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Pensées pour nous-mêmes:
(LE MAÎTRE N'A PAS
DE MAÎTRE. TOI NON PLUS)
Pensées pour nous-mêmes:
(LE MAÎTRE N'A PAS
DE MAÎTRE. TOI NON PLUS)
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LONG RÉCIT AU LONG COURS (1/28)
pcc Benoît Barvin et Blanche Baptiste
Entre Soeur de la Miséricorde et Soeur Jeanne les rapports sont très complexes. Elaine Cantagril cherche à savoir pourquoi.
ANGÉLUS
ou
LES SECRETS DE L’IMPALPABLE
Meduse-ou-Vague-furieuse-
de-Lucien-Levy-Dhurmer-1897
CHAPITRE 11
Fin août de cette fatidique année de 1876, plusieurs semaines après son accident, Angélus avait recouvré assez de forces pour quitter le couvent. Sa soeur lui avait conseillé de partir dès l’aurore afin d’attraper la diligence qui passait à Aubenac à huit heures. Il était convenu qu’il se rendrait à Rodez où elle espérait qu’il voudrait bien rester. Car ses projets semblaient avoir changé et il avait l’air si désespéré qu’elle se demandait s’il n’allait pas commettre une bêtise.
Les habitants du bourg n’avaient pas revu Jean. Seuls le docteur, quelques Soeurs et le Père Grangeais avaient pu constater l’étendue des lésions. Soeur Monica, fort impressionnée par ce qu’elle avait pu apercevoir, avait dit aux fillettes, à qui elle faisait répéter les chants de la fête de la Vierge, que le petit Galin était défiguré à vie, et que toutes ses plaies, mal cicatrisées, risquaient bien de gangrener alors même qu’il ne s’y attendrait plus. L’information s’était très vite répandue. Des curieux avaient voulu visiter le malade, sans y parvenir. Angélus avait même refusé de voir sa famille.
Les derniers temps, il ne se montrait que recouvert de pansements, de sorte que l’on pouvait le croire beaucoup plus défiguré qu’il n’était. Il y avait dans cette attitude non pas de la pudeur, mais le désir de dissimuler ce qu’il était devenu afin de ne laisser, dans la mémoire de ces gens un peu rustres, que le souvenir d’un être hideux, brûlé à vif et totalement méconnaissable.
A Aubenac, sur la place, il croisa Frère Antoine qui ne le reconnut pas. Ceci d’un côté le soulagea, puisqu’il souhaitait désormais se faire oublier. Cependant cette « nouvelle identité » l’effrayait aussi, car Angélus comprenait qu’il devrait désormais endurer un long et délicat traitement dont le résultat n’était pas connu à l’avance.
Il arriva à Rodez sans encombre, non sans avoir été dévisagé par les voyageurs qui virent en lui un malheureux de plus, comme il en fourmillait dans ces contrées où le travail dans certaines usines vous marquait les jeunes de façon indélébile.
Lorsqu’il franchit le seuil de la boutique, sa tante, en le voyant, faillit s’évanouir. Bien sûr, Camille les avait informés de l’accident de son frère et de sa venue différée, mais la tante Élise ne pouvait avoir imaginé une telle métamorphose. Son adorable neveu, s’il gardait ses qualités de vendeur, avait perdu, pour elle, sa qualité majeure, à savoir sa parfaite beauté, son teint délicat et sa peau d’ange. Un tel repoussoir n’avait plus sa place, ni dans sa boutique, ni à ses côtés.
L’oncle, que la laideur n’avait jamais effrayé et qui avait su s’imposer dans les affaires par son sérieux, ne fut pas de son avis et voulut garder Jean comme promis. Les époux s’enfermèrent tous deux dans l’arrière-boutique pendant que leur neveu, fatigué par le voyage, attendait debout devant le comptoir sous le regard insolent et vaguement dégoûté du commis.
D’interminables pourparlers s’ensuivirent au bout desquels la tante eut le dernier mot. Les temps avaient changé et la clientèle était désormais autant intéressée par l’emballage que par le contenu. Aussi, ce qu’elle acceptait d’un vieux marchand-drapier l’insupportait chez un jeune vendeur dont le rôle se devait d’être autant charmeur que commerçant.
