Bonjour à vous qui, dans le maelström du net, êtes arrivés, par hasard? lassitude? erreur? sur ce blog. Vous êtes les bienvenus. Vous y lirez des extraits d'articles, de pensées, d'interviews, piochés ça et là, et illustrés de photos et dessins détournés, via un humour de bon aloi. Vous pouvez évidemment réagir avec le même humour, la même ironie que nous mettons, chaque jour, à tenter de respirer un peu plus librement dans une société qui se corsète chaque fois un peu plus.

mercredi 12 septembre 2012

"Elle tendit l'oreille et on la lui vola". Jacques Damboise in "Pensées à contre-pet".

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Pensées pour nous-mêmes:

(SANS RIME NI RAISON TA VIE A UN SENS.
A TOI DE LE TROUVER)

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COURTS RÉCITS AU LONG COURS(42)
pcc Benoît Barvin

Gil Elvgren
zazzle.com 

Temps



   Je la rencontrai au détour d'une ruelle, un matin, alors que le soleil hésitait à percer les nuages. Magda, belle fausse rousse aux formes rotondes, visage avenant, lèvres pulpeuses et chevelure à crins de jument. Elle portait un jean qui mettait ses hanches en valeur, galbait ses cuisses, entrait dans de mignonnes bottines qui élançait sa silhouette. Sa poitrine paraissait sur le point d'exploser un T-shirt de couleur rouge, collé-serré, avec un col en V, de manière à exhiber le début de ses seins, toujours aussi débordants d'optimisme.

   Magda, j'avais été son amant; nous avions vécu ensemble quelques mois à l'intensité exceptionnelle; j'avais perdu le peu de latin que je savais, sur les femmes, à son contact. Rigolote, entreprenante - dans tous les sens du terme -, extrêmement vivante, elle avait chamboulé mes jours et mes nuits, dérangeant l'ordonnancement pointu de ma vie de célibataire. Nous nous étions quittés sur un dernier coup de gueule, en apothéose, un matin, et j'avais alors éprouvé le sentiment d'un désastre évité de justesse. 

Et voilà que je "tombais" à nouveau sur elle, par hasard - mais les hasards existent-ils vraiment? Ne sont-ils pas fabriqués par un Destin ricaneur qui s'amuse à nos dépends? 

   Nous nous observâmes quelques secondes. Elle tomba dans mes bras, me dit que je n'avais pas changé, que j'étais toujours aussi "mignon" et, sans façon, elle effleura mes lèvres des siennes, pleines, sensuelles, aphrodisiaques. Instantanément je perdis le cours de ma journée, me laissai entraîner vers la terrasse d'un café où, face à face, nous nous bûmes des yeux. Elle se parfumait toujours à l'Ylang-Ylang et cet effluve me rendit, une fois encore, fou. Je n'arrivais plus à penser correctement, j'étais subjugué par ses yeux verts, par sa bouche mangeuse d'hommes, par ses seins qui me faisaient la conversation, par ses genoux qui, collés aux miens, m'invitaient déjà à aller plus loin. Et aussi par cette voix qui glissait sur ma peau, m'annonçant de futures et fabuleuses étreintes...

   Les amours disparus peuvent-ils renaître? La cendre qu'on croyait éteinte l'est-elle vraiment jamais? Que faisais-je là, devant elle, dix-huit ans plus tard, à sentir tout mon corps se tendre dans sa direction, ma bouche sèche n'attendant qu'une seule chose: m'abreuver à la sienne, ou à toute autre partie de son corps? Le serveur interrompit un bref instant cette attraction fatale... ce qui me permit de recouvrir, une seconde, mes esprits.

   Se formula aussitôt, dans mon cerveau en ébullition, LA question qui aurait dû me tarauder, dès que je l'avais rencontrée: comment se faisait-il que, près d'une vingtaine d'années après notre séparation, Magda puisse paraître aussi jeune? Comme si le temps s'était arrêté pour elle; juste pour elle, le Temps, ensorcelé lui-aussi par sa personnalité à la fois fantasque et séduisante, Oh combien... 

   Quand le serveur s'éloigna, un zeste d'inquiétude brilla dans ses pupilles. Elle avait deviné mon interrogation. Elle posa ses paumes brûlantes sur les miennes, accentua un sourire de mante religieuse, mais j'étais déjà en retrait, de toute mon âme et c'est d'une voix, certes tremblante, mais néanmoins assez ferme que je lui demandai: "Dis-moi, Magda, par quelle sorcellerie es-tu aussi fraîche que dans mes souvenirs?"

   Elle sursauta, blêmit, ses mains tressaillirent et quittèrent les miennes. Une ombre passa sur son visage qui, maintenant, me semblait légèrement patiné par les années. Quelques rides se faisaient jour, au coin des yeux, aux commissures des lèvres, sur les joues même... Je remarquai quelques taches sombres sur le dos de ses mains, sa peau m'apparut tavelée, sous le soleil qui se montrait franchement. Elle repoussa la chaise. Sa silhouette semblait se transformer; ses hanches étaient rabotées par une gomme invisible; ses seins s'affaissaient lentement comme s'ils se dégonflaient; ses cuisses enflèrent lentement...

   Je ne vis pas le reste de la terrible métamorphose. J'avais tourné moi-même le dos et je m'enfuis, lâchement, j'en conviens, le coeur empli d'une tristesse infinie, me bouchant les oreilles pour ne pas entendre cette voix de presque vieille femme m'appeler, d'une voix dans laquelle le temps avait creusé de nombreuses fissures...


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"Ahaha... Mais, ma chérie, je suis ruiné, RUINE,
tu comprends ce que ça veut dire?
- Ahaha... Tu as toujours mal menti, mon amour..."

Sue Lyon and director Stanley Kubrick share a laugh during the filming of ‘Lolita’ (1962)

(Quand l'épouse comprit que son mari disait la vérité,
son rire s'étrangla alors qu'elle s'emparait du marteau
qui lui avait servi à planter un clou...)

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"Oulàlà, elle est froide!
- Hihihi..."

ahiddengardenofsecretsA new time has raised…
Gertrude Hubbell, Ruth Peters and Mildred Grimwood,
 hiking their skirts at the shoreline of the beach in Averne, Queens, New York, NY
photo by Wallace G. Levison, September 8, 1897 (via honey-rider)

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"Mais... Mais mon parapluie ne va pas 
me protéger beaucoup de la pluie!
- Pfff... Pourtant, elle est Brune..."

Luna Moth Girl with parasol - 1920s
(via mudwerks)
Source: sisterwolf

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(Le numéro des chapeaux tournoyants comme des soucoupes
de cette artiste chinoise avait beaucoup de succès...)

Chinese acrobat, 1950s

(... jusqu'à ce que l'un d'entre-eux lui tranche la tête...)

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Jacques Damboise

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