***
Pensées pour nous-mêmes:
(LA LUMIÈRE DE LA SAGESSE NE PEUT
TE BRÛLER LA RÉTINE)
TE BRÛLER LA RÉTINE)
***
LONG RÉCIT AU LONG COURS (1/48)
pcc Benoît Barvin et Blanche Baptiste
Elaine Cantagril découvre un des nombreux secrets qui rôde dans le couvent, via la Mère Supérieure et l'apothicaire...
ANGÉLUS
ou
LES SECRETS DE L’IMPALPABLE
Vanité sur une face, Entourage de Jacopo Ligozzi
(1550 - 1627)
CHAPITRE 19
Ce qu’Angélus avait tant redouté pendant son absence s’était réalisé : sa sœur Camille avait sombré dans la folie mystique. Bien entendu, pour ses consoeurs, elle semblait correspondre à l’idée que l’on peut se faire d’une religieuse. Elle en possédait l’attitude et les effets de langage appropriés.
Si sa conduite, ces derniers temps, avait pu en alerter certaines, c’était plus parce qu’elle choquait leurs propres convictions, elles-mêmes déraisonnables, voire absurdes, aux yeux d’Angélus. Pour lui, ce que les Soeurs pouvaient critiquer chez Camille, n’était que l’expression naturelle d’un être qui veut jouir de la vie. Il n’y avait rien de répréhensible à s’occuper de son corps, ni blasphème, ni injure faite à Dieu, ni pacte avec le Démon.
Que ces gens qu’il haïssait puissent croire à de telles sornettes et aller jusqu’à s’imposer des privations, quitte à souffrir toute leur vie durant de leurs pensées étriquées, il ne pouvait que le souhaiter. Mais que Camille, elle aussi, sombre dans ces tortures mentales, le désolait.
Il essayait de lui faire voir l’existence sous un autre jour ; il était allé jusqu’à lui proposer de s’absenter du couvent pour un temps. Il suffisait de prétexter une raison de santé ; le docteur Gleize aurait prescrit une cure d’eau et Angélus lui aurait fait découvrir les merveilles de Paris, de La Riviera et pourquoi pas de Florence.
Dans toutes ces villes, ils fréquenteraient les meilleurs hôtels, ils iraient à l’opéra où dansaient des êtres graciles au corps souple, au visage diaphane, dans des costumes de mousseline et de plumes blanches vaporeuses. Elle pourrait goûter la caresse de l’eau sur son corps, et le soleil aussi.
Elle ne voulut rien savoir. Tout ce qu’il lui proposait rivalisait trop avec les beautés promises par une vie faite de contrition. Angélus, son ange, prenait alors pour elle les traits du démon. La seule consolation de ce dernier était de constater l’efficacité de ses pommades.
Camille était de plus en plus belle. Il craignait cependant qu’elle n’accepte plus bientôt de lui servir de cobaye, à la fois parce que cela remettait en cause ses principes religieux et aussi parce qu’elle devinait chez ses compagnes du soupçon et de la désapprobation. Or, si elle devenait rétive à essayer ses potions, Angélus n’aurait plus aucun sujet d’expérience. Camille était en effet la seule du bourg à qui il avait envie d’enlever les disgrâces.
Germaine, son autre sœur, restée vieille fille, venait le voir très souvent à l’officine. Elle lui trouvait bien évidemment un charme indéfinissable et n’aurait jamais pensé qu’elle puisse être en présence de son frère Jean. Aussi, elle lui contait ses misères, la vie ingrate qu’elle avait dû mener auprès de ce père ivrogne et surtout la malédiction qui pesait sur la famille Galin, cette laideur chronique portée à même la peau comme un tatouage indélébile.
Ses propos n’avaient jamais ému Angélus, de sorte qu’il lui avait administré le même traitement qu’aux gars et aux filles du bourg : une de ses pommades qui les liaient pour toujours à lui, à la fois drogue et poison et qui, selon la résistance de chacun, conduiraient les uns et les autres à une décrépitude profonde, lente ou brutale selon les cas.
Angélus aurait pu aider le hasard et accélérer la déchéance de ces pauvres bougres mais, au début, il avait pris son temps, le même temps qu’il lui faudrait à lui pour recouvrer l’usage complet de sa main gauche ainsi que sa véritable beauté originelle. Il avait souhaité une vengeance longue et machiavélique. Lorsqu’elle serait consommée, d’ici un an pensait-il, il quitterait à jamais Fontseranne, ses pouvoirs intacts, sa pureté retrouvée. Et il emmènerait avec lui Camille, son chef d’œuvre. Alors il déploierait son art et deviendrait aux yeux de tous un virtuose incontesté. Il n’aurait aucun mal à se faire connaître et surtout à imposer ses credo. Il savait que, quoi qu’il touchât, il était capable de le métamorphoser et de lui conférer une grâce inégalable. Encore fallait-il que, d’ici là, Camille puisse sortir de cette dévotion déraisonnable pleine de bondieuseries. De ce côté, rien n’était gagné.
