comment je vais faire de l'escarpolette, moi?"
Girl on a Swing by Raimundo de Madrazo y Garreta
Le marché ne sauvera pas
les forêts tropicales
Romain Pirard
(...) Près de treize millions d’hectares de forêts tropicales sont détruits chaque année, entre bassin amazonien, Afrique centrale et Asie du Sud-Est. Le chiffre est certes en partie balancé par des efforts de reboisement dans certains pays d’Asie (Chine, Vietnam) ou dans le monde développé, mais cela ne compense pas la perte de biodiviersité tropicale.
Ce phénomène n’est pas nouveau. En réponse, on va vu depuis vingt cinq ans se propager des discours volontaristes sur les mérites des marchés, comparativement à des approches plus coercitives associées au pouvoir régulateur des gouvernements. Cette tendance s’est trouvée renforcée par l’émergence plus récente d’une rhétorique sur les « services environnementaux » : il s’agit des bénéfices dont jouissent les populations lorsque l’environnement est bien géré.
Par exemple, la conservation d’un espace boisé en amont d’un bassin versant permet non seulement de lutter contre l’érosion des sols, mais aussi de garantir un débit plus régulier des cours d’eau dont les populations et industries en aval peuvent bénéficier.
Ainsi, de nombreuses tentatives visent aujourd’hui à promouvoir des instruments adossés au marché pour atteindre des objectifs environnementaux , par exemple des programmes de certification type FSC (Forest stewardship council) ou les très médiatisés « Paiements pour Services Environnementaux » (PSE). Ceux-ci recouvrent des instruments hétérogènes mais qui partagent certaines caractéristiques : transactions bilatérales où un bénéficiaire d’un service rémunère ceux dont les décisions d’usage des sols permettront de garantir la fourniture du service, la rémunération étant conditionnée à la fourniture du service (ou aux moyens mis en œuvre pour atteindre cet objectif).
Dans le même temps, les négociations au sein de la Convention Climat ont abouti à la création d’un mécanisme appelé REDD+, qui vise à financer la réduction de la déforestation tropicale. Ce financement peut passer par les marchés carbone, par les contributions des pays industrialisés (la Norvège notamment) ou par tout autre moyen, que celui-ci relève des passagers d’un vol aérien souhaitant compenser leurs émissions, des organisations philanthropiques ou encore des agences onusiennes.
Quels sont les résultats obtenus par ces approches ? Les attentes sont très loin d’être satisfaites aujourd’hui, et les discours l’ont emporté sur les réalisations. Je ne rentrerai pas ici dans des considérations morales sur ces approches ; celles-ci font déjà l’objet de nombreux débats où les peurs souvent irrationnelles d’une « marchandisation de l’environnement » se confrontent à des présupposés idéologiques sur les avantages théoriques des marchés.
Par contre, il est important de souligner le peu d’impact de ces mécanismes adossés aux marchés. Un gouffre sépare leur conceptualisation de leur mise en pratique, et il est clair que ces instruments dits « innovants » se fracassent contre la réalité du terrain. Entre l’instrument pensé par l’économiste ou le décideur et celui qui est déployé dans les espaces forestiers, il existe peu de points communs.
Autrement dit, la montagne a accouché d’une souris. Les inerties sont bien trop puissantes sur le terrain, ainsi que les agendas politiques divers et variés. La Norvège promet un milliard de dollars à l’Indonésie pour REDD+ ? Quelques années après, seulement 3 % sont versés en raison de l’absence d’actions concrètes.
Les marchés volontaires constitueraient une solution transitoire avant que les marchés carbone sortent renforcés d’un accord global de réduction des émissions ? Là encore, ces transactions ne concernent que 0,3 % de l’ensemble des émissions de gaz à effet de serre dans le monde !
L’Equateur veut mettre en place un appel à contributions internationales pour compenser les coûts d’opportunité de la non-exploitation des ressources pétrolières afin de préserver les forêts tropicales du Parc Yasuni ? Le projet est finalement abandonné en septembre 2013.
Ce n’est pas le lieu ici de décrire la complexité des causes de la déforestation tropicale, entre infrastructures routières, besoin de satisfaire la demande alimentaire, gouvernance défaillante… Mais le fait est que les rustines que représentent les approches adossées au marché ne sont pas une solution au problème.
La solution ne pourra passer que par une redéfinition de nos trajectoires de développement afin que la consommation par habitant diminue drastiquement (voire la démographie). Cette prise de conscience se heurte à des inerties là aussi puissantes, puisque la croissance économique reste dans nos esprits associée à plus de production de biens manufacturés.
Elle continuera aussi de nous poser des problèmes intellectuels puisque l’on ne peut blâmer, à titre d’illustration, l’expansion des plantations de palmier à huile sans faire également l’effort d’admettre qu’avec une croissance de la demande alimentaire, les mêmes terres seraient de toute façon défrichées et cultivées pour y répondre, quel que soit le type de culture. (...)
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(Élégante hésitant entre un hideux chapeau français
et un inesthétique bonnet russe)
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Luc Desle (et Jacou Damboise)
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