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Pensées pour nous-mêmes:
(LA VIE EST FAITE DE PETITS BOUTS ÉPARS,
SURTOUT APRES UN ATTENTAT)
Pcc Jacques Damboise
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COURTS RÉCITS AU LONG COURS (80)
pcc Benoît Barvin
Van (4)
Je m'étais rendu dans une casse afin de dégoter de banals enjoliveurs. Je fouillais avec acharnement depuis une heure dans une amas hétéroclite d'objets métalliques et rouillés, au milieu de frôlements suspects (étaient-ce des rats qui me surveillaient?) quand, au détour d'un monticule d'habitacles défoncés, je tombai sur ce van. Il s'agissait d'un utilitaire de la marque Volkswagen, venu du fond des âges - les années 70 -, si j'en croyais les fleurs peintes sur la tôle, fleurs à demi effacées mais qui ne demandaient qu'à refleurir...
J'achetai l'engin pour une bouchée de pain, bien qu'il soit encore en état de marche. Manifestement le propriétaire de la casse était heureux de s'en débarrasser. Avec un bidon d'essence dans le réservoir, je me traînai jusqu'à la station la plus proche où, lorsque l'on vit dans quoi je me pavanais, j'eus droit à toutes sortes de commentaires nostalgiques et amusés.
Je dissimulai ma trouvaille dans mon garage, le soir, car le voisinage étant BCBG, leurs remarques n'auraient pas été aussi plaisantes. Maintenant, j'allais devoir m'occuper de remettre l'engin en état, à la fois du côté de la mécanique que de son "enveloppe charnelle". La formule m'était venue tout naturellement et elle m'étonna: jamais, jusqu'à présent, je n'avais éprouvé un quelconque intérêt pour aucun des véhicules que j'avais achetés. Il ne s'agissait pour moi que d'engins devant m'amener d'un point A à un point B. Le van était... différent.
Ma profession d'huissier, il faut l'avouer, ne m'incitait pas à plonger dans l'imaginaire. Surtout depuis quelques années... Ma charge de travail avait doublé et je ne comptais plus les familles expulsées, les suicides en ma présence de malheureux débiteurs ne pouvant plus payer leurs traites. A force, bien que j'aie le cuir solide, cela me minait. Je vis, dans l'achat et, surtout, la remise en forme du van un moyen d'échapper à mes scrupules.
Curieusement le moteur était sain. Je n'eus pas grand chose à faire, si ce n'est à vérifier le niveau d'huile, celui de l'eau, à graisser ici et là certaines pièces qui avaient bien vécu. J'avais lu un chiffre - 152 000 kilomètres -, en l'achetant, et je n'en crus pas mes yeux quand je vis que l'engin en avait parcouru dix fois moins. Ma foi, c'était une bonne nouvelle... Bonne nouvelle également le fait que la décoration n'avait pas passé, contrairement à ce que j'avais cru.
Une fois bien nettoyé, le van reprit couleur et "forme", de sorte qu'au bout d'un mois - qui avait été particulièrement éprouvant en ce qui me concernait -, je résolus de partir en week-end sur la côte. Je pris les nationales, trop heureux de prendre enfin mon temps. Les couleurs vives, le bruit apaisant du moteur, les coups de klaxons amicaux des autres véhicules, tout était enchanteur. L'habitacle sentait le patchouli, Cat Stevens, via la musique du film "Harold et Maud" me berçait l'âme, bref, j'étais le plus heureux des hommes.
Je revins comme nettoyé de toutes les sanies accumulées au boulot. C'est cette nuit de dimanche à lundi, avant de repartir accomplir mes mauvaises actions, que j'entendis des bruits bizarres qui semblaient provenir du garage. Je m'armai d'une masse achetée pour l'occasion et, sur la pointe des pieds, je m'approchai de la porte derrière laquelle, effectivement, je perçus des chuchotements, des rires et un zeste de musique planante. Je reconnus les notes de "Mrs Robinson"...
J'ouvris brutalement la porte, inondai la pièce de lumière. Pendant quelques secondes je crus apercevoir, dans le van, des silhouettes qui se mouvaient. Elles étaient étrangement attifées à la mode des années Pop, si j'en croyais les motifs, les vifs coloris ainsi que les étoffes légères et dansantes... Il y avait là un groupe de garçons et filles qui fumaient, se bécotaient ou se trémoussaient, dans et à côté du van...
L'illusion s'évanouit très vite. Je restai seul, en pyjama, avec ma masse dans la main, passablement ridicule, j'en eus vaguement conscience... J'eus beau inspecter l'intérieur de l'utilitaire- vide; le portail du garage - toujours fermé; rien ne vint expliquer la vision que j'avais eue. "Un reste de nostalgie, songeai-je, une boule dans la gorge. Un désir inconscient de changer de vie..."
Ce désir me tarauda toute la semaine. Moi qui, jusqu'à présent, avait été inflexible face aux débiteurs des banques, je m'arrangeai avec eux. Je bâclai, en fait, mon travail, pour le plus grand bonheur des malheureux que je venais expulser, et la colère de mes commanditaires. Le vendredi je fus convoqué par ma direction qui me reprocha d'avoir laissé passer plusieurs créances. "Jusqu'à présent, me dit un gros bonhomme à la cravate auréolée d'un reste de sauce tomate mal détachée, vous nous donniez toute satisfaction... Mais là... Là...". Il appuya sur l'adverbe de lieu en levant un doigt boudiné dans ma direction.
En sortant, je bus plusieurs verres dans un troquet, revins en zigzaguant vers ma maison. La première chose que j'aperçus, ce fut la lumière filtrant sous l'embrasure du portail du garage. C'est avec des ruses de sioux - en évitant de faire le moindre bruit, chose difficile dans mon état -, que je me rendis près de la porte intérieure ouvrant sur la pièce. Cette fois, c'est d'un geste brutal que je la poussai...
Le garage était illuminé. Le van brillait de mille feux. Le groupe de jeunes que j'avais entrevus quelques jours plus tôt était là, joyeux. Les odeurs de patchouli, d'Ylang-Ylang, et d'autres, plus suspects, saturaient l'air de l'endroit. La chanson "Bombay calling" du groupe "It's A Beautiful Day" vint s'enrouler autour de moi, comme un chat ronronnant. Une fille se détacha du groupe et vint m'embrasser. Naturellement... Elle avait une odeur de pêche, un corps jeune et frais.
Je ne cherchai pas à comprendre le pourquoi du comment. Je la suivis quand elle m'entraîna vers ses compagnons des deux sexes, qui m'accueillirent avec joie, sur le fameux "Take Another Little Piece of My Heart" de Janis Joplin...
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"J'aime pas les anges"
Darick Robertson para Happy, lo último de Grant Morrison
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(Cette momie avait un étrange sens de l'humour)
Greg Horn para la serie The Monster Hunters Survival Guide
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(A Batman, faut pas lui chercher des poux dans la cape!)
Francesco Mattina " Batman"
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"La nouvelle tête de Madame est avancée"
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Blanche Baptiste
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