Bonjour à vous qui, dans le maelström du net, êtes arrivés, par hasard? lassitude? erreur? sur ce blog. Vous êtes les bienvenus. Vous y lirez des extraits d'articles, de pensées, d'interviews, piochés ça et là, et illustrés de photos et dessins détournés, via un humour de bon aloi. Vous pouvez évidemment réagir avec le même humour, la même ironie que nous mettons, chaque jour, à tenter de respirer un peu plus librement dans une société qui se corsète chaque fois un peu plus.

vendredi 14 juin 2013

"Ces pensées malhonnêtes étaient toujours à l'affût d'un mauvais coup". Jacques Damboise in "Pensées à contre-pet".

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Pensées pour nous-mêmes:

(TA DIFFÉRENCE EST UNE CHANCE )

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LONG RÉCIT AU LONG COURS (1/37)
pcc Benoît Barvin et Blanche Baptiste

   Dans les carnets de Soeur Camille de l'Incarnation, on lit toute la détresse de la jeune femme après la "disparition" de son frère tant aimé...

ANGÉLUS 
ou 
LES SECRETS DE L’IMPALPABLE

Heathcliff Capet Chénier

CHAPITRE 14 

   Elaine hésita un moment à proximité de la boutique de l’apothicaire. Elle attendait qu’il n’y ait personne dans le magasin pour en pousser la porte, mais un flot continuel de patients entrait et sortait. Il s’agissait de gens du peuple mais également de bourgeois et de notables. Elle reconnut un adjoint du maire que Soeur Adèle lui avait désigné, sur le marché 

   Tous ces gens étaient laids car porteurs de nombreuses tares. L’un avait la peau du visage gangrené, alors qu’un autre arborait des mains recouvertes de minuscules cloques rougeâtres. Une troisième patiente se grattait ostensiblement et, l’apercevant, vint lui parler d’une démangeaison terrible qui l’empêchait de dormir. 

   Enfin le flot se tarit car on était proche de l’heure de la fermeture. Elaine patienta encore un moment puis, prenant son courage à deux mains, elle entra dans la boutique. A l’intérieur, nombre de bocaux encombraient les étagères et la banque. Plusieurs armoires fermées, aux portes grillagées, contenaient tout un matériel destiné à la confection d’onguents, de poudres et de plantes séchées. Il y avait là des bouteilles aux panses sphériques pour l’eau distillée, des pots à canon, des vases, des mortiers en fer pour broyer les plantes ainsi que des entonnoirs, des ballons au verre transparent et deux balances afin de peser les différents ingrédients. Une odeur douceâtre flottait dans l’air. 

   Elaine se laissa pénétrer par le parfum légèrement sucré, goûtant le calme de la boutique. Son regard dérivait toujours alentour, détaillant le parquet ciré, la petite table ronde sur laquelle avaient été posés des bocaux remplis de réglisses, de plantes séchées, de sucreries destinées aux différents maux de gorge. 

   Son oeil s’arrêta sur la devanture d’où parvenait encore la lumière de la rue, cette devanture qui l’avait tellement impressionnée lorsqu’elle y avait vu la main étrange déplacer un flacon... 

   - Mademoiselle ? 

   La voix la fit sursauter et elle porta sa main à la bouche pour étouffer un cri de peur. 

   Une silhouette venait de se matérialiser, derrière la banque. Comme il faisait clair dans la boutique, Elaine put détailler à son aise l’apothicaire, cet Angélus Gabrielli qu’elle soupçonnait être à l’origine de la mort étrange de son bien-aimé Adrien. 

   C’était un homme de haute taille, aux cheveux d’un blond pâle. Les traits du visage étaient réguliers, le regard profond et, quand elle le croisa, la jeune femme se sentit aussitôt fondre. Ces yeux hésitant entre le bleu et le vert vous sondaient jusqu’à l’âme, et l’on perdait instantanément ses moyens, happé par l’iris qui semblait tournoyer et vous emportait dans une autre dimension. 

   Il fallut qu’Elaine fasse un gros effort sur elle-même pour échapper à ce regard hypnotique. Elle se pinça discrètement le bras et la douleur la fit réagir. 

   « Ce que je peux être sotte ! » songea-t-elle, agacée par son attitude. 

   - J’étais venue pour... une crème, balbutia-t-elle, mal à l’aise. J’ai des démangeaisons et... 

   - Vous n’êtes pas de Fontseranne, n’est-ce pas ? 

