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Pensées pour nous-mêmes:
(LE CHEMIN QUI MÈNE A
LA SAGESSE N'A PAS DE NOM)
LA SAGESSE N'A PAS DE NOM)
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COURTS RÉCITS AU LONG COURS (88/3)
pcc Benoît Barvin
Tom Drake, son collègue Duncan et leur patron, Eliot Ness, chef du FBI, se sont réunis avec les huiles de Chicago, sur les lieux même d'un massacre: celui des malheureuses danseuses d'une boîte, le "Blue Circle". Le FBI est officieusement chargé de l'enquête, malgré l'opposition du procureur.
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Ness nous donna ses instructions. Nous devions assister aux derniers interrogatoires, après que les flics nous eussent fourni les indices trouvés sur place.
Les ambulances s’étaient dispersées comme une volée de moineaux affolés, ainsi d’ailleurs que le commissaire, le procureur et le patron. Ne restaient plus que les inspecteurs et, derrière les barrières, une foule considérable de badauds qui, en dépit du froid, s’excitaient à la vue des flaques de sang et de l’ambiance de fin du monde qui régnait dans le quartier.
J’interrogeai à mon tour le portier. C’était un vieux noir qui tremblait de tous ses membres. Je ne recueillis aucune information supplémentaire. Il me répéta ce qu’il avait bégayé aux inspecteurs.
"Patron, j'ai rien vu... Rien..."
Je rongeais mon frein. Dès le début, à la première seconde où, pénétrant sur la scène du crime, j’avais vu tous ces cadavres, quelque chose m’avait tracassé. Mais quoi ? Mon esprit, habitué à penser scientifiquement, pédalait dans la choucroute. Le nombre de morts ; le fait qu’il s’agissait exclusivement de membres du sexe dit faible ; la similitude avec le massacre de l’année précédente, tout se mélangeait dans mon crâne porté à ébullition. M'empêchant de penser de manière cohérente.
"Patron, j'ai rien vu... Rien..."
Je rongeais mon frein. Dès le début, à la première seconde où, pénétrant sur la scène du crime, j’avais vu tous ces cadavres, quelque chose m’avait tracassé. Mais quoi ? Mon esprit, habitué à penser scientifiquement, pédalait dans la choucroute. Le nombre de morts ; le fait qu’il s’agissait exclusivement de membres du sexe dit faible ; la similitude avec le massacre de l’année précédente, tout se mélangeait dans mon crâne porté à ébullition. M'empêchant de penser de manière cohérente.
- Duncan? Tu pourrais me dire si..., commençai-je en me tournant vers mon collègue… qui brilla par son absence.
Surpris, je cherchai sa silhouette parmi les flics qui m’entouraient, puis j’interrogeai quelques inspecteurs pour savoir s’ils l’avaient vu mais, au bout de dix minutes, je dus me rendre à l’évidence : Duncan s’était carapaté. Où était-il donc passé ?
C’est alors que mes neurones se remirent à fonctionner normalement. D’un seul coup.
J’avais à peine remarqué la fille avec laquelle mon collègue avait passé la nuit. Cependant, quelque chose avait attiré mon attention, du couloir où je me trouvais, mon regard plongeant dans la chambre: Il s’agissait d’une robe à paillettes, largement échancrée. Une robe qui avait été posée négligemment sur une chaise, près du lit de Duncan. Une robe qui appartenait sans l’ombre d’un doute à la fille qui se prélassait à côté de lui.
La robe d’une danseuse…
La robe d’une danseuse…
(A Suivre)
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"Moi-même un dollar par jour je vivre"
Dollars détournés par James Charles
Donner la parole à ceux
qui vivent avec un dollar par jour
(...) La crise économique mondiale génère des déficits qui se chiffrent à plusieurs milliards de dollars. Pourtant, dans les pays en développement, des hommes et des femmes travaillent au quotidien pour gagner quelques billets verts. C’est ce constat qui a conduit le réalisateur cambodgien Rithy Panh à proposer la création de One Dollar, une plateforme interactive construite à partir de portraits vidéo de ceux qui font la petite économie des pays en développement. Il s’agit d’interroger la relation entre le travail et l’argent, et la valeur travail.
