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Pensées pour nous-mêmes:
(LE FOU EST PLUS SAGE QUE LE SAGE)
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LONG RÉCIT AU LONG COURS (1/27)
pcc Benoît Barvin et Blanche Baptiste
Elaine Cantagril, après un étrange cauchemar, est décidée à enquêter sur cet étrange couvent...
ANGÉLUS
ou
LES SECRETS DE L’IMPALPABLE
Le lendemain matin, Elaine avait mal partout et ses paupières étaient boursouflées, en raison du manque de sommeil. Cependant elle ne pouvait rester au lit. De trop nombreuses questions sans réponse se heurtaient dans sa cervelle.
Pour la première fois depuis son entrée dans le monastère, elle assista à la messe du matin. Il était un peu plus de cinq heures et, en dépit d’un gilet sur lequel elle avait posé son châle, elle n’arrêtait pas de trembler à cause de ce froid humide qui tombait des voûtes de la petite chapelle. Le père Grangeais servait la messe avec des gestes mécaniques. Il paraissait harassé. Pas une fois il ne regarda dans sa direction.
La Mère Supérieure était absente. Les soeurs évoquaient un refroidissement. Était-ce l’effet de son imagination ou bien les avait-elle vues sourire à ce mot ? Soeur Jeanne lui fit un petit signe discret qui échappa à Soeur de la Miséricorde dont l’espionnage se révélait très agaçant.
La vieille religieuse s’était en effet installée près d’Elaine, et elle ne cessa de la surveiller durant l’office. Quand la jeune femme voulut communier, elle lui saisit le bras et le serra méchamment en grondant.
- Les pécheresses, Ma Fille, doivent rester à leur place !
Elaine fut ulcérée par cette réplique mais elle n’osa pas protester. Elle accepta le verdict de la religieuse et resta agenouillée bien sagement. Une fois l’office terminé, Soeur de la Miséricorde lui confia la tâche d’aller faire les courses. Elle se soumit une nouvelle fois et s’y rendit en compagnie de Soeur Adèle. Elles trouvèrent au marché de nombreux produits d’épicerie qui leur manquaient. Ce jour-là, la Supérieure leur avait demandé en plus d’apporter trois livres de croquants aux amandes.
Pendant qu’elles faisaient leurs emplettes, Elaine interrogea sa compagne.
- Crois-tu que la conduite de Soeur de la Miséricorde envers Soeur Jeanne soit juste ? Elle est toujours deriière elle et si Soeur Jeanne a déliré, hier soir, je suis sûre que c’est à cause de cette méchante bique qui lui fait subir toutes sortes de brimades !
L’expression fit naître un léger sourire sur les lèvres de Soeur Adèle.
- Tu le sais, Elaine, notre communauté vote pour élire la Supérieure chargée de la bonne marche du couvent et ce, pour trois ans. Ce vote intervient à l’aide de pierres blanches et de pierres noires. Il y a six mois, il y avait un nombre égal de voix qui s’étaient portées sur Soeur Camille de l’Incarnation et Soeur de la Miséricorde. C’est la voix de Soeur Jeanne qui a fait tout basculer...
- Comment le savez-vous ?
- C’est elle-même qui s’en est vantée. Et c’est ainsi que Soeur Camille est devenue notre Supérieure pour la seconde fois, ce qui n’était jamais arrivé jusqu’à présent.
- Tu veux dire que ce serait par vengeance que Soeur de la Miséricorde s’en prend à Soeur Jeanne ?
La novice haussa les épaules tout en faisant la moue.
- Cette « bique », comme tu dis, a été enfermée très tôt au couvent. Elle appartient à une famille d’aristocrates. Elle a toujours été très laide et c’est pour cela qu’on l’a obligée à devenir religieuse... Pour elle, il ne s’agit pas d’une vocation. De plus, côté règlement, elle est contre le fait que l’on fasse voter des novices. Alors cette vieille carne se venge sur les Soeurs les plus jeunes et les plus jolies.
