Bonjour à vous qui, dans le maelström du net, êtes arrivés, par hasard? lassitude? erreur? sur ce blog. Vous êtes les bienvenus. Vous y lirez des extraits d'articles, de pensées, d'interviews, piochés ça et là, et illustrés de photos et dessins détournés, via un humour de bon aloi. Vous pouvez évidemment réagir avec le même humour, la même ironie que nous mettons, chaque jour, à tenter de respirer un peu plus librement dans une société qui se corsète chaque fois un peu plus.

jeudi 31 octobre 2013

"Il appliquait la loi sans faiblir, surtout quand elle concernait les Pauvres". Benoît Barvin in "Pensées pensées".

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Pensées pour nous-mêmes:

(DANS TA MAIN OUVERTE
NE GARDE PAS LE POING FERMÉ)

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(Sirène hélas rhabillée par le Politiquement correct)


helycharlotte:
by Simon Siwak

http://imickeyd.tumblr.com/post/65354747598

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"Miroir, gentil miroir, dis-moi quel est
le sein le plus écologique et...
Comment ça tu les préfères trafiqués?!!"


Margaret O’Brien
photo by Nina Leen 1961

En gros, les gens détestent 
les féministes et les écolos
Blandine Grosjean

   (...) Une étude canadienne déprimante explique en partie pourquoi les combats environnementaux et féministes peinent, voire échouent, à changer les comportements : la plupart des gens ne veulent pas être associés à ces militants.

   Le titre de l’étude est clair, « The ironic impact of activists : Negative stereotypes reduce social change influence » : « L’impact paradoxal des militants : les stéréotypes négatifs réduisent leur influence sur le changement social “.

   Les personnes interrogées ont des stéréotypes négatifs tellement bien ancrés qu’ils n’ont pas envie ‘d’adopter les comportements que ces militants promeuvent’. Les chercheurs qui ont conduit trois enquêtes différentes ont été surpris par ces ‘caricatures cruelles’ qui, selon eux, jouent un rôle clef dans la résistance au changement social. (...)

  (...) Les féministes sont le plus souvent décrites comme ‘haïssant les hommes’ et ‘sales’. Les défenseurs de l’environnement sont vus comme des ‘tree-hugger’ (câlineurs d’arbres, des naïfs) et des babas-cool.

   Malheureusement, concluent les chercheurs, c’est la nature même de l’activisme qui suscite ces stéréotypes négatifs‘En promouvant de manière agressive le changement et en adoptant des conduites peu conventionnelles, les militants sont associés à des courants hostiles, excentriques.’

   Et selon eux, ces effets contre-productifs touchent aussi les activistes gays ou ceux luttant contre les privilégiés de Wall StreetLe journaliste du Pacific Standard conclut :

   ‘Peut-être que l’approche la plus efficace serait celle de Henny Yougman [un comédien dont le sketch le plus célèbre est Take my wife -please’, ndlr]. Alors : ‘Sauvez la planète. S’il vous plait.’ (...)


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(Le tueur aux couteaux en papier avait bien du mal à finir son ouvrage)


Anastasia Pavlova - Gravity

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Benoît Barvin

mercredi 30 octobre 2013

"Son humour irradiait le bonheur de vivre près d'une centrale". Jacques Damboise in "Pensées inconvénientes".

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Pensées pour nous-mêmes:

(IL PENSAIT QU'IL PENSAIT,
MAIS DE LÀ À DIRE À QUOI...)

Pcc Jacques Damboise

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(Française contemporaine rêvant à...
Heu, à quoi, déjà?)
hermosanikita: Rebecca Dautremer

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(L'horrible caresseuse de mains, surprise dans
sa coupable activité, fut aussitôt emprisonnée)



Robert Mapplethorpe.

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(Petit rat de l'Opéra avec son fameux chien moustache 
qui, ce jour-là, avait très faim)



(Tous deux reposent, bien évidemment,
sous la même pierre tombale)

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(La terrible révolte des objets du quotidien
commença très banalement)


(Source: ForGIFs.com, via technohell)

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(Ours philosophe attendant le repas de midi)



"J'espère qu'il y aura un petit bout d'homme, ce jour... 
J'en ai un peu marre des entrailles de poissons irradiés"

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Jacques Damboise (dit l'anhumoriste distingué)

mardi 29 octobre 2013

"Je fus pris d'un coup de cafard qui était quand même une sacrée grosse blatte". Jacques Damboise in "Pensées à contre-pet".