Qui plus est, la vie dans le bourg devenait de plus en plus difficile à supporter. Tout y était médiocre, mesquin, attaché lourdement aux vicissitudes terrestres. Rien d’aérien, de léger, d’artistique, de créatif. Cela allait faire quatre ans déjà qu’il menait cette vie terne, seulement ensoleillée par les joies de la vengeance.
Et pour finir, cette dernière ne lui procurait pas toutes les satisfactions qu’il aurait aimé en tirer. Bien sûr, il voyait chez ses anciens camarades la décrépitude faire son chemin ; bien sûr, tous et toutes venaient à lui comme on va voir le Sauveur, espérant à chaque fois le miracle, qui ne manquait pas de s’accomplir, jusqu’à la prochaine rechute qui faisait d’eux des esclaves encore plus dépendants de leur maître.
Mais tout cela n’était pas à la hauteur de ce qu’il avait espéré. Certes, avec son dernier produit, il avait réussi à rendre des parties de leurs corps insensibles de sorte que les malheureux se mutilaient sans cesse. A ce propos, le docteur Gleize l’avait mis dernièrement en garde, lui disant que ces manifestations étranges allaient éveiller des soupçons chez les Fontserannais, et nuire à leur commerce.
- Vous vous souvenez de notre accord, Angélus ? avait-il dit. Je vous laisse tranquillement expérimenter vos produits, je couvre même vos manigances sordides dont je ne veux rien savoir mais, en échange, vous me fournissez plusieurs formules de produits pour embellir la peau. Et ceux-ci ne doivent avoir aucun effet secondaire, comme le premier que vous m’avez cédé. Ma seule ambition est de devenir richissime. Vous, je ne comprends pas très bien vos motivations. Vous semblez ne vivre que pour approfondir votre science, aller toujours plus loin, tester encore et encore vos créations sur le vivant. C’est dangereux. A ce jeu-là beaucoup se sont brûlés. Alors, attention ! L’insensibilité qu’amènent vos onguents risque de nous coûter cher. Et je vous jure que si l’on remonte jusqu’à nous, je ne vous couvrirai plus. Comme il n’y a aucun moyen de prouver que je suis de mèche avec vous, vous serez le seul accusé !
- Ne vous inquiétez pas, Docteur. Je sais ce que je fais, avait répondu le jeune homme d’un ton méprisant. Vous aurez vos formules...
Cette vie médiocre, cette vengeance qui ne l’était pas moins influaient sur son caractère. Angélus en était à présent à se demander s’il ne souhaitait pas être enfin démasqué. Que ces gens sachent combien il les haïssait, et qu’ils reconnaissent sa toute puissance, voilà ce qu’il désirait vraiment.
Leur réaction serait alors très certainement violente, et face au nombre, que pourrait-il faire ? Non qu’il craigne la mort, mais il avait encore une tâche à accomplir, comme un serment qu’il s’était lancé : réussir à imiter l’œuvre de Dieu en recréant une humanité artificielle, d’abord par son aspect extérieur avant que de tenter d’en saisir les arcanes intérieures...
Mais tout d’abord, Angélus voulait débiliter cette population un peu plus encore, la rendre aussi faible que laide pour, le jour de son triomphe, dire tout haut : « Je suis le frère de Camille Galin, celui-là même que vous avez maltraité autrefois. Voilà ce qu’il vous en coûte de m’avoir enlaidi et d’avoir mutilé mon don. ».
Dans cette optique, depuis quelques mois il multipliait ses interventions, doublant les doses, rendant ses potions de plus en plus concentrées. Cela avait eu pour résultat de mettre tout Fontseranne en ébullition, comme au temps des grandes épidémies. Les superstitions et la peur de l’étranger qui n’avait cessé de couver en chacun, refirent surface, surtout chez les anciens. On se mit à douter du docteur qui venait d’un autre canton et, bien sûr d’Angélus, cet homme venu d’on ne savait où, et qui vraisemblablement n’était pas des leurs et ne le serait jamais. C’est ce qui avait motivé la mise en garde du docteur.
***
(A Suivre)
***
"Les lectrices et lecteurs de Tu Quoque
sont de sales marxistes...
- Oh Mon Dieu!"
Délations et calomnies :
les petits flics du Web se déchaînent
Violaine des Courières
(...) Le 9 juin dernier, un Américain vantait impudemment ses infidélités dans un train en provenance de Philadelphie. Sa voisine, excédée, a publié sa photo sur Facebook avec cette mention : « Si c’est votre mari, sachez que j’ai supporté durant un trajet en train de 2 heures depuis Philadelphie ce loser et ses amis, qui se vantaient de leurs histoires ».
