µµµ
Pensées pour nous-mêmes:
(SOUS L’ÉPAISSE COUCHE DE NEIGE
LA FLEUR POUSSE TOUJOURS)
µµµ
"A la queue, comme tout le monde!
- Femme de mauvaise vie!
- S'habiller en bleu, la couleur du Diable...
- Tu es sûre?
- De toute façon, la couleur, c'est le Diable!"
Mercredi 2 janvier. Distribution de nourriture par l'Agence des Nations unies aux réfugiées
du jardin des femmes, à Kaboul en Afghanistan. (Photo Shai Marai. AFP)
µµµ
"Je ne sais pas ce qui leur a pris...
Je venais prendre ma part de nourriture
dans leur placard quand, soudain,
avec une violence inouïe, ils m'ont
sauté sur le paletot..."
Le hamster alsacien sème la zizanie
Adam Sage
The Times
(...) Ces petites créatures sont sans doute parmi les plus adorables qui soient, et elles ont l'air bien vulnérables. Pourtant, dans l'est de la France, les hamsters sauvages suscitent énervement, colère, actions en justice et même problèmes politiques pour le gouvernement de François Hollande. Un projet visant à faciliter la reproduction et l'alimentation du hamster sème le mécontentement dans la population, qui s'estime lésée au profit de l'animal.
Des projets de route vont être abandonnés et des sites industriels déplacés au nom du hamster, dénoncent les habitants, et construire une simple cabane de jardin deviendra impossible. La querelle est née d'une initiative de protection du grand hamster d'Alsace, dernier représentant sauvage de l'espèce en Europe, dont la population a diminué de 75 %.
C'est à contrecœur, menacé par la Cour de justice européenne d'une amende de 17 millions s'il ne prenait pas de mesures pour éviter la disparition de l'espèce, que l'Etat français a mis en place un plan de protection. Mais, pour certains élus locaux, ce sont de vastes territoires ruraux qui vont être transformés en "réserves à hamsters", inaptes à la moindre création de richesses – et c'est bien la dernière chose dont on a besoin quand le chômage atteint les 10%.
Une cinquantaine de communes ont déposé un recours devant le Conseil d'Etat contre deux arrêtés qui ont créé 9 000 hectares de zones de protection du hamster. Pour ces élus, on fait passer l'intérêt de ce rongeur de 20 centimètres avant celui de la population. (...)
Lire sur:
µµµ
"Ratatatata...
- T'es dingue: une mitraillette ça fait pas ça...
- Si, c'est mon instructeur qui me l'a dit!
- Alors toi, tu crois tout ce qu'on te raconte...
- M'en fous: Ratatata..."
27 décembre. Entraînement de la police nationale afghane dans le centre de Jalalabad
en Afghanistan. (Photo Parwiz Parwiz. Reuters)
µµµ
"Bardon? Bai Zoizante Houit? Z'est quoi, za?
Barlez blus forte, ze zouis zourd...
et ouné beu Azei... Alzhei...
Ajzay... Heu..."
Little-Big-Man-Old
Bernard Stiegler.
« Quand on fait silence,
“ça” commence à parler »
(extraits)
Ce penseur n’a pas son pareil pour diagnostiquer la crise du désir que traverse le capitalisme ou les enjeux de la révolution numérique. Voici donc un document exceptionnel : jamais, dans une interview, il n’avait évoqué avec autant de franchise son parcours hors norme et sa renaissance philosophique. (...)
(...)/ On aurait pu vous prendre pour un hippie… (à propos de son retour à la terre dans les année 70)
- Je ne me suis jamais senti hippie : j’étais là pour gagner ma vie. Mais la sécheresse de 1976 m’a obligé à liquider ma ferme. Un peu plus tard, j’ai ouvert un bar à Toulouse, "L’Écume des jours", où je passais du jazz et où venaient des orchestres. C’était plein toutes les nuits de gens qui cherchaient de la bonne musique. C’était un public noctambule. La police est venue un soir, a trouvé de l’héroïne et m’a demandé de coopérer avec elle, ce que je n’ai pas fait. J’ai eu une fermeture administrative et, au même moment, on a supprimé mon autorisation de découvert bancaire (c’était le « plan Barre »). Alors j’ai attaqué ma propre banque, puis quelques autres. Après le cinquième braquage, je suis tombé. Peut-être me prenais-je pour Virgil, le héros de "Prends l’oseille et tire-toi", de Woody Allen [1969].
/ Ce passage à l’acte, en 1978, ne témoigne-t-il d’une certaine noirceur de l’époque ?
- Quelque chose en effet se fêlait, même si 68 avait été un moment de libération. À Paris, aux États-Unis, au Japon, en Allemagne, à Prague, cet événement redéfinissait les rapports entre les psychés. Mais dix ans plus tard, le monde avait la gueule de bois. Le philosophe Gérard Granel [1930-2000] – grand lecteur de Husserl et de Heidegger –, qui fréquentait L’Écume des jours et qui m’a alors aidé en tout, parlait de « libéral-fascisme ». Giscard engageait en France l’âge de la crétinisation des foules – en se crétinisant lui-même – avec son accordéon, alors que, jusque-là, gaullistes et communistes s’accordaient sur le fait que pour que la France aille bien, il fallait que tout le monde se cultive.
En 1977, Marchais et le Parti socialiste faisaient capoter l’accord autour du Programme commun pour lequel je m’étais battu. Les organisations maoïstes et trotskistes se décomposaient, tandis qu’apparaissaient les terroristes de la Bande à Baader ou des Brigades rouges. Dans la jeunesse, overdoses et suicides se multipliaient – cependant que d’autres se suicidaient socialement sur le mode du reniement, de la haine de soi et du ressentiment que cela engendre toujours. Je ne vous dis pas cela pour justifier mes délits : je n’ai jamais voulu politiser ma défense.
/ Comment, en prison, la philosophie s’est-elle imposée à vous ?
- Je me suis d’abord dit que j’allais faire ce dont j’avais toujours rêvé : écrire des romans. Puis je me suis aperçu que je n’avais rien à dire : ce que j’écrivais était très mauvais. J’ai alors voulu étudier les œuvres et faire de la poétique et de la linguistique. Granel, qui avait obtenu l’autorisation de me rendre visite et de me porter des livres, m’a proposé de m’inscrire à l’université, et d’abord de préparer un examen pour pouvoir y entrer.
Au cours des premiers mois de cellule, j’ai compris que ce qui était intéressant était de ne pas parler – d’écouter ce qui se faisait entendre dans ce silence. J’ai fait une grève de la faim pour obtenir une cellule individuelle et, au bout de trois semaines, l’administration a cédé. Quand on fait silence, « ça » commence à parler. Et c’est là seulement que l’on dit des choses intéressantes. C’est dans cette situation que, pour la première fois, je me suis mis à étudier – avec passion. En prison, on décuple ses capacités de travail. Une fois passé l’examen d’entrée, je me suis mis à lire Saussure, mais aussi ses critiques, notamment Derrida, et c’est ainsi que j’ai rencontré la philosophie.
/ Vous dites avoir touché la vérité du doigt entre les murs de la prison…
- J’ai touché ce milieu (mais non la vérité) qu’est le monde à travers un mur – celui de ma cellule où j’ai fait l’expérience de ce monde par défaut. Je me suis plongé dans la phénoménologie de Husserl. Reprenant l’expérience du doute radical de Descartes et prolongeant Kant, Husserl pratique la méthode de la« réduction phénoménologique ». En neutralisant méthodiquement ce qu’il nomme la thèse du monde (la croyance en son existence), il analyse les conditions dans lesquelles le sujet constitue le monde (c’est-à-dire les conditions de l’expérience). En appréhendant le monde par la façon dont il apparaît et en quelque sorte naît à la conscience, la méthode phénoménologique opère un renversement de point de vue : elle abandonne l’« attitude naturelle » et opère une conversion du regard. Or, en prison, je vivais cette suspension du monde de fait.
Je lisais Husserl essayant de s’absenter du monde, cependant que je vivais moi-même quasiment hors du monde. Mais même là, découvrais-je, il n’y avait pas rien : il y avait ma mémoire – qui était une souffrance. Il y avait la mémoire de l’humanité contenue dans les livres que me portait Granel. C’est pourquoi le thème de la trace – l’écriture – auquel Derrida a confronté Husserl est devenu mon point d’Archimède. On ne peut pas neutraliser la trace, et le projet de la phénoménologie devait être repris par cette racine. C’est ce que j’ai décidé de faire. Granel m’a mis en contact avec Derrida, avec qui j’ai alors travaillé.
/ Un autre livre vous a marqué, c’est "le traité De l’âme", d’Aristote. Pour quelle raison ?
- En prison, rien ne change jamais : hier est comme aujourd’hui qui sera comme demain. Cette immuabilité est proprement insupportable – sauf si vous opérez une conversion phénoménologique : ici, la conversion à la vertu carcérale. Vous constatez alors que, même quand il semble que rien ne se passe, il se passe encore quelque chose : par exemple, hier « ça n’allait pas » et aujourd’hui « ça va mieux » – ou l’inverse. Les philosophes ont donc raison : ce qui nous arrive vient de nous. Mais si vous n’assumez pas ce fait comme une discipline, cela peut rendre fou. Si, au contraire, vous vous imposez ce qu’Épictète nomme une mélétè [« pratique »], alors la prison devient une grande maîtresse.
Le mouvement, le changement et l’impassibilité du « premier moteur immobile » (theos) sont les enjeux du traité De l’âme. L’âme, dit Aristote, est le mouvement de la vie. Mais il faut distinguer trois sortes d’âmes. L’âme nutritive, celle des plantes, ne se meut que par sa croissance. L’âme sensitive, celle des animaux, se déplace pour sa nourriture et sa reproduction. L’âme noétique, qui a accès au noûs, à l’intellect, se meut en totalité : elle est en question. La plupart du temps, l’âme noétique en reste cependant au stade sensitif – comme l’âme sensitive ne passe à l’acte que par intermittente et fonctionne la plupart du temps sur un mode quasi nutritif. J’ai soutenu que le milieu ne devient noétique que lorsque nous en sortons – comme un poisson volant, par intermittences. Sortir de ce milieu pour le contempler, c’est-à-dire le théoriser, c’est ce que tente le phénoménologue en retournant son regard. (...)
Suite passionnante à lire sur:
µµµ
Benoît Barvin
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire