Bonjour à vous qui, dans le maelström du net, êtes arrivés, par hasard? lassitude? erreur? sur ce blog. Vous êtes les bienvenus. Vous y lirez des extraits d'articles, de pensées, d'interviews, piochés ça et là, et illustrés de photos et dessins détournés, via un humour de bon aloi. Vous pouvez évidemment réagir avec le même humour, la même ironie que nous mettons, chaque jour, à tenter de respirer un peu plus librement dans une société qui se corsète chaque fois un peu plus.

lundi 30 septembre 2013

"Il brillait de mille feux, ce gigantesque incendie". Jacques Damboise in "Pensées inconvénientes".

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Pensées pour nous-mêmes:

(LE VALET DU MAÎTRE
EST-IL SON MAÎTRE?)

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"Mais t'es dingue! Certains réseaux sociaux
n'attendent que ça pour te blacklister!"



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(Avion présidentiel vénézuélien après 
son passage en maintenance chez Airbus)




Le Venezuela bolivarien affronte 
une dangereuse campagne de déstabilisation
Jean ORTIZ

   (...) Depuis la mort de Hugo Chavez, l’opposition vénézuélienne et les Etats-Unis considèrent que "le Venezuela est à prendre".

   Une vaste campagne de déstabilisation économique et politique est engagée, assez semblable à celle que connut le Chili de Salvador Allende : sabotages électriques, économiques, violences de rue, organisation de pénuries de produits de base, d’une spéculation tous azimuts... L’objectif de l’opposition est de créer un climat de chaos qui permette à la fois de gagner les prochaines élections municipales, de défigurer l’image extérieure d’un pays qui serait devenu "dangereux", "incertain", "liberticide"... Le grand parti de l’opposition : Fedecamaras, l’équivalent du Medef, flanqué de la droite, de l’extrême droite et de trois partis affiliés à l’ex Internationale socialiste, compte sur cette stratégie pour susciter à terme et si nécessaire, une intervention des Etats-Unis, pas forcément armée.

   L’autre axe de cette stratégie "à la chilienne" est l’élimination physique du nouveau président Nicolas Maduro, qui a acquis un poids et une dimension qui inquiètent "l’empire". Washington et ses satellites considéraient ce "vulgaire chauffeur de bus", ce "syndicaliste primaire", comme incapable de prendre la relève de Chavez. Il est vrai que le défi était et reste énorme, mais Nicolas Maduro s’avère compétent, lucide, énergique et innovateur. Il a mis en place "le gouvernement de rue" et s’attaque enfin concrètement à l’insécurité, la corruption... Il est donc l’homme à abattre pour liquider la révolution.

   L’affaire de l’AIRBUS 319 CJ, acheté en 2002 à Airbus, s’avère très troublante. L’avion présidentiel est resté récemment cinq mois en France pour révision. Il est revenu au Venezuela avec une fuite de carburant et "un problème sur une aile". Des anomalies (sabotages ?) détectées par la Sécurité et les techniciens vénézuéliens. Un porte-parole d’Airbus a répondu à Caracas que l’avion avait été effectivement révisé en France mais qu’Airbus "ne s’occupe pas de la maintenance". Alors qui ? Réponse peu satisfaisante... Chacun connaît la compétence du personnel d’Airbus et son niveau d’exigence. Que s’est-il donc passé ? La direction d’Airbus doit s’expliquer en tant que telle, à visage découvert, sinon elle pourrait être accusée de complicité de sabotage et de tentative d’homicide sur la personne du président vénézuélien, et se retrouverait dans de sales draps...

   Cette nouvelle affaire d’avion présidentiel vénézuélien, après celle de l’avion du président bolivien Evo Morales, doit susciter une solidarité redoublée des démocrates français avec ces pays et ces peuples engagés dans la construction, dans un cadre démocratique, pluraliste, pacifique, d’un "socialisme d’aujourd’hui". (...)


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"Et une... Deux... Trois...
Allez! C'est mou tout ça! 
Un peu de coeur à l'ouvrage, Nom de Dieu!"


Made the gif; source animation here.

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Luc Desle

dimanche 29 septembre 2013

"Il éclaira à la bougie ses idées noires". Benoît Barvin in "Pensées pensées".

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Pensées pour nous-mêmes:

(LE MAÎTRE QUI EST EN TOI
Y EST BIEN AVANT TA NAISSANCE)

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   Nathalie Estrella est super nostalgique ce dimanche. Sa vie sentimentale doit en être la cause... A moins que ce soit les excellentes nouvelles du Monde qui l'incitent à se pencher sur les amours à obsolescence programmée... 
   Toujours est-il que la voilà qui associe Coralie Clément, jolie chanteuse française à la Samba évidemment triste, à Daphné, dont "L'homme à la peau musicale" vaut déjà pour le titre.
    Bonne écoute à toutes et à tous! 

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Coralie Clément - Samba de Mon Coeur qui Bat


Samba De Mon Coeur Qui Bat :

Mon dieu que c'est lâche
Que c'est facheux
Quelle tragédie, quel tracas
Mon dieu que c'est vache
Mon amoureux est reparti là -bas
Mon dieu que c'est triste
Il m'aimait si peu
Moi je l'aimais tant je crois
Mon dieu tu t'en fiches
Toi tu n'as d'yeux
Que pour une autre que moi
Même si le temps passe
Je n'oublie pas

La samba
La samba des jours avec toi
La samba des jours avec toi
La samba de mon coeur qui bat
La samba
La samba des jours avec toi
La samba des jours avec toi
La samba de mon coeur qui bat
Samba de mon coeur qui bat

Mon dieu que c'est moche
C'est ennuyeux
Tu t'es joué de moi
Mon dieu que c'est cloche
De se dire adieu
Et Paris est si froid
Mon dieu si tu existes même un peu
Ramène-moi
Mon aquarelliste
Si vaniteux
Qui ne peignait que moi
Même si le temps passe
Je n'oublie pas


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Daphné - L'Homme A La Peau Musicale



L'homme A La Peau Musicale:

oh .. oh ..oh
la la la la la la la la la la
la la la la la ..la

la nuit avait ses yeux de tigre
elle rougissait comme un lion
je vais revoir le dernier vertige 
au quartier nord de lady waho

la la la la la la la la la la
la ah lala la.. la

non il n'est pas cracheur de flammes
mais pas non plus lanceur de couteaux
c'est l'homme à la peau musicale
du cirque d'or de lady waho

ses yeux font ho ah la la la la la la la la
ho ah la la la
ses mains font ho ah la la la la la la la la
ho ah la la la
sa bouche fait ho ah la la lala la la la la
oh ah la la la..
qu'est ce qui fait courir les femmes
c'est le désir véritable
qu'est ce qui nous fait courir aux larmes
c'est le frisson sidéral

avec lui il n'y a rien à dire
tous les mots fleuves sont illusions
une peau qui parle le désir 
est la plus rare de toutes les potions
et mes yeux font ho ah la la la la la la la la
oh ah la la la..
ma bouche fait ho ah la la la la la la la la
oh ah la la la
mes mains font ho ah la la la la la la la la
oh ah la la..


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Bientôt - Coralie Clément


Si de notre amour

Si de notre amour
Il ne restait rien
Si de notre amour fol
Nous étions orphelins
J'attendrai toujours
J'attendrai pour rien
Car vivre sans amour
Je ne le pourrai point

Si de notre amour, hélas,
il ne restait rien d'autre
qu'une goutte d'eau
Je serai là
toujours s'il le faut
Et si par malheur, hélas,
Nous n'étions l'un pour l'autre qu'un défunt duo
Je partirai bientôt

Si de notre amour
Il ne restait rien
Rien d'autre qu'un désert
Un désert sans fin
J'attendrai tous les jours
J'oublierai mon chagrin
Et j'apprendrai à vivre
Avec l'amour en moins

Si de notre amour, hélas,
il ne restait rien d'autre
qu'une goutte d'eau
Je serai là
Toujours s'il le faut
Et si par malheur, hélas,
Nous n'étions l'un pour l'autre qu'un défunt duo
Je partirai bientôt


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Nadine Estrella

samedi 28 septembre 2013

"Ce boxeur raconta sa carrière sans prendre de gants". Jacques Damboise in "Pensées inconvénientes".

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Pensées pour nous-mêmes:

(QUAND TU MENS,
C'EST D'ABORD A TOI-MÊME)

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"Comment ça, vous ne voulez plus que je
m'occupe de votre problème de cataracte?!
Et pourquoi donc?"


Ray Milland in "The MAN WITH THE X-RAY EYES" (1963)

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"Et tu oses me dire que tu n'as pas encore
rempli le document 2332324333XS? N'as-tu
pas honte, petit humain?"


Ces tâches « à la c... » 
qui vident nos métiers de leur intérêt

Mathieu Deslandes

   (...) / Rue89. Des tas de gens ont le sentiment d’exercer un travail assez inutile, au fond. Qu’ont en commun les métiers qu’ils exercent ?

   - Béatrice Hibou. Ce qui me semble être le dénominateur commun de ce sentiment d’inutilité, c’est l’impression que le travail est de plus en plus bureaucratisé.

   Le travail est envahi d’à-côtés, qui souvent prennent une part majoritaire du temps de travail, et qui éloignent du cœur du métier, obligeant à faire des tâches administratives, à suivre des règles, à respecter des procédures, à se préoccuper de la sécurité ou de la qualité des tâches accomplies, et plus encore à vérifier et montrer que cela est effectivement fait, en remplissant des fichiers, en cochant des cases, en faisant du reporting, en évaluant le temps utilisé pour faire telle ou telle tâche, en organisant contrôle, audit et évaluation…

   Tel est le cas de l’Appel des appelsqui a réuni aussi bien les professionnels de la santé, de l’école, de l’université que des services sociaux. La médiatisation des « suicides au travail » et du développement du « harcèlement moral » en sont aussi un symptôme. C’est un phénomène de plus en plus dénoncé par les mouvements protestataires ou défenseurs du service public, car c’est là certainement que les gens se sentent le plus touchés dans leur sens du métier.

  / Y a-t-il de plus en plus de « boulots à la con », pour parler comme Graeber ?

   - Si Graeber met le doigt sur un phénomène de plus en plus prégnant, je ne suis pas entièrement d’accord avec lui dans son interprétation. Je ne pense pas qu’il y ait des «boulots à la con » en soi, des boulots que l’on puisse identifier comme « à la con ».

   Ce que l’on observe, c’est que les boulots ont, à des degrés divers, une part de tâches « à la con » si je reprends son vocabulaire, et que cette part devient certainement de plus en plus grande.

   Si on conceptualise ce phénomène en termes de « bureaucratisation », on se rend compte que c’est un phénomène aussi vieux que le capitalisme (ou le socialisme), autrement dit aussi vieux que l’organisation rationnelle de l’économie capitaliste (que le capitalisme soit privé ou d’Etat).

   Les pères de la sociologie et de l’économie politique comme Marx ou Weber l’avaient déjà souligné et en avaient fait un élément central de leurs travaux. Weber rappelait que « capitalisme et bureaucratie se sont rencontrés et sont devenus inséparables » ! (...)

Béatrice Hibou. Directrice de recherche au CNRS, elle a ausculté, dans ses derniers livres, les tâches inutiles qui envahissent le travail.

Lire la suite sur:


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"Tiens, un motel...
 Ça te dirait qu'on y fasse... hum...
- Hum?
- Enfin, tu me comprends...
- Bon, OK.
 Mais d'abord je dois prendre une douche..."



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Benoît Barvin

vendredi 27 septembre 2013

"Il sortait parfois ses pauvres de ses usines pour les aérer un peu". Benoît Barvin in "Pensées pensées".

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Pensées pour nous-mêmes:

(BOIS LE LAIT DE LA JEUNESSE ÉTERNELLE)

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(Capitalism against Capitalism)



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(Bonne façon de saluer les Etats-Unis,
sauveurs de la planète)




L’influence étasunienne
 en Amérique latine en chute libre
Mauricio SAVARESE

   (...) L’Amérique aux Étasuniens – c’est la pierre angulaire de la politique étrangère des États-Unis. Cette doctrine, introduite il y a 190 ans par le président James Monroe, signifie ceci : les étrangers restent en dehors de l’arrière-cour des États-Unis. Pendant des décennies, elle [la politique étrangère américaine] a également eu de bons rapports avec les élites de l’Amérique latine. Ils ont même promu dictateurs des généraux qui aiment suffisamment Washington. Eh bien, ces jours sont désormais révolus.

   Contrairement aux Européens, qui ne sont que clins d’œil et sourires complices pour les États-Unis dans le scandale de surveillance de masse, l’Amérique latine est en colère. Dans un mouvement radical, la présidente brésilienne Dilma Rousseff, une modérée, a décidé d’annuler une visite officielle à Washington. Les gens de gauche de la région sont maintenant plus agressifs et ceux de droite ont été contraints de prendre la parole. Des experts américains peuvent insister sur le fait que l’attention est focalisée sur la Syrie, mais la révolte est en train de monter dans l’arrière-cour. Les scandales de la National Security Agency (NSA) ont fait qu’il n’était plus possible pour les dirigeants de la région de garder le silence sans passer pour des faibles.

   Le camouflet du Brésil a les plus grandes implications. La décision a été prise après que Mme Rousseff a découvert que ses communications personnelles avaient été espionnées. Chaque dirigeant sud-américain a appelé à la soutenir, y compris Juan Manuel Santos en Colombie, le seul proche allié de Barack Obama qui reste dans la région. Elle a promis d’attaquer la surveillance de masse aux Nations Unies. Boeing est désormais susceptible de perdre un contrat de 4 milliards de dollars sur des avions de chasse.

   Sans le Brésil qui servait de tampon, la gauche latino-américaine s’est enhardie. Evo Morales de la Bolivie a dit qu’il allait poursuivre Obama devant les tribunaux internationaux pour violation des droits de l’homme après que Nicolas Maduro du Venezuela a été empêché pendant quelques heures de survoler Puerto Rico. Ces deux dirigeants et Rafael Correa de l’Équateur vont probablement pousser d’avantage pour faire venir Edward Snowden en Amérique du Sud. Après le décès de Hugo Chavez, ils avaient besoin d’un programme commun pour améliorer leur tactique.

   Les révélations sur la NSA ont également eu pour effet que Cristina Kirchner de l’Argentine tende la main au Brésil pour améliorer sa défense cybernétique. Les pays de la région sont désormais attentifs à ce projet afin de développer leurs propres systèmes de messagerie : spécialement conçu pour ceux qui ne veulent pas de comptes Google et Yahoo qui permettent l’espionnage par les services de renseignement étasuniens. Ce sont des représailles ouvertes, mais beaucoup plus de choses pourraient arriver derrière les portes closes. La présence américaine est toujours importante, mais maintenant que l’étoile de la Chine monte rapidement en tant que partenaire commercial de l’Amérique latine, la pression est sur les États-Unis.

   L’influence de Washington est si faible à l’heure actuelle que même le président conservateur Enrique Peña Nieto du Mexique a été contraint de s’exprimer et d’exiger une enquête. La pression politique ne lui donne pas d’autre alternative que de condamner la NSA pour avoir volé des données sur ses choix ministériels. Sebastián Piñera du Chili a également dû entrer dans la bataille. Ces dirigeants ne sont pas surpris par la surveillance elle-même, mais la portée de celle-ci était tout simplement trop grosse.

   Les temps sont irrémédiablement en train de changer. L’Amérique pourrait être en voie d’appartenir à tous les Américains, et cela inclut aussi les Latino-Américains.

Mauricio Savarese est journaliste depuis 2003. Blogueur sur les affaires brésiliennes, il contribue à RT en anglais et en espagnol. Il a été reporter à l’agence Reuters, UOL et Yahoo.

Traduction : Avic


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"Et si on était tous frères et...
AIE!"



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Luc Desle

jeudi 26 septembre 2013

"Cet homme politique qui parlait de renouveau portait un sonotone". Benoît Barvin in "Pensées pensées".

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Pensées pour nous-mêmes:

(LE VRAI N'EST PAS FORCEMENT 
DÉJÀ ECRIT)

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(L'horrible suceuse de pouce était insatiable)



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"Une Révolution? Pfff...
Donnez-leur un portable, flattez leur Ego,
et que vogue le navire..."


Conrad Veidt

Yannick Haenel, 
« La révolution est une expérience physique »
Entretien, par Clémentine Autain

   (...) / Regards.fr. On n’écrit pas un livre sur l’irruption révolutionnaire par hasard… Qu’est-ce qui vous a conduit à ce récit ? Pourquoi ce livre ? Pourquoi maintenant ?

  -  Yannick Haenel. Je n’aurais pas eu l’idée d’écrire "Les Renards pâles" il y a dix ans. Les rapports de force se sont durcis et il y a eu des choses précises qui m’y ont conduit. J’ai été frappé par le nombre de suicides en entreprise, en France comme en Italie où je vis maintenant. Ces suicides ne sont pas seulement ceux d’employés asservis mais touchent aussi de jeunes chefs d’entreprises. Et puis, un fait divers en Grèce, que l’on retrouve dans mon livre, m’a bouleversé : un clochard qui dormait dans une benne à ordure a été broyé dans une poubelle. C’est le traitement des déchets… humains. J’ai vu l’irracontable qu’il fallait raconter : cette société qui broie et transforme les individus en déchets. J’étais en train d’écrire un livre sur un personnage tentant de reconquérir un sentiment politique. J’écrivais sans idée de suite, une sorte de panorama sur le fait que le rapport à la vie concrète politique relève du dégoût. Un sentiment antipolitique s’est diffusé.

   Dans "Les Renards pâles", le personnage ne sait même pas qu’il y a des élections le jour du vote pour la présidentielle. C’est ce non contact avec la politique que je voulais raconter, et aussi le réveil qui se produit avec des rencontres. Sous Sarkozy, quand je revenais en France alors que je vivais à Rome, mes copains me racontaient des choses terrifiantes sur l’atmosphère, notamment la violence policière, le délire sécuritaire. Le politique s’est dénaturé : il n’exerce plus son pouvoir que dans le contrôle social, l’autoritarisme. Associé au règne du libéralisme économique, il y a une cohérence dont je voulais parler.

   / En vous lisant, j’ai été frappée par la place des corps. « Être là », dites-vous : c’est la présence des corps comme geste politique, à l’instar de ce que revendiquent les Indignés par exemple. Vous parlez aussi de la mémoire, de l’histoire politique, qui « traverse les corps disponibles ». La révolution passe par le corps ?

   - La révolution est une expérience physique. Il s’agit de regagner des forces, celles de l’insurrection possible, par le corps. J’aime beaucoup cette phrase de Walter Benjamin : « Procurer à la révolution les forces de l’ivresse. » C’est la manière dont les corps sont transportés et se rencontrent, d’où la fin du livre qui met en scène une rencontre érotique. Les Indignés ou les Anonymous m’ont évidemment inspiré. Depuis quelques années, brandir un masque est devenu un acte de rébellion. Et pour cause : c’est interdit et les caméras partout nous surveillent !

   Sans slogan, sans mot d’ordre, la présence suffit. Nous sommes dans une période de saturation de la communication qui empêche l’audition : on n’entend plus le discours politique. Donc ce sont les corps des gens qui se rassemblent en silence, qui interpellent. "Les renards pâles" ne disent rien. Mais même sans mot, il y a un sens à se rebeller : le retournement complet des rapports de force. Le fait que des gens qui vivent à la marge de la société se mettent ensemble au centre, occupent le centre (dans mon livre, ils sont place de la Concorde par exemple), c’est déjà la révolution. Ceux qui n’occupent aucune place reconnue prennent la place.

   / Vous semblez faire de la figure du sans-papiers le sujet de l’émancipation aujourd’hui, la figure à caractère universelle. La façon dont vous en parlez m’a fait penser à Alain Badiou. Vous a-t-il inspiré ?

   Je suis d’accord avec cette idée mais j’ai peu lu Badiou, davantage Jacques Rancière. Selon ce dernier, la disparition du prolétaire est remplacée par l’immigré, et a fortiori le sanspapiers. C’est pourquoi les gouvernements tapent particulièrement sur cette population : c’est elle qui pourrait avoir le plus de force insurrectionnelle. Lorsque le champ politique sacrifie des individus, ceux-là ont la possibilité de construire une contre-société, un contre-monde. C’est la société des « sans » : sans-papiers, sans-abri, san semploi. 

   Dans "Les Renards pâles", il n’y a pas de substrat théorique. À travers la déambulation dans Paris, se joue un réveil des mémoires, de la Révolution française, de la Commune. J’ai plus lu Frantz Fanon qu’Alain Badiou. La population masquée que je décris ne se rallie pas autour d’une idéologie mais à partir de gestes simples quotidiens. Ces personnages n’ont pas le temps de lire des livres entiers mais en attrapent des bouts par un nom de rue, des inscriptions sur les murs, des discussions. En 2005, au moment des émeutes en banlieue, événement politique majeur présent dans mon livre, ce sont des bribes qui ont mis le feu aux poudres et non un apprentissage d’école militante.

   / Vous sentez aujourd’hui un climat pré-révolutionnaire ?

   - Toutes les conditions sont là. Mais je suis incapable de dire si la révolution est sur le point d’advenir. Il y a un climat, des bribes. Après… (...)



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"Si la Révolution est proche?
..."


Hertha von Walther in Wilhelm Pabst’s Die freudlose Gasse
 (The street of sorrow), 1925

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Benoît Barvin

mercredi 25 septembre 2013

"Bien qu'il vienne de loin, il habitait tout près". Jacques Damboise in "Pensées inconvénientes".

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Pensées pour nous-mêmes:

(GARDE-TOI DE L'ILLUSION

QUI EST SŒUR DU MIRAGE)


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"Mais je n'ai pas si chaud que ça, vous savez...
- Mais si, mais si..."



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"Moi, j'irradie de bonheur!
- Heu... Vous n'auriez pas une autre illustration
pour l'article, par hasard?"



Fukushima, 
les becquerels dans le Pacifique
 Guillaume Liégard

   (...) L’accident nucléaire survenu à la centrale de Fukushima Daï-Ichi, le 11 mars 2011, est l’un des plus grave de l’histoire. Compte tenu du volume important des rejets, il a été classé au niveau 7 – le plus élevé – de l’échelle internationale des événements nucléaires, ce qui le place au même degré de gravité que la catastrophe de Tchernobyl (1986).

   Depuis maintenant des semaines, il ne se passe quasiment pas un jour sans que l’opérateur privé chargé de l’exploitation de la centrale, Tokyo Electric Power Company (TEPCo), n’annonce une fuite ou un risque de fuite d’eau contaminée. Malgré de nombreuses tentatives, il s’est avéré impossible de stopper le ruissellement d’eau radioactive vers la mer, sans compter les risques sur les nappes phréatiques. L’estimation communément admise évalue à 400 000 tonnes la quantité d’eau pleine de césium, strontium, tritium et autres joyeusetés radioactives enfouie dans le sous-sol ou stockée dans le millier de réservoirs spéciaux montés après la catastrophe. Ce volume ne cesse d’augmenter, à raison de 400 tonnes par jour, car il est impératif de continuer à refroidir les réacteurs pour éviter tout nouvel emballement. (...)

   (...) Le 31 août, le niveau de radioactivité relevé dans un réservoir contenant de l’eau contaminée sur le site de Fukushima s’élevait à 1 800 milliSieverts (mSv) par heure : de quoi tuer en quatre heures toute personne qui y serait exposée. À ce jour, les responsables de Tepco sont toujours incapables d’expliquer les causes d’une telle augmentation du niveau de radioactivité.

   Déjà, le 19 août, un employé a découvert une fuite d’eau sous l’un des réservoirs d’eau contaminée. Près de 300 tonnes d’eau radioactive se sont écoulées dans les sols via des évacuations destinées à l’eau de pluie. A 50 cm de la surface d’une flaque, on a relevé un débit de 100 millisieverts par heure, soit cinq fois la dose annuelle acceptée pour un travailleur du nucléaire. Une nouvelle fois, TEPCo a cherché à minimiser l’affaire, mais l’Autorité de sûreté japonaise l’a classée au niveau 3 de l’échelle internationale des incidents et accidents nucléaires. 

   Le niveau 3 signifie « incident grave », sa définition se caractérise par« Contamination grave ou effets aigus sur la santé d’un travailleur » sur le site nucléaire mais « Très faible rejet : exposition du public représentant une fraction des limites prescrites » en ce qui concerne l’incidence hors site [1]. Les conditions de travail sur le site et l’attitude de la direction de TEPCo à cet égard constituent un problème en soi. (...) 

   TEPCo a évalué la contamination de l’océan Pacifique entre 20 et 40 millions de milliards de becquerels depuis mai 2011. Du fait des capacités de dilution de l’océan, les effets sont à cette étape limités, même s’il est bien trop tôt pour envisager toutes les conséquences sanitaires de ces rejets en mer. Mais nous sommes face à la plus grande contamination en mer de l’histoire, comme le confirme Jérôme Joly, directeur adjoint de l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) dans un article [2] paru dans Le Monde. Et surtout la catastrophe de Fukushima est toujours en cours car 300 tonnes d’eau radioactive se déversent chaque jour dans l’océan

   Pour tenter de contenir ces fuites, TEPCo a construit des barrières pour empêcher les eaux radioactives de se répandre dans le Pacifique, mais elles ne sont pas suffisantes et l’eau provenant des nappes phréatiques a commencé à les submerger. De plus, TEPCo a entrepris l’injection de produits chimiques dans le sol, afin de le solidifier pour contenir la radioactivité… En réalité, du simple bricolage, qui ne parvient pas à résoudre la situation, sans compter que ce sont de nouveaux produits très dangereux qu’on libère dans la nature. « Les mesures mises en oeuvre à ce jour par Tepco ne sont qu’un pis-aller. Cet état de fait ne peut pas perdurer », confirme le directeur adjoint de l’IRSN, un institut public qui n’a pas spécialement l’habitude de crier au loup sur ces questions.
Dans la durée

   Face à l’incapacité de Tepco, le gouvernement a récemment tenu des propos martiaux – « nous allons prendre les choses en mains » – ce qui plus de trente mois après la catastrophe laisse sceptique pour au moins deux raisons. D’une part, le gouvernement a laissé pendant de longs mois la gestion de la catastrophe à ceux-là même qui l’avait provoquée, notamment par le refus de prendre en compte l’évolution des connaissances en géosciences et le refus de tirer les leçons du tsunami de l’océan indien en 2004. D’autre part, il n’y a pas, d’un côté, une société privée et, de l’autre, un gouvernement car l’État japonais est désormais majoritaire au sein de la TEPCo.

   Pour contenir les fuites radioactives, le gouvernement entend créer un « mur de glace » en sous-sol afin d’isoler les eaux contaminées sous la centrale des nappes souterraines. Il s’agira de faire passer dans des tuyaux verticaux une substance réfrigérante pour geler le sol alentour. La réalisation de cette muraille prendra au moins deux ans. Parallèlement, l’autorité de sûreté nucléaire japonaise entend rejeter volontairement en mer de l’eau stockée sur le site après une décontamination partielle et sans doute très insuffisante. Petit problème supplémentaire, le système de décontamination de l’eau à Fukushima, prénommé Alps, est en panne depuis plusieurs semaines…

   La situation semble difficilement gérable et le propre d’une catastrophe nucléaire est de s’inscrire dans la durée. Dans ces conditions, les demandes pour une coopération internationale relèvent du bon sens. Le Premier ministre Shinzo Abe, fervent défenseur de l’énergie nucléaire, s’y est pour l’instant fermement opposé. (...)

Notes

[1] Sur l’échelle internationale.

[2] Le Monde.fr du 21 août.


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"Petit, petit, petit..."

