Bonjour à vous qui, dans le maelström du net, êtes arrivés, par hasard? lassitude? erreur? sur ce blog. Vous êtes les bienvenus. Vous y lirez des extraits d'articles, de pensées, d'interviews, piochés ça et là, et illustrés de photos et dessins détournés, via un humour de bon aloi. Vous pouvez évidemment réagir avec le même humour, la même ironie que nous mettons, chaque jour, à tenter de respirer un peu plus librement dans une société qui se corsète chaque fois un peu plus.

mercredi 1 mai 2013

"Elle éprouvait une passion immodérée pour les grosses coupures". Banoît Barvin in "Pensées pensées".

°°°
Pensées pour nous-mêmes:

(TA VIE A BESOIN DE BALISES)

°°°

COURTS RÉCITS AU LONG COURS (88/4)
pcc Benoît Barvin


   Tom Drake et Peter Duncan, deux agents du FBI naissant enquêtent sur une explosion qui a détruit une boîte, le "Blue Circle", en tuant uniquement les danseuses. Or Drake vient de se rendre compte que Duncan sort justement avec une danseuse...




   Jamais je n'avais conduit aussi vite dans les rues de Chicago. Je garai en catastrophe ma Ford le long du trottoir, m’élançai à l’assaut de l’immeuble de Duncan, priant le Ciel que mon sixième sens m’ait trahi. Si la fille était une danseuse, il se pouvait très bien qu’elle appartienne à la troupe du « Blue Circle ». Une idée, comme ça… Et dans ce cas, la soudaine disparition de mon collègue s’expliquait aisément. Lui aussi avait compris que sa toute nouvelle copine était en danger. Alors il avait filé pour la protéger et… 

   Alors que j’empruntais l’escalier, l’ascenseur étant en dérangement, un coup de feu lointain me fit sursauter. Duncan habitait au cinquième étage. Je galopai, avalant les marches deux par deux, l’arme à la main, accompagné par un nouveau coup de feu. Plusieurs locataires sortirent, l’air inquiet. 

   - Qu’est-ce qui se passe ? 

   - Monsieur, Monsieur, j’ai peur. 

   Je bousculai la vieille dame qui tentait de m’agripper, avec ses doigts griffus de mégère arthritique.  C'est hors d’haleine que j’atteignis le cinquième étage. Le couloir était vide. Un nouveau coup de feu retentit, tout proche. Il provenait bien de l’appartement de Duncan. Je me filai tout droit vers la porte de mon collègue. D’un coup de pied rageur je démolis la poignée, repoussai le battant et, plongeant à terre, je roulai-boulai, l’arme pointée en direction du petit salon. 

   J’entrevis une silhouette qui se tournait vers moi. Cela faisait maintenant plus d’un an que Ness m’avait engagé. Il m’avait soumis à un redoutable entraînement et, en cet instant, je fus heureux de l’avoir suivi. Mon doigt avait blanchi sur le pontet de mon arme. La seconde d’après, je relâchai la pression, reconnaissant, dans la silhouette qui levait les bras, mon pote Duncan. 

   - Tire pas, Tom. C’est moi ! grogna-t-il.

  Je poussai un soupir, baissai mon bras armé et me relevai en lui jetant, furieux. 

   - Bon sang, mais pourquoi t’as filé comme ça ? C’est pour la fille, hein ? 

   - La fille ? 

   Je m’approchai de lui, après avoir inspecté rapidement la pièce. La chambre donnait sur le salon. Comme la porte était ouverte, je pus constater que, là également, la pièce était vide. De l’autre côté, il y avait le bar et la porte donnant sur la salle de bain. 

   - Me prends pas pour une buse, Duncan. J’ai compris que ta copine était danseuse. Quand tu as filé, j’ai subodoré qu’elle devait être une des girls du «Blue Circle». Si tu t’es carapaté, c’est pour la protéger, n’est-ce pas ? 

   Le visage de mon collègue était décomposé. Il alla vers le bar, se servit une rasade de whisky - sans m’en proposer -, et la vida aussitôt. 

   - Oui. Mais c’est trop tard maintenant. 

   - Les coups de feu, ils venaient d’où ? 

   - De là, indiqua Duncan, en désignant du menton la salle de bain. 

   Je m’avançai, poussai la porte entrebâillée et aperçus aussitôt la fille, dans la baignoire. C’était une jolie blonde à l’ample chevelure dont le corps était à moitié plongé dans une eau salement rougie. Aussi nue que notre Mère Eve le fut à ses débuts, au Paradis. Mais ici, on jouxtait les portes de l'Enfer. La nudité de la fille s’accompagnait d’un long filet de sang qui, harmonieusement, je devais le reconnaître, serpentait entre ses seins. Le bras droit de la morte pendait hors de la baignoire. Sa main tenait encore l’arme avec laquelle elle venait de se supprimer. Un trou bien net, à hauteur de la tempe droite. 