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Pensées pour nous-mêmes:

(NE PASSE PAS TA VIE
A NOURRIR LA MORT)

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"Hou, hou, Beau Guerrier... 
Ca te dirait de te baigner
dans nos eaux libérales?"

La réponse du guerrier fut 
particulièrement grossière, semble-t-il...


ARTHUR RAKHAM,SIEGFRIED 
AND THE TWILIGHT OF THE GODS, 1911


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"Donc, la Démocratie...
- La QUOI?
- Heu... Je veux dire...
nos intérêts exigent que...
- Oui, oui, exigent, c'est bien ça..." 



La démocratie otage du libre échange
José Bové

   (...) Les premières victimes de l'accord de libre échange entre l'Union européenne et le Canada, présenté par Barroso (encore et toujours!) et Harper le 18 octobre à Bruxelles, sont les paysans européens et canadiens et les consommateurs. L'Union européenne souhaite ouvrir son marché à la viande bovine produite dans les grandes exploitations canadiennes. 50 000 tonnes de viande de bœuf arriveront ainsi dans nos assiettes, ce qui représente grosso modo 8 % de la production française et 2 % de la production européenne. Ce n'est pas une paille. Les revenus des éleveurs spécialisés dans l'élevage bovins sont déjà particulièrement bas. En moyenne, en France ils atteignent à peine 14 000 € par an alors que ceux de leurs collègues céréaliers dépassent 75 000 €.

   De nombreux élevages, en particuliers dans les régions d'Auvergne, de Bourgogne, du Limousin et de Midi-Pyrénées sont au bord de la faillite. Les coûts de production s'envolent alors que dans le même temps la consommation de viande bovine baisse régulièrement du fait de la chute du pouvoir d'achat de nos concitoyens. L'arrivée de la viande canadienne serra le coup de grâce. Elle achèvera de détruire de nombreuses zones rurales, ce qui aura des répercussions en cascade sur d'autres secteurs économiques liés directement à l'agriculture comme les petites et moyennes entreprises de transformation alimentaire, ou indirectement comme le tourisme. En Europe, c'est la France qui sera la plus touchée, mais d'autres pays comme l'Irlande, l'Espagne, qui traversent également une crise économique grave seront également affectés. Les éleveurs du sud et de l'ouest de l'Allemagne seront également affectés.

   Le Canada comme les Etats-Unis autorisent l'utilisation de nombreuses hormones pour accélérer artificiellement l'engraissement du bétail. L'Europe, de son côté, les a interdites depuis le milieu des années 1980 suite au refus des paysans de les utiliser et à un boycott des consommateurs. Elle a choisi, à juste titre, de placer la santé des gens avant les profits des entreprises et n'a pas changé de position depuis. Malgré toutes les promesses rassurantes de M. Barroso, la viande qui arrivera du Canada, vendu par des groupes gigantesque comme Tyson aura été produite avec des hormones. Le scandale de la viande de cheval a en effet montré qu'il est impossible au niveau européen d'assurer la traçabilité de la filière de la viande. Comment peut-on une seule seconde imaginer que nous serons en mesure d'imposer des contrôles strictes au Canada alors que nous sommes déjà incapables de faire le ménage chez nous ? En catimini, la Commission européenne est en train de saper la sécurité alimentaire des consommateurs européens.

   Pour faire avaler la pilule, M. Barroso explique que les entreprises européennes des services (finances, banques, assurances, télécommunication commerce maritime, assainissement) et les multinationales qui produisent des fromages industriels seront gagnantes. D'après leurs estimations économiques, basés sur des modèles obsolètes, les gains supplémentaires s'élèveront à près de 8 milliards d'euros par an. Ce montant semble en effet gigantesque dans nos pays frappés par les programmes d'austérité. Mais un rapide calcul permet de démonter cet argument. Le PNB européen étant de 15 000 milliards d'€, ce gain aléatoire ne représenterait donc qu'une augmentation de 0,06 % pour l'Europe. Une goutte d'eau dans la mer.

   M. Barroso n'a pas caché sa satisfaction déclarant fièrement que l'Accord avec le Canada servira de modèle à celui que la Commission est entrain de négocier avec les Etats-Unis. Après consultation de ses grandes entreprises, l'Administration d'Obama, a fait connaître ses priorités. Elles sont nombreuses et je ne retiendrai que les principales : permettre l'arrivée massive des OGM, sécuriser les investissements des géants de l'énergie qui souhaitent utiliser librement la fracturation hydraulique pour exploiter les gaz de schiste en Europe, imposer leurs normes sanitaires, détruire la Directive REACH qui encadre l'utilisation de certains produits chimiques et interdit les plus dangereux

   Mais ce qu'elle réclame par dessus tout c'est la possibilité de traîner en justice les états qui prendront des mesures contraires à leurs intérêts. Elles veulent ni plus ni moins que de pouvoir attaquer les mesures sociales et environnementales qui les empêcheraient de continuer à travailler comme elles le souhaitent, sans être embarrassées par des décisions stupides votées par des gouvernements qui cèdent face à la pression de la rue. Avec une arme de ce calibre, elles seront en mesure d'empêcher un état d'interdire la fracturation hydraulique sur son territoire. Les masques sont tombés, les multinationales américaines et européennes ne veulent qu'une chose : faire la loi à la place des assemblées nationales.

   Derrière ces accords commerciaux, c'est donc le principe même de la démocratie qui est remis en cause. Ces entreprises qui n'ont plus aucun lien avec les territoires, qui se délocalisent du jour au lendemain, qui licencient des milliers d'employés ici, pour se relocaliser ailleurs où les salaires sont moins élevés, où les citoyens sont moins mobilisés pour la protection de la nature. Ce qu'elles exigent au fond c'est ni plus ni moins que d'avoir le pouvoir de décider des normes sociales et environnementales qu'elles devront s'auto-appliquer. Je crains le pire
La question qui nous est posée en tant que citoyens et en tant qu'élus canadiens, américains ou européens est donc simple: Sommes nous prêts à céder définitivement nos droits face aux diktats des grandes entreprises ? 
   La réponse pour moi est évidente : c'est non.

   Avec leurs sourires (carnassiers?) M. Barroso Président de la Commission européenne et M. Harper, Premier Ministre du Canada, veulent nous faire croire que tout est réglé ; que l'affaire est conclue. Heureusement, il n'en est rien. L'accord entre l'Union européenne et le Canada doit encore être ratifié par le Conseil et le Parlement européen avant d'entrer en vigueur. Les gouvernements des Provinces du Canada devront également donner leur accord.

   Nous avons donc plusieurs mois devant nous pour nous mobiliser, citoyens et élus, des deux côtés de l'Atlantique pour que cet accord ne se soit jamais appliqué ; des mois pour empêcher que notre avenir ne soit décidés dans l'opacité et le silence des conseils d'administrations d'entreprises transnationales. En rejetant cette entente avec le Canada nous enverrons un signe clair à ceux qui préparent en secret l'accord avec les Etats-Unis : Arrêtez vos négociations et consacrez votre énergie et votre intelligence à des projets utiles et indispensables qui nous permettront d'amorcer la transition écologique dont nous avons tant besoin pour lutter contre le réchauffement climatique.

   Dans un nouveau monde multipolaire, il faut stopper cette myriade d'accords bilatéraux. L'urgence est de relancer des négociations multilatérales qui ne soient pas centrées sur le commerce mais qui prennent en compte les droits sociaux et les questions environnementales comme je l'ai toujours demandé depuis 1992. Je ne peux pas accepter que L'Union européenne et l'Amérique du Nord imposent des normes qui excluent les pays émergents comme la Chine, le Brésil, l'Inde ou l'Afrique du sud, et qui écrasent les autres états de la planète. (...)


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(Cheval libéral continuant à faire le beau)



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Benoît Barvin

lundi 28 octobre 2013

"Lassé du mensonge des hommes politiques, il avala une vraie couleuvre". Benoît Barvin in "Pensées pensées".

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Pensées pour nous-mêmes:

(LA PAIX EST DANS TON ÂME
PAS DANS TON PORTEFEUILLE)

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"J'adore l'automne... quand les illusions se ramassent à la pelle..."