November. By George Petty.
From Esquire, January 1955 (by totallymystified)

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Luc Desle

mardi 24 septembre 2013

"Il lisait le Braille sur le corps nu de ses conquêtes". Jacques Damboise in "Pensées à contre-pet".

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Pensées pour nous-mêmes:

(LE SAGE EST UNE ILLUSION,
L'ILLUSION EST UNE ILLUSION)

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(Le gobeur de Lune en pleine action)


George Pratt "Entropy"

°°°

"Une terroriste, Moi?
Tout juste une douce et belle jeune femme
qui vous fait de l'oeil..."


100% ART
(via rokuroku)


Non, Miss America
 n'est pas une terroriste !
NEETI SARKAR
THE HINDU

   (...) Quand Nina Davuluri est devenue la première Américaine d'origine indienne à remporter le titre de Miss America [le 16 septembre], tweets malveillants et autres commentaires racistes se sont multipliés sur les réseaux sociaux.

   Aujourd'hui, avec la révolution des télécommunications, n'importe qui peut dire n'importe quoi sur le web. La démocratie Internet est une hydre. Les commentaires [racistes] sur Nina y voisinent avec ceux, peut-être plus nombreux encore, qui prennent sa défense. Bina Hanchinamani Ellefsen, une avocate de Seattle, se dit "mal à l'aise face aux commentaires racistes au sujet d'une Miss America d'origine indienne. Nous ne sommes pas moins américains parce que nos ancêtres étaient indiens et non pas européens."

   Quant à Nimisha Gandhi, gestionnaire dans le monde de la mode, elle "déplore qu'un pays par ailleurs si avancé soit si arriéré dans sa mentalité. Et sur les réseaux, dès qu'il s'agit de dénigrer quelqu'un à cause de sa couleur de peau ou de sa religion, les commentaires pleuvent. Je suis désolé pour cette belle fille intelligente et forte qui a été traitée de tous les noms. D'un autre côté, je suis contente qu'un jury américain ne se soit pas laissé influencer par les différences raciales."
   "On est choqué de lire tant de commentaires racistes sur Twitter, s'indigne la journaliste et blogueuse Divya Sehgal. Et c'est effrayant de s'apercevoir que les Américains d'origine asiatique ne sont toujours pas reconnus comme des Américains. Cela dit, je pense que c'est le fait d'une petite minorité. Si vous faites défiler l'article de Buzzfeed [site qui a mis en ligne les commentaires postés sur Twitter], vous verrez combien d'Américains sont choqués par ces propos racistes. Donc, si le racisme est déplorable, j'ose espérer qu'il n'est qu'une goutte d'eau dans un immense océan non raciste." (...) 

   Tandis que la plupart des Indiens sont attristés par ce qui s'est passé aux Etats-Unis, l'entrepreneur et auteur Varun Agarwal a reçu 600 commentaires favorables sous son message [posté sur Facebook]. "Une fille au teint foncé comme Nina ne serait jamais devenue Miss Inde, écrivait-il. Au moins, elle est devenue Miss America."

   Selon la psychologue Jamuna Tripathi, "nous vivons malheureusement dans un monde qui perpétue les stéréotypes. La société rend complexés les gens à la peau foncée. L'aspect positif, c'est que Nina est restée très digne face à l'adversité. Sa confiance en elle et sa maturité sont vraiment la marque d'une gagnante."

   Tout en rappelant qu'il serait temps de prendre de la hauteur, l'ancienne Miss Inde et Miss Terre 2010, Nicole Faria, affirme : "Chacun a le droit d'avoir ses opinions et, dans les concours de beauté, tout le monde peut avoir un point de vue différent ; la beauté est dans l'œil de celui qui regarde. Ce qui est bien, c'est que le résultat est définitif, et, même si certains peuvent voir les choses autrement, le verdict est tombé. Nina a remporté la couronne. En tant qu'Indienne, ça fait chaud au cœur. Rappelons-nous que la beauté et la bonté ont triomphé, et ne laissons rien ternir de cette victoire si méritée." (...) 


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"T'arrête de m'imiter?
- Tout-ce-que-fait-ma-maîtresse-je-dois-le-faire...
- Pfff..."


Phil Hale "Swampthing"


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Luc Desle