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Pensées pour nous-mêmes:
(LE CHANT DE L'AMOUR
FAIT DU BIEN AUX ETOILES)
Je te regarde... Je me gorge de toi. Mon oeil effleure tes formes, vallées et montagnes que j'ai pris l'habitude de côtoyer depuis... Mon regard est une main hésitante qui remodèle ce paysage, mille fois vu, mille fois aimé, mille fois oublié. Car le temps qui passe, dit-on, efface les souvenirs de la première rencontre qui chamboule la vie; de ces battements du coeur qui cessent, d'un coup, pour mieux nous faire renaître, quelques secondes plus tard, à jamais différents; de ces jambes guimauves qui ont du mal à nous porter, soudain; de ce sol qui tangue sur le plancher d'un navire incertain car, dans la seconde, les dogmes du quotidien ont été balayés...
Adolescent, je suis redevenu... Me voilà à l'époque où nous nous sommes croisés et heurtés, dans cette foule estudiantine, à l'heure de midi, moment où les corps affamés se ruent dans les restaurants, où les bouches se découvrent et dévoilent des dents carnassières, poussées par des estomacs vampires, prêts à transformer leur propriétaire en bête capable de tout dévorer...
Légèrement heurtés, nous nous sommes... Nos regards qui se croisent; qui instantanément s'apprivoisent ou, pour être plus exact, se reconnaissent. "Te souviens-tu que nous étions amants, dans une autre vie, ma Mie?"... J'ai ramassé tes cours que, dans ma sotte précipitation, j'avais fait tomber, je te les ai tendus, nos chairs se sont effleurées...
Le soir, amants, déjà, nous nous retrouvions nus dans ce lit de cité universitaire, lit trop étroit d'ordinaire et qui, à présent, prenait des dimensions fantastiques, se métamorphosait en paquebot vers l'Ailleurs... Mais cet ailleurs était gorgé de chaleur, d'odeurs, de frissons voluptueux, de tendresse indicible et le temps, les heures, les minutes, tout était dérisoire... Seuls comptaient cette bouche charnue, ce sourire à moi seul destiné, cette salive qui, en se mélangeant à la mienne, créait une saveur aphrodisiaque.
Les jours, les semaines, les mois, les années... Le Temps n'est rien d'autre qu'une Entité un rien stupide dont, d'ordinaire, nous ne nous préoccupons pas. Avec l'inconscience de l’Éternité nous qui, dès le premier cri, sommes des morts en sursis. Nous vieillîmes, ma Mie, nous le sûmes peu à peu, dans les ridules que l'Existence, que l'Inconscience, que le "Quant à Soi" imprimait non seulement sur notre peau, moins élastique, plus "mâchée", mais également dans la chair de notre âme...
"Moi, je buvais, crispé comme un extravagant, Dans son oeil, ciel livide où germe l'ouragan, La douceur qui fascine et le plaisir qui tue"... Ces vers de Baudelaire me taraudaient, au fur et à mesure que notre vie devenait commune... Nos sourires se raréfiaient, nos élans du coeur et du corps également. Nous n'eûmes pas d'enfant, le travail était devenu notre seule préoccupation.
Certes, nous avions l'un pour l'autre une tendresse conservée intacte, mais comme dans de la naphtaline. Nous aurions pu nous séparer, Mon Amour, pourtant l'étincelle de la première rencontre subsistait, chacun en était persuadé. Mais comment la faire rejaillir? Comment redonner de la vigueur au sentiment premier d'enceinte inexpugnable que nous éprouvions, lorsque nous nous accolions, tels des amants venus du fond des âges?
C'est Toi qui a trouvé, c'est moi qui ai accepté, c'est toujours moi qui ai serré ton encore joli cou entre mes doigts un peu tremblants, ma Mie. Tes yeux buvaient les miens; j'aspirais ton âme au fur et à mesure que la vie s'enfuyait de tes membres, rosissait ta rétine alors que, de ta bouche qui expirait, s'échappaient des mots d'amour...
Je te regarde... Ton corps est un doux paysage à la molle langueur. Bientôt, je vais te rejoindre, le poison fera son effet, nous nous retrouverons dans cet Ailleurs qui, au fond, était celui que nous vivions sans le savoir. Un Ailleurs que personne d'autre que Nous ne peut appréhender ni même comprendre... Seuls, les poètes, peut-être...
"Où sont nos Amoureuses? Elles sont au tombeau: Elles sont plus heureuses, Dans un séjour plus beau!". Je ne sais s'il le sera, mais nous serons de nouveau réunis. A jamais. A toujours...
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"Patricia Littlebody avec son invention destinée
à capter les ondes divines du ciel céleste)
Irish McCalla
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(Dora Goodgirl se dorant au soleil artificiel,
quelques minutes avant un terrible dérèglement
du thermostat)
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(Non, vraiment, la séance de photo
avec John Dontbeafraid était
si longue que les fleurs avaient le temps
de pousser sur le corps momifié des
mannequins un peu cruches..."
Twiggy by Bert Stern
Source: retrogasm
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(On le lui avait pourtant répété que le vent,
sur ce balcon, soufflait à décorner les boeufs...)
Sophia Loren at Cannes, 1959.
Source: jeanjeanie61
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Jacques Damboise
2 commentaires:
Le little body de Patricia capte tout-à-fait mes ondes personnelles.
Vous êtes un homme de bon goût, cher Castor!
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