Calvin and Hobbes
Bill Watterson


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"M'dâme, pourquoi vous me regardez pas?
Pass que je suis noire?
- Non, parce que tu es pauvre"


ELSIE FERGUSON - STAGE & SILENT FILM STAR 1921

« Chavs » : comment on diabolise
 la classe ouvrière (Dewereldmorgen)

Lode VANOOST
Traduction du néerlandais par Anne Meert pour Investig’Action

   (...) Avec « Chavs : diabolisation de la classe ouvrière britannique », le journaliste britannique Owen Jones a écrit une analyse percutante de la société britannique après quarante années de destruction sociale par le néolibéralisme. L’élite politico-économique britannique a redistribué les cartes vers le haut, avec les syndicats comme ennemi n° 1. Plus besoin d’une autorité socialement responsable. Il n’y a que des profiteurs… les « chavs » ?...  L’origine de l’insulte anglaise « chavs », dans le titre du livre n’est pas claire du tout. Selon certains cela remonte à un terme romani pour « enfant ». Selon d’autres c’est l’acronyme de « Council Housed And Violent » (habitant un logement social et violents). Aujourd’hui « chavs » est le terme généralement utilisé pour diaboliser la couche sociale inférieure et privée de sa dignité sociale. « Chavs » ? C’est bien leur propre faute, non ? (...)

   (...) Après ses études, Owen Jones (1984) a travaillé comme chercheur sur les syndicats et le parlement. Il écrit une chronique hebdomadaire dans le quotidien britannique The Independent. Son inspiration est clairement de gauche, ce qui est tout sauf évident dans le paysage médiatique britannique aujourd’hui (du moins si on ne confond pas « la gauche » avec ce qui passe pour la gauche dans le Labour, le parti travailliste)Le grand succès du livre a amené l’auteur à ajouter un bref « avant-propos » à la deuxième édition anglaise. Owen Jones ne donne qu’une explication : « Le succès du livre est bien plus lié au fait que la notion de « classe » fait son retour après disparition ... Chavs est ma contribution modeste et limitée pour briser le silence autour de la problématique des classes».

   Owen Jones a écrit ce livre il y a deux ans, à peine âgé de 27 ans. Ce n’est donc pas l’œuvre d’un sexagénaire radotant qui a tout vécu lui-même. Au contraire, l’auteur est un jeune novice qui a grandi sous Tony Blair.

   Il argumente sa thèse en huit chapitres . Il commence par un certain nombre d’exemples de stéréotypes qui reviennent sans cesse dans les sitcoms britanniques. La plupart nous sont plutôt inconnus, sauf peut-être la série « Keeping Up Appearances » (Sauver les apparences), avec l’éternel fainéant bordélique Onslow et la ridicule petite-bourgeoise Hyacinth. La Grande-Bretagne est une société où l’inégalité des chances est coulée dans le moule du système. On assiste toutefois à une résistance car on se rend compte que cela ne peut pas durer (ce dont témoigne notamment le succès de ce livre). (...)

   (...) C’est dans la période aux affaires du Premier ministre Margaret Thatcher (1979-1990) que l’auteur voit le début d’une stratégie délibérée d’anéantissement du rôle social correcteur des pouvoirs publics. Les assertions « There is no such thing as society, there are only individuals » et « There is no alternative » sont de sa bouche.

   Mais Thatcher n’était pas seulement une forte personnalité avec une opinion. Ses idées sur le rôle de l’État n’avaient rien de neuf mais remontaient à une vieille tradition au sein du Parti Conservateur. La première raison d’être de ce parti avait toujours été l’exercice permanent du pouvoir et le maintien des privilèges pour les uns basés sur l’exploitation des autres. Le livre mentionne quelques politiciens conservateurs qui s’en réclament clairement. (...)

   (...) C’est à cette époque qu’a commencé l’agression contre les organisations sociales qui protégeaient le mieux la population laborieuse : les syndicats. En achetant du charbon polonais et sud-africain (en dépit du boycott onusien contre le régime d’apartheid), Thatcher a su faire plier le syndicat des mineurs après une grève d’une année. Les syndicats britanniques n’ont jamais réussi à se relever de cette défaite.

   Mais selon Owen Jones, Thatcher n’est pas a seule cause de la destruction sociale. Ce qui a eu tout autant d’influence c’est la décision du Labour de rompre définitivement avec sa base historique. Le Labour est devenu le New Labour : un parti de la classe moyenne. « Working class » est devenu une insulte.

   Ces trente dernières années la Grande-Bretagne a été bouleversée en profondeur. Pourquoi, se demande l’auteur, le terme « Working class » est-il devenu injurieux alors qu’il définit justement ce qu’est une grande partie de la population britannique ? Pourquoi préfère-t-elle s’appeler « lower middle class » alors qu’au niveau des salaires elle diverge à peine (et gagne parfois moins) de ces « ouvriers » tellement méprisés ?

   La raison de cette attitude est que pendant des années, les partis politiques, les grandes entreprises et les médias ont diabolisé ceux qui sont juste en-dessous d’eux (et souvent aussi à côté d’eux). Les « classes moyennes » ont fini par croire que si cette population échouait, elle était elle-même coupable de son sort. Elle faisait son propre malheur. Donc, pas besoin de se sentir responsables ou solidaires. (...) 

   (...) Les partis politiques n’ont pas seulement diabolisé via les médias. Ils ont aussi fait de leur mieux pour diffuser de « l’information ». Récemment encore, en 2010, le Parti Conservateur publiait un pamphlet intitulé « Labour’s Two Nations » (« les deux nations du Parti travailliste »). Il visait notamment à montrer qu’une grave épidémie de grossesses d’adolescentes sévissait dans les quartiers pauvres.

   On pouvait y lire : « Dans les quartiers les plus arriérés, 54 % sont enceintes avant leurs 18 ans, comparé à seulement 19 % dans les quartiers moins arriérés ».Les chiffres semblaient exacts, à une virgule près … Le vrai chiffre était : 5,4 %. On ne disait pas non plus que ce chiffre baissait sans interruption depuis 10 ans. Un petit mensonge pour la bonne cause ?

   En réalité en 2007 environ 11,4 % de toutes les Britanniques étaient enceintes avant leur vingtième anniversaire. « C’est à peu près autant que dans les années ’50, l’âge d’or des valeurs familiales conservatrices ». (...) 

   L’auteur cite notamment l’historien de la politique Ross McKibbin, selon qui la fonction du Parti Conservateur est de « défendre l’inégalité. Cela a toujours été le cas. C’est ainsi partout dans le monde avec les partis conservateurs. Ils sont là pour défendre les inégalités et les privilèges sociaux ». (comme la Droite française?)

   Non pas que ce soit mieux chez l’autre grand parti. « La philosophie du New Labour ne s’enracine pas dans l’amélioration du sort de la classe ouvrière, mais dans l’évasion hors de la classe ouvrière ». Le Labour tablait sur le fait que les travailleurs qui voulaient devenir membres de la classe moyenne continueraient de voter pour lui et que les autres - « les travailleurs qui ne voulaient pas progresser » - n’avaient nulle autre parti où aller et n’allaient sans doute même pas voter. (...) 

   Owen Jones dans son livre : « La classe ouvrière britannique est systématiquement ridiculisée dans les journaux, à la télévision, sur Facebook et dans les conversations de tous les jours. C’est cela qu’implique la diabolisation de la classe ouvrière. Et pourtant, presque quatre hommes sur dix travaillent toujours comme travailleurs manuels ... Plus de huit millions de Britanniques « effectuent encore toujours un travail de leurs mains et huit autres millions travaillent dans un bureau, dans la vente, ou au service de clients. Cela veut donc dire bien plus que la moitié des salariés ... ».

   Néanmoins la résistance sociale reste coriace. En dépit des ces incessantes campagnes de diffamation et des comptes-rendus ouvertement unilatéraux sur les conflits sociaux, les syndicats sont toujours les plus grandes organisations sociales du pays. Le nombre de leurs adhérents a fortement baissé, passant de 13 millions en 1979 à juste un peu plus de 7 millions aujourd’hui. Mais ils sont toujours là. (...) 

   (...) « Le recul est encore plus odieux quand on sait que plus de la moitié des salariés du secteur public sont membres d’un syndicat, contre 15 % seulement dans le secteur privé. Les nouveaux emplois dans le secteur des services sont une zone quasiment privée de syndicats » Aujourd’hui seuls les Roumains et les Bulgares travaillent encore plus longtemps que les Britanniques.

   S’ils n’ont pas de travail, ce sont des profiteurs. Un des ingrédients obligatoires de la diabolisation est le mythe selon lequel les « chavs » sont tous des fainéants qui profitent de la sécurité sociale. Ici aussi, il apparaît que la réalité est différente. L’évasion fiscale en GB coûte au Trésor environ 70 milliards de £ par an (83 milliards d’€). C’est 70 fois plus que le total des fraudes aux allocations. (...) 