   La voix de l’apothicaire était aussi captivante que son regard. On aurait dit qu’elle vous cajolait, qu’elle ondoyait autour de vous et, pour peu que l’on soit réceptive, elle aspirait votre volonté, vous laissant sans force, tout à sa merci. 

   - Je suis de l’Espigouze, répondit Elaine, en tentant de ne pas sombrer à nouveau. Je m’appelle Elaine Cantagril... Actuellement, je suis chez les Soeurs... J’ai récemment perdu mon fiancé et j’étais si malheureuse que je leur ai demandé l’hospitalité et... 

   Elle cessa de parler, se traitant in-petto de commère et de folle. Pourquoi donc racontait-elle à cet étranger les raisons qui l’amenaient à Fontseranne ? N’était-elle pas justement persuadée que cet homme était responsable du décès d’Adrien ? Et la voilà qui se confiait à lui, qui lui avouait presque les raisons de sa présence dans son magasin. Avait-elle vraiment perdu la raison ? 

   Déjà, son désir légitime de vengeance s’effritait. Devant cet Angélus Gabrielli, elle se sentait désarmée et cette constatation la bouleversa. 

   - Veuillez accepter mes condoléances, Elaine, fit l’apothicaire en contournant la banque et en s’approchant d’elle. 

   De près, il la dépassait d’une bonne tête. Son visage lui parut étrange. Certes, cet homme, qui devait approcher de la trentaine, était beau, mais sa peau paraissait bizarrement élastique, épousant tous les contours du visage avec une trop grande perfection. 

   Quand il sourit, Elaine se rendit compte qu’il n’y avait que la bouche qui s’affinait, car seules les commissures des lèvres s’incurvaient vers le haut. Les pommettes ne se creusaient pas et les yeux restaient immobiles, un peu comme si ce visage était formé de plusieurs morceaux, indépendants les uns des autres. Pour échapper au malaise, la jeune femme baissa les yeux tout en bredouillant. 

   - Je vous remercie... Vous avez ici de nombreux produits, n’est-ce pas ? 

   - Je suis un modeste apothicaire, mais les gens du village me font confiance et, en accompagnement du docteur Gleize, j’essaie de les aider à surmonter certains problèmes de santé. 

   La jeune femme comprit qu’il lui fallait aller de l’avant et, sans réfléchir, elle demanda : 

   - Avez-vous une spécialité, Monsieur Gabrielli ?

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(A Suivre)

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"Haro sur les satanistes et...
- Heu... Vous en êtes un, non?
- Oui, et alors? D'abord, je dis
ce que je veux et comme je veux!"


Boutin et consorts, homophobes palmés
Patrick Schindler

   (...) Ça faisait longtemps qu’elle n’avait pas sorti sa bible, la Boutin… Chef de file du Parti chrétien démocrate, elle s’est bien fait remarquer à propos de la loi sur le mariage pour tous, et pas plus tard que le jour de la dernière manif organisée par la droite et soutenue par une kyrielle de groupuscules néonazis. Invitée sur les ondes de RMC (quelle idée !) à commenter la Palme d’or décernée durant le Festival de Canne au film La Vie d’Adèle, qui évoque une histoire d’amour entre deux femmes, celle-ci a resorti son fiel légendaire :

    « La mode, c’est les gays, on est envahi de gays […], on ne peut pas voir un film à la télévision, une série, sans qu’il y ait les gays qui s’expriment. Maintenant, c’est la Palme d’or. Bon, ça va quoi ! » Petite indication à cette dame patronnesse : la mode gay était une réalité dans les années 1970, où une rock star ne pouvait pas se permettre, s’il voulait briller sous les étoiles de la scène, de chanter avec un look viril (Bowie, Jagger, Brian Ferry, etc.) et elle est bien loin derrière nous… Il n’y a qu’à lire les rapports des associations qui listent les femmes, trans et gays victimes de l’homophobie en France comme presque partout ailleurs, pour admettre que, le moins que l’on puisse dire, c’est que : la mode n’est plus aux gays ! 

   Ce qui semble le plus agacer la dame, c’est que les homosexuel ont obtenu les mêmes droits que les hétéros (mariage civil et adoption). On suppose qu’elle use ses chapelets à prier pour que les homos «n’obtiennent jamais le droit de se marier à l’église». Mais, ce qu’ignore dame Boutin, c’est que la grande majorité des gays ne veulent pas se marier, ni à la mairie ni, encore moins, à l’église. Par exemple, en dix ans d’existence d’une telle loi en Belgique, le pays ne compte que 5 % d’homos à être passés devant le bourgmestre ! Avec pour seules motivations, soit de pouvoir élever leurs enfants comme tout le monde, soit de transmettre leur biens acquis ensemble à leur partenaire plutôt que de les voir filer sous la coupe de la « sacro-sainte » famille… Pas de quoi couper trois pattes à un canard, donc ! 