"Ce projet est une passerelle qui reconnecte le monde virtuel et le monde réel. Les hommes et les femmes ne sont plus des indicateurs ou des statistiques dans des rapports d’institutions internationales, mais des voix, des regards, des corps qui nous ramènent à la réalité", écrit Rithy Panh dans sa note d’intention.
L’appel à participation, lancé en mars 2013, s’adresse aux réalisateurs, expérimentés ou débutants, aux geeks et aux membres d’ONG, séduits par la thématique. Ils sont invités à réaliser des courts-métrages de sept minutes racontant le quotidien de personnes qui vivent avec approximativement un dollar par jour. Les portraits seront mis en ligne sur une carte du monde qui servira de plateforme interactive. Ainsi, citoyens, artistes, chercheurs économistes pourront alimenter le site de leurs commentaires, une manière de générer une réflexion de fond sur des problématiques transversales.
Cette plateforme interactive sert également de matrice à la conception d’une application de création vidéo pour smartphones et tablettes, libre de droits. Car l’ambition va au-delà de la mise en ligne des portraits. Les producteurs de One Dollar développent un outil permettant de concevoir en quelques clics des contenus pour les nouveaux supports numériques. C’est en observant des habitants de Phnom Penh victimes d’expulsions que le directeur de production du projet, Damien Sueur, s’est rendu compte de l’importance d’offrir une application.
"Les habitants de ce quartier étaient équipés d’une tablette qui leur permettait d’archiver le quotidien de la lutte militante de leur communauté, constate-t-il. Nous voulons donc créer un outil qui permettra de maîtriser toute la chaîne de production du tournage à la mise en ligne en passant par le montage. Cela sera utile aux créateurs, militants, journalistes citoyens."
La plateforme sera mise en ligne début 2014. Elle offrira une photographie de l’extrême pauvreté quelques mois avant l’échéance des objectifs du millénaire fixée par les Nations unies, dont le premier était de réduire de moitié le nombre de personnes qui vivent avec moins de un dollar par jour. (...)
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(Jeunes, les célèbres frères Bogdanoeuds pensaient déjà
différemment que tout le monde)
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"Si j'ai besoin d'un générique?
Heu... D'une dizaine
au moins, peut-être plus, plutôt..."
SIDA, ne plus considérer les médicaments
comme des marchandises
Sophie Courval
(...) « Les produits pharmaceutiques sont considérés comme des produits commerciaux. Ils tombent sous le coup des règles de la propriété intellectuelle, sans qu’on s’interroge davantage sur les conséquences pour les malades, s’insurge Céline Grillon, chargée du plaidoyer international à Act Up Paris. Il faut arrêter de considérer les médicaments comme des produits du commerce et les envisager comme des biens communs. » Considérer les médicaments comme des biens communs, qu’est-ce à dire ? Tout simplement les libérer du joug des brevets qui entravent leur fabrication et leur circulation, autrement dit encourager la production des médicaments génériques. Une bataille rude qui oppose les lobbies de l’industrie pharmaceutique contre les partisans de ce qu’on appelle plus communément aujourd’hui le « libre ».
Or la guerre du libre est souvent une guerre de l’ombre qui se mène dans différents champs, de l’audiovisuel aux médicaments, peu médiatisée (sauf Hadopi) car très technique. Difficile de rendre compte des combats sans se perdre dans les méandres du droit international. Accords de libre échange, ACTA, CETA, TAFTA…Autant d’accords internationaux tortueux qui régissent les droits de propriété intellectuelle. Rien de virtuel au regard des enjeux qui, eux, sont très concrets. Si Act Up figure parmi les organisations en lutte sur le front de la propriété intellectuelle, c’est pour permettre l’accès aux soins des personnes séropositives, et ce à l’échelle mondiale. Oui, les traitements existent, oui les anti-rétroviraux sont une arme efficace, mais malheureusement les pharmacies des pays en développement ne sont pas aussi garnies que celles des pays riches. Et ce, pour cause de brevets, donc de gros sous.
