Bonjour à vous qui, dans le maelström du net, êtes arrivés, par hasard? lassitude? erreur? sur ce blog. Vous êtes les bienvenus. Vous y lirez des extraits d'articles, de pensées, d'interviews, piochés ça et là, et illustrés de photos et dessins détournés, via un humour de bon aloi. Vous pouvez évidemment réagir avec le même humour, la même ironie que nous mettons, chaque jour, à tenter de respirer un peu plus librement dans une société qui se corsète chaque fois un peu plus.

dimanche 31 mars 2013

"Dans le miroir, son double sortit précipitamment une arme qu'il braqua dans sa direction". Benoît Barvin in "Pensées pensées".

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Pensées pour nous-mêmes:

(PARFOIS,
PENSE A TE DÉBRANCHER)

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COURTS RÉCITS AU LONG COURS (82)
pcc Benoît Barvin


Enfance

   Cette petite fille, c'était moi. Moi à son âge. Moi qui n'avais pas été aimée, que l'on avait frappée, qui avait bu à satiété le lait du malheur. Moi qui traînais encore, des années après, les séquelles de ce que ma Mère m'avait fait subir... Une mère qui, jusqu'à 7 mois de grossesse, ne s'était, soi-disant, "rendu compte de rien". Elle qui était allée voir le médecin pour un "kyste" et auquel le praticien avait lancé, en riant - paraît-il: "Votre kyste, il a des pattes, chère madame...".

   La petite fille venait de recevoir une gifle. Sa mère était à l'image de la mienne: une petite bourgeoise BCBG, habillée à la dernière mode, avec un visage exaspérant car fardé à outrance, des yeux charbonneux, une bouche qu'on imaginait dans des positions interdites... Cette "sucette humaine" portait un caraco sous lequel les seins dansaient librement à chaque mouvement - quand elle giflait, par exemple. Un jean moulant accentuait le côté "p... mais pas trop" de cette mère indigne, forcément indigne, puisque considérant sa gamine comme une propriété taillable et corvéable à merci.

   Ma décision était prise à la seconde même où j'aperçus la petite fille - une blondinette fragile aux yeux d'un bleu de lagon - qui se recroquevillait, attendant la calotte qui, à cet instant, immobilisée dans l'air, s'apprêtait à retomber sur sa joue à la vitesse de l'éclair . Une gifle manucurée, aux longs doigts aristocratiques, accompagnée par la voix furieuse de la Mère: "Petite idiote! Un bas de filé... A cause de toi, godiche, qui ne sais pas avancer droit".

   Je suivis le couple - Matonne/détenue - jusqu'au jardin d'enfants où, enfin délivrée, la petite blonde alla se réfugier sur une balançoire. Elle avait encore les yeux remplis de larmes. Je percevais la douleur de la main sur ma propre joue qui flambait. La Mère, pendant ce temps, se repoudrait le nez... La décision, "ma" décision donc, de soustraire l'enfant à cette "Femme" était désormais ma seule préoccupation.

   J'observais la mère un moment. Je la vis qui, l'air de rien, regardait autour d'elle, cherchant à attire l'intérêt des mâles qui gardaient leur progéniture, après un divorce douloureux. Elle accaparait leur attention, leur envie et je les imaginais bandant comme des fous, ces pauvres tarés, prêts à tous les compromis pour passer un moment entre les bras de cette mère indigne.

   J'eus envie de me lever, de leur crier qu'elle était "indigne, indigne"! Mais je me retins. La blondinette se balançait mollement, solitaire, observant les enfants qui, à quelques mètres d'elle, sans lui prêter attention, se poursuivaient, éclataient de rires hystériques ou bien fondaient soudain en larmes, tout en se précipitant vers leur génitrice qui, elle, les réconfortait...

   La saleté de mère indigne permettait à un beau garçon de s'asseoir sur son banc. Elle minaudait, déjà poule, déjà l'entrejambes humide... J'en profitai. J'avançai, l'air de rien, de la balançoire, la contournai et surgis, en souriant, près de la petite fille. Elle ne sursauta pas. Elle me regarda, curieuse, avec cet air sérieux qu'arborent les enfants face à un nouvel adulte. C'était comme si elle m'évaluait, se demandant si elle devait ou non me faire confiance.

   Mon sourire s'accompagna de paroles de réconfort et miraculeusement dans ma main parut une sucette à la vanille. La petite la prit, descendit de la balançoire, me suivit sans rechigner, pendant que sa p... de mère riait aux éclats, seins presque à l'air, cuisses offertes à ce printemps chaleureux et aux mains rudes du beau mec. 

   Tout en me demandant comment j'allais, ensuite, procéder pour garder la petite avec moi, pour la chérir, pour faire en sorte qu'aucune des Autorités du pays ne vienne l'arracher de mes bras aimants, j'allongeai le pas, la petite main fragile de l'enfant dans la mienne, plus large, protectrice... Nous atteignîmes mon véhicule, je l'installai derrière, la priant de se blottir pour que personne ne la voit - n'ayant même pas besoin d'inventer un quelconque prétexte, tellement elle me faisait confiance, elle qui ne pensait qu'à suçoter ce sucre délicieux que j'avais enduit d'un mélange de mon invention, aux vertus calmantes.

   Sortir de la ville fut un jeu "d'enfant". Nous cacher dans ma petite résidence secondaire, à une vingtaine de kilomètres au-milieu des bois, également. J'avais tout prévu: la télé fonctionnait; des tas de Blu-Ray de dessins animés étaient soigneusement rangés dans leur meuble; le frigo débordait de nourriture et de boissons. La petite fille ne serait pas malheureuse en ma compagnie. Moi qui ne pouvais pas avoir d'enfant et qui, grâce à elle, en adopterait un à ma convenance. 

   Vers le soir, alors qu'elle dormait toujours dans sa chambre où je l'avais installée, glissée sous les draps, admirée pendant une bonne heure, fascinée par ses cheveux d'ange, ses traits si purs, écoutant le souffle régulier de sa respiration - une musique céleste... C'est vers le soir, donc, que je me branchai sur le Web pour savoir si, par hasard, on parlait de cette disparition.

   Sur la page actualité de Google s'étalait, en premier titre, la phrase: "disparition inquiétante". On y lisait que la petite Marianne, échappant à la surveillance de sa mère (tu parles!), s'était évaporée d'un jardin public de la ville. On y voyait une photo de la disparue, on avait droit à une interview filmée de la mère qui parlait, en sanglotant, de sa jolie petite fille (simagrée!), mais entre les lignes on comprenait qu'il n'y avait aucun témoin, que pour un moment, la blondinette et moi, on serait tranquilles. Heureux et au calme...

   J'éteignis mon ordinateur portable, allai me débarbouiller. J'enlevai avec regret ma perruque, ôtai mon maquillage, passai sur mes joues, bleuies d'une barbe de presque 24 heures, une main lasse... J'étais éreintée mais ravie. Transportée, même, comme si tout le bonheur du monde m'était offert.

   J'allais bien m'occuper de ma jolie poupée. J'allais enfin rattraper une enfance détestable qui, selon les psychiatres, avait "perverti le sens de mes responsabilités" et "détruit l'identité sexuelle du sujet". Charlatans! J'allais leur montrer que ce charabia ne recouvrait aucune réalité...

   Je me blottis confortablement dans le fauteuil du salon et réfléchis à l’ordonnancement des jours à venir. Mais, d'abord, changer le prénom de ma petite chérie: 

   Astra me plaisait bien...

***

   Astrée : Astrée, parfois aussi nommée Astra ou Astraea, est une puissante déesse de la justice, dont le nom signifie “étoile”. Ses propriétés ésotériques touchent tout ce qui est en relation avec la pureté et la justice. Elle apporte l’équilibre.


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(La discussion avec cette fille était impossible)


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"Heu, Maître, vous avez l'air un peu...
- Un peu quoi?
- Ben... A plat...
- A qui la faute, hein?
- QUOI!!!"


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"Peuh... 
Cette nouvelle drogue ne me fait aucun effet!
GRRR..."


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(Cet écrivain savait comment punir tous ceux
qui venaient goûter, en catimini, son Cognac)


"Sal...! Je vais vous faire la peau!"

http://martinklasch.blogspot.fr

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Blanche Baptiste

samedi 30 mars 2013

"Cette famille tuyau de poêle ne fonctionnait pas au gaz mais au gros rouge". Jacques Damboise in "Pensées inconvénientes"

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Pensées pour nous-mêmes:

(TON TRAVAIL C'EST DE GRANDIR
ET RIEN D'AUTRE)

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(Super anti-suicide prêt à aider
les cadres de Paule Emploi)



uaredesign.com

Suicide d'un cadre dirigeant 
de Pôle emploi en Languedoc Roussillon
Cécile HAUTEFEUILLE

   (...) «Omerta», «chape de plomb», «volonté évidente d'étouffer l'affaire». Dans les rangs de Pôle Emploi en Languedoc Roussillon, le décès brutal de ce cadre, qui travaillait à Montpellier, commence à peser lourd. Trop lourd.

   «Tout le monde a été prudent et respectueux», nous confie une source syndicale. «Personne n'a cherché à instrumentaliser ce geste désespéré. Mais ça a créé une onde de choc et nous sommes de plus en plus nombreux à vouloir en parler. Si ce suicide est lié à des problématiques personnelles, ça ne nous regarde pas. Mais s'il y a, ne serait-ce qu'un pour cent deproblématique professionnelle, on se doit de la prendre en compte.»

