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Pensées pour nous-mêmes:
(AIMER A LA FOLIE EST AIMER LA FOLIE.
C'EST TOUT.
(AIMER A LA FOLIE EST AIMER LA FOLIE.
C'EST TOUT.
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COURTS RÉCITS AU LONG COURS(32)
pcc Benoît Barvin
Tempo
Rythme binaire, ternaire, quaternaire qui se succèdent promptement... Drums, balafons, percussions de toutes sortes, voix de crécelle de femmes africaines en canon, le tout dans un mélange déconcertant, mi attirant, mi démoniaque... Coeur - le mien - qui flagelle sourdement l'intérieur de mes tempes, avec mon sang qui charrie le monde primitif, celui de l'au-delà du temps, de l'époque incertaine où le tintamarre sonore était la pulsation première de la vie, puisque la parole n'avait d'existence que dans les onomatopées...
Rythme de nouveau léger, pulsations de mort qui s'assagissent, ma peur reflue, le sang ne bat plus follement dans mes veines, je recouvre un semblant de calme et... Oh non! Voici que tout se précipite de nouveau, s'amplifie, se transforme en une ignoble cacophonie de sons stridents et sourds, tout à la fois - mais est-ce seulement possible? -, grondements qui font résonner mon crâne transformé en énorme batterie malgré lui, qui colonisent chaque once de mon corps, jusqu'à mon espace auditif tout entier...
Je suis LE BRUIT, je me love à l'intérieur, petit animal peureux, submergé, englouti, noyé... Je n'ai plus d'entendement autre que ces martèlements sourds qui enflent, enflent, qui font soudain exploser mon jugement et qui annoncent...
Je m'éveille de ce cauchemar, les oreilles bourdonnantes, mon coeur battant à plus de 150 pulsations minutes. Je suis trempé, le drap est noué autour de mon corps, tordu par l'angoisse, tel un boa constrictor. Pour un peu, il m'aurait enserré et étouffé sous sa chaude étreinte. La nuit est cependant sereine, une nuit de juillet où la chaleur est tempérée par une brume à l'humidité bienfaisante. Ma fenêtre est ouverte, les cigales cymbalisent avec la régularité de métronomes, quelques ronflements de motos, au loin, pétarades malodorantes et le grondement lointain d'un long courrier, qui ripe sur le velours du ciel sombre...
Cauchemar récurrent que celui qui vient de me réveiller, ruisselant de sueur. C'est comme si j'avais plongé dans un océan de sons, faits à la fois de vibrations, de rythmes menaçants - mais pourquoi? -, de tremblements bruyants... Je sanglote doucement, ne sachant presque plus où je me trouve. Suis-je encore dans le monde d'avant, celui où mon ouïe était aussi aiguisée que celle d'un animal de la forêt - j'entendais alors jusqu'à la chute de l'aiguille sur le sol carrelé de la salle de bain - ou ai-je définitivement franchi le seuil de ce nouveau territoire, celui de la surdité qui, lentement, tel un cancer dévorant le cartilage du malade, a attaqué mon ouïe? Trompes d'Eustache, cochlée, cellules ciliées, tous les organes les plus fragiles se sont atrophiés ou, pour être plus précis, se sont insensibilisés et me voilà sourd, désespérément imperméable aux modulations de la voix, au chant d'un insecte, au rythme d'un guitariste...
Tempo, tout est tempo dans notre vie et j'en suis privé, orphelin de cet organe, définitivement, hors du monde normal, à jamais phénomène de foire... Je suis allongé, incapable de bouger et je perçois un mouvement, dans un coin de la pièce. L'infirmière vient d'entrer dans la chambre, elle s'approche du lit, dialogue avec moi en langage des signes. Je rechigne à parler alors que je le peux encore. Je n'ai envie que d'une chose: que toute cette comédie tragique se termine.
Je ne veux plus être ce bout de chair, aux bras et aux jambes manquants, suite à ce stupide accident qui m'a privé de mes instruments de travail. "Encore un cauchemar, Maître?" fait la femme en prenant un air de circonstance. J'ai envie de lui cracher mon mépris. Et ma douleur.
"Maître"? Maître de l'Infortune, oui, moi qui dansait comme un Dieu, qui chantait comme un des meilleurs ténors de la planète... Moi qui ne suis plus aujourd'hui que ce tronc tordu par la souffrance lorsque je n'ai pas ma dose d'antalgiques. Moi qui, tout récemment, gardait deux de mes cinq sens encore intacts... Et voilà que l'ouïe, à son tour, me fait défaut. Je sens que, très bientôt, c'est la parole qui va se faire la malle, la garce!
Tempo... La parfaite exécution de l'oeuvre musicale induite par un corps sain dans un environnement sain n'est plus de mon ressort. Plus rien n'est saint, chez moi, même pas ma pensée qui commence à s'embourber dans des ratiocinations de vieillard sénile...
Plutôt replonger dans le rêve-cauchemar, retrouver le tempo, les rythmiques, les accords de guitare.
"Je-veux-de-la-morphine" annonai-je d'une voix étrange, que je perçois à peine. L'infirmière obéit à regret, je le sens, et aussitôt, venu du fond des âges, drums, balafons et percussions affleurent à la surface de mon subconscient... m'extrayant de ce monde qui n'est plus mien...
