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Pensées pour nous-mêmes:
(UN SOURIRE EST UN BON REPAS)
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"On devrait pas travailler pour vivre?
- Et vivre pour vivre, tu connais pas?"
"On devrait pas travailler pour vivre?
- Et vivre pour vivre, tu connais pas?"
La croissance est un problème,
pas une solution
(extrait d'un entretien avec Pierre Rahbi)
/ (...) Les crises actuelles vont-elles permettre de remettre en question le système dans le quel nous vivons ?
- Ce n’est pas que je me réjouisse de ça, c’est que je me dis finalement que l’être humain a besoin de passer par des impasses pour mieux comprendre. Les impasses peuvent finir sur un chaos généralisé - et c’est tout à fait possible - parce qu’il y a une sorte de cocotte minute d’incertitudes, d’inquiétudes qui mine les âmes et les consciences et je suis persuadé qu’une seule ville exploserait, toute la France explose. Si nous continuons à nous accrocher à ce modèle de société, c’est le dépôt de bilan planétaire. Parce que tous les pays émergents veulent vivre à la moderne et où va-t-on trouver les ressources pour que des milliards d’individus aient tous un frigo, une voiture, de l’électricité. C’est totalement impossible ; irréaliste.
Il y a donc aujourd’hui à repenser la vie sur un mode qui soit à la fois sobre et puissant. Moi je crois beaucoup à la puissance de la sobriété. Je ne crois pas à la puissance de la complexité, des comptes en banque qui explosent. La vraie puissance n’est pas là. La vraie puissance est dans la capacité d’une communauté humaine à se contenter de peu et à produire de la joie. Parce que nous sommes dans une société où on déborde de tout mais aussi l’un des pays consommateur d’anxiolytiques pour réparer finalement les dégâts que produise la société de la matière.
La société, au lieu d’être structurée sur un schéma de ce qui est à la mesure humaine, elle est structurée sur un schéma de ce qui est à la démesure humaine. Qui sait aujourd’hui, quand on va dans un supermarché, d’où vient le pull, la chemise, les chaussures ? On ne sait pas. C’est une virtualisation du système. Je préférerai qu’il y ait des artisans, des commerçants, tout le monde gagne sa vie, ça créé une convivialité, de la sensibilité humaine aux choses. Alors que pour le moment, c’est entièrement dans la virtualisation et on est devenu – enfin pas moi, moi je le fais jamais – des brigades de pousseurs de caddies qui me terrifient. On dit qu’on est revenu au néolithique, on est devenu des cueilleurs. On cueille, on cueille. Tout ça n’est pas juste et n’est pas bon. (...)
/ (...) L’écologie semble aujourd’hui avoir été écartée du débat politique. Pourquoi ?
- C’est vrai que l’écologie n’irrigue pas toute la sphère sociale et c’est vraiment une anomalie. Le phénomène de la vie, c'est-à-dire de ce qui fait que nous existons, devrait avoir une place dans l’éducation des enfants. Or, nous n’avons que des structures éducatives qui occultent complètement les fondements de la vie pour aller le plus vite possible à fabriquer un petit consommateur-producteur pour le futur. Faut pas se faire d’illusion.
Le problème est là. L’écologie est minorée par ignorance. Comment aujourd’hui prendre conscience de cette problématique gravissime qui est la plus importante et concerne la survie de tous ? Il y a cette défaillance qui occulte les problèmes les plus importants, donnant beaucoup plus d’importance au superflue qu’à ce qui est indispensable. C’est l’ensemble du système social qui est dans l’ignorance, voire même le mépris, mettant une distance par rapport à ces questions qui sont indispensables à la suite de l’histoire.
/ Selon vous, le progrès technique nous libère-t’il ?
- Qu’est ce que c’est que vivre ? On ne se pose même pas cette question. On arrive au monde, on nous conditionne et on se met à s’agiter, à faire comme on nous a dit de faire. Voilà. Il faut trouver son boulot, gagner sa vie, sur une thématique de ce qu’on appelle le progrès libérateur. Alors que le progrès ne libère pas. Je ne veux pas remettre en question certaines avancées qui ont apporté un certain bien-être. Mais ce bien-être n’est pas forcément partagé, il se banalise. Et par ailleurs, l’argent auquel nous avons donné la plus grande place et a prit le pouvoir sur l’ensemble du destin de la collectivité humaine, et bien vous pouvez avoir tous les milliards que vous voulez, vous pouvez tout acheter, sauf la joie. La joie ne s’achète pas. Il n’y a pas de supermarchés où acheter de la joie. C’est quelque chose qui se construit, qui est d’une toute autre nature que de la matière. Cette satisfaction que l’on ressent, même dans la simplicité.
Je dirais même au contraire que c’est dans la simplicité que je ressens le plus de joie. C’est pas dans la complexité de l’accumulation. L’accumulation d’argent ne m’intéresse pas. L’accumulation de matière ne m’intéresse pas. J’ai un frigo, ça suffit. Je n’ai pas besoin de deux frigos. J’ai une voiture. Je ne peux pas rouler dans deux voitures. J’ai accès à cet aspect qui nous facilite la vie que nous a amené le progrès. Mais est-ce que ce progrès est à notre service ou sommes nous asservis par ce progrès ? Quand nous voyons aujourd’hui la civilisation moderne, c’est la plus fragile de l’histoire de l’humanité. Aujourd’hui, plus d’électricité, plus de pétrole, plus de communication, la civilisation est à terre. Elle ne tient sur rien du tout. Elle est extrêmement fragile.