   A l'heure actuelle, selon nos informations, aucune enquête n'a été diligentée en interne, par le CHSCT. Et certains le regrettent, et le réclament. C'est le cas de cet agent, qui a accepté de nous répondre :

   «Nous souhaitons une enquête pour savoir s'il y a un lien entre cette disparition et une souffrance au travail. Nous avons l'impression que c'est une information que la direction cherche à étouffer. Elle nous a mis en garde, elle ne veut pas que l'on remue des choses...» 

   Quelles choses ? Pourquoi ces prétendues mises en garde de la direction ? «Vous savez très bien que le climat est tout sauf serein à Pôle emploi», répond cet agent. «Suicides ou tentatives de suicide de demandeurs d'emploi, personnel sous tension, le contexte est très pesant. Et pardonnez moi, mais ce suicide fait tâche en interne, parce que c'est un cadre qui avait été écarté de hautes fonctions.» 

   L'homme avait effectivement changé de poste. Il avait été nommé directeur régional adjoint de Pôle Emploi en 2008, puis trois ans plus tard, quand la direction régionale a changé, il est devenu "directeur de production". «Il a clairement été déclassé» affirme une source syndicale, qui ajoute qu'il avait aussi très récemment quitté les locaux de la direction régionale de Montpellier : 

    «On l'a mis dans un autre bâtiment, dans un autre quartier de la ville, et il s'est retrouvé dans un bureau au sous sol ! Je ne suis pas en train de vous dire qu'il travaillait dans une cave, mais la symbolique est là : passer du 4ème étage de la direction régionale, à ce bureau éloigné...c'était peut être difficile à vivre...»

   Contactée par le minisphère, la direction régionale confirme le changement de fonction et le récent déménagement : «Ce poste de directeur de production, il l'avait accepté. Et il était excellent dans son travail. Quant au changement de bureau, c'était pour rejoindre le bâtiment où étaient ses équipes. Il encadrait 200 personnes, chargées de soulager le travail des agences Pôle emploi.» 

   Travaillait-il réellement dans un bureau en sous sol ? «Pas de commentaire sur les interprétations des uns et des autres.» Pas de commentaire non plus sur le geste mais une mise au point sur «l'omerta» dénoncée :  «C'est faux, il n'y a aucun blocage de l'information. Tous les représentants du CHSCT ont été informés le soir même du décès. Nous avons aussi mis en place des cellules d'écoute sur le site où travaillait ce cadre. Les gens ont été reçus. La situation est tellement tendue, nous faisons attention à tout évènement...»

   Pôle emploi semble craindre un "effet d'entraînement". Que ce terrible passage à l'acte n'en entraîne d'autres. «Tout le monde pense évidemment aux suicides chez France Télecom», conclut un syndicaliste de Pôle emploi. «Mais ça, la direction ne veut ni en parler, ni en entendre parler.» (...) 


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"Tu as vu le déguisement des banquiers pour nous
émouvoir sur leur sort?
- Non, ça c'est une vraie pauvre...
- Tu es sûre? J'aurais pourtant juré..."


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"Israël/Palestine... C'est fait...
Maintenant, quel autre rendez-vous important?
Ah oui, le bal de charité où je vais
pouvoir montrer mon superbe jeu de jambes...
Yeah!"

Obama, un p’tit tour et puis c’est tout
 Emmanuel Riondé

   (...) Durant l’été 2010, Regards avait eu l’occasion de rencontrer et d’interviewer l’historien palestino-américain Rashid Khalidi. Interrogé sur les lendemains décevants du discours du Caire (prononcé en juin 2009), voici ce qu’ils nous avait alors confié à propos de la politique américaine au Proche-Orient (un entretien à relire dans son intégralité ici) :

   « Obama a oublié que pour changer la politique dans ce pays, il ne suffit pas de le décider à la Maison Blanche, il faut aussi la vendre. D’abord à une opinion publique très favorable à Israël. En Europe, vous avez une connaissance du Moyen-Orient à cause du colonialisme, du tourisme, du business, de l’enjeu énergétique, etc. Aux Etats-Unis, la population a peu d’informations sur le Moyen-Orient. 

   Et à bien des égards, ce pays reste coupé du monde. On ne connaît pas les langues étrangères, on ne fait pas de tourisme partout, on n’a pas de passé colonial. Il n’y avait aucun expert du monde arabe avant la deuxième guerre mondiale aux Etats-Unis ! Juste quelques spécialistes des langues orientales. Alors de grands mensonges sur le sionisme et sur Israël y ont été diffusé sans que ce soit contré par les réalités proche-orientales. (...)

   Il faut aussi vendre cette politique au Congrès, et celui-ci reste largement sous influence du lobby israélien. Intelligemment, l’Aipac et les autres éléments du lobby y ont axé tous leurs efforts depuis les années 1950-1960. Cela a abouti à une grande maîtrise et c’est toujours le cas : de nombreux élus au Congrès et au Sénat savent que la politique d’Israël nuit aux Etats-Unis mais ils n’osent pas le dire (...) 