Rythme de nouveau léger, pulsations de mort qui s'assagissent, ma peur reflue, le sang ne bat plus follement dans mes veines, je recouvre un semblant de calme et... Oh non! Voici que tout se précipite de nouveau, s'amplifie, se transforme en une ignoble cacophonie de sons stridents et sourds, tout à la fois - mais est-ce seulement possible? -, grondements qui font résonner mon crâne transformé en énorme batterie malgré lui, qui colonisent chaque once de mon corps, jusqu'à mon espace auditif tout entier...
Je suis LE BRUIT, je me love à l'intérieur, petit animal peureux, submergé, englouti, noyé... Je n'ai plus d'entendement autre que ces martèlements sourds qui enflent, enflent, qui font soudain exploser mon jugement et qui annoncent...
Je m'éveille de ce cauchemar, les oreilles bourdonnantes, mon coeur battant à plus de 150 pulsations minutes. Je suis trempé, le drap est noué autour de mon corps, tordu par l'angoisse, tel un boa constrictor. Pour un peu, il m'aurait enserré et étouffé sous sa chaude étreinte. La nuit est cependant sereine, une nuit de juillet où la chaleur est tempérée par une brume à l'humidité bienfaisante. Ma fenêtre est ouverte, les cigales cymbalisent avec la régularité de métronomes, quelques ronflements de motos, au loin, pétarades malodorantes et le grondement lointain d'un long courrier, qui ripe sur le velours du ciel sombre...
Cauchemar récurrent que celui qui vient de me réveiller, ruisselant de sueur. C'est comme si j'avais plongé dans un océan de sons, faits à la fois de vibrations, de rythmes menaçants - mais pourquoi? -, de tremblements bruyants... Je sanglote doucement, ne sachant presque plus où je me trouve. Suis-je encore dans le monde d'avant, celui où mon ouïe était aussi aiguisée que celle d'un animal de la forêt - j'entendais alors jusqu'à la chute de l'aiguille sur le sol carrelé de la salle de bain - ou ai-je définitivement franchi le seuil de ce nouveau territoire, celui de la surdité qui, lentement, tel un cancer dévorant le cartilage du malade, a attaqué mon ouïe? Trompes d'Eustache, cochlée, cellules ciliées, tous les organes les plus fragiles se sont atrophiés ou, pour être plus précis, se sont insensibilisés et me voilà sourd, désespérément imperméable aux modulations de la voix, au chant d'un insecte, au rythme d'un guitariste...
Tempo, tout est tempo dans notre vie et j'en suis privé, orphelin de cet organe, définitivement, hors du monde normal, à jamais phénomène de foire... Je suis allongé, incapable de bouger et je perçois un mouvement, dans un coin de la pièce. L'infirmière vient d'entrer dans la chambre, elle s'approche du lit, dialogue avec moi en langage des signes. Je rechigne à parler alors que je le peux encore. Je n'ai envie que d'une chose: que toute cette comédie tragique se termine.
Je ne veux plus être ce bout de chair, aux bras et aux jambes manquants, suite à ce stupide accident qui m'a privé de mes instruments de travail. "Encore un cauchemar, Maître?" fait la femme en prenant un air de circonstance. J'ai envie de lui cracher mon mépris. Et ma douleur.
"Maître"? Maître de l'Infortune, oui, moi qui dansait comme un Dieu, qui chantait comme un des meilleurs ténors de la planète... Moi qui ne suis plus aujourd'hui que ce tronc tordu par la souffrance lorsque je n'ai pas ma dose d'antalgiques. Moi qui, tout récemment, gardait deux de mes cinq sens encore intacts... Et voilà que l'ouïe, à son tour, me fait défaut. Je sens que, très bientôt, c'est la parole qui va se faire la malle, la garce!
Tempo... La parfaite exécution de l'oeuvre musicale induite par un corps sain dans un environnement sain n'est plus de mon ressort. Plus rien n'est saint, chez moi, même pas ma pensée qui commence à s'embourber dans des ratiocinations de vieillard sénile...
Plutôt replonger dans le rêve-cauchemar, retrouver le tempo, les rythmiques, les accords de guitare.
"Je-veux-de-la-morphine" annonai-je d'une voix étrange, que je perçois à peine. L'infirmière obéit à regret, je le sens, et aussitôt, venu du fond des âges, drums, balafons et percussions affleurent à la surface de mon subconscient... m'extrayant de ce monde qui n'est plus mien...
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"J'avais dit le couteau entre les dents!
Et c'est quoi ce machin sur le crâne?
Un sablier?
- Tu sais où je vais te le fourrer
ce couteau, hein?"
Jeff Chandler , Scott Brady dans
Les boucaniers de la Jamaïque (Yankee Buccaneer)
(Ça bardait chez les pirates...)
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"La première fille, elle est pour moi, John-aux-grosses-bottes!
- Heu, t'es sûre de ton texte, là?
- Pourquoi? Y'a un problème?
- Non, t'inquiète, j'aime ça aussi les inverties..."
Suzan Ball dans
Les boucaniers de la Jamaïque (Yankee Buccaneer)
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"Ouaip, Errol, il y a dans le canot toute notre cargaison d'alcool...
et cette salop... est en train de couler.
- Par le Rhum Sacré de la Jamaïque!
Ça n'est vraiment pas de chance..."
Errol Flynn, Anthony Quinn dans À l'abordage (Against All Flags)
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"Vous voyez bien que je n'ai pas fait graver une fleur sur mon dos...
Je suis pas une fillette, quoi!
- Mouaif, ça veut rien dire..."
Errol Flynn
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