Alors qu’en juillet dernier, le parlement européen rejetait la ratification de l’Accord commercial anti-contrefaçon (ACTA), une victoire gagnée de haute lutte, Barack Obama, Herman Van Rompuy, président du Conseil européen et José Manuel Barroso, président de la Commission européenne lançaient le 13 février 2013 le début des négociations d’un nouvel accord entre l’UE et les USA : le Transatlantique Free Trade Agreement, autrement appelé TAFTA. La guerre du libre est une guerre sans fin et… sans transparence. Car la particularité de ces accords est qu’ils se négocient dans le plus grand secret. Les militants recueillant ça et là les « fuites » pour pouvoir réagir.
« Officiellement, TAFTA n’a pas vocation à remplacer ACTA, mais en fait TAFTA est en quelque sorte le spectre d’ACTA, confie Céline Grillon. Le lobby industriel pousse tellement fort, qu’on s’y attendait un peu. On ne sait pas exactement encore de quoi il retourne, mais nous réclamons dores et déjà plus de transparence, et Nicole Bricq, la ministre du Commerce extérieur, semble aller dans notre sens, mais nous restons prudents car l’actuel commissaire européen au commerce, Karel De Gurcht, a fait d’ACTA un échec personnel. Il a la volonté de finir son mandat avec un autre résultat. »
Pour Act Up, la bataille se mène sur le front des génériques, c’est-à-dire la possibilité pour des industries pharmaceutiques des pays du Sud de fabriquer et de commercialiser des médicaments à moindre coût. Et dans le domaine du SIDA, les génériques sont la planche de salut de nombreux malades. 80% des médicaments utilisés pour traiter le VIH dans les pays en développement sont produits en Inde. Or, en ce moment même, la commission européenne fait pression sur l’Inde pour qu’elle accepte de signer un accord de libre échange qui renforcerait les droits de propriété intellectuelle des industries pharmaceutiques des pays du Nord et compromettrait gravement l’accès aux soins des malades séropositifs.
En 2012, on comptait 34 millions de personnes vivant avec le VIH contre 33,5 millions en 2010. Dans les pays d’Europe centrale et orientale, en Afrique du Nord et au Moyen-Orient l’épidémie a repris. En Afrique subsaharienne, ce sont près de 69,1% des personnes qui sont atteintes du VIH. « Seules 50% des personnes séropositives vivant dans des pays à revenus faibles ou intermédiaires ont accès à un traitement, déclare la militante d’Act Up. Sans compter que ce n’est pas parce qu’on a eu accès une fois à un traitement qu’on est sous traitement. »
De fait, on ne soigne pas de la même façon un malade au Bénin ou en France. Pour exemple, une des conditions du bon fonctionnement des anti-rétroviraux est l’observance, à savoir le respect des horaires fixes pour la prise du traitement. « Au Bénin, la difficulté de l’accès aux médicaments empêche les malades de suivre une bonne observance, raconte Céline Grillot. Il faut parfois faire des kilomètres pour avoir un traitement et revenir le lendemain parce qu’il y a une rupture de stock, ce n’est pas toujours possible. » Or qui dit mauvaise observance dit à terme traitement inefficace.
Dans la pharmacopée des anti-rétroviraux, il existe des médicaments de première, deuxième et troisième ligne. Lorsqu’un traitement 1ère ligne devient inefficace on passe à la catégorie au-dessus. Les médicaments de 1ère ligne étant considérés comme éminemment toxiques, ils ne sont plus distribués en France mais constituent les principaux traitements des pays pauvres, qui en revanche, brevets obligent, n’ont pas accès aux médicaments de 3ème ligne. Donc si on résume, les malades séropositifs des pays du Sud sont plus nombreux, leurs pharmacies sont moins remplies, ils ont accès à des traitements plus toxiques, moins efficaces. Et lorsque ceux-ci ont cessé de faire effet, ils n’ont pas de plan B. De l’importance de soustraire les médicaments aux règles du commerce et de les envisager comme des biens communs. La bataille du libre doit sortir de l’ombre.
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Luc Desle
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