   Dès les années 1940, la plupart des stratèges américains savaient que l’appui à la création d’Israël, puis l’établissement de forts liens avec ce pays allaient nuire aux Etats-Unis dans le monde arabe. Tous les conseillers de Truman étaient contre sa politique. Mais il y avait aussi dans son entourage des amis du sionisme et lui-même pensait qu’il fallait créer un Etat juif. Aux consuls américains en poste dans le monde arabe, il a un jour expliqué : « Messieurs, je suis désolé mais je n’ai pas d’électeurs arabes dans ma population . » Cela reste en grande partie vrai aujourd’hui. (...)

   Je crois que Obama n’a pas suffisamment travaillé l’opinion publique et le Congrès sur la question du Moyen-Orient. Un universitaire du Maryland a récemment montré qu’au moment du discours du Caire, la perception des Etats-Unis dans le monde arabe s’était très nettement améliorée. Mais dans l’année qui a suivi, cela a chuté et l’appui à l’Iran y a progressé... Selon cet universitaire, ce renversement est essentiellement dû à la déception causée par la politique américaine en Palestine. »

   Une Palestine où personne - des dirigeants politiques aux habitants des territoires - ne semble nourrir d’illusion sur cette visite. Ce mercredi, en Cisjordanie, au moment où l’avion d’Obama se posait à Tel-Aviv, quelques militants érigeaient un nouveau village de toile à Eizariya sur une colline faisant face à un autre village démantelé il y a deux mois par les forces israéliennes. 

   Dans un communiqué, les activistes qui réaffirment le droit des Palestiniens à « retourner sur [leurs] terres et dans [leurs] villages [et à y proclamer] leur souveraineté (...) sans la permission de qui que ce soit » règlent en quelques mots la « question américaine » : « Une administration qui a utilisé son veto à 43 reprises pour supporter Israël contre les droits des Palestiniens, une administration qui gratifie Israël d’une aide militaire de plus de trois milliards de dollars chaque année, ne peut contribuer de façon positive à trouver une solution juste. »(...)

Lire sur:

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Benoît Barvin

vendredi 29 mars 2013

"Ce dépendeur de douilles s'était trompé de métier". Jacques Damboise in "Pensées à contre-pet".

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Pensées pour nous-mêmes:

(LE MÉCHANT EST COMME UN FRUIT MUR.
IL TOMBE TOUJOURS TOUT SEUL)

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"T'es pour ou contre la viande industrielle?
- Gargl... C'est quoi... Gargl... la bonne réponse?"

Les mangeurs de viande industrielle 
plus exposés à une mort prématurée
Audrey Chauvet

   (...) Manger des saucisses tue. Si l’on en croit une étude parue dans la revue BMC Medicine, les gros consommateurs de viandes et charcuteries industrielles auraient 44% de risques de plus que les autres de mourir prématurément. La consommation de saucisses, jambons, bacon, hamburgers et autres boulettes augmenterait le risque de mourir d’une maladie cardiovasculaire de 72% et de développer un cancer de 11%.(...)

   L’étude, réalisée sur 448.568 personnes durant douze ans dans dix pays européens, révèle que 3% des décès prématurés dans le panel auraient pu être évités en réduisant la consommation de ces viandes transformées à moins de 20g par jour. A l’inverse, les risques de morts prématurées s’accentuent au-delà de 160g de bidoche par jour.

   Toutefois, les chercheurs n’ont pas d’explication claire au lien entre charcuterie et maladies: bien sûr, ces aliments gras et salés sont connus pour ne pas être les meilleurs amis de nos artères, mais les arômes, conservateurs et autres substances ajoutées aux produits industriels pourraient également favoriser l’apparition de cancers. D’autre part, la consommation de ces produits tout préparés est souvent révélatrice d’un mode de vie et d’un niveau de revenus qui peuvent jouer en défaveur de la santé. La consommation de tabac et d’alcool pourrait aussi perturber les résultats. (...)


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(La main qui avait giflé le Président
du Conseil Européen s'empressa
d'aller laver ses doigts, empuantis)


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"Changé de stratégi?
Ahaha... Vous être un
rigolo, vous..."

Herman Van Rompuy


CONSEIL EUROPÉEN :
On ne change pas une formule qui échoue
PresseuropIl Sole 24 Ore, 
Ziarul Financiar, Les Echos

   Le Conseil européen du 14 mars, consacré à la croissance, a été un nouveau “sommet prévisible”, constate Il Sole-24 Ore. Malgré les mauvais indicateurs sur le chômage et la production, et les manifestants anti-austérité venus de toute l’Europe jusqu’à Bruxelles, remarque le quotidien,

   Ce fut business as usual dans le palais. Les conclusions sont pré-définies : un peu de flexibilité dans les règles anti-déficits, et en avant toute vers la réduction du chômage des jeunes, la mantra du moment. [...] Pas de coup d’éclat, ni de surprise. Comme si l’Europe n’agonisait pas dans la récession pour la deuxième année consécutive. [...] Il faudrait un peu d’imprévu teinté de génie, une volonté commune inhabituelle pour ramener l’Europe hors du tunnel de la crise avec moins de bavardage et quelques mesures concrètes.

