TU QUOQUE MI AMICI: "Atteint de mélancolie, l'Ogre ne dévorait plus ses proies que d'une dent distraite". Benoît Barvin in "Pensées pensées"

mercredi 9 mai 2012

"Atteint de mélancolie, l'Ogre ne dévorait plus ses proies que d'une dent distraite". Benoît Barvin in "Pensées pensées"

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Pensées pour nous-mêmes:

(LA SAGESSE EST COMME L'OMBRE SUR LE MUR.

ELLE TE FUIT SANS CESSE)

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COURTS RECITS AU LONG COURS(16)

pcc Benoît Barvin

La casserole

"Elle est enchantée, me dit ce marchand venu de l'Orient. Elle réalisera tous tes souhaits".

Amusée par ce conte, je l'achetai illico et, de retour chez moi, je posai ma casserole "magique" sur le feu, après l'avoir emplie d'une eau pure, ainsi que me l'avait conseillé le colporteur. Après quelques minutes d'ébullition, alors que je venais, par trois fois, souhaiter de recevoir une somme conséquente afin de payer les traites de ma voiture, je vis apparaître, sur la planche de travail, un petit tas de billets qui représentaient exactement ce que je devais.

J'usai dorénavant de cette casserole enchantée afin de redresser ma situation financière, puis de me trouver un mari, de nombreux amants, et aussi me venger de certaines personnes qui m'avaient méprisée, quand j'étais sans le sou, etc. Ma petite affaire marchait bien.

Elle marcha jusqu'au jour où, ayant laissé l'ustensile de cuisine sur la gazinière, je me rendis compte qu'à l'intérieur bouillait une eau que je n'y avais pas mise, pas plus que je ne l'avais faite bouillir.

C'est quand j'entendis, dans le salon, le bruit de conversations dans une langue inconnue et que je me retrouvai nez à nez avec une famille étrangère - composée d'une quinzaine de membres - que je compris que, pour moi, les carottes seraient bientôt cuites.

onemillionlyrics.com

L'Immeuble

Je l'avais tellement désiré, cet appartement, que je crus défaillir quand les services sociaux m'envoyèrent, enfin, l'acceptation de mon dossier qui traînait depuis une bonne dizaine d'années. Je n'eus qu'une semaine de plus à cocher sur mon calendrier mural pour qu'on m'indiquât l'adresse de l'immeuble et le numéro de mon nouveau logement.

Exalté, je m'y précipitai, prenant cette fois avec joie les nombreux transports en commun qui conduisaient dans cette portion de la Ville, à la réputation un rien douteuse. La construction semblait neuve, si j'en croyais la peinture encore fraîche de la façade. Je disposais même d'une place de parking, bien que l’exiguïté de mes allocations mensuelles m'aient dispensé de penser à cet achat, bien superflu.

L'appartement se situait au troisième étage, au fond d'un corridor à l'odeur d'encaustique, allié à un autre parfum, plus fade, que je n'arrivai pas à identifier. J'ouvris la porte de ma future demeure. J'aperçus un large couloir aux murs carmin qui donnait sur un salon spacieux, éclaboussé de soleil, via une baie ouvrant sur un paysage dégagé.

Je fis un pas en avant. La porte claqua bruyamment derrière moi comme celle d'une prison. Alors que j'avançais dans ce nouvel appartement, je me remémorai que le parfum fade, qui imprégnait là-aussi la pièce, rappelait celui des cadavres que mon ex-copine, travaillant à la morgue, m'avait fait connaître...

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"Oui... C'est à cause d'Eux... Ils m'ont dépouillé et...

- Mais... Heu... Ils ne sont pas encore au Pouvoir.

- C'est tout comme!"