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Pensées pour nous-mêmes:
(N'ATTENDS PAS DU BONHEUR
QU'IL TE RENDE FORCEMENT HEUREUX)
QU'IL TE RENDE FORCEMENT HEUREUX)
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COURTS RÉCITS AU LONG COURS (88/5)
pcc Benoît Barvin
Tom Drake, agent du FBI, enquête sur une explosion qui a tué toutes les danseuses du "Blue Circle". Toutes? Non, l'une d'elles n'est autre que la petite amie de son collègue Peter Duncan. Mais quand Drake arrive à l'hôtel où réside ce dernier, c'est pour constater que la fille s'est suicidée.
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Quelques heures plus tard, je fouillai en catimini la chambre de Doris. Elle l’avait louée un an plus tôt, quelque part sur Saint Charles road. Le moins qu’on pouvait dire, c’est que la fille ne roulait pas sur l’or. La pièce était un meublé et, à part une affiche de « L’ange Bleu », avec la sublime Marlène Dietrich, rien n’indiquait que l’occupante des lieux ait voulu y mettre sa touche personnelle. Je m’occupai également de ses différentes tenues – toutes très légères, à part ses habits « de ville » -, ainsi que de ses dessous – très nombreux et affriolants.
Doris avait du goût mais, en fouillant parmi ses papiers, je compris que c’était le patron du « Blue Circle » qui louait les tenues de scène. Car rien n’appartenait en propre à la jeune femme. Je me promis d’interroger Duncan à propos de Doris, curieux de savoir comment tous deux avaient pu se rencontrer et si leur histoire était sérieuse.
En fait, après une fouille méticuleuse, je dus me rendre à l’évidence : rien, chez cette fille, ne la différenciait des innombrables danseuses qui sévissaient dans les cabarets et les boîtes de Chicago.
"Alors pourquoi a-t-elle préféré se supprimer sur simple coup de fil plutôt que de faire front ?" me demandai-je, à la suite de Ness.
En revenant à l’appartement de Duncan, je passai par le commissariat central. Le divisionnaire n’était pas là mais les dossiers, dûment remplis, m’attendaient sur son bureau. Je me plongeai dans leur étude attentive, sous les yeux de son second, l’inspecteur Anton Korsakov – un grand échalas venu de la lointaine Russie. Il était installé en face de moi, face à une machine à écrire - une Underwood Typewriter - dont, manifestement, il ne savait pas se servir, si j’en croyais la «promptitude» avec laquelle il tapait sur les touches. "Tip... Top... Tip... Top..."
Il ne me fallut pas moins de deux bonnes heures - avec en fond sonore les cliquetis de l'échalas sur les touches - pour éplucher la vie de toutes les malheureuses victimes du « Blue Circle », sous les regards lourds que me décochait à intervalles réguliers mon ange gardien. Chacune avait un parcours de vie qui ressemblait, de très près, à celle de Doris. Des filles venues de tout l’état, fuyant la pauvreté des campagnes – et souvent des pères alcooliques. Elles tentaient de survivre à Chicago, d’abord en jouant les serveuses puis, rapidement, elles se retrouvaient à ôter leurs fringues sur la scène des différentes boîtes de la cité. Quand ce n’était pas pire. Point, barre.
Rien d’original, pourtant, aucun vrai contact avec la pègre. Rien que de petites souris qui s’agitaient lascivement pour le bonheur de mâles qui, très vite, les rejetaient, une fois qu’ils les avaient essorées.
- Alorrs, agent spécial ! fit Korsakov, me sortant brutalement de mes ruminations. Vous vous donnez bien du mal pourr de simples putes, vous ne crroyez pas ? Elles n’en valent pas le coup.
Je refermai le dossier, relevai la tête et croisai le regard méprisant du Ruskov. Ness m’avait confié une mission - ma première mission -, et il n’était pas question que je la loupe en cédant à mon esprit chevaleresque. Au lieu de démolir le type - ce n'était pas l'envie qui m'en manquait -, je lui souris, me levai, enfilai mon pardessus et, en passant devant lui, je lui rectifiai le nœud de cravate en grognant.
- Ce n’est pas mon avis, inspecteur. Ces « putes », comme vous dites, ont été dessoudées d’une manière abominable. Je coincerai le ou les salauds qui leur ont fait ça – quels qu’ils soient -… et je le leur ferai payer !
J’eus la joie mauvaise de voir pâlir d’un coup le visage de mon interlocuteur.
(A Suivre)
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De pire en pire
Évariste
(...) Commençons par une bonne nouvelle : le mariage pour tous est passé ! Mais nous avons vu ce dont était capable la réaction : la connivence droite-extrême droite, la complaisance avec la violence des milices d’extrême droite, notamment religieuses. Ne nous y trompons pas : l’opposition au mariage pour tous est une première étape du rassemblement réactionnaire dans un pays où la gauche est minoritaire. Nous rappelons notre analyse du premier tour de la présidentielle de 2012 qui montre la gauche largement minoritaire et comment la victoire de François Hollande n’a été possible que parce la gauche s’est rassemblée et que les droites sont restés divisées.
Malheureusement, François Hollande n’a pas eu la stratégie voulue pour maintenir et développer le rassemblement de la gauche qui s’était réalisé au deuxième tour de la présidentielle. Pire, il a décidé un virage à droite en appliquant la politique du Medef, qui n’en demandait pas tant. Appliquant à la lettre la stratégie du club Terra Nova d’abandon des couches populaires ouvriers et employés (53 % de la population), il parie sur le fait que ces couches continueront à s’abstenir massivement (l’abstention est le premier choix de ces couches sociales loin devant les choix - dans l’ordre -FN, PS, UMP et Front de gauche en 5e position).
Il parie sur la sur-mobilisation des couches moyennes intermédiaires (24 % de la population) et des cadres salariés (15 %). Mais cette stratégie présidentielle produit la désespérance et favorise la droite et l’extrême droite comme l’a montré l’élection partielle de l’Oise en mars 20131.
François Hollande décide même de malmener la gauche de gauche. Il a donné 5 mois à la réaction pour mobiliser contre le mariage pour tous mais seulement trois semaines à la gauche de gauche pour déployer sa mobilisation tant sur le traité budgétaire que sur la « loi Medef » sur la sécurisation des licenciements. Celle-ci est donc obligé de se rebiffer. L’aile gauche du PS renâcle et Gérard Filoche, qui s’est bien battu contre la loi Medef sur la sécurisation des licenciements, a même été demandé comme conférencier par des assemblées citoyennes du Front de gauche !
Le Front de gauche décide de manifester le 5 mai pour la VIe République pour exprimer son ras le bol de la stratégie de François Hollande. Il sera rejoint par une minorité de militants d’EELV-les Verts. Car sur le plan économique et social, c’est de pire en pire. Le numéro de 117 de Respublica a montré l’attaque en règle de la protection sociale par l’ordolibéralisme au pouvoir.
L’oligarchie capitaliste a d’abord tenté de régler la crise du capitalisme (baisse du taux de profit dans l’économie réelle) par le développement de la spéculation internationale. Puis, elle a réussi à enrayer l’écroulement bancaire et financier privé en faisant appel à l’argent public contrôlé par les amis des oligarques à la tête des États. La dette publique, déjà mise à mal par les cadeaux fiscaux aux rentiers et aux revenus des couches aisées et riches, s’est alourdie en venant sauver les institutions bancaires et financières internationales.
Alors, pour financer la dette publique, les oligarques ont décidé que ce sont les salariés des couches populaires et des couches moyennes intermédiaires qui paieront la note via les politiques d’austérité. Ces politiques d’austérité basées sur la baisse des dépenses publiques ont comme conséquence de diminuer les recettes fiscales des États d’un montant supérieur à la baisse des dépenses publiques. L’effet multiplicateur joue à fond et oblige les oligarques à redoubler d’intégrisme dogmatique en demandant un nouveau tour de vis austéritaire.
Cette évolution touche la majorité des pays de la zone euro puisque nous savons aujourd’hui qu’entre mars 2011 et septembre 2012, la dette de la zone euro a augmenté de 86 à 90 % et que les capacités de production baissent dans la plupart des pays européens. Il est à noter que nous voyons de plus en plus l’intégrisme ordolibéral européen (version extrémisée du néolibéralisme mondial) verser dans la spirale austéritaire alors que les politiques des Etats-Unis, du Japon et des BRICS (pays émergents) sont moins extrémistes. (...)
Suite sur:
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"Hum... J'ai hâte de savoir quelles
excellentes nouvelles Tu Quoque
nous a concocté..."