Partagée 86 000 fois, la photo de cet homme est maintenant connue de tous. Le procès est déjà ouvert, et pourtant personne ne sait ce qui a poussé cet homme à se vanter de la sorte. Un discours factice ? Un besoin de « se la raconter » ? Ou une histoire vraie ?
Quoi qu’il en soit, ni la présomption d’innocence ni l’avocat dont bénéficierait tout accusé n’ont pu être proposés à cet homme, dont la vie a dû être bouleversée par cette notoriété nauséabonde. Combien de conversations de ce type dans le métro, dans la rue ou la file d’attente d’un supermarché pourraient être épinglées, au risque d’instaurer un climat de méfiance destructeur entre les citoyens ?(...)
(...) Preuve que la délation risque de devenir dangereusement tendance sur le Web, le Service fédéral d’information et de recherche sociale belge (Sirs), a annoncé son intention de lancer un site internet où tout citoyen pourrait dénoncer une personne qu’il soupçonnerait de fraude sociale.
Cette information, aucun média français ne l’a relayée. Pourtant, l’initiative du Sirs belge n’est pas nouvelle. Elle est déjà appliquée aux Pays-Bas et pourrait être également employée en France, où le débat sur la fraude fiscale ne tarit pas. Jean-Claude Heirman, directeur du Sirs, explique : « Nous travaillons donc à l’élaboration d’un site internet sur lequel on pourra donner un certain nombre d’informations sur le fraudeur potentiel, pour que nous puissions agir. »
Au premier abord, l’intention se veut louable. Quoi de plus efficace que de demander aux citoyens de participer au bien commun ? Cette initiative pourrait dissuader de nombreuses personnes à frauder, par peur d’être repérées par leur entourage. Seulement le principe de respect de la loi par la peur est caractéristique des régimes autoritaires et entrave la liberté d’agir.
En réalité, les bonnes intentions de Jean-Claude Heirman ne sont pas crédibles, car le site web a prévu que ces dénonciations soient anonymes. Travail au noir, fraudes au domicile, chacun pourra dénoncer un voisin désagréable ou un collègue encombrant, et cela sans souci de voir son identité dévoilée à la personne dénoncée, sans parler de toutes les délations mensongères ! (Rebonjour à la France Pétainiste?) (...)
Lire la suite sur:
***
(La Gorgone pratiquant ses exercices quotidiens)
(VIA POWCAMP)
Créature fantastique malfaisante de la mythologie grecque, représentée sous les traits d’une femme à la chevelure constituée de serpents, et qui existait au nombre de trois.
***
"Ils me prêtent ce drapeau pour me vêtir,
moyennant un remboursement mensuel
de gargouillements d'estomac"
"Ils me prêtent ce drapeau pour me vêtir,
moyennant un remboursement mensuel
de gargouillements d'estomac"
Les hyènes du microcrédit
Bernard Nadoulek
Le microcrédit a été créé dans les années 1970 pour aider les populations des pays en voie de développement qui n’ont pas accès au système bancaire. Il s’agit de prêter de petites sommes pour créer des activités économiques à un niveau local, une méthode de développement “par le bas”. Le concept a été développé au Bangladesh par Muhammad Yunus, un professeur d’économie, qui crée la Grameen Bank en 1976 et déclare que le crédit est un “droit”. Le microcrédit est porté par des ONG qui ne sont pas censées faire de bénéfice et qui sont censées proposer des taux de remboursement assez bas.
Trente ans plus tard, en 2005, le système atteint son apogée avec un bilan qualifié de positif par la Banque Mondiale. Le nombre de bénéficiaires est estimé à 190 millions dans le monde, dont 83 % dans les pays en voie de développement. Plus de 10 000 officines opèrent dans le monde et la microfinance a étendu ses activité aux assurances, à la téléphonie mobile et à la vente de produits alimentaires. Le microcrédit fait même école en Occident, pour aider les populations les plus pauvres. Les Nations Unies décrètent que 2005 sera “l’année du microcrédit” et Kofi Annan déclare qu’il est “une arme efficace contre la faim”. En 2006, Muhammad Yunus se voit attribuer le prix Nobel de la Paix.
Mais, à rebours du miracle annoncé, entre 2006 et 2010, des centaines de femmes se suicident en Inde, victimes des contraintes économiques et sociales du microcrédit. En 2011, Muhammad Yunus est démis de ses fonctions à la Grameen Bank par la Cour Suprême du Bangladesh, suite à des révélations de détournement de fonds… Que se passe-t-il vraiment autour du microcrédit ?
Si le scandale n’a éclaté que tardivement, c’est que pendant plus de 20 ans les principales sources d’information étaient des études élogieuses, et fausses, financées par les officines de microcrédit elles-mêmes ! Des études indépendantes* permettent aujourd’hui de nous faire une idée plus complète du phénomène.
Première caractéristique, à un niveau mondial, 74 % des bénéficiaires du microcrédit sont des femmes, 97 % au Bangladesh. Pourquoi des femmes ? Nous allons le voir, parce qu’il est plus facile de faire pression sur des femmes pauvres, peu ou pas éduquées, pour obtenir des remboursements par intimidation.
Deuxième aspect, le prêt s’appuie sur la formation de groupes (familles élargies) solidairement responsable des remboursements. A l’intimidation des officines de crédit s’ajoute la pression sociale du groupe sur l’emprunteuse qui, à son corps défendant, devient dépositaire de “l’honneur des familles”. Il ne faut pas croire que ces femmes soient bénéficiaires du crédit, dans la plupart des cas l’argent est confié à leur mari, à leur fils ou à un homme de la famille. Ainsi, la vulnérabilité de ces femmes est instrumentalisée par les officines de microcrédit, d’où les vagues de suicides de ces femmes persécutées par les agents de remboursement et rejetées par leurs propres familles.
Autre aspect : les taux de remboursement. Selon Yunus, les ONG de microcrédit, n’étant pas censées faire de bénéfice, elles devaient pratiquer des taux assez bas (de 10 à 15 %) pour permettre aux emprunteurs de sortir de la pauvreté et mettre hors jeux les tarifs prohibitifs des usuriers. Or, selon une enquête du New York Times*, la moyenne mondiale des taux d’intérêt du microcrédit est évaluée à 37 %, mais certaines officines pratiquent des taux supérieurs à 100 % (particulièrement au Nigéria et au Mexique).
Ainsi, plutôt que de libérer les pauvres des usuriers qui prêtent à plus de 100 %, le microcrédit fait jeu égal avec eux. Plus encore, le microcrédit offre aux usuriers un nouveau marché : celui des prêts aux femmes qui ne peuvent rembourser leur microcrédit ! Ainsi se crée une spirale de l’endettement : les pauvres empruntent parfois plusieurs microcrédits, l’un pour rembourser l’autre, et en dernier recours, ils s’adressent aux usuriers qui finissent de les étrangler. Autre méthode scandaleuse, les officines de microcrédit retiennent parfois une part des prêts accordés (“pour permettre aux pauvres d’épargner”) mais exigent des intérêts sur le montant total des prêts…
Dernier point abordé dans ce court article : les remboursements. Le microcrédit étant censé permettre de créer une activité économique, il serait logique de penser que les emprunteurs puissent disposer d’un peu de temps pour développer leur activité avant de commencer les remboursements. Et bien non, les échéances débutent immédiatement après l’emprunt (selon Yunus, “pour responsabiliser les emprunteuses”) et s’échelonnent sur des périodes très courtes, un an au maximum.
En 2007, au Bangladesh, après le cyclone Sidr, les emprunteurs victimes de la catastrophe étaient harcelés pour leur remboursement alors même que l’Etat demandait pour eux un moratoire de 6 mois ! Pour assurer ces remboursements, les agents du microcrédit n’hésitent pas à recourir à toutes les formes de violence, d’autant plus faciles à manier qu’elles s’exercent sur des femmes pauvres : dès qu’elles se trouvent en butte aux persécutions, elles ne sont plus protégées par leur entourage qui, par crainte de s’exposer, prend le parti des persécuteurs.
Les témoignages recueillis dans les enquêtes menées font état d’insultes, de harcèlement, d’humiliations, de séquestration, de vols de tous leurs biens et de destruction de leur maison. Pour les recouvreurs de créances, toutes ces violences sont justifiées par la pression à la rentabilité qu’ils subissent de leurs employeurs, ceux-ci allant jusqu’à retenir sur les salaires les créances impayées. (...)
(...) Le principal résultat du microcrédit est aujourd’hui d’avoir fait entrer plus de 200 millions de pauvres dans l’univers de la consommation à crédit et de l’endettement auprès des banques ! (...)
* Pour les lecteurs désireux d’approfondir les questions soulevées par ce court article, voici 3 articles de référence qui renvoient à de nombreuses autres sources.
1. “Microcrédits mais maxiprofits”, The New York Times, par Neil MacFarquhar, 22 avril 2010, repris parCourrier International : http://www.courrierinternational.co…
2. “Les promesses non tenues du microcrédit : nouvelles preuves à charge”, 5 novembre 2011, par Stéphanie Jacquemont : http://cadtm.org/Les-promesses-non-…
3. “Microfinance : Mythes et réalité”, par Danielle Sabai, 11 janvier 2012,http://daniellesabai.wordpress.com/…
***
Luc Desle
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire