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Pensées pour nous-mêmes:
(LE TEMPS IMPAIR ET PASSE)
Pcc Jacques Damboise
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COURTS RÉCITS AU LONG
COURS (68)
pcc Benoît Barvin
Fille
Je
venais de m’arrêter à un feu rouge lorsque la portière, côté conducteur,
s’ouvrit brutalement. Quelqu’un me poussa avec décision et je m’en fus
valdinguer contre la portière droite. La voiture démarra sur les chapeaux de
roues. « Cette fois, attache ta ceinture » fit une voix dure, bien que féminine.
Je m’exécutai machinalement et, au bout d’un long instant d’indécision, j’osai
couler un regard anxieux vers l’individu qui venait de s’emparer de mon
véhicule… avec moi comme paquet surprise.
Il
s’agissait d’une blonde, un rien enveloppée, avec un joli nez retroussé, des
lèvres pleines, un long cou. Le reste de son corps était dissimulé dans un T-shirt
glissé dans un jean, le tout ayant de jolies formes, semblait-il. Un parfum
d’Ylang-Ylang flottait autour de la fille, accompagnée par une odeur plus âcre,
celle de sa sueur, m’apparut-il. « Qu’est-ce que tu
regardes ? ». La voix, qui imitait le parler de banlieue, ne dissimulait
pas la jeunesse de sa propriétaire et une certaine affectation, en fin de
phrases. « Alors ? Tu réponds ? ». De sa main droite elle
me frappa soudain et le choc d’un objet métallique sur la tempe me fit pousser
un petit cri de souffrance. « Je… Rien… Vous… Je… ». «Super,
ça, je suis tombée sur un bafouilleur de première » ricana-t-elle.
De
fait, je n’avais plus les idées vraiment en place. La douleur pulsait dans mes
tempes, j’étais à présent réellement effrayé, me demandant ce qui allait
m’arriver, avec cette inconnue armée d’un automatique. La fille conduisait mal,
et vite. Elle enfilait les rues en se déportant sur la gauche, faisant hurler
les véhicules qu’elle évitait d’un brutal coup de volant. A ce rythme, on
allait s’emplafonner dans un semi-remorque, comme dans les films de poursuite
hollywoodiens…
« Si
vous pouviez… ». « Quoi, tocard ? ». Nouveau coup, cette
fois dans les côtes. Je me pliai de douleur. Elle rit, joli rire de gorge qui,
en d’autres circonstances, m’aurait attiré. « T’as autre chose à
dire ? ». Elle vira soudain sur la droite, de sorte que je me plaquai
contre elle. L’Ylang-Ylang m’enveloppa dans ses rets. J’eus comme un
éblouissement, me voyant collée à elle, l’embrassant goulûment, alors que nos
deux corps…
Nouveau
virage en épingle à cheveux. Cette fois je fut envoyé contre la portière et mon
épaule droite avec. Je hurlai de douleur. Furieux, je me tournai vers la fille
et lui lançai : « Mais vous voulez nous envoyer dans le
décor? ». « Exact, dit-elle. Tout à fait exact ». Sa
réponse me souffla tellement que je mis plusieurs minutes à récupérer mes
esprits, alors que ma pauvre tire était balancé de droite à gauche, freinait
brusquement, repartait avec un hurlement de pneus et de vitesses malmenées, le
tout dans une sale odeur de brûlé.
« Tu
me demandes pas pourquoi je veux en finir ? ». Je hochai
affirmativement la tête, trop déglingué du cerveau pour parler. « Ben, je
te le dirai pas », dit-elle, en riant comme une bête blessée. Cette fois,
je me le tins pour dit. Cette fille était dingue. J’allais crever à cause d’une
salope complètement timbrée, qui s’était certainement enfuie d’une maison de repos et qui m’entraînait dans sa folle course vers la
mort. Une tarée qui, à cause d'une histoire d'amour ayant mal tournée, se la jouait "Thelma et Louise"... Et Louise, c'était moi!
Les
sirènes des voitures de flics s'insinuèrent enfin dans mon cerveau, légèrement
déconnecté du réel. J’en vis deux qui tentaient de nous dépasser, de chaque
côté, afin de nous barrer la route un peu plus loin et… Nom de Dieu ! On
allait tout droit vers le Pont suspendu. En une seconde, j’entrevis ce que la
dingue avait l’intention de faire : après un gymkhana au milieu du trafic,
elle allait nous jeter, elle et moi, dans le fleuve tumultueux dont les eaux,
depuis plusieurs jours d’une pluie incessante en amont, allaient nous avaler
gloutonnement.
« Laisse-moi
sortir, je t’en prie » suppliai-je. Elle me foudroya du regard, tout en
donnant un nouveau coup de volant qui obligea l’automobile des flics, sur mon
flanc, à lâcher prise. « Pourquoi je ferai ça ? ». J’étais
transpercé par ses yeux d’un bleu de ciel d’été. J’entrevis toute la souffrance
du Monde et cela m’apaisa illico. « Pour… rien… » répondis-je, dans
un souffle. «Fous-le camp !» hurla-t-elle alors, en pointant
son arme.
C’est
elle qui, en se penchant vers moi, ouvrit la portière et, après avoir détaché
ma ceinture d’une geste affolé, et sur une dernière fragrance d'Ylang-Ylang je m’envolai dans les airs. Avant de retomber
sur l’asphalte, devant le museau d’une Dodge qui freinait dans un hurlement de
freins martyrisés, j’entrevis le visage de Madone de la fille où les pupilles
brillaient comme une promesse. «Je ne sais… même pas… son prénom», ânonnai-je,
en me recevant tant bien que mal sur le sol.
Ma
voiture – et sa mystérieuse conductrice – démolirent une barrière métallique et
toutes deux s’effacèrent du paysage, alors que des gens m’entouraient, pleins
de sollicitudes. Je me mis à pleurer, puis ce furent de vrais sanglots qui me
déchirèrent le coeur.
J’avais
laissé passer l’Amour de ma vie par pure lâcheté…
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(Air chanté)
"Ooohhh Ma Chériiieee...
n'as-tu paaas
oubliééé quelque chooose?
- Non, mon n'Amouuur,
je ne penseee paaas...
Pourquoi?
- Oooohhh, pour Ri-En..."
Music. Oh Calcutta..by Henri Dauman
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"Oh, là, regarde!
- Une tache, je sais,
elle est vieille comme le monde, celle-là...
- Désolée, je fais ce que je peux
pour te déstabiliser...
- Mais tu peux peu..."
Girls in costumes, Volendam, 1950s
photo by Cas Oorthuys
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"Ça sert à rien,
aujourd'hui t'es moche t'es moche,
tu peux rien y changer..."
Marilyn making up..
photo by Manfred Linus
(A cette occasion cette actrice comprit que sa
maquilleuse n'était qu'une sale jalouse et elle la vira illico)
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"HHHIII!!! C'est pas possib'e!
Ch'suis engagée, c'est ça?
- Non, tu dégages, j'ai dit, et fissa!"
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Jacques Damboise (dit le Cruel/Méchant ironiste)
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