Devant ces théories et la longue diatribe qui succéda contre la famille Galin, l’oncle Trilhes ne trouva rien à objecter. La tante était devenue sourde à toute commisération. Elle parlait si fort que l’on entendait tout dans la boutique. Le commis, certain de retrouver la place qu’il aurait dû céder, toisait maintenant Angélus avec un aplomb de vainqueur insupportable.
Angélus, choqué par ce retournement et voyant la tournure que prenaient les événements, décida que, quelle que soit la décision de ces gens, il ne resterait pas chez eux.
Comme il se baissait pour récupérer son maigre bagage, l’oncle revint. Il demanda à son apprenti de les laisser seuls. Alors il se confondit en excuses devant son neveu, lui disant qu’il était vraiment désolé mais que sa femme ne changerait plus d’avis, et qu’il lui fallait partir. Le mieux serait de continuer chez les Frères d’Aubenac où des études approfondies lui seraient certainement offertes, compte tenu de ses capacités et de ses résultats.
Angélus écoutait, abasourdi. Il n’était plus question de retourner chez les Frères où il avait appris tout ce qu’il y avait à apprendre. Il lui fallait aussi mettre une croix sur le Petit Séminaire de Rodez.
Cependant, il avait son Brevet en poche et, avec cela, des portes s’ouvriraient forcément. Par contre, ce qui aurait été un avantage pour poursuivre des études, devenait un inconvénient pour trouver un travail intéressant et bien payé : il était trop jeune. Un gars de son âge, on ne pouvait que l’exploiter et le prendre comme apprenti pour exécuter les basses besognes.
Une bouffée de colère l’envahit. Ainsi, à cause de ceux de Fontseranne, de leur horrible jalousie, il perdait une partie de son toucher, sa beauté et la protection d’une famille d’adoption ! La vie confortable qu’il aurait menée à Rodez aurait peut-être détourné et apaisé son désir de vengeance, mais celle qui se présentait à lui, faite de luttes constantes et de commisération cynique, ne pouvait que le maintenir dans une perpétuelle insatisfaction.
L’oncle Trilhes ne savait plus que dire. Il ouvrit le tiroir-caisse et donna à Jean plusieurs billets, pour le dédommager un peu et tenter de se faire pardonner.
Puis il poussa le garçon vers la porte et Angélus se retrouva dans la rue, ne sachant que faire, tenant son sac dans la main droite, craignant d’égarer tout cet argent que sa paume gauche ne sentait même pas. Comme il s’éloignait vers la place du Bourg, son oncle lui cria qu’une diligence repartait vers les quatre heures.
***
Angélus s’arrêta en plein soleil et s’assit contre le rebord d’une arcade. Il compta les billets et vit que la somme était énorme. A ses yeux, en tout cas. Il rangea soigneusement les coupures et releva la tête. Il était juste en face de la pharmacie Rolland. Dans un ballet incessant, de belles dames qui ne semblaient point malades entraient et ressortaient avec de délicats petits paquets, comme on en fait chez le parfumeur, avec des rubans et des papiers de soie. Angélus laissa vagabonder à la fois ses pensées et le soleil sur sa peau parcheminée. Lorsqu’il se mit debout, il savait exactement ce qu’il allait faire.
Il se rendit tout d’abord chez le papetier où il acheta deux feuilles de vélin d’un grammage particulier, des feuilles blanches, puis un petit flacon d’encre de Chine, un porte-plume et trois plumes de taille différente, des ciseaux, de la gomme arabique et quelques articles supplémentaires. Là encore personne ne le reconnut. Son visage était amaigri, ses traits complètement modifiés, et la peau brillante et lisse par endroits s’exhibait ailleurs fripée et cicatricielle.
Il descendit vers la gare par la rue Béteille et trouva un petit hôtel où il loua une chambre pour la nuit. Avec une application extrême, il se fabriqua un passeport en tous points semblable à celui de Giorgio, l’Italien rencontré l’année précédente. Il sut lui donner la couleur adéquate en trempant les feuilles dans une eau légèrement teintée, puis en les faisant sécher toute la nuit sur du buvard.
Au matin, les feuilles étaient prêtes à recevoir les lettres calligraphiées. La langue italienne lui était devenue familière l’hiver précédent. En effet, il avait déniché dans la bibliothèque du collège un traité de pharmacopée datant du XVIII° siècle et n’avait eu de cesse d’en apprendre le contenu. Aussi put-il imiter facilement les quelques formules administratives et les en-têtes qui s’étaient imprimés dans sa mémoire.
Ne lui restait qu’à trouver un nom et un prénom. Celui d’Angélus s’imposa tout de suite, car personne, hormis Camille, ne pourrait faire le rapprochement. Quant au nom de famille, il lui vint « Gabrielli » en souvenir de son frère jumeau, le seul frère qu’il n’ait pas de raison de haïr. Il crut bon de se vieillir de cinq ans, sachant qu’avec sa grande taille cela ferait illusion. Il signa, puis reproduisit à la perfection le contour et le sigle d’un tampon, ainsi que celui des douanes, en changeant lorsque cela était nécessaire la couleur de l’encre et la grosseur des plumes, allant jusqu’à imiter les bavures des tampons usagés. Il conçut de la sorte deux pièces d’identité différentes, ainsi qu’une fausse lettre de recommandation d’un certain Maître Pavèse de Florence.
Après cela, il écrivit à sa soeur pour lui raconter l’accueil fait par les Trilhes. Il lui signifia qu’il ne reviendrait pas, qu’il partait sur les routes, qu’il s’en remettait à Dieu et que, surtout, elle ne s’inquiétât point, car il saurait toujours se débrouiller.
Une page était tournée. A partir de maintenant il s’appelait Angélus Gabrielli, né à Sienne en 1857, de père italien et de mère française. Il bénéficiait donc de la double nationalité et il exerçait la profession de courtier en produits pharmaceutiques.
***
(A Suivre)
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(Dans cette forêt, on trouvait d'étranges personnages
avec de non moins étranges coutumes)
(1617-19) Peter Paul Rubens-
Pan & Syrinx (Staatliche Museum
Inde :
l’homme qui a planté une forêt de ses mains
Manimugdha S. Sharma
The Times of India
(...) A lui tout seul, Jadav Payeng a fait pousser une vaste forêt sur un banc de sable de 550 hectares situé au milieu du fleuve Brahmapoutre. Le site compte désormais plusieurs animaux dont l’espèce est en voie de disparition, dont au moins cinq tigres. Une femelle a eu deux petits récemment. L’endroit se situe à Jorhat, à 350 kilomètres de route de Guwahati, et il n’est pas facile d’accès.
Il faut quitter la voie principale et prendre une petite route sur une trentaine de kilomètres pour arriver au fleuve. Là, avec de la chance, on trouve des bateliers pour passer sur la rive nord. Après 7 kilomètres de marche, on arrive près de chez Payeng. Les gens du coin appellent cet endroit Molai Kathoni (“le bois de Molai” – d’après le surnom de Payeng). Tout a commencé en 1979. Des crues avaient rejeté un grand nombre de serpents sur le banc de sable. Après le retrait des eaux, Payeng, qui n’avait que 16 ans, trouva le site couvert de reptiles morts. Ce fut le tournant de sa vie.
“Les serpents étaient morts de chaleur, il n’y avait pas d’arbres pour les protéger. Je me suis assis et j’ai pleuré sur leurs corps sans vie. C’était un carnage. J’ai alerté le ministère des Forêts et leur ai demandé s’ils pouvaient planter des arbres. Ils m’ont répondu que rien ne pousserait ici et m’ont dit d’essayer de planter des bambous. C’était dur mais je l’ai fait. Il n’y avait personne pour m’aider”, raconte Payeng, qui a désormais 47 ans. Le jeune homme quitta ses études et son foyer, et se mit à vivre sur le banc de sable. Contrairement à Robinson Crusoé, il accepta volontiers cette vie d’isolement. Et non, il n’avait pas de Vendredi. Il arrosait les plants matin et soir et les taillait. Au bout de quelques années, le banc de sable est devenu un bois de bambou. “J’ai alors décidé de faire pousser de vrais arbres. J’en ai ramassé et je les ai plantés. J’ai aussi rapporté des fourmis rouges de mon village : les fourmis rouges changent les propriétés du sol. J’ai été piqué plusieurs fois”, raconte Payeng en riant.
