Bonjour à vous qui, dans le maelström du net, êtes arrivés, par hasard? lassitude? erreur? sur ce blog. Vous êtes les bienvenus. Vous y lirez des extraits d'articles, de pensées, d'interviews, piochés ça et là, et illustrés de photos et dessins détournés, via un humour de bon aloi. Vous pouvez évidemment réagir avec le même humour, la même ironie que nous mettons, chaque jour, à tenter de respirer un peu plus librement dans une société qui se corsète chaque fois un peu plus.

mercredi 24 avril 2013

"Il était vert de rage d'être jaloux, ce Sage qui ne l'était plus". Jacques Damboise in "Pensées inconvénientes".

***
Pensées pour nous-mêmes:

(LE CHEMIN N'A PAS
QU'UNE SEULE VOIE)

***
COURTS RÉCITS AU LONG COURS (87)
pcc Benoît Barvin


Sagesse

   "Si vous continuez comme ça, Cher Monsieur, vous courez tout droit à la catastrophe", affirma mon médecin de famille. Question santé, tous mes clignotants étaient au rouge: cholestérol en hausse constante; les sautes d'humeur des battements de mon coeur ne cessaient plus; on venait de me découvrir un début de diabète ainsi que d'autre pathologies qui, accumulées, avaient conduit à un malaise "vagal". Je devais prendre un tas de médicaments et surtout calmer mon stress.

   J'étais comptable dans une petite entreprise qui, en raison de la crise, battait de l'aile. Mon patron m'avait demandé de trafiquer les comptes, pour le bien des employés, paraît-il. J'avais obéi en rechignant, moi qui étais la probité incarnée. Quant à mon épouse, elle m'avait quitté quelques mois plus tôt pour un "godelureau" de dix ans son cadet et elle parlait de m'intenter un procès pour "harcèlement moral", si j'avais bien compris. Bref, mon quotidien était peu tenable. D'où cette santé en dent de scie.

   Je sortais du cabinet lorsque j'avisai, en face, de l'autre côté de la rue, un placard publicitaire qui vantait les mérites d'un petit centre de yoga. "Pourquoi pas?", me dis-je en m'inscrivant au secrétariat. Après tout, moi aussi j'avais eu ma période "Peace and Love" et elle n'avait pas été désagréable, loin s'en faut. Le Maître était un homme d'un certain âge, mince, presque maigre, le crâne rasé, le regard vif, comme hypnotique, vêtu d'un Tee-shirt et d'un pantalon de coton blanc et les pieds chaussés de sandales.

   C'est sa voix qui m'a d'abord impressionné: elle était douce, caressante, mais l'on sentait, en sous-jacence, une force tranquille, sûre d'elle-même et de ses capacités. Maître Chandra avait également un sens évident de la divination: il me brossa un portrait intime de ma situation qui fit beaucoup pour que je devienne un de ses élèves les plus assidus.

   Dire que les postures de yoga me déstressaient serait mentir. Je me sentais mieux dans mon corps; mieux - un peu - dans ma tête, mais l'angoisse me serrait toujours les tripes, surtout quand, après avoir maquillé les comptes, je fus confronté à l'Administration fiscale. Heureusement le Maître m'avait donné des "trucs" pour répondre le mieux possible aux questions insidieuses et je m'en sortis honorablement.

   Pour ma femme, ce fut également aisé de faire comprendre, à la juge devant laquelle nous nous présentâmes, que les accusations de mon ex étaient aberrantes. D'ailleurs l'infidèle s'en rendit compte et elle me proposa de reprendre la vie commune. "Je suis impressionnée, m'avoua-t-elle. Tu as changé... Tu es moins...". "Moins quoi?". Elle rougit, me donna un bref baiser sur les lèvres et s'en fut rejoindre son amant qui me jeta un regard de haine.

   Les séances avec Maître Chandra changeaient peu à peu de nature. L'homme me parlait des Dieux Hindous, mais il abordait également toutes sortes de sujets, notamment philosophiques. Il évoqua la violence qui gangrenait le Monde, avouant qu'elle lui évoquait un cancer sans cesse renouvelé. "C'est bizarre, me fis-je la remarque au bout de six mois de relation assidue. Le Maître me dit toutes sortes de Vérités, il évoque par de jolies formules la Bonté qui réside en chacun de nous, mais je ne suis pas fichu d'en retenir une seule".

   Qu'à cela ne tienne: je me sentais bien, chaque jour,  face à lui, imitant les postures qu'il pratiquait avec une souplesse surprenante pour une homme de son âge. Ma vie s'améliorait: l'entreprise surmontait peu à peu ses difficultés et je n'eus plus besoin de faire ma sale besogne de falsificateur de chiffres. Mon ex ne cessait pas de me tourner autour; nous fîmes de nouveau l'amour. Elle me parla d'enfants...

   Lors de la fête nationale, Maître Chandra me confia une mallette à remettre à un cousin. Je sortis de la salle, confiant en l'avenir, heureux de la tournure prise par les événements. J'avais à peine tourné au bout de la rue que je m'aperçus que j'avais inexplicablement oublié la mallette. Je revins sur mes pas,  alors qu'autour de moi la Ville se préparait pour le défilé. Je traversai la foule qui commençait à piétiner sur les trottoirs, me faufilai dans le centre et débouchai dans la pièce où nous pratiquions les postures.

   Quelle ne fut pas ma surprise de découvrir Maître Chandra en conversation avec mon épouse et le directeur de mon entreprise. Les trois cessèrent de parler - vivement me sembla-t-il -, pour se tourner dans ma direction. Je parlai de mon "oubli" avec un petit rire d'enfant. Le Maître avoua qu'il avait donné rendez-vous à ma femme et à mon supérieur pour leur parler des "progrès" qu'il constatait dans mon attitude... Nous rîmes tous les quatre. Je sentis quand même que quelque chose n'allait pas, puis le Maître me fourra la mallette dans les mains et m'invita à la remettre à son ami. Ensuite, je devais revenir car il avait une surprise pour moi.

   Le directeur me serra chaleureusement la main et se permit de me donner une tape amicale sur l'épaule. Ma femme, elle, m'embrassa avec tendresse. Je saluai, sortis du centre, tournai à droite en espérant que la bombe qui se trouvait dans la mallette n'explosât pas tout de suite. Comme je connaissais le Sage, il avait dû soigneusement calculer l'instant où le système mortel se déclencherait. Celui de la parade militaire... quand il y a le plus de monde.

   J'étais près d'un poste de Police quand un bref déclic m'apprit que le Maître était plus malin que je ne croyais et qu'il avait même anticipé mon éventuelle découverte de ses activités terroristes...

***

(Petites filles naïves allant à la rencontre du loup)

Hill


***

(Cette fille n'avait jamais entendu parler du Vinyl maudit. 
Tant pis pour elle)


Record Player.

***
(Un... Deux... Trois... Ce sera toi qui mourras...)


Stick.

***
"Quel chapeau je vais mettre aujourd'hui...?"


clothesline
(Cette blonde était légèrement miro)




***
Jacques Damboise

Aucun commentaire: