Bonjour à vous qui, dans le maelström du net, êtes arrivés, par hasard? lassitude? erreur? sur ce blog. Vous êtes les bienvenus. Vous y lirez des extraits d'articles, de pensées, d'interviews, piochés ça et là, et illustrés de photos et dessins détournés, via un humour de bon aloi. Vous pouvez évidemment réagir avec le même humour, la même ironie que nous mettons, chaque jour, à tenter de respirer un peu plus librement dans une société qui se corsète chaque fois un peu plus.

mardi 21 mai 2013

"La poudre de Perlimpinpin fut cotée en Bourse". Jacques Damboise in "Pensées inconvénientes".

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Pensées pour nous-mêmes:

(NUL AUTRE QUE NOUS
NE DÉCIDE DE CE QUE 
NOUS NE SERONS PAS)

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LONG RÉCIT AU LONG COURS (1/14)
pcc Benoît Barvin et Blanche Baptiste



   Pour rendre à Adrien, son bien-aimé, une peau douce, la jeune Elaine Cantagril a poussé le jeune homme à utiliser des crèmes qui semblent avoir été à l'origine d'un horrible empoisonnement...

ANGÉLUS
ou
LES SECRETS DE L’IMPALPABLE



   L’ancien Adrien, celui qui la tenait étroitement serrée contre son poitrail velu et qui l’accablait de douces caresses, cet Adrien-là avait disparu. Ne restait plus qu’un vieillard décharné, grelottant et exhalant une terrible odeur de mort. C’était cet homme qui lui disait : 

   - Je vais mourir, Elaine. Ces drogues m’ont empoisonné le sang. J’en ai pris tant et tant... Oh, que Dieu veuille me pardonner. J’ai attenté à sa Création même... Elaine ! 

   Bouleversée, la jeune femme avait pris entre ses mains si douces le visage décharné d’Adrien. Sous ses doigts, la peau de l’Aimé était rêche, crevassée et légèrement suintante. 

   - C’est ma faute à moi, sanglota-t-elle. Jamais je n’aurais dû te pousser à prendre ces onguents. Je suis une criminelle... 

   - Non, ma chérie, non... Je te pardonne. Tu ne savais pas... J’ai affronté Dieu et sa sanction, pour effroyable qu’elle soit, est amplement méritée... 

   - Dis-moi au moins, je t’en conjure, où, dans quelle ville, as-tu acheté ces drogues ? Est-ce en allant à Rodez ? Ou à Aubenac, peut-être ? 

   Adrien s’était soudain figé, les yeux exorbités. Un peu de bave avait coulé hors de sa bouche édentée. Il avait tendu la main vers Elaine qui, figée par l’effroi, regardait ces griffes inhumaines s’approcher d’elle. Elle avait enfin esquissé un geste de recul alors qu’une odeur épouvantable envahissait la pièce. 

   Puis le jeune homme s’était effondré sur le côté, tel un pantin dont on cisaille les cordes. 

   Ce n’est que deux heures plus tard qu’Elaine avait prévenu la famille du décès d’Adrien. Entre temps, après une longue réflexion, elle avait mis dans un sac le pot d’onguent entamé dont s’était servi son fiancé avant son accident, puis elle avait rassemblé quelques vêtements avant de partir pour le monastère le plus proche. Bourrelée de remords, elle voulait y faire une longue retraite afin de payer sa dette. 

*** 

   Elaine se secoua. Les regrets ne servaient à rien. Il lui fallait vivre, à présent, et tâcher de retrouver un peu de sérénité. La présence de Sœur Jeanne l’y aidait, car elle s’entendait bien avec la novice. 

   En raison de sa jeunesse, la religieuse avait le plus grand mal à respecter les règles de la communauté. Âgée d’à peine dix-huit ans, elle gardait au fond d’elle-même un reste d’espièglerie qui la faisait souvent pouffer, à la grande colère de Soeur de la Miséricorde. Ainsi avait-elle trouvé, en Elaine, une compagne de jeu et tous les prétextes lui étaient bons pour lui rendre visite. 

   La jeune femme en tirait un grand profit. Le remords qui la taraudait trouvait dans la relation avec la religieuse un baume qui, jour après jour, apaisait sa douleur. Cela ne l’avait pas empêchée de faire, deux nuits de suite, le même cauchemar. Elle voyait Adrien se lever et pointer un doigt accusateur vers elle. Ce doigt n’était plus qu’un os rongé duquel pendaient des lambeaux de chair putride. 

   - Tu es responsable, grondait Adrien. Regarde ce que je suis devenu ; tout cela à cause de ton sot désir des apparences... Qui étais-tu pour me demander de devenir aussi beau qu’un preux chevalier ? Ne te satisfaisais-tu pas de mon honnêteté au travail, de ma fidélité de sentiments, ni même de ma robustesse qui, souviens-toi, t’a souvent fait hurler de plaisir, mon Aimée ? 

   Elaine, incapable de bouger, le voyait se lever et s’approcher d’elle. Son corps n’était qu’une gigantesque plaie purulente et lorsqu’il se collait à elle, elle sentait la moiteur des chairs rongées, la viscosité de ses bubons dont certains, à son contact, éclataient en éruptions brûlantes. Ce poulpe aux ventouses dégoulinantes de pus cherchait à s’arrimer alors à Elaine. Figée par une terreur sans nom, la jeune femme voyait le mort-vivant avancer vers elle une bouche avide. 

   C’était l’instant où, au prix d’un effort désespéré, la jeune femme réussissait à jaillir du cauchemar, trempée, le coeur battant à tout rompre, les yeux noyés de larmes et, jusqu’à l’aube, elle ne parvenait pas à se rendormir, priant Dieu qu’il lui pardonne et murmurant tout bas le prénom d’Adrien, comme pour conjurer le sort...
***
(A Suivre)


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"Oui, oui, nous adorons nos légumes naturels...
Et eux-aussi s'adorent..."


Bio et hyperproductive : 
la ferme magique d’un agriculteur québécois
THIBAUT SCHEPMAN

   (...) Jardinier-maraîcher ? Fermier de familles ? Jean-Martin Fortier lui même a du mal à qualifier son métier. Ce canadien de 35 ans exploite depuis 2005 la ferme des Jardins de la Grelinette, à Saint-Armand, à quelques kilomètres de Montréal, au Québec. Sa ferme est une micro-ferme. Elle mesure moins d’un hectare, loin de la taille moyenne d’une exploitation française qui est de 55 hectares.

   Avec sa compagne, ils appliquent des techniques découvertes en voyageant et travaillant dans des fermes notamment au Nouveau-Mexique et à Cuba. Dans ces exploitations, les fermiers produisent beaucoup de légumes, sans pour autant utiliser de tracteur ni d’intrants, le tout sur une très petite surface. Ils ont suivi leurs traces, et viennent d’écrire un livre pour expliquer leurs méthodes : Le jardinier-maraîcher (Ecosociété, 2012). De passage en France, Jean-Martin Fortier a expliqué sa démarche à Terra eco (1).

   (...)  - Terra eco : Pourquoi avez-vous souhaité travailler sur une très petite surface, ce que personne n’avait jamais fait au Québec ?

   /Jean-Martin Fortier : Nous souhaitions démarrer notre production, mais nous n’avions pas les moyens d’investir beaucoup. On a été obligés de viser petit en quelque sorte, même si nous avions pu voir au cours de nos voyages que d’autres le font déjà ailleurs et que cela marche. Après coup, nous avons même réalisé que la plupart de nos méthodes s’inspirent de ce que faisaient les maraîchers au XIXè siècle, notamment en France autour de Paris. On n’a rien inventé, c’est juste une autre façon de penser.

     - Pouvez-vous résumer votre méthode de production, que vous appelez bio-intensive ?

   / Puisque nous travaillons sur une petite surface, il nous a fallu intensifier au maximum notre production. L’une des solutions est de ne pas organiser les plantations avec les traditionnels rangs, qui sont pensés pour laisser passer les tracteurs. Nous travaillons sur des bandes de terre surélevées, que nous appelons « planches ». Ces planches ne sont jamais labourées, jamais retournées, et alimentées régulièrement avec de la matière organique, pour disposer d’un sol intact et d’excellente qualité où les racines vont pouvoir descendre en profondeur. Les légumes y poussent très serrés, si bien que quand ils sont aux trois quarts de leur croissance, les extrémités des légumes se touchent, ce qui limite la lumière, et garde l’humidité. On a alors un terrain idéal pour les vers de terre et ça limite la pousse des mauvaises herbes. Au final, nous avons revisité toutes nos techniques de travail pour se concentrer sur la qualité du sol, pour avoir le sol le plus riche et le plus meuble possible.(...)

   (...) - Ce modèle est-il rentable économiquement ?

   / Tout à fait. On produit beaucoup de légumes sur une saison qui est pourtant assez courte au Québec. On réussit à nourrir plus de 200 familles, qui payent 25 dollars canadiens (18 euros) par semaine pour des paniers pouvant nourrir 2 à 4 personnes. Nous avons dégagé un chiffre d’affaires de plus de 130 000 dollars en 2011 (97 000 euros). La plupart des Amap (Association pour le maintien d’une agriculture paysanne) parviennent à ces chiffres avec 5 hectares de terrain et des outils mécanisés. 

   Nous avons moins de coûts, nous avons démarré avec seulement 36 000 dollars d’investissements (26 000 euros), et nous arrivons à dégager plus de 45% de marge nette. Et ces méthodes ne donnent pas juste du rendement, cela donne aussi une efficacité et une grande qualité de travail. Je n’utilise pas la qualité de mon système pour en faire plus, mais pour en faire suffisamment pour avoir aussi du temps à passer avec les enfants. Nous avons donc aussi une bonne qualité de vie.

   - Dans votre livre, vous expliquez que vous transplantez vos légumes, que vous utilisez des serres chauffées et des engrais commerciaux... On est loin de techniques plus neutres, comme la permaculture. Vous devez faire des compromis ?

   / La différence majeure, c’est que la permaculture est peu intensive et vise la productivité sans effort. Mais je ne suis pas sûr qu’on puisse vraiment vivre de la permaculture. Cela dit, nous tentons d’utiliser le moins de carburants fossiles, cela nous coûte à peine 5 000 dollars par an (3 700 euros), en alimentant par exemple notre camion de livraison avec de l’huile végétale de récupération.

(1) Cet entretien a été réalisé à la ferme bio d’Eric Chatelet à Longpont-sur-Orge (Essonne), lors de la formation « S’installer en maraîchage sur une petite surface », organisée par la couveuse d’activités agricoles les Champs des possibles.

Lire sur:


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(Plante des villes remerciée par Plante des champs
pour son apport à la Nature)



Poison Ivy > Batman - Poison Ivy et SuperGirl

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"Puisqu'on vous affirme que nos visages 
d'extra-terrestres sont na-tu-rels!
Pourquoi ne nous croyez-vous pas?"


Seins, sexe, cuisses, pieds : 
cartographie du corps rêvé
Sophie Gourion

   (...) Le marché de la chirurgie esthétique ne connaît pas la crise et ne s’est jamais aussi bien porté en France. Une étude de Xerfi estime que ces actes augmenteront de 2% par an d’ici 2015, tandis que les traitements non invasifs (toxine botulique par exemple) progresseront de 12% par an.

   Le phénomène est mondial : la croissance annuelle du marché de l’esthétique médicale devrait être de 10% et atteindre 7,1 milliards d’euros entre 2013 et 2017. Alors que les mammoplasties verront leur progression s’essouffler, d’autres secteurs plus lucratifs prennent déjà le relais, surfant sur une nouvelle vague de complexes.