   “L’Europe est condamnée à poursuivre sur le chemin de l’austérité, ouvert par Berlin pour sortir l’Union européenne de la crise”, renchérit Ziarul Financiar.C’était évident depuis que l’Allemagne a affiché un budget exemplaire, qui promet le plus bas déficit de ces 40 dernières années”, ajoute le quotidien roumain :

   le prix à payer est douloureux pour toute l’UE : chômage des jeunes un peu partout, récessions ahurissantes dans tous les pays durement frappés par la crise...Et, de plus, Berlin suit le même chemin, en demandant que l’expression “assainissement budgétaire”, autrement dit l'austérité orientée vers la croissance, soit mentionnée pas moins de 4 fois dans les conclusions du sommet !

   Depuis la signature du Pacte de croissance en juin dernier, “les choses n’ont guère avancé” déplorent également Les Echos. Le quotidien économique rappelle notamment que les “project bonds”, “ces financements obligataires créés pour soutenir de grands projets d’infrastructures – restent encore dans les limbes, alors qu’une première phase aurait dû débuter en octobre dernier”.

   Les Echos voient pourtant un espoir à l’issue de ce Conseil européen en demi-teinte, en particulier parce que “la France et l’Italie ont obtenu de leurs partenaires un peu de mansuétude” concernant les déficits publics :

   Certaines de leurs demandes [ont été] reprises dans les conclusions du sommet. Paris a ainsi vu d’un bon oeil la mention dans le texte final de “la nécessité d’un assainissement budgétaire différencié, axé vers la croissance” [ce qui] ouvre la voie à une certaine souplesse dans l’application du retour sous la barre des 3% de déficit [...] De son côté, l’Italie a poussé pour que le texte de conclusion reconnaisse le statut particulier des investissements publics d’avenir dans le calcul des déficits. (...)


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Benoît Barvin

jeudi 28 mars 2013

"Ce piètre orateur, quand on le tortura, le resta". Jacques Damboise in "Pensées inconvénientes"

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Pensées pour nous-mêmes:

(L'ESSENTIEL EST VISIBLE
PAR LE COEUR)

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"Après les Trente Glorieuses, tu crois qu'on
sera comment?
- Vieux."


Robert Castel: 
«Tout ne s'est pas effondré, mais...»

   (...) En 2009, le grand sociologue, mort mardi 12 mars à 79 ans, répondait aux questions de «l'Obs». Il analysait le passage de la précarité transitoire d'antan au système actuel du «précariat», et réclamait l'institution d'une «Sécurité sociale minimale garantie». (...)

   (...) . Le Nouvel Observateur/France-Culture En France, la cohésion sociale est mise à mal par les difficultés du service public - hôpital, école, université -, par la crise permanente des banlieues et la montée actuelle du chômage. Que révèle la crise et qu'est-ce qu'elle accentue ?

   / Robert Castel 
   Je n'ai aucune nostalgie des Trente Glorieuses, comme on appelle souvent en France la période qui a suivi la Seconde Guerre mondiale. Avec les guerres coloniales, la persistance des injustices et des inégalités, la rigidité des fonctionnements institutionnels, cette période a été assez peu «glorieuse». Mais il s'était progressivement constitué une forme de compromis entre d'un côté les intérêts du marché assurant la compétitivité et la productivité des entreprises - ce fut quand même un moment de développement économique et social et de modernisation de la société française assez exceptionnel - et de l'autre un certain nombre de garanties de sécurité, de protections, qui concernaient à peu près l'ensemble de la population. 

   Par exemple la «misère travailleuse», qui avait été le lot séculaire de ce qu'on appelait autrefois le peuple, avait été pour l'essentiel jugulée. Dans les années 1970, presque tout le monde pensait que demain serait meilleur qu'aujourd'hui, c'est ce qu'on appelait le progrès social.

   Aujourd'hui nous sommes placés face à l'incertitude des lendemains, avec le sentiment que si le pis n'est pas certain, le mieux n'est certainement pas assuré. Certes, le terme de «crise» est vague et ambigu mais, vers le milieu des années 1970, il s'est à coup sûr produit une bifurcation essentielle dans la marche de la société. Nous sommes entrés dans un nouveau régime d'un capitalisme plus sauvage, de concurrence exacerbée. Tout ne s'est pas effondré, mais on observe la dégradation de positions qui paraissaient assurées. Par exemple, depuis dix ans en France on reparle de «travailleurs pauvres», alors qu'on croyait que c'était une figure révolue du passé.

   . En France, un peu plus de 13% de la population vit au-dessous du seuil de pauvreté (c'est-à-dire 880 euros mensuels pour une personne seule). Allons-nous vers une «institutionnalisation du précariat» et des travailleurs pauvres ?

   D'une certaine façon, nous y sommes. C'est-à-dire que la reconfiguration actuelle de l'organisation du travail fait qu'un nombre croissant de travailleurs ne tirent plus de leur emploi les conditions minimales de leur indépendance économique et sociale. On peut appeler cet état «précariat» pour le distinguer de la précarité d'hier, qui n'était souvent qu'un mauvais moment à passer, par exemple pour les jeunes en attente d'un emploi durable. On constate désormais que des gens s'installent en permanence dans ces situations d'activité en deçà de l'emploi classique. Il y a incontestablement un processus de vulnérabilisation qui traverse le monde du travail.

   . La crise actuelle a révélé un certain nombre de scandales du monde de la finance. Est-ce que ça n'entraîne pas une montée du sentiment d'injustice. Et n'est- il pas lié à un sentiment d'impunité des élites ?

   Il y a des inégalités qui ne sont pas perçues comme injustes. Le fait par exemple, pour un ouvrier qui a fait peu d'études, qu'un cadre ait un salaire supérieur au sien n'est pas en soi vécu comme une injustice. Par contre, des salaires ou des rétributions qui valent plusieurs centaines de fois le smic apparaissent à juste titre scandaleux. Mais au-delà de ce sentiment d'injustice se fait en ce moment une prise de conscience que quelque chose ne marche pas à un niveau plus fondamental. 

   On nous a répété depuis plus de vingt ans que les protections sociales étaient trop rigides, que le rôle de l'Etat était trop pesant, que le droit du travail faisait obstacle au libre déploiement des entreprises, et un certain nombre de réformes libérales ont été prises dans le sens de leur réduction. Le résultat, c'est un emballement du marché lorsqu'il est laissé à lui-même. On pourrait interpréter l'explosion du capitalisme financier comme l'expression ultime du fonctionnement d'un marché uniquement conduit par la recherche du profit pour le profit, la maximisation à outrance de son intérêt, quel qu'en soit le coût social.

   Pour l'instant les réactions restent sporadiques, comme ces séquestrations de dirigeants qui expriment l'exaspération de ceux qui se retrouvent brusquement dépossédés. Ce sont comme de petites explosions qui surviennent en ordre dispersé. Sont-elles susceptibles de déboucher sur un mouvement social d'ensemble qui passerait par une collectivisation de ces actions ? Il faudrait être prophète pour en décider aujourd'hui. (...)

Lire sur:

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"Heu... Tu es sûr qu'il ne te manque pas 
quelque chose, en haut?
- J'en ai deux petites en bas...
- Petit coquin!"

Bathing Suits
vogue/hoyningen-huene 1928        & &
² 
 è-('=
+++

(Ce terroriste désamianteur amateur
était amateur de Zorro, le renard rusé)


Pourquoi la SNCF envoie en douce 
ses trains amiantés en Roumanie
Anna Rousseau

   (...) Les trains ont du mal à se cacher pour mourir. A Sotteville-lès-Rouen (Seine-Maritime), à Villeneuve-Saint-Georges (Val-de-Marne), à Culoz (Ain), à Baroncourt (Meuse), à Vesoul (Haute-Saône), des convois sont garés sur des voies secondaires et attendent en pourrissant d'être envoyés à la casse. Locomotives, voitures de voyageurs et wagons de fret s'accumulent. Près de 3.700 en tout, soit "150 kilomètres mis bout à bout", selon Arnaud Aymé, du cabinet Sia Conseil, effaré par la masse de travail qui attend... les désamianteurs.

   C'est là que le bât blesse. Démolir un train, c'est beaucoup de force physique et de bons chalumeaux. Mais avant de découper la tôle et de la vendre aux ferrailleurs, encore faut-il extraire l'amiante de tous ces trains construits entre les années 1950 et 1980. Cette matière toxique est présente dans les enduits extérieurs, dans les joints et dans les protections de chauffage. La retirer exige un travail lent, précautionneux, dans des hangars adaptés, par des ouvriers spécialisés équipés de scaphandres. 

   Or il n'y a que deux centres de désamiantage ferroviaire en France: Recylux dirige celui de Baroncourt, en "restructuration technique" depuis juillet 2012. Il reste celui de SME, situé à Culoz. Bon an, mal an, l'entreprise, située entre le Jura et les premiers contreforts des Alpes, parvient à désamianter environ 150 "caisses" par an, alors que la SNCF en a sorti 1.200 - huit fois plus - de sa flotte en 2012. (...) 