Bientôt, toute une série de fleurs et d’animaux s’épanouirent sur le banc de sable, y compris des animaux menacés, comme le rhinocéros à une corne et le tigre royal du Bengale. “Au bout de douze ans, on a vu des vautours. Les oiseaux migrateurs ont commencé à arriver en masse. Les daims et le bétail ont attiré les prédateurs”, déclare Payeng, qui s’exprime comme un écologiste chevronné. “La nature a créé une chaîne alimentaire : pourquoi est-ce qu’on ne s’y tient pas ? Qui protégera ces animaux si nous, les êtres supérieurs, nous nous mettons à les chasser ?” Le ministère des Forêts de l’Assam n’a entendu parler de la forêt de Payeng qu’en 2008, lorsqu’un troupeau d’une centaine d’éléphants sauvages s’y est réfugié après avoir ravagé les villages voisins. Ils ont aussi détruit la cabane de Payeng.
C’est là que Gunin Saikia, conservateur assistant des forêts, a rencontré Payeng pour la première fois. “Nous avons été surpris de trouver une forêt aussi dense sur le banc de sable. Les gens du coin dont la maison avait été détruite par les pachydermes voulaient abattre ce bois, mais Payeng leur a dit qu’il faudrait le tuer d’abord. Il traite les arbres et les animaux comme si c’étaient ses enfants. Quand on a vu ça, on a décidé de contribuer au projet, raconte-t-il. Payeng est incroyable. Ça fait trente ans qu’il est là-dessus. Dans n’importe quel autre pays, il serait un héros.”
Il faut quitter la voie principale et prendre une petite route sur une trentaine de kilomètres pour arriver au fleuve. Là, avec de la chance, on trouve des bateliers pour passer sur la rive nord. Après 7 kilomètres de marche, on arrive près de chez Payeng. Les gens du coin appellent cet endroit Molai Kathoni (“le bois de Molai” – d’après le surnom de Payeng). Tout a commencé en 1979. Des crues avaient rejeté un grand nombre de serpents sur le banc de sable. Après le retrait des eaux, Payeng, qui n’avait que 16 ans, trouva le site couvert de reptiles morts. Ce fut le tournant de sa vie.
“Les serpents étaient morts de chaleur, il n’y avait pas d’arbres pour les protéger. Je me suis assis et j’ai pleuré sur leurs corps sans vie. C’était un carnage. J’ai alerté le ministère des Forêts et leur ai demandé s’ils pouvaient planter des arbres. Ils m’ont répondu que rien ne pousserait ici et m’ont dit d’essayer de planter des bambous. C’était dur mais je l’ai fait. Il n’y avait personne pour m’aider”, raconte Payeng, qui a désormais 47 ans. Le jeune homme quitta ses études et son foyer, et se mit à vivre sur le banc de sable. Contrairement à Robinson Crusoé, il accepta volontiers cette vie d’isolement. Et non, il n’avait pas de Vendredi. Il arrosait les plants matin et soir et les taillait. Au bout de quelques années, le banc de sable est devenu un bois de bambou. “J’ai alors décidé de faire pousser de vrais arbres. J’en ai ramassé et je les ai plantés. J’ai aussi rapporté des fourmis rouges de mon village : les fourmis rouges changent les propriétés du sol. J’ai été piqué plusieurs fois”, raconte Payeng en riant.
Bientôt, toute une série de fleurs et d’animaux s’épanouirent sur le banc de sable, y compris des animaux menacés, comme le rhinocéros à une corne et le tigre royal du Bengale. “Au bout de douze ans, on a vu des vautours. Les oiseaux migrateurs ont commencé à arriver en masse. Les daims et le bétail ont attiré les prédateurs”, déclare Payeng, qui s’exprime comme un écologiste chevronné. “La nature a créé une chaîne alimentaire : pourquoi est-ce qu’on ne s’y tient pas ? Qui protégera ces animaux si nous, les êtres supérieurs, nous nous mettons à les chasser ?” Le ministère des Forêts de l’Assam n’a entendu parler de la forêt de Payeng qu’en 2008, lorsqu’un troupeau d’une centaine d’éléphants sauvages s’y est réfugié après avoir ravagé les villages voisins. Ils ont aussi détruit la cabane de Payeng.
C’est là que Gunin Saikia, conservateur assistant des forêts, a rencontré Payeng pour la première fois. “Nous avons été surpris de trouver une forêt aussi dense sur le banc de sable. Les gens du coin dont la maison avait été détruite par les pachydermes voulaient abattre ce bois, mais Payeng leur a dit qu’il faudrait le tuer d’abord. Il traite les arbres et les animaux comme si c’étaient ses enfants. Quand on a vu ça, on a décidé de contribuer au projet, raconte-t-il. Payeng est incroyable. Ça fait trente ans qu’il est là-dessus. Dans n’importe quel autre pays, il serait un héros.”
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"Maître... Pourquoi donc dois-je me dévêtir pour
cette expérience?
- Parce que.
- Ah? Bon..."
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(Ces hyper-marchés flottant ne faisaient pas l'unanimité...)
Les hypers en bout de course(s)
(...) Il y a très exactement un demi-siècle, le 15 juin 1963, naissait, à Sainte-Geneviève-des-Bois, dans l’Essonne, le tout premier hypermarché (1) de France. Un magasin aux proportions fabuleuses proposant 15 000 articles. Son but ? Réduire les prix. Ses méthodes ? S’installer loin des villes, là où les loyers sont moins chers, supprimer les vendeurs dans les rayons et traiter de gros volumes en limitant les intermédiaires.
A l’époque, les critiques anticipent un échec. Mais plus de 5 000 clients se pressent à l’inauguration de cette « usine à distribuer ». Partout dans l’Hexagone, les ouvertures vont alors se multiplier, dans une ambiance de fête. En octobre 1970, à Vitrolles, dans les Bouches-du-Rhône, un journaliste de l’ORTF (Office de radiodiffusion télévision française) décrit, émerveillé, l’ouverture du centre commercial Carrefour, avec sa grande roue et son chapiteau installés spécialement pour l’occasion.
Avec surtout ses « éléments de séduction » : ses 4 000 places de parking. Ce « gigantesque magasin » – 22 000 mètres carrés – est « un spectacle en soi », où l’on peut « flâner sans idées bien arrêtées », vante le reporter du journal télévisé. La philosophie de la grande distribution est des plus simples : « Le plus grand nombre de clients, le plus grand nombre de produits, les prix les plus bas, résume l’historien Jean-Claude Daumas. Il y avait un cercle vertueux de la taille qui faisait que, si on s’agrandissait, on pouvait avoir plus de références, donc attirer plus de clients, donc faire plus de marges et donc, in fine, agrandir son magasin encore. » (...)
(...) Cinquante ans plus tard, la grande distribution est devenue incontournable. La France est l’un des pays au monde qui affichent la plus grande concentration de grandes surfaces sur son territoire. Plus de 70 % des achats alimentaires des Français sont faits dans leurs rayons. Mais la crise, la hausse du prix de l’énergie et des scandales alimentaires à répétition ont montré les failles de ce modèle : clairement, il n’est pas durable. Depuis 2009, le chiffre d’affaires du secteur est en baisse, surtout dans les très grandes surfaces. « Les énormes hypermarchés où l’on vend tout flanchent petit à petit », tranche Lionel Bobot, chercheur à l’Inra (Institut national de la recherche agronomique). (...)
(...) Les temples de la consommation sont-ils pour autant condamnés ? Nous avons demandé à nos lecteurs de passer une semaine sans voir un chariot. Résultat : la chose n’est pas aisée. Une enquête de terrain menée en 2011 par le Crédoc (Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie) assure que « les ménages raisonnent peu leurs modes d’approvisionnement – et notamment les déplacements qui y sont liés – sous le prisme du développement durable ». Dans ce dossier, nous vous donnons donc des conseils pour avancer vers de nouvelles pratiques. D’ailleurs, quand ils sont interrogés, les Français disent vouloir acheter mieux, passer moins de temps devant les gondoles et se déplacer moins pour faire leurs courses… Les supermarchés, « énormes machines à innover », selon les termes du consultant en marketing écolo Sauveur Fernandez, ont répondu aux demandes des consommateurs, et ce, à grands renforts de campagnes de communication. (...)
(1) Le terme « hypermarché » sera inventé plus tard, en 1968, par Jacques Pictet, fondateur du magazine spécialisé « LSA ». En France, ce terme désigne aujourd’hui un magasin dont la surface de vente est supérieure à 2 500 m2. Le supermarché a, lui, une surface comprise entre 400 et 2 500 m2.
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Benoît Barvin
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