   « Has been » le nez trop long ou les seins trop petits : les femmes doivent désormais s’inquiéter de savoir si leurs mamelons sont assez foncés, leurs aisselles suffisamment blanches ou si leur vulve n’est pas trop grande. Lèvres, bras, cuisses, pieds : aucune zone n’est désormais épargnée par cette dictature effrénée de l’apparence. (...)

   (...) « Etre belle des pieds à la tête », jamais cette injonction n’aura été autant d’actualité. Le « Loub job » (abréviation de « Louboutin ») (2) fait désormais fureur au Royaume-Uni. Une opération qui consiste à injecter du collagène (ou sa propre graisse) dans le talon et les coussinets des pieds afin de rendre le port des stilettos(1) plus agréable.

   Symbole de ce succès, les demandes de « Loub jobs » ont augmenté de 21% en 2011. L’intervention, qui coûte 550 dollars, doit être renouvelée tous les six mois.(...) 

   (...) La chirurgie esthétique et les diktats de la beauté n’échappent pas à la mondialisation, érigeant en norme la femme blanche, blonde et mince. Dans son essai « Beauté fatale », Mona Chollet révèle ainsi que dans le magazine « Vogue » chinois, les blondes aux yeux clairs avaient raflé huit couvertures sur douze en 2010.

   Une uniformisation de la beauté et de la chirurgie esthétique qui saute aux yeux lorsque l’on observe les photos des vingt candidates à l’élection de Miss Corée du Sud. Un cliché qui a fait le tour du Web tant les visages de ces jeunes filles étaient interchangeables : mêmes yeux, mêmes mentons, mêmes nez… obtenus à coup de bistouri.

   Sur le Net, quelques voix s’élèvent néanmoins pour dénoncer ces diktats esthétiques irréalistes à travers des initiatives participatives. Un Tumblr intitulé Large Labia Project (projet grosses lèvres) regroupe ainsi les photos de vulves envoyées par les femmes. La créatrice du site explique :

   « Une génération entière de jeunes femmes qui ont grandi en ayant accès à Internet découvrent leur corps et la sexualité à travers ce média. Souvent, la première et unique manière dont les filles peuvent jeter un œil à l’appareil génital d’autres filles, c’est via la pornographie, qui donne une vision biaisée de ce à quoi ressemblent les vraies femmes. »

   Le site Normal Breast Gallery fonctionne sur le même principe : partager les photos de seins envoyées par les femmes afin de démontrer à quel point l’image renvoyée par les médias est irréaliste.(...) 

   Pas sûr que ce genre d’initiatives, certes louables, suffise néanmoins à compenser les perpétuelles injonctions de la presse féminine, véritables sous-marins publicitaires de l’industrie cosmétique. Dernier exemple en date, le magazine Elle, dont la rédaction a passé au banc d’essai plusieurs crèmes minceur avant l’été. Une journaliste annonce son objectif avant le test : «Rester tonique et ferme de partout et m’affiner des genoux, surtout du gauche, où j’ai une petite bosse de gras plus importante qu’à droite.»

   Après l’écart entre les cuisses érigé en norme esthétique, voici désormais le régime minceur du genou (gauche). Avec une telle imagination, les chirurgiens ont encore de beaux jours devant eux. Nos complexes aussi. (...) 

(1) Les stilettos sont des escarpins dont le talon, obligatoirement, fin mesure plus de 10 cm. L’origine du mot nous vient tout droit d’Italie où "stilo", veut dire petit couteau ou autrement dit poignard. Donc vous l’aurez compris : ce qu’il faut retenir c’est l’immense talon hypra fin qui caractérise cette chaussure 

(2) Opération consistant en l'injection de collagène dans le talon et les coussinets des orteils, et permettant de supporter les talons aiguilles


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Luc Desle

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