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Pensées pour nous-mêmes:
(LA PENSÉE PRÉCÈDE D'ACTION
QUI PRÉCÈDE LA PENSÉE)
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COURTS RÉCITS AU LONG COURS(57)
pcc Benoît Barvin
TullioPericoli_SelfPortrait_100
Trou
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Il était minuscule, de la taille d'une tête d'épingle. Juste là, en face de mon lit. Comment pouvais-je le voir, dans cette obscurité totale? Grâce au fait qu'il brillait, telle une petite étoile sur l'écran sombre de la nuit. Je l'avais déjà remarqué la veille mais, ce soir-là, réveillé Dieu sait pourquoi, je l'aperçus qui scintillait et, en quelque sorte, m'appelait.
Je mis cependant un bon quart d'heure avant d'oser quitter la chaleur des draps et, pieds nus, d'aller me planter devant cette petite bille de lumière. Elle se situait juste en dessous d'un de mes posters représentant un super héros. Moi, je n'en étais pas un. Je n'osais m'approcher, pour vérifier que mes sens ne me trompaient pas, et mettre mon oeil à hauteur de la ridicule cavité qui ressemblait à un soleil en miniature. Pour quelle raison?
Peut-être que, derrière cette mini ouverture, se dissimulait un monstre effroyable. Une genre de dragon cracheur de feu qui n'attendait qu'un geste de ma part pour me griller sur place... Ou alors le tueur au hachoir qui pointait une lampe-torche dans ma direction et qui m'observait, se pourléchant à l'avance des tourments que j'allais subir... A moins que ce ne soit un simple trou, dans ce mur qui donnait sur une rue bruyante et sale. Mais pourquoi, alors, brillait-il?
J'eus soudain très froid, mon corps se mit à trembler et je rejoignis mon lit, me calfeutrai sous mes draps, tentant de retrouver le sommeil. En vain. A partir de cette nuit, je ne cessai de penser à cette toute petite ouverture dont la présence à la fois m'intriguait et m'inquiétait. Je ne m'en ouvris à personne, bien évidemment, même pas à mes meilleurs copains. Je savais trop quelles seraient leurs réactions: moqueries, railleries et autres quolibets.
Mais chaque nuit, vers les deux heures du matin, je me réveillai en sursaut et mon regard était hypnotisé par cette lueur, de plus en plus brillante semblait-il, au fur et à mesure que la nuit s'avançait. Bien entendu je ne sortais plus de mon lit. Je dormais avec ma batte de base-ball, au cas où. J'avais à présent du mal à me concentrer en classe et mes notes s'en ressentirent. Mes parents, s'inquiétant de me voir sans cesse harassé, me firent rencontrer un spécialiste auquel je ne me confiai pas, bien évidemment.
On me prescrivit nombre de fortifiants qui ne me donnaient aucun "coup de fouet". Au contraire: ces médicaments m'empêchaient désormais de m'assoupir, avant la fatidique apparition de la pointe d'épingle lumineuse. Car, c'est vrai, le trou minuscule n'était pas là constamment. Il semblait surgir de nulle part, à un moment donné - vers les minuit, comme je le constatai bien vite -, et il disparaissait, toujours aussi mystérieusement, vers les cinq heures du matin.
J'adaptai donc mon sommeil sur ce rythme et recouvrai la santé, car cette dernière, en raison de mes insomnies, avait commencé à être chancelante. J'aurais pu ainsi continuer à vivre avec cette pointe lumineuse dans le mur, sans m'en approcher, la considérant simplement comme une excroissance d'une imagination trop fertile.
Mais une nuit, alors que la cavité microscopique venait de sourdre, je ne sais ce qui me prit. J'étais face au phénomène et, en me hissant sur la pointe des pieds, je collai un oeil face à l'anfractuosité infime...
Se révéla à moi un paysage d'une beauté si parfaite qu'elle me coupa le souffle. Il y avait, derrière ce mur, un autre Monde à la grâce exquise, aux douces couleurs, aussi harmonieux que cette petite fille blonde qui, pivotant dans ma direction, me sourit avec la grâce d'un elfe.
Je répondis à son sourire, ressentis à peine la douleur, à hauteur de ma poitrine et, glissant contre le mur rugueux, je perdis définitivement conscience afin de rejoindre cette autre Vie Merveilleuse qui n'attendait que moi...
"Pardon? Que je me pousse de cet escalier
car vous ménagez quoi?
- BLAM... BLAM... BLAM...
- Argh! Couic!"
1906 12 everybodymag blanchegreer
(Ainsi disparaissent les enfants pas assez vite obéissants)
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"Alors, le Monsieur Barbu, il m'a dit
d'envoyer ce bateau directement sur ces gens...
je crois que c'est des militaires... J'en reconnais un:
le Président... Mais pourquoi
ce bateau il va faire boum? Je l'ai pas
demandé au Monsieur Barbu..."
1906 12 everybodymag blanchegreer
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"Pourquoi je dois pas regarder quand le Monsieur,
il se met tout nu?"
1907 12 centurymag blanchegreer
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"Heu... Tu es sûre que le faire, là,
sur le rebord de la fenêtre, c'est prudent?
- Prudent? Prudent? T'es devenu d'un popote, toi!"
1911 06 centurymag blanchegreer
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Blanche Baptiste (avec des morceaux de Jacques Damboise)
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