- Mais c’est horrible ! s’exclama Elaine. Que fait-elle de la charité chrétienne ?
- Elle n’en a cure. Nous l’acceptons comme elle est : vieille, rabougrie, jalouse de tout le monde mais c’est notre Soeur et nous devons l’aimer comme Notre Seigneur a aimé nombre de mécréants pour les ramener sur le chemin céleste. J’avoue que cela n’est pas facile... Mais si l’on parlait d’autre chose ? On pourrait goûter à ces croquants... J’adore les douceurs.
- A ta place, je ne serais pas devenue religieuse, car la vie monastique est loin d’être douce.
- Pour l’instant, je m’y divertis beaucoup : j’aide à la classe et à d’autres travaux passionnants. Je m’y sens plus libre que chez moi. Mes parents, me trouvant trop naïve et spontanée, ne me laissaient jamais agir à ma guise. Ils n’avaient qu’une idée : me marier au plus vite. J’ai refusé.
Adèle, sur le point de croquer un biscuit, s’interrompit soudain, les yeux brillants. Tout au fond de la place, passait un homme serré dans une élégante redingote noire.
- Qui est-ce ? demanda Elaine.
- C’est notre apothicaire, Angélus Gabrielli. Je crois que cet homme est un grand génie. Il connaît tant de choses… Lorsqu’il vient au couvent pour superviser nos ateliers d’herboristerie, je ne me lasse pas de le voir faire. La Création semble n’avoir aucun secret pour lui...
Angélus avait disparu. Une fois de plus, Elaine n’avait aperçu de lui que sa silhouette et sa chevelure dorée. Les propos de sa compagne venaient contredire la première impression qu’elle avait eue à son propos. Sœur Adèle était certainement, comme bien d’autres, sous le charme de ce séducteur. Elle la mit en garde.
- Une Servante de Dieu a-t-elle le droit de montrer un tel intérêt pour une personne de l’autre sexe ?
- Je ne vois pas où est le mal, rétorqua en riant Adèle. Si la beauté et l’intelligence divines se sont incarnées dans un être, il n’y a pas d’offense à en apprécier l’expression. Tu n’es pas d’accord avec moi ?
Elaine trouva que sa compagne tenait des propos bien osés pour une novice dont l’attitude au couvent était cependant fort respectueuse des règles, quoique parfois sujette aux enfantillages.
Quand elles rentrèrent au monastère, elle aida Soeur Adèle à ranger les différents paquets, avant d’aller passer un moment dans le jardin. Elle s’assit sur le banc, près du puits, et tout ce qu’elle avait vécu la veille l’assaillit à nouveau. Au bout d’un moment, elle eut la sensation qu’on l’épiait. Elle leva la tête, inspecta les lieux autour d’elle et rencontra le visage de la Mère Supérieure qui, dans une allée du cloître, l’observait.
Sous ce regard dont elle ne discernait rien, car la religieuse était trop loin d’elle, Elaine se sentit mal à l’aise. Était-il possible que Soeur Camille ait été prévenue par quelqu’un que son secret avait été percé ? Et qui aurait bien pu le lui dire ? Le père Grangeais n’était-il pas tenu de taire ce qu’il savait ? Jusqu’où sa complicité s’étendait-elle ?
Elaine se leva bien vite, mal à l’aise et rejoignit sa cellule sans se retourner.
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(A Suivre)
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(La femme par qui la banqueroute arrivait...)
Vive la banqueroute !
Thomas Morel, François Ruffin (et al.)
Bernard Gensane
(...) Autour de Thomas Morel et François Ruffin (qui, de surcroît, osent nous gratifier d’un long entretien avec Frédéric Lordon), on trouve deux étudiants en master, un infirmier au chômage, un apprenti menuisier, une prof d’histoire et un jeune en service civique. Que du pas beau monde, donc, mais qui nous offre un livre furieusement iconoclaste et qui donne à réfléchir.
En étudiant quelques épisodes de violente banqueroute vécus par la France (de Philippe le Bel à De Gaulle), cette fine équipe nous dit tout simplement que, face à la faillite, immédiate ou à venir, l’État français a toujours fait ce qu’il voulait, qu’il a changé d’orthodoxie comme d’autres de chaussettes, et que pour se sortir des mauvaises passes où il s’était lui-même engagé, il a fait payer les riches, c’est-à-dire ceux qu’il avait enrichis auparavant. L’État prenait l’argent là où il était vraiment.
En compagnie de Frédéric Lordon, nos auteurs nous font observer que, pour la période récente, le libéralisme a créé le chômage de masse alors que l’économie dirigée des Trente Glorieuses avait engendré une croissance annuelle de 5% et garanti le quasi plein emploi. Ce qui signifie, en d’autres termes, que le fou, c’est l’Autre, celui qui a le « courage » de plier devant la finance, de dégraisser à qui mieux-mieux, de tuer des emplois, de faire disparaître des pans entiers de l’économie, de faire payer la dette aux travailleurs en déréglementant . Ce n’est pas « l’irréaliste » qui prétend tenir tête au capitalisme financier.
Il fut un temps où les dirigeants politiques ne passaient pas leur temps à trembloter en voulant à tout prix rassurer les marchés qui leur faisaient quotidiennement du chantage à la dette. Une époque que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître (sérieux !) où le mot réforme signifiait progrès et non régression sociale. Il fut même un temps (en 1936) où un ministre des Finances pouvait déclarer – même si cela, pour finir, ne porta pas trop à conséquence – « Les banques, je les ferme, les banquiers, je les enferme ! ».
Sacré Philippe le Bel ! Sous son règne, la France connaît de sérieux désordres monétaires (dévaluations, réévaluations), ce qui ne l’empêche pas d’être à l’apogée de sa puissance médiévale. Le Bel est le contraire d’un Maastrichtien : son royaume est centralisé, géré d’une main de fer. Il condamne et brûle les Templiers, qu’il appelle les « banquiers de l’Occident » et prend l’argent là où il est vraiment, dans les caisses de l’Église, à la grande douleur du pape qui n’y peut mais. « TINA » (il n’y a pas d’autre solution), il ne sait pas ce que cela veut dire. Le respect à l’égard des créanciers, il en a encore moins cure que Mélenchon.
Pour que les Français mangent de la poule au pot tous les dimanches sous Henri IV, il faut faire le ménage. Ce dont se charge le ministre Sully qui débusque les fraudes, les contrats pourris, qui divise par quatre les taux d’intérêt, qui, globalement, réduit les rentes de 40%. Cela ne suffit pas car le roi doit 3,5 millions de livres au duc de Toscane. Il épouse sa fille, Marie de Médicis qui apporte en dot l’effacement de la dot. Une idée pour Hollande (qui n’est pas marié) ?
Mazarin pille l’État. Il posséde 8 700 000 livres, soit 79 tonnes d’argent, ou 5,4 tonnes d’or. Louis XIV hésite à l’attaquer de front. C’est tout un ordre qui vacillerait. Le 15 septembre 1661, Colbert s’attaque à tous les rentiers du Royaume en décidant de racheter leurs créances à un prix dérisoire. Les bourgeois se révoltent. Les meneurs sont menottés et embastillés. Le roi réduit les rentes de 70%. Le successeur de Colbert frappe ensuite les riches d’un « impôt du dixième ».
Le ministre des Finances de Louis XVI est Jacques Necker, un banquier suisse qui aime l’argent (il possède 7 millions de livres en 1776). Il est également proche des philosophes. Il se dit pragmatique, « moelleux et flexible » mais se veut l’apôtre de l’interventionnisme économique de l’État. En 1775, il publie son Essai sur la législation et le commerce de grains, dans lequel il dénonce la liberté de ce commerce. Le livre paraît au moment où le ministre Turgot (qui avait libéralisé le commerce des grains) – et non Necker, à qui les auteurs attribuent à tort cette responsabilité – doit faire face à la guerre des farines.
Les mauvaises récoltes conduisent à des émeutes et à favoriser les demandes de réglementation des prix des grains. Dans son Éloge de Colbert, il critique la propriété qui n’est pas un droit naturel mais une « loi des hommes » fondée sur un « traité de force et de contrainte ». Au ministère, il fonctionnarise les finances : à la place des officiers inamovibles et rémunérés sur commission sont installés des employés révocables et percevant un traitement fixe.
En 1789, la France compte, dit-on, « deux mille riches ». On décide de n’en taxer qu’un seul, l’Église, dont le patrimoine est évalué à trois milliards de livres. C’est l’abbé Talleyrand qui va nationaliser les biens du clergé ! N’empêche qu’en 1796, 45 milliards d’assignats, qui ne valent rien, circulent dans le pays. Entre temps, Robespierre aura chuté, entre autres pour avoir voulu défendre les rentes viagères.
En 1926, tout baigne, sauf que l’État est à sec et que la Banque de France, qui n’est pas nationalisée, refuse de prêter le moindre sou. Le franc s’écrase face à la livre sterling. La dette publique s’élève à 300 milliards de francs. Le Parlement ne veut pas léser les rentiers, et l’Allemagne, qui devait payer, ne paye pas. Raymond Poincaré, homme de droite, va réduire de 80% la fortune des rentiers. Il qualifiera de « stabilisation » cette dépréciation de 80% du franc. Dont il sera pour l’histoire et à jamais « le Sauveur ». (My foot !).
Entre 1944 et 1948, la classe ouvrière a le vent en poupe. Les employeurs ne peuvent résister aux demandes hausse des salaires. La dette s’élève à 269% du PNB. La monnaie est dévaluée cinq fois de 1944 à 1948. Une période de vie chère et de travail assuré est, dit-on, préférable à une période de vie bon marché et de chômage. De Gaulle est pour, ainsi que son conseiller, l’orthodoxe du libéralisme Jacques Rueff qui accepte ce keynésianisme comme un moindre mal. Il sera, cela dit, l’un des fondateurs de la Société du Mont-Pèlerin en 1947, financée par de grands patrons suisses.
En 1958, De Gaulle retourne sa veste. Au nom de la « vérité et de la sévérité » qui, seules peuvent garantir la prospérité. « Tant que je serai là, la parité du franc ne changera pas », proclame-t-il. Cette politique De Gaulle-Pinay-Rueff permettra à la France d’appliquer le traité de Rome. Certains patrons, comme Jacques Riboud, prônent une politique keynésienne de plein emploi et de croissance rapide. Mais en 1979, Raymond Barre fait du franc fort une contrainte européenne en créant le Système monétaire européen et en arrimant notre monnaie au mark.
À partir de 1983, la gauche poursuit sur cette lancée. En dix ans, la barre des trois millions de chômeurs est franchie. La dette publique double de 1981 à 1995. Au nom de la santé de la monnaie (une devise forte profite à ceux qui ont de l’argent), des millions d’existences sont sacrifiées. Les rentiers et les «capitalistes oisifs» ont remporté la guerre des classes.
En dormant.
Vive la banqueroute !, par Thomas Morel, François Ruffin (et al.)
Amiens : Fakir Éditions, 2013.
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(Jeune femme enthousiaste après qu'elle avoir appris
qu'elle avait été sélectionnée par Tu Quoque)
Ms Carroll Baker
Venice Film Festival 1967
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(Jeune femme de la Haute attendant patiemment
la sortie de l'élite des établissement parisiens...)
Hors de Paris, point de salut pour l'élite
Simon Kuper
Financial Times
(...) Maurice Thorez, le staliniste français, passa la Seconde Guerre mondiale à Moscou, où il se faisait appeler "Ivanov". A la Libération, il rentra en France et devint membre du gouvernement. Après la démission de Charles de Gaulle en 1946, Thorez reprit à son compte un des projets fétiches du général : la création d'un établissement chargé de former les hauts fonctionnaires de la nouvelle république, l'Ecole nationale d'administration (ENA). Thorez devait se dire que cette caste constituerait "l'avant-garde du prolétariat" dont Lénine avait tant parlé. Depuis, l'ENA a produit pléthore de membres de l'élite politique et financière du pays, dont le président François Hollande.