   Je reculai, soudain glacé. Il fallait que je recouvre mon calme. Dans la pièce attenante, Duncan avalait une nouvelle rasade de son tord-boyaux. 

   - Si tu m’expliquais ? fis-je, après m’être raclé la gorge. 

   - Quand j’ai vu toutes les copines de Doris supprimées, j’ai cru que la vie de ma copine était en jeu, commença-t-il, d’une voix morne. 

   Mais la main qui tenait le verre n’arrêtait pas de trembler. 

   - Je me suis précipité ici et je l’ai surprise dans la baignoire, cette arme à la main. Je lui ai demandé ce qu’elle faisait. Elle m’a avoué qu’en mon absence, quelqu’un l’avait appelée. « Sache qu’après tes copines, toi aussi tu vas danser la gigue », avait-il dit. Doris avait compris qu’elle allait y passer. J’ai voulu en savoir plus, je me suis approché… 

   Le verre que tenait Duncan glissa entre ses doigts et alla se fracasser par terre. Il plongea son visage dans ses mains et je crus l’entendre sangloter. Je ne savais que faire. Il n’y avait sûrement qu’à attendre la suite de l’histoire dont le début corroborait ce que j’avais imaginé. Quelques longues secondes plus tard, mon collègue reprit, d'une voix atone. 

   - Quand je me suis approché, elle a levé son arme vers moi… et a tiré deux balles dans ma direction. Je me suis rejeté en arrière en la traitant de folle. De derrière la porte de séparation, j’ai cru l’entendre me demander pardon… Puis elle a tiré une dernière fois. Quand, après un moment, je me suis résolu à revenir dans la salle de bain, elle s’était supprimée. 

   Pendant que Duncan se beurrait à nouveau consciencieusement, j’appelai Ness. Ce dernier me dit qu’il arrivait. En attendant, nous ne devions toucher à rien. Je le lui promis. Pendant l’attente, alors que Duncan était vautré sur son canapé, assommé par l’alcool, je retournai dans la salle de bain. J’inspectai le lieu du drame avec soin. L’hypothèse du suicide était plausible. Cependant, quelque chose me chiffonnait. Où étaient les douilles des deux balles tirées par l’automatique de Doris ? Je les cherchai un moment, les retrouvai enfin, toutes deux fichées dans le chambranle de la porte. Sur ce point, en tout cas, Duncan n’avait pas menti. 

   Quand le patron se pointa, il fit comme moi une inspection minutieuse des lieux. Ensuite il écouta avec attention le discours de mon collègue qui, bien que dans un état semi comateux, arriva à articuler quelques phrases cohérentes. 

   Quand Ness eut terminé son interrogatoire, il me fit signe de le suivre. Nous nous retrouvâmes sur la terrasse où il faisait frisquet. A l’intérieur, Duncan avait plongé dans un sommeil d’ivrogne. Nous attendions les flics que le patron avait appelés, comme il était d’usage. 

   - Qu’en penses-tu, Tom ? 

   Il me tendait une cibiche que je fichai entre les lèvres, d’un geste las, après avoir remonté le col de mon pardessus. 

   - Il y a peut-être un tueur fou en ville, marmonnai-je, sous forme de boutade. Un type qui, pour des raisons philosophico-religieuses, tient à supprimer le stupre dans notre jolie cité… 

   - Tu vas suivre la piste de cette Doris, m’interrompit Ness, d’une voix sèche, en repoussant d’un geste machinal son chapeau vers l’arrière de son crâne. Un coup de fil qui fiche une telle trouille qu’une jolie fille préfère en finir avec la vie, moi, ça ne me dit rien qui vaille. Cherche le moindre indice qui pourrait nous mettre sur la piste du ou des tueurs. 

   - Ça n’est pas une affaire facile, patron. Je ne sais pas si je serai à la hauteur. 

   - Tu es pourtant déjà au cinquième étage, petit, répliqua Ness, d’un air pince-sans-rire. Je ne doute pas que tu sauras aller plus haut encore. Allez, file ! 

(A Suivre)

°°°

(Cette antique trayeuse électrique était, en fait,
un objet à l'onanisme pervers)



°°°
"Alors, ce travail? Pas trop dur?
- Moins dur que de devoir porter
votre chapeau pitoyable..."


Eleanor Roosevelt with Female Machinist 
during Goodwill Tour, 1942.

°°°
(Les créatrices du "Club of the ridiculous dresses" 
posant pour la postérité)


Senior class officers, Mount Mary College, Milwaukee, Wisconsin, 1958.
From the 1958 Mount Mary College yearbook, The Arches.

°°°

"Tu m'aimerais toujours si je te disais...
que je porte une moumoute?"



°°°
Jacques Damboise

Aucun commentaire: