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Pensées pour nous-mêmes:
(EN PENSANT AUX AUTRES
TU AGIS)
TU AGIS)
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Long Texte au long cours (2/15).
Blanche Baptiste
Aurore, la petite de Lucie, semble s'être empoisonnée. Va-t-elle mourir? Est-ce un clin d'oeil du Destin, quelques années après la mort du père de Lucie?
HAUTES DILUTIONS
Epilogue
La famille, changeante dans ses opinions, a trouvé que Lucie accusait trop bien le choc. Le père n’a pas apprécié que le Centre fasse appel à lui, ni d’être bousculé dans sa tranquillité d’irresponsable, ni de devoir veiller sur cet être en partance que lui considérait comme déjà parti depuis des années.
L’absence de peine, la certitude de savoir que ce qui vient de se passer est la meilleure des choses qui pouvait être donnée à Aurore, font que Lucie se sent en paix et ne souffre pas, comme elle l’avait tant craint, du vide laissé par cet être auquel elle avait sacrifié sa vie.
***
Ce vendredi, elle ne s’est pas rendue chez son psy, pour sa dernière séance. Elle a remisé sur un coin de sa table de travail les pigments dont elle se sert pour ses dilutions d’aquarelle, et elle s’est mise à écrire son histoire. Elle a posé sur les feuilles blanches tout ce qui lui était revenu en mémoire ces derniers jours.
Cela devient cohérent, d’une clarté qu’elle n’aurait pas soupçonnée. En même temps, elle réalise qu’elle n’en veut à personne et surtout pas à elle-même. Elle réalise également qu’elle a très envie de revoir Tonio, que lui aussi a peut-être réfléchi à tout ce lourd passé.
Elle va lui envoyer les feuillets qu’elle vient d’écrire. Elle se souvient de l’adresse, Carretera del Monte n°3. Peut-être a-t-il déménagé entre temps ? Vingt-deux ans, c’est long ! Elle note par précaution « faire suivre » en espagnol, dans un angle. Elle verra bien… Si elle n’a pas de réponse, elle passera à autre chose. Sans regrets. De cela aussi elle se sent capable. Mais avant, elle va essayer de rejoindre Tonio par ce courrier interposé.
***
L’enveloppe contenant le manuscrit est allé de Murcia à Valencia. Pour finir elle a atterri à Majorque, quelque part entre Valldemossa et Puerto-Soller, dans une petite villa aux confins de Déïa. Son contenu a été lu avec attention et émotion par son destinataire.
Il attend quelques jours avant de répondre pour laisser reposer tous les sentiments contradictoires qui bouillonnent en lui. Puis, sentant que sa tendresse pour Lucie et que son envie de mieux la connaître prennent le dessus, il lui écrit une lettre l’invitant à venir le rejoindre sur son île d’adoption. Elle pourra y prendre son mois de congé, y peindre, aussi, car la luminosité y est exceptionnelle.
Si elle le souhaite, pendant ses temps libres, il iront marcher dans les montagnes, et là, il lui racontera son histoire, sa légende, pour que celle-ci puisse s’envoler avec la sienne. Il lui montrera des ermitages perdus, des sentiers escarpés au-dessus de la mer.
Enfin, ils auront mille et une choses à faire et à découvrir.
Il espère la revoir très bientôt.
FIN
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(Miss Petitbody PowPow était une des meilleures
chasseuses de traders)
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"Cette planète poubelle me plaît de plus en plus..."
Onkalo :
voyage dans le tombeau nucléaire finlandais
Loïc H. Rechi
(...) A l’ouest de la Finlande, sur la presqu’île d’Olkiluoto, des ouvriers s’affairent à creuser un immense trou de 450 mètres de profondeur, parcouru par cinq kilomètres de route.
Lorsqu’il sera terminé, en 2020, l’industrie nucléaire finlandaise commencera alors à y enterrer des milliers de tonnes de déchets radioactifs. Et quand cette besogne sera à son tour achevée, 100 ans plus tard, la cavité sera scellée et devra rester inviolée pendant 100 000 ans.
Un défi insensé, plein de risques, qui dépasse techniquement et philosophiquement tout ce que l’homme a pu entreprendre jusque-là.
La route est longue, étroite, et sa platitude n’a d’égale que sa monotonie. Elle serpente dans la région du Satakunta, à travers des bordées de bouleaux et de sapins, et débouche tout droit sur le Golfe de Botnie, cette étendue d’eau qui sépare la Finlande de la Suède.
Avant de bifurquer sur la gauche, pour rejoindre la route nationale 8, puis encore sur la droite, quelques kilomètres plus loin, en direction de la presqu’île d’Olkiluoto, on traverse la bourgade d’Eurajoki.(...)
(...) Eurajoki est une coquille sans charme particulier, Eurajoki transpire l’ennui, mais Eurajoki est une commune prospère. Comme tous ceux pour qui ce nom évoque quelque chose, je n’aurais jamais entendu parler de ce petit bled grisâtre du sud-ouest de la Finlande s’il n’était pas la municipalité qui chapeaute le complexe nucléaire d’Olkiluoto.
Avec ses deux réacteurs en fonction depuis la fin des années 70, et l’interminable construction de son EPR – le fameux réacteur pressurisé européen d’Areva –, cette presqu’île constitue l’un des centres névralgiques de la politique énergétique de la Finlande.
Mais ce qui en fait un endroit à part sur le globe, c’est son tombeau nucléaire, construit par l’entreprise Posiva. L’endroit a été baptisé « Onkalo », « la cave » en finnois. Des bataillons d’ouvriers étrangers, venus de toute l’Europe, y ont creusé un immense trou à même la roche.
Selon le plan établi, à partir de 2020, l’industrie nucléaire finlandaise y stockera tous les déchets produits par ses centrales depuis 1996. L’opération de stockage est prévue pour durer 100 ans. Un siècle durant lequel, chaque semaine, un funeste cortège de camions chargés de détritus à la toxicité inégalable empruntera les cinq kilomètres de route souterraine qui mènent au fond de la cave.(...)
Ces milliers de tonnes de déchets seront alors réparties dans des trous creusés à l’intérieur d’une interminable galerie de tunnels. Puis méticuleusement, les unes après les autres, ces cavités seront rebouchées.
Enfin, quand cent ans plus tard, en 2120, les 4 500 orifices imaginés seront repus du matériel mortifère, alors on refermera cet édifice titanesque et on devra prétendre qu’il n’a jamais existé.
C’est là que se profile le paradoxe qui fait toute la folie d’Onkalo. Une fois la grotte obstruée, il s’agira de s’assurer que personne n’ait l’idée saugrenue d’éventrer la roche de nouveau.
Après tout, si nos prédécesseurs se sont entêtés à ouvrir le tombeau égyptien de Toutânkhamon – un sanctuaire qui aurait dû rester inviolé pour l’éternité –, quel message pourrait bien être assez fort pour dissuader les générations futures d’explorer à leur tour ce qui sera devenu un vestige du passé, d’une autre civilisation peut-être? (...)
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"Petits, petits..."
"Petits, petits..."
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Benoît Barvin
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