La France n'a jamais ménagé ses élites, un passe-temps qui remonte à la Révolution, mais les énarques et leurs camarades ont rarement été aussi impopulaires. En l'espace d'un an d'exercice, les gouvernements tant de droite que de gauche sont devenus des objets de mépris. Le chômage a atteint un niveau record. Les scandales liés à l'élite se multiplient (un des derniers en date concerne le ministre du Budget Jérôme Cahuzac et ses comptes en Suisse et ailleurs). Quelque chose a monstrueusement mal tourné pour la caste de Thorez.(...)
(...) Les élites françaises se définissent par leur intelligence. Elles sont principalement recrutées dans deux écoles au processus de sélection rigide : l'ENA et l'Ecole polytechnique (que l'on appelle communément "l'X"). "Nulle part ailleurs dans le monde, les carrières professionnelles – et le destin de toute une nation – ne sont à ce point tributaires des écoles que l'on fait", écrit Peter Gumbel [ancien grand reporter au Time Magazine et enseignant à l'IEP de Paris]dans son dernier livre : France's Got Talent (Elite Academy- Enquête sur la France malade de ses Grandes Ecoles, éd. Denöel, mai2013). C'est pourquoi, même âgés, certains membres de l'élite se présentent en tant qu'"ancien élève de l'X".
Ils ne sont que 80 étudiants à sortir chaque année diplômés de l'ENA, et 400 de Polytechnique. Ils se voient alors confier des postes très élevés. "Ils travaillent dur. Ce n'est pas une élite qui est juste là pour s'amuser," soutient Pierre Forthomme, spécialiste du conseil en management.
Pendant des années, ils ont fait ce que l'on attendait d'eux. De 1946 à 1973, la France a vécu ses Trente Glorieuses, (presque) trente ans de réussite économique. En 1990, ils avaient encore de quoi se vanter. Ils avaient créé le premier proto-Internet, le Minitel, mis en place les trains les plus rapides d'Europe, cocréé l'avion de ligne le plus rapide du monde – le Concorde –, contraint l'Allemagne à accoucher de l'euro (qui, aux yeux des élites françaises, était censé annoncer le début de l'unité européenne, plutôt que sa fin), affirmé l'indépendance militaire du pays – que beaucoup prenaient encore au sérieux – et continuaient de croire qu'ils parlaient une langue internationale. Les intellectuels au pouvoir, c'était apparemment une solution qui fonctionnait.
Depuis, tout est allé de travers. Dans les années 1960, le sociologue Pierre Bourdieu dénonçait déjà les défauts de l'élite : la classe dirigeante prétendait être une méritocratie ouverte aux gens brillants quelle que soit leur origine, mais, en réalité, elle s'était muée en caste incestueuse.(...)
(...) C'est la plus petite élite à gouverner un grand pays. Elle vit dans quelques arrondissements chics de Paris. Ses enfants vont tous dans les mêmes écoles, dès l'âge de trois ans. Quand ils atteignent le début de l'âge adulte, les futurs responsables de la France se connaissent tous. Anciens camarades de classe, ils deviennent des "camarades de caste", expliquent les sociologues Monique Pinçon-Charlot et son époux Michel Pinçon.
Aux Etats-Unis, jamais un PDG et un romancier ne se rencontreront. En France, les élites politiques, entrepreneuriales et culturelles ont pour ainsi dire fusionné. Ils se retrouvent au petit déjeuner, au vernissage d'une exposition, pour dîner. Ils nouent des liens d'amitié, voire se marient. Ils se donnent des tuyaux pour le travail, couvrent les transgressions les uns des autres, se confondent en critiques dithyrambiques pour le dernier ouvrage de l'autre. (Comparez l'euphorie que suscite la publication d'un livre de Bernard-Henri Lévy en France à l'accueil qu'on lui réserve à l'étranger !) (...)
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Luc Desle
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