Coby Whitmore
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Laissez tomber le roi,
embauchez un acteur
Arnon Grunberg
Traduction : Leslie Talaga
(...) Le 30 avril 1980, Beatrix a succédé à sa mère, la reine Juliana des Pays-Bas. Ce jour-là, de violentes émeutes ont éclaté à Amsterdam. Sous le slogan “Geen woning, geen kroning” [Pas de toit sur nos têtes, pas de couronne sur la vôtre], des squatteurs et des anarchistes s'étaient indignés contre le couronnement de la nouvelle souveraine et la crise du logement que traversait le pays.
J'avais 9 ans et j'ai tout regardé à la télévision avec ma mère. Les bombes fumigènes et la police anti-émeutes m’ont davantage marqué que le couronnement lui-même. Mon père était aussi peu impressionné par les manifestants que par la reine, et il a passé la journée plongé dans sa collection de timbres.(...)
(...) Mes parents, des juifs allemands qui avaient fui la Hollande dans les années 1930, n'étaient pas vraiment du genre royalistes. Ma mère avait toutefois un faible pour les familles royales et surtout pour les scandales qui accompagnent les monarchies.
Et avec la reine Juliana, elle a eu sa dose de scandales. L'époux de la souveraine, le prince Bernhard, était un sacré coureur de jupons, qui a engendré Dieu sait combien d'enfants illégitimes. Il a aussi été accusé d'accepter des pots de vin de la part de Lockheed [Lockheed Martin, une entreprise de défense] dans les années 1970, ce qui l'a contraint à abandonner son rôle d'inspecteur général des forces armées néerlandaises.
En revanche, le règne de la reine Beatrix, qui a duré 33 ans, a dans l'ensemble été exempt d'esclandres. Le principal accroc qu'a subi la réputation de la monarchie reste le mariage de son fils aîné, Willem-Alexander, – qui succède à sa mère le mardi 30 avril – avec la fille de Jorge Zorreguieta, qui était le secrétaire d’Etat argentin à l'Agriculture pendant la dictature militaire et qui était sûrement au courant des disparitions systématiques qui ont eu lieu pendant la “guerre sale”. (...)
(...) Actuellement, les personnes qui voudraient se débarrasser de la monarchie ont relativement peu d'influence. Le Parti socialiste est trop petit pour faire le poids et la Nieuw Republikeins Genootschap (NRG, Nouvelle société républicaine) donne une impression de somnolence et globalement de maladresse. Ce n’est guère étonnant comme observation. Pourquoi, après tout, dépenser autant d'énergie pour s'opposer à une performance artistique ?
Peut-être parce que la rémunération pour ce type de performance artistique est un peu inhabituelle. Le futur roi des Pays-Bas, Willem-Alexander, reçoit un salaire annuel non imposable de plus d'un million de dollars [825 000 €], ainsi qu'une indemnité de 5,7 millions de dollars [4,4m€] “pour les coûts liés à son personnel et à ses dépenses matérielles”. Son épouse, Máxima, reçoit également un salaire non imposable de 425 000 dollars [327 000 €] et environ 750 000 dollars [574 000 €] supplémentaires pour ses faux-frais.
Ces sommes sont un peu excessives à l'heure où les Pays-Bas ont imposé des restrictions drastiques aux subventions publiques dédiées aux autres formes de théâtre. Il est vraiment archaïque de la part de la famille royale d'essayer d'échapper en douce aux mécanismes du marché et à la méritocratie.(...)
(...) Maintenant que les théâtres, les opéras et les musées ne peuvent exister sans le soutien de sponsors, il est peut-être temps pour les Néerlandais de se résigner à avoir une famille royale qui, pendant les visites et les cérémonies officielles, glissera subtilement que l'événement peut notamment avoir lieu grâce au soutien de Shell. Ou Pfizer, d'ailleurs. A l'heure de la mondialisation, la famille royale ne devrait pas forcément être sponsorisée par des entreprises néerlandaises.
Et si, à partir de maintenant, on organisait des auditions pour les rôles du roi et de la reine, n'est-ce pas une bonne idée ? On trouverait sûrement des candidats bien plus doués que les membres actuels de la royauté et ils seraient prêts à remplir ces fonctions pour une fraction des salaires qu'ils perçoivent. (...)
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Luc Desle
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