Donc il faut vraiment qu’aujourd’hui l’humanité se pose la question, le progrès pour quoi faire ? Et ensuite, enfin je dirai même avant, qu’est-ce que vivre ? On a tendance à se dire en voyant la détresse et la difficulté des gens, plutôt qu’existe-t-il une vie après la mort, existe-t-il une vie avant la mort ? Parce que si vivre c’est s’agiter, consommer, etc., moi je n’appelle pas ça de la vie. Ça n’a aucun intérêt. (...)
Lire sur:
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(Automobilistes filant à toute vitesse
vers leur fabuleux destin)
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"Ne plus caricaturer les Africains? Apprendre d'eux?
Tout à fait d'accord... Marre de faire la débile pour
gagner ma croûte"
Afrique
Ce que nous pouvons apprendre au monde
Melinda Ozongwu
(...) Si vous dites que les pays d’Afrique ont beaucoup à apprendre du reste du monde, personne ou presque ne vous contredira. Nous avons effectivement beaucoup à apprendre et, à certains égards, beaucoup de chemin à parcourir avant de pouvoir prétendre au statut de pays pleinement développés.
Cela, bien entendu, si l’on accepte la définition de ce qu’est un pays “développé”. Mais, même au regard de la définition communément admise, les villes et les pays africains se rapprochent de plus en plus des critères qui permettent d’être qualifié de “développé”.
Nos villes se modernisent, nos économies deviennent plus solides et plus stables, et nos modes de vie évoluent de telle sorte que nous nous sentons mieux dans notre peau d’Africains. Certains nous voient peut-être encore comme des habitants du “tiers-monde” mais ce n’est pas ou du moins plus ainsi que nous nous considérons.
La richesse exprimée en termes de PIB n’est pas un critère suffisant pour dire d’un pays qu’il est riche et fort. Il ne vous a pas échappé que lorsque les gens parlent des atouts et de la beauté de l’Afrique, ils évoquent habituellement nos paysages, notre faune abondante, nos terres fertiles, le soleil, la mer, les rivières et les lacs. Des splendeurs, d’accord, mais rien de tout cela n’est de notre fait. C’est notre cadre mais ce n’est pas nous qui l’avons créé.
On parle beaucoup de la beauté de l’Afrique mais aussi beaucoup de l’opposé : la pauvreté, les maladies, les conflits, la famine. Il est certes nécessaire de parler de ces problèmes et de les régler, mais ce discours qui oscille entre deux extrêmes aboutit à une vision assez déséquilibrée du continent. Ailleurs dans le monde, les pays ont visiblement droit à un traitement moins réducteur et plus nuancé. Il n’est donc pas impossible de faire la même chose avec l’Afrique.
Aucun chiffre n’étaie les généralisations qui suivent, et la seule chose qui m’autorise à les formuler c’est que je suis africaine, que je vis en Afrique et que j’apprends énormément des Africains et de ce que j’observe chaque jour autour de moi. (...)
(...) Cela surprendra peut-être les non-Africains qui se font une opinion des Africains à partir des informations sur les guerres et la justice de rue mais, dans la vie de tous les jours, nous avons un sens de la fraternité profondément ancré : “Tu aimeras ton prochain comme toi-même”.
C’est comme ça, on n’a pas le choix. Si quelqu’un nous demande de l’aide, nous l’aidons. Il y a bien sûr des exceptions, mais, en général, telle est la règle tacite. Si une femme pleure dans la rue, nous ne détournons pas le regard ; nous lui demandons ce qui ne va pas. Si un membre de votre famille décède, on ne vous laissera pas vous débrouiller tout seul et n’avoir de compagnie que le jour des obsèques ; il y aura toujours quelqu’un pour vous aider et vous accompagner dans votre deuil, et personne n’ira invoquer un emploi du temps trop chargé, car témoigner de l’affection et du respect passe avant l’argent ou n’importe quelle réunion. Nous trouvons toujours du temps pour les autres.
Notre rapport aux autres se répercute sur tous ce que nous faisons, et c’est parfois interprété comme un manque d’efficacité ou de sérieux. Mais qu’y a-t-il de plus important que notre rapport aux autres ? C’est l’une des raisons qui fait que beaucoup d’Africains ont du mal à vivre dans une société plus individualiste. (...)
(...) Les touristes qui se rendent dans un pays d’Afrique parlent souvent de la gentillesse des Africains. Il s’agit bien sûr pour une part de la courtoisie que l’on manifeste à l’égard des touristes partout dans le monde. Et puis l’on remarque plus la gentillesse quand on est en vacances, loin du stress du travail et de la vie quotidienne, mais cela n’explique pas tout. En général, nos parents nous enseignent à manifester de la courtoisie et du respect à ceux qui le méritent.
Nous ne manquons pas de respect aux personnes âgées et les enfants ne répondent pas à leurs parents (au point qu’il y a souvent peu, ou pas, de dialogue entre parents et enfants). Le respect reste une valeur de base importante.
A votre avis, qu’avons-nous d’autre à apprendre au monde ?(...)
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Luc Desle
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