   Mais dame Boutin n’est pas la seule, ces derniers temps, à vomir religieusement sur les «invertis». Frigide Barjot, la bien nommée, se définit comme une « républicaine gaulliste viscéralement attachée à son pays et à ses racines chrétiennes » et annonce qu’elle va se présenter aux municipales (avec le renfort des voix des fachos ?). Un autre meneur de la Manif pour tous, Tugdual Derville, lutteur de fond contre l’euthanasie et l’avortement, souhaite, lui, créer un courant « d’écologie humaine dans le respect de la dignité ». Amen ! Sa partenaire de manif, Béatrice Bourges, qui, comme son nom l’indique, porte tout le charme discret de la bourgeoisie, n’en reste pas moins entachée d’un passé teinté d’une touche de Jeunesses identitaires, d’un zeste de GUD et d’un glaçage de Civitas. Bas les masques ! 

   Enfin, Ludovine de La Rochère, leur présidente, souhaite, elle, nous « faire vivre le plus grand mouvement social que la France ait connu depuis Mai 68 ». Rien que ça ! Tout en «menaçant de sanctionner ceux qui ne se seront pas prononcés contre le mariage gay» (démocratie, vous avez dit démocratie). Plus de quarante années de luttes acharnées pour que les femmes puissent disposer de leur corps et pour que les homos aient les mêmes droits que les hétéros ne m’ont pas épuisé. 

   S’il faut tout recommencer de zéro, pour qu’enfin ces réacs et fachos comprennent que nous en avons « ras-le-cul » de ne pas être respectés dans nos choix, dans nos vies, de nous faire nier, insulter, culpabiliser sous prétexte que nous ne sommes qu’une minorité, eh bien nous sommes prêts pour le combat : homophobie, no pasaran !


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"Comment ça, j'aurais fait une fausse note?!"


TENTIGINOUS  [adjective]
1. stiff; stretched; strained.
2. lustful, or pertaining to lust; lust provoking.


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"Madame, je vous remercie pour
vos précieux conseils... Mais...
heu... Je croyais qu'ils étaient gratuits et..."

jane-austen-ecrivain-litterature-feminine

Les conseils d’écriture de Joyce Carol Oates
Nathalie lenoir

   Voici les conseils d’écriture, pleins d’humour et de finesse, que Joyce Carol Oates a confiés au Guardian, et leur traduction:

   1. Don’t try to anticipate an « ideal reader » – there may be one, but he/she is reading someone else.

   N’essayez pas d’anticiper un lecteur « idéal » – il existe peut-être, mais il lit un autre auteur.

   2. Don’t try to anticipate an « ideal reader » – except for yourself perhaps, sometime in the future.

   N’essayez pas d’anticiper un lecteur « idéal » – sauf peut-être pour vous même, un jour dans le futur.

   3. Be your own editor/critic. Sympathetic but merciless!

   Soyez votre propre éditeur/critique. Empathique mais sans pitié!

   4. Unless you are writing something very avant-garde – all gnarled, snarled and «obscure» – be alert for possibilities of paragraphing.

   A moins d’écrire un texte très « avant-garde » – tout noueux, grondant et obscur – soyez à l’affût des possibilités de créer des paragraphes.

   5. Unless you are writing something very post-modernist – self-conscious, self-reflexive and « provocative » – be alert for possibilities of using plain familiar words in place of polysyllabic « big » words.

   A moins d’être en train d’écrire quelque chose de très postmoderne - conscient de soi, autoréflexif et « provocateur » – soyez à l’affût des possibilités d’utiliser des mots simples et familiers en lieu et place de « grands » mots polysyllabiques.

   6. Keep in mind Oscar Wilde: « A little sincerity is a dangerous thing, and a great deal of it is absolutely fatal. »

   Gardez en tête cette maxime d’Oscar Wilde: « Une légère dose de sincérité est dangereuse, et une large dose est absolument fatale. »

   7. Keep a light, hopeful heart. But expect the worst.

   Gardez un coeur léger et plein d’espoir. Mais attendez-vous au pire.

   Je surkiffe, pas vous? (heu... Surkiffer, vraiment?)   Si vous appréciez la plume de Joyce Carol Oates, je vous recommande vivement le joli portrait que lui a consacré The Guardian et cet intéressant témoignage.

En savoir plus sur 

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Benoît Barvin

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