   "La SNCF nous dit qu'il y a là dix ans de boulot », explique Jocelyn Portalier, secrétaire du collectif matériel à la CGT-Cheminots. Mais ce boulot n'est pas pour les cheminots. Il est sous-traité. Un peu gênée aux entournures, la SNCF a du mal à dire pourquoi elle ne désamiante pas ses trains elle-même. "Dans nos ateliers, notre coeur de métier est la maintenance et la réparation des trains, explique Jacques Damas, directeur général délégué de la SNCF. Vis-à-vis de l'amiante, nous nous limitons le plus souvent à la dépose de pièces, ce qui représente des niveaux d'exposition faible pour lesquels nos personnels sont strictement équipés en conformité avec la réglementation." Un autre dirigeant du groupe public fait très clairement comprendre pourquoi les cheminots ne démolissent pas leurs trains: "Nous sommes le monde des trains vivants. Le désamiantage, ce sont leurs pompes funèbres."

   Or les syndicats, eux, réclament depuis des années de récupérer cette activité au nom de la préservation de l'emploi. Mais ils suivent aussi de très près le dossier pour de simples raisons de salubrité publique: le centre de désamiantage du Mans, confié à un sous-traitant, a été fermé en 2011 par ordre de l'inspection du Travail, suite aux plaintes des cheminots et des riverains. Les trains étaient désamiantés à l'air libre, laissant les particules se disperser allègrement dans la nature, et les ouvriers n'étaient pas protégés!

  En attendant, les files de trains "radiés", comme on les appelle en jargon SNCF, garés sur les voies de service, s'allongent inéluctablement. La SNCF a pris un retard considérable et n'arrive plus à faire face. Mais tout n'est pas sa faute. L'évolution des normes de sécurité, de plus en plus strictes, a considérablement ralenti le travail de démolition des trains. "Pour obtenir une certification, il faut entre neuf et quatorze mois", estime Michel Bonfils, l'un des dirigeants de SME, qui a investi près de 7 millions d'euros pour mettre toutes ses installations aux normes. (...) 

   Parallèlement, les régions, depuis la loi de décentralisation de 2002, sont devenues autorités organisatrices en matière de transport, et elles en ont profité pour entièrement remplacer le parc de leurs TER, envoyant les vieux à la casse. L'Ile-de-France s'est ainsi débarrassée fin janvier de ses "petits gris", entrés en service en... 1965. Les prochains seront les anciens RER A, environ 400 voitures de voyageurs datant de 1967. Mais si tant de retard a été pris, c'est aussi que la SNCF ne sait plus très bien ce qu'elle peut faire de ses trains. Avant les premières réglementations sur l'amiante, en 1996, la question ne se posait pas: chaque caisse, revendue à un ferrailleur, lui rapportait 3.000 euros.

   Aujourd'hui, avant de pouvoir revendre la tôle nettoyée entre 6.000 et 9.000 euros aux mêmes démolisseurs, la SNCF doit la faire désamianter, ce qui lui coûte entre 30.000 et 35.000 euros. Elle perd donc entre 21.000 et 29.000 euros par caisse! Pour sortir de ce cauchemar, la SNCF s'est décidée à investir. En septembre prochain, deux sites de désamiantage ouvriront: l'un à Chalindrey, sous la houlette de sa filiale Geodis, qui traitera 250 caisses en 2014, et l'autre au Mans, qui sera confié à un sous-traitant, avec comme objectif de se débarrasser de 300 caisses par an. Les lieux de garage devraient commencer à se vider à partir de 2015.(...)

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Luc Desle (avec le concours graveleux de Jacques Damboise)

mercredi 27 mars 2013

"Ce désaccordeur de piano croulait sous les demandes". Jacques Damboise in "Un peu de tout et de rien".

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Pensées pour nous-mêmes:

(CE QUE TU NE FAIS PAS
ON NE PEUT PAS TE LE REPROCHER)

Pcc Jacques Damboise


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COURTS RÉCITS AU LONG COURS (81)
pcc Benoît Barvin

Night (1880-1885), by Edward Robert Hughes

Vilain

   C'est ce qu'était mon voisin. Il ne montrait son vilain museau qu'avec précaution. Ses yeux exploraient le paysage alentour, la rue tranquille, les maisons individuelles, les véhicules en stationnement puis, comme un fantôme, je le voyais partir à pieds en direction de la ville, d'un pas lourd, les épaules voûtées, comme portant le poids du monde. Jamais je n'avais entendu le son de sa voix. Je l'imaginais grave et grasse, pleine de ce ressentiment qu'ont les "ratés" de la vie lorsqu'ils s'approchent de la fin de leur contrat.

   J'avais loué la petite villa voisine depuis quelques mois. J'avais dégoté un CDI dans une entreprise, via un chef du personnel à qui j'avais cédé dans ce but. Depuis, je l'évitais. Lorsque je me voyais dans le miroir de la salle de bain, j'apercevais une encore jeune femme d'un peu plus de trente ans, une brune au visage avenant, mais ça et là cernes et ridules trahissaient une beauté qui se fanait. Je n'avais jamais été mariée, ma solitude n'était accompagnée que de compagnons éphémères et ma vie, si elle en valait d'autres, ne me satisfaisait pas.

   Le "Vilain" d'à-côté m'avait vite paru le pendant, en masculin, de ce que j'étais devenue. J'avais une envie folle de lui parler, pour me trouver face à lui afin d'étudier ce visage aux traits lourds, comme inachevés, au regard inquiet - deux billes rondes et noires qui à la fois m'intriguaient et faisaient naître un drôle de frisson le long de ma colonne vertébrale.

   C'est un mercredi que j'eus l'occasion d'entrer en contact avec lui. Je sortis de la maison, passai devant sa large porte d'entrée lorsque celle-ci s'ouvrit. Il apparut. Dieu! De près il était encore plus laid que je ne croyais! Il me fit penser à Anthony Quinn dans "Notre Dame de Paris". Sourcils fournis, nez large et tordu, peau grasse parsemée de taches de vieillesse, cheveux épars d'une sale couleur rousse... Le "Vilain" portait un vieux pantalon de velours côtelé, un infâme pull couleur lie-de-vin et il exhalait une odeur d'ammoniaque ou d'acide, je ne sais. De saisissement, mon coeur s'emballa et je m'évanouis dans ses bras...

   J'ouvris lentement les yeux. Je me trouvais allongée sur un imposant sofa, dans un salon admirablement agencé: lourdes chaises des siècles derniers; bibliothèque en merisier, envahie d'ouvrages en cuir repoussé, aux lettres rehaussées à l'or fin; nombreuses statuettes venues des quatre coins de la planète, et dont j'aimai aussitôt la grâce alliée à la fragilité... Les lumières tamisées donnaient à la pièce un côté cosy qui me charma instantanément. Quant aux douces effluves de Verveine qui flottaient autour de moi, elles achevèrent de me rassurer.

   Le "Vilain" était placé en retrait, juste derrière. Il me parla et sa voix, douce comme le miel, anesthésia la panique qui, pendant quelques secondes, avait enflé dans ma poitrine. "Je ne vous veux aucun mal, disait la voix. Je vous ai amené chez moi car vous avez eu un malaise. Prenez ce bol de Verveine... Je fais moi-même mes tisanes... Vous vous sentirez mieux après".

   Mon hôte avait raison. A peine avais-je ingéré une lampée du breuvage, que toute angoisse disparut. Mon coeur battit paisiblement dans ma poitrine, j'étais même légèrement euphorique, ce qui me permit de me redresser et de me pivoter dans sa direction. Dans cette atmosphère douillette, et grâce à l'éclairage judicieusement disposé, le visage "quasimodien" du voisin se diluait peu à peu, comme s'il était effacé par un quelconque créateur invisible qui, rien que pour moi, remodelait sa créature...

   Les traits s'affirmaient, le nez s'affinait, les lèvres s'ourlaient, les yeux pâlissaient et adoptaient un magnifique et profond bleu marine... "Je suis pompette", pensai-je, étonnée de cette métamorphose mais au fond charmée par elle, car j'avais toujours aimé les contes de fées. "Si ce type devient un Prince dont l'unique ambition sera de m'embrasser goulûment, je ne suis pas contre", ajoutai-je en émettant un petit gloussement peu approprié.

   Le sang, brusquement, se figea dans mes veines. Le bas du visage, qui s'était allongé, se couvrait maintenant d'une barbe de même couleur que les yeux. Les lèvres purpurines s'ouvraient sur des dents d'une blancheur étincelante; des dents acérées qu'une langue gourmande vint caresser avec volupté. Je compris aussitôt que la métamorphose se faisait à mon détriment, que "la Barbe Bleue" habitait mon quartier...

   "La Barbe Bleue" n'était autre qu'un terrible tueur en série qui s'emparait de jeunes et jolies femmes pour leur faire subir les derniers outrages avant de dissoudre en partie leur corps dans des solutions d'acide... Il ne laissait intact qu'un bout de la femme disparue... le bout qu'il avait "adoré", suivant les propos des journalistes.

   Comme la Barbe Bleue se penchait sur moi, transformée en statue de sel, je me demandai quelle partie de mon corps il allait le plus chérir.


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Vous aussi, tentez les nouveaux métiers
issus de la crise.

Ce jour:

- Porteur de bougie allumée -

Richard Kern

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- Essayeur de chaînes rouillées -

Peter Laughner

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- Testeurs de draps pour colonie pénitentiaire -

Mary Wigman’s Dance School-Albert Renger-Patzsch

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- Ruchier vivant -

bee man


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Jacques Damboise (Tête chercheuse chez Paule Emploi)