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Pensées pour nous-mêmes:
(ATTENDS-TOI AU MEILLEUR DANS LE PIRE
ET AU PIRE DANS LE MEILLEUR)
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COURTS RECITS AU LONG COURS(17)
pcc Benoît Barvin
La valise
J'attendais, somnolent, dans ce hall d'embarquement, depuis des heures. Il faisait terriblement chaud, en ce mois de Février, en Inde. Je dégoulinais. Les secondes s'étiraient comme des coulées de résine, les autres naufragés ronflaient, quelques enfants poussaient de petits cris de bêtes traquées. Parfois quelqu'un glissait dans la salle, tirant un bagage mal ficelé, ou traînant une valise sur roulettes. Quelques conversations en Tamoul, de l'anglais baragouiné dans l'air poisseux, lentement remué par les pales de ventilateurs, collés au plafond comme de menaçantes araignées géantes.
De temps à autre retentissait un message, beuglé par un haut-parleur, et qui faisait sursauter les passagers. Je n'y comprenais goutte. De toute façon je me sentais trop las pour réfléchir. Je ne devais embarquer que vers les trois heures du matin. Plus que deux heures à tirer...
Quelqu'un s'assit lourdement sur la banquette au velours râpé, tout près de moi. Je m'efforçai de fuir cette promiscuité envahissante, d'autant qu'elle était accompagnée d'une odeur forte, remugle d'huile frite, d'ail et autres ingrédients qui me mirent instantanément le coeur au bord des lèvres. Impossible pourtant d'échapper à cette exhalaison de mauvaise cuisine, la salle d'embarquement ne disposant que d'un minimum de places assises. J'avais dû attendre une bonne heure avant de me précipiter sur cette portion de banquette et n'étais pas disposé à refaire les cent pas dans cet endroit sinistre où les derniers Duty Free venaient de fermer.
Je m'assoupis. Un mouvement brusque me tira d'un sommeil aussi lourd qu'une pierre tombale. Je soulevai lentement les paupières, notant que l'infâme puanteur avait disparu. Ne restait plus, à mes pieds, qu'une pauvre valise cabossée, noire comme la suie.
Je regardai autour de moi mais ne vis personne qui ressemblait au propriétaire de la valise. Elle était là, contre mon pied, tel un chien fidèle. Une idée saugrenue me traversa l'esprit: me pencher, saisir le pauvre bagage, le poser sur mes genoux, soulever le couvercle, découvrir ce qu'il contenait...
Les raisons que m'invoquait mon esprit harassé? La curiosité, l'envie d'occuper le temps de l'attente, qui n'avait que trop duré. Je ne faisais rien de mal. De toute façon, je n'avais aucune mauvaise intention. Et puis, j'en étais certain, ce pauvre bagage ne contiendrait rien de bien intéressant...
Une fois le couvercle relevé, dans un coin, soigneusement empaquetées, je découvris plusieurs rangées de billets avec la tête de Benjamin Franklin. Il y en avait pour une sacrée belle somme.
Avant que l'odeur infecte n'empoisonne à nouveau mes narines et que je sente la dureté de la lame, aiguisée, contre ma glotte, j'eus le temps de maudire cette maudite curiosité qui, je l'aurais parié, allait surseoir à mon départ...
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"Oui, je sais, c'est à cause de mon chapeau...
- Heu... Il n'y a pas que lui..."
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(Les papillons de l'espoir avaient niché
dans un endroit chaud et confortable,
bien à l'abri)
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(Le petit personnel compétent étant difficile à trouver,
leur employeur tenait à ce qu'ils respirent
le meilleur air possible)
monstreux: By Steven Klein
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(Disciple d'une quelconque religion monothéiste
s'entraînant à combattre les Forces du Mal)
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(Le masque de la Mort Noire était blanc,
contrairement à sa propriétaire)
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Jacques Damboise
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