   Ce n’est pas que les solutions possibles ne sont pas connues. On sait depuis des dizaines d’années ce qui peut aider les plus pauvres à avancer. « Les perspectives pour les enfants d’ouvriers s’améliorent énormément grâce à la sécurité des rues où ils jouent ; à de bonnes écoles et de bons logements ; à des membres de la famille qui soient aidants, sous l’une ou l’autre forme ; à de bons équipements locaux ; et à une économie locale forte avec un éventail d’offres d’emplois décents pour la classe laborieuse.

   Mais selon Jones, cela ne s’arrête pas là. Ce qui est en cause, c’est bien plus que les circonstances externes. La classe dans laquelle on grandit enfant détermine encore de tant d’autres façons les chances qu’on recevra dans la vie. (...)

   (...) Le mythe veut que la classe moyenne et l’élite supérieure sont ce qu’elles sont parce qu’elles ont « travaillé » pour y arriver. Celui qui est pauvre l’a vraiment choisi. C’est là une théorie bien utile. Elle dispense le contribuable d’obligations envers son prochain. Elle permet aussi de couper sans pitié dans la sécurité sociale sans avoir l’air d’être sans cœur. Le mythe du travailleur méritant n’a pas grand-chose à voir avec la réalité.

   Tout commence avec le fait que les enfants de la classe moyenne reçoivent un meilleur départ, qui ne repose pas sur de meilleurs prestations, sauf si « être né dans une certaine classe » s’appelle un mérite. « Les enfants de milieu privilégié profitent hors de toute proportion du réseau et des contacts de leurs parents. Beaucoup obtiennent l’emploi qu’ils souhaitent autant par une recommandation ou par des amis d’amis que par leurs qualifications personnelles. Un enfant d’ouvrier de Glasgow ou de Liverpool ne peut que rêver de tels pistons » (...) 

   Owen Jones donne un autre exemple très typique de l’inégalité des chances sur le marché du travail. Aujourd’hui, faire un stage est une des manières les plus courantes pour les jeunes de faire leurs premiers pas professionnels après leurs études. « … rien n’a davantage contribué à faire des professions les plus importantes un bastion fermé réservé à la classe moyenne que la montée des stagiaires … surtout dans la politique, la justice, les médias (!) et la mode. Ce n’est pas seulement de l’exploitation. Cela veut dire aussi que seuls des jeunes ayant les moyens et vivant aux crochets de papa-maman peuvent se permettre ce premier pas das la chasse à un emploi rémunéré ». (...) 

   Entre-temps « les gens … ont plus peur du crime, alors que les chiffres montrent qu’il est en baisse. Tout cela est en rapport avec le journalisme à sensation et avec le langage provocateur des hommes politiques ».

   « Aujourd’hui les politiciens des grands partis ne sont pas disposés à émettre le moindre doute sur les présupposés fondamentaux du système économique moderne. Au lieu de le faire ils attirent l’attention sur des choses accessoires, ce qui a l’avantage de mieux coller aux préjugés de la population et aussi de bénéficier de l’appui tonitruant des médias de droite ».

   Cela revient à ceci : « la diabolisation des gens de la classe ouvrière est une manière rationnelle de justifier un système irrationnel ». (...)

   L’auteur voit l’avenir du système politique sous de sombres couleurs. Les « chavs » ne trouvent plus aucune adhésion à la politique parlementaire. Cette politique est redevenue une lutte entre factions de l’élite politique à propos de trivialités, tandis que le reste est totalement extérieur et regarde, apathique, comme au XIXème siècle. La couche inférieure est réduite à une masse passive et doit évidemment se résigner à son sort naturel, c’est ce que cela revient à dire.

   Il y a encore tant de choses dans ce livre qui, de plus, se laisse dévorer – ce qui est exceptionnel pour un livre politique de non-fiction. L’auteur met aussi en pièces une idée en vogue, ici comme ailleurs : mettre les écoles en concurrence sur base de leurs résultats, du nombre d’élèves qui passent avec succès à l’université. Le technique ou le professionnel ? (...) 

   Cela favorise encore plus la classe moyenne. Donc les formations techniques et professionnelles tomberont encore davantage dans la zone tabou, alors que ce sont des orientations où tant de talents pourraient se déployer. Au lieu de cela elles deviennent le dépotoir des malheureux que l’on persuade qu’ils ne sont bons à rien de mieux.

   Ce livre est une lecture obligatoire pour tout parti politique qui ose encore se qualifier de gauche et social. Ce n’est un livre joyeux, les perspectives sont sombres. Il peut néanmoins contribuer à une vision rénovée dans l’intérêt de la lutte sociale pour une société équitable et légitime, où chacun a droit à une existence dans la dignité.

   Pour conclure : celui qui lit ce livre avec un esprit ouvert reconnaîtra en lui-même des parts du succès de la diabolisation des plus pauvres d’entre nous. L’auteur lui-même de cette recension doit avouer qu’il a quelquefois tiqué en reconnaissant en lui-même certaines choses qu’il lisait ...cette tendance inconsciente à considérer presque automatiquement les valeurs de la classe moyenne comme des normes universelles.

Un livre très riche d’enseignements ! (pour nous autres Français également...)


PS: La version originale est parue chez Verso en 2012 sous le titre : « Chavs. The Demonization of the British Working Class », et c’est déjà devenu un classique indispensable de la non-fiction sociale.
La traduction néerlandaise de « Chavs » est parue le 23 septembre chez EPO, préfacée par le Belgo-Britannique Nigel Williams.

Source originale : Dewereldmorgen


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(Plan secret du Résident actuel 
pour une meilleure gouvernance)



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Luc Desle

dimanche 27 octobre 2013

"Le fils de mon concierge l'est heureusement moins que son père". Jacques Damboise in "Pensées divagatoires".

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Pensées pour nous-mêmes:

(LE TEMPS, IL N'Y A QUE CA DE VRAI,

MAIS PAS QUAND IL EST PASSÉ)

PCC Jacques Damboise

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"N'ayez pas peur...

C'est le premier coup qui compte..."



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(La femme torero n'avait nul besoin

d'épée alibi pour vaincre la bête)



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(Le jour de son élection, la femme

du nouveau Résident avait bien
exécuté la danse de la victoire)



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(Membres de la Troïka se félicitant
de mettre les Peuples Européens à genoux)


“Study Of Five Grotesque Heads”, c. 1494


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(Dieu mesurant le degré d'intelligence
de l'espèce humaine)



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Jacques Damboise

samedi 26 octobre 2013

"Versatile, le Poète écrivait en prose". Benoît Barvin in "Pensées pensées".

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Pensées pour nous-mêmes:

(LE TEMPS N'A QUE PEU 
D'INCIDENCES SUR TON BONHEUR)

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"Moi, contrairement à vous, je préfère avec une cravate..."


Mylene Demongeot

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(Où qu'elle opère, la Mort toujours danse)



Objectif Bangui
 Philippe Leymarie

   (...) Personne ne doute de la gravité de la situation en Centrafrique, où l’Etat est plus faible et absent que jamais. Pour Paris, la RCA peut devenir un autre foyer de désordre régional, voire une nouvelle Mecque du terrorisme, comme l’avait été le nord du Mali ou ce qu’est encore la Somalie. Ce qui n’était, pratiquement depuis l’accession du pays à l’indépendance en 1960, qu’instabilité chronique, a débouché ces derniers mois sur un dangereux chaos, sur fond de concurrence entre seigneurs de la guerre, d’incidents entre éleveurs et agriculteurs, voire d’affrontements à connotation religieuse, avec des centaines de victimes, un demi-million de personnes déplacées, etc.

   Le régime tchadien d’Idriss Deby, qui soutenait militairement le président déchu de la RCA, le général François Bozizé, en participant à la Force multinationale des Etats d’Afrique centrale (Fomac), a fini par le lâcher. De même que la France (qui de toute façon ne fait plus la pluie et le beau temps à Bangui), et que le gouvernement soudanais, qui commençait à craindre que la déstabilisation de son voisin centrafricain ne contamine le Darfour, ou que le pays ne serve de base-arrière à ceux qui ont lancé ces dernières années à Khartoum deux tentatives de prise du pouvoir par les armes . (...)

   (...) Mais la Seleka — la coalition hétéroclite qui avait ravi le pouvoir au général Bozizé en mars 2013 — n’est pas parvenue à s’imposer : elle fait surtout parler d’elle en termes d’exactions et de pillages, faisant cause commune avec des miliciens soudanais, tchadiens, ou libyens accourus dans ce pays sans Etat, sans cohésion nationale, où les brigands, coupeurs de route et autres rançonneurs peuvent exercer librement leurs talents. La rébellion au pouvoir a été officiellement dissoute, et ses quelque 15 000 ex-combattants, parmi lesquels une forte proportion d’étrangers (tchadiens, soudanais), doivent être désarmés — mais selon des modalités qui sont encore controversées.

   La nomination le 8 octobre dernier, par le président Michel Djotodia et son premier ministre Nicolas Tiangaye, d’une dizaine de nouveaux commandants militaires de région est supposée favoriser un retour à l’ordre : les contingents déployés dans chaque zone devraient mêler des militaires des anciennes forces armée (les FACA), et des éléments de l’ex-Seleka intégrés dans le rang. Le but serait de rassurer les populations, qui organisent déjà dans certaines localités des milices d’autodéfense. Mais la mise en œuvre de cette mesure risque d’être malaisée. (...)

   (...) Pour la diplomatie française, le vote de jeudi soir (a été) un peu un « lot de consolation». Mais l’essentiel pour Paris est bien, cette fois, de ne pas se retrouver en pompier unique, et même si possible de ne pas apparaître comme le pompier en chef. Compte tenu des précédents libyen et malien, et du caractère cette fois plus sécuritaire que militaire de la situation en RCA, l’« africanisation » de l’opération s’impose. Ce qui permettrait à la France de jouer surtout un rôle de « catalyseur », plus confortable et moins exposé politiquement que lors de l’opération Serval au Mali.

   Il s’agirait d’une intervention de type « rétablissement de la sécurité » qui vise avant tout à mettre fin à l’anarchie, et non — comme au Mali — à combattre un adversaire prêt à en découdre. Selon la résolution adoptée jeudi soir, le secrétaire général Ban Ki-moon a trente jours pour présenter un plan d’intervention des casques bleus. Une seconde résolution sera alors soumise au vote du Conseil de sécurité : il s’agira de donner le feu vert à cette opération qui sera régie par le « chapitre VII », autorisant le recours à la force.

   Dans l’immédiat, l’ONU accorde son soutien politique aux forces des pays d’Afrique centrale déployées sous la bannière de l’Union africaine : elles comptent 1 300 hommes aujourd’hui, et devraient être portées à 3 500 d’ici la fin de l’année, à mesure que les contingents tchadiens, gabonais, camerounais déjà présents en Centrafrique seront renforcés. (...)

   L’implication des militaires français sera surtout fonction de ce que les militaires africains ou les futurs casques bleus endosseront comme rôle. Elle prendrait concrètement la forme :

    d’un simple maintien du contingent militaire français actuel (450 hommes, présents en majorité sur la zone de l’aéroport de Bangui). L’opération Boali avait été montée en soutien au contingent de paix interafricain (Micopax), mais a pour but de garantir la sécurité et une éventuelle évacuation des ressortissants français et européens ; 
    ou d’un renfort de ce dispositif jusqu’à 750 hommes, pour appuyer la nouvelle Mission internationale de soutien à la RCA (Misca) constituée actuellement de 1 300 militaires tchadiens, gabonais, congolais et camerounais, mais qui devrait monter en puissance ; 
    ou de l’organisation d’une « force de réaction rapide », susceptible de s’étoffer en cas de coup dur, grâce à des apports venus des bases françaises de N’Djamena et Libreville ; 
    ou — ce qui serait le plus simple et efficace sur le plan technique, mais le plus difficile politiquement — d’une opération de sécurisation rapide, pour ramener l’ordre dans la capitale et rouvrir les grands axes de circulation, avec 1 200 hommes, sous mandat de l’ONU, mais franco-française, avec des moyens et un commandement autonomes. (ce qui a été, au final, décidé)

   D’ici fin décembre, les soldats africains de la Misca risquent d’être en première ligne : une cinquantaine de personnes ont encore été tuées, des dizaines d’autres blessées dans des affrontements, mardi 8 octobre, entre d’ex-rebelles Seleka et des groupes d’autodéfense dans le nord-ouest du pays. (...)


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(Ventilateur écologique)


(Source: nymphmaniac, via owls-love-tea)

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Benoît Barvin