Bonjour à vous qui, dans le maelström du net, êtes arrivés, par hasard? lassitude? erreur? sur ce blog. Vous êtes les bienvenus. Vous y lirez des extraits d'articles, de pensées, d'interviews, piochés ça et là, et illustrés de photos et dessins détournés, via un humour de bon aloi. Vous pouvez évidemment réagir avec le même humour, la même ironie que nous mettons, chaque jour, à tenter de respirer un peu plus librement dans une société qui se corsète chaque fois un peu plus.

vendredi 31 octobre 2014

"Pour définir ce politicien j'hésitais entre 'chaleureux imbécile' ou 'somptueux crétin". Jacques Damboise in "Pensées à contre-pet".

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Pensées pour nous-mêmes:

(TON BONHEUR N'EST PAS
FORCEMENT LE BONHEUR)

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(Cette femme voilée était la première
à sentir ses vents)



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"Dieu e(s)t mon droit"
(et celui des banquiers)



Seuls 22 pays au monde 
n’ont jamais été attaqués par le Royaume-Uni


   Peut-être est-ce la définition même de l’impérialisme. Regardez cette carte étonnante, relayée ce week-end par le compte Twitter @AmazingMaps : elle révèle que seuls 22 Etats de ce monde – qui en compte près de 200 – n’ont pas été attaqués au cours de l’histoire par le Royaume-Uni !



   LA CARTE DES TERRITOIRE ATTAQUÉS (EN ROSE) ET NON ATTAQUÉS (EN BLANC) PAR LE ROYAUME-UNI

   Extrait de « All the Countries We’ve Ever Invaded : And the Few We Never Got Round To », par Stuart Laycock, éd. The History Press, septembre 2012. (Manque sur la carte Sao Tomé-et-Principe.)

   Certains des pays épargnés sont minuscules, comme la principauté d’Andorre ou celle de MonacoD’autres sont imprenables comme la Mongolie qui, au temps de Gengis Khan, a montré qu’elle pouvait elle aussi conquérir le monde.

   D’autres enfin, l’ont évité de peu, comme certains territoires d’Afrique qui, à la place, sont tombés dans l’escarcelle coloniale française... Et beaucoup ne constituaient pas des Etats dans le sens contemporain du terme à l’époque de leur attaque par le Royaume Uni, ou ses pirates et corsaires.
Nostalgie impériale

   Cette carte, qui ressurgit aujourd’hui, provient en fait d’un livre publié en anglais en 2012, et qui avait été présenté plutôt comme un objet de fierté par la presse britannique, à commencer par le Daily Telegraph conservateur ! The Guardian, pour sa part, avait dénoncé la nostalgie impériale qui se cachait derrière une approche académique.
   Puissance dominante de l’expansion coloniale, le Royaume-Uni a été l’empire sur lequel le soleil ne se couchait pas. Il est désormais couché depuis longtemps, et le monde ne s’en porte pas plus mal...


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(La Femme Invisible faisait
des blagues de potache)



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Luc Desle

jeudi 30 octobre 2014

"Ce souverain prudent reçu une tribu d'anthropophages revêtu d'une magnifique armure". Jacques Damboise in "Pensées de l'à-peu près".

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Pensées pour nous-mêmes:

(LE SAGE N'A PAS D'ENNEMIS,
IL A DE FUTURS AMIS)

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(Parfois cette femme voilée
sortait de son apnée pour
venir respirer l'air du large)



µµµ

"Monsieur le Président, je vous suggère de faire
un reboot de tout ce que vous avez fait et de repartir
à zéro, OK?"




Vous vous souvenez du Barack Obama 
qui allait changer le monde? 
Qu'est-ce qu'il est devenu?

The Huffington Post

   (...) Lors de mes déplacements à Pékin, Auckland ou Rome, les gens me posent la même question: "Qu’est-ce qui lui arrive, à Barack Obama?" En fait, il y a plusieurs questions en une seule. Qu’est-il advenu de cet idéaliste qui nous apportait une bouffée d’air frais? Pourquoi est-il devenu aussi impopulaire et impuissant aux États-Unis? Pourquoi a-t-il perdu de son influence dans les discussions internationales? Pourquoi a-t-il échoué là où nous pensions qu’il réussirait? Voici quelques réponses...

Le Moyen-Orient

   La région qui lui a donné ce côté réfléchi le fait aujourd’hui paraître pour le moins dépassé. Il a réussi à se faire élire sur sa promesse de mettre un terme à la seconde guerre en Irak, qui aura duré neuf ans. Mais même si Oussama ben Laden est mort, l’organisation terroriste Daech a pris la relève. Et le président qui a obtenu le prix Nobel de la paix pour ses envolées lyriques bombarde aujourd’hui le territoire syrien et refuse d’envoyer des troupes sur le terrain.

Les mots ont leur importance

   Avocat de formation, Obama devrait connaître les limites de l'ambiguïté. Pourtant, il fait des déclarations à l’emporte-pièce qui nuisent à sa crédibilité. Il a affirmé à ses concitoyens que son système de santé leur laisserait la possibilité de continuer à voir le même médecin. C’était faux. Il a déclaré que si le président syrien Bachar el-Assad franchissait une "ligne rouge" en utilisant à des armes chimiques, les États-Unis lui en feraient subir les conséquences. El-Assad n’a pas tenu compte de cet avertissement, et les États-Unis n’ont pas bougé. Obama a dit qu’il y avait "très peu de chances" que des cas d’Ebola se déclarent aux États-Unis. Deux semaines plus tard, le virus a fait une victime à Dallas.

Des attentes irréalistes

   Obama est arrivé sur le devant de la scène avec le charme d’un Kennedy, l’optimisme de la jeunesse et un parcours universitaire remarquable, preuve indéniable que les États-Unis avaient surmonté leur "péché originel". Sa vie était une success-story multiraciale et internationale. Par ses seules origines, il allait mettre un terme aux conflits armés, faire la paix avec l’Islam, aider les plus démunis et sauver l’économie mondiale. Ces attentes (qu’il a encouragées) étaient irréalisables. Il ne les a pas mises en œuvre parce que nul ne le pourrait.

Internet

   L’ascension d’Obama a été fulgurante, même pour les États-Unis. En partie grâce au numérique, il est la première "marque" de la Maison-Blanche à s’être répandue comme une traînée de poudre. Mais la politique est d’autant plus fluctuante et fragmentée à l’âge de Facebook, Twitter et Instagram. Il y a six ans, Obama a réussi à contourner efficacement les médias "traditionnels" mais il a aujourd’hui du mal à se faire entendre dans la cacophonie numérique. Internet s’intéresse à d’autres marques et à d’autres tendances.

L’économie

   Obama a accompli plus de choses dans ce domaine que ses critiques, et même certains de ses alliés, ne sont prêts à l’admettre. Son soutien posé à des mesures de sauvetage au début de la crise économique ont permis d’éviter le pire. Son projet de relance s’est révélé assez efficace. Son équipe a permis aux États-Unis d’être mieux placée pour rivaliser (et coopérer) avec la Chine. Le système de santé d’Obama, après une mise en service assez chaotique, a aidé des millions de personnes et instauré des mesures de régulation nécessaires dans le secteur des assurances.

   Ces états de service lui ont permis d’être réélu en 2012, mais ils se sont révélés moins populaires que prévu. Pourquoi ? Parce que les riches sont devenus plus riches tandis que les classes moyennes stagnaient. La productivité est en hausse, mais les salaires sont en berne. Obama laisse entendre que sans lui les choses auraient été pires. Il dit vrai, mais le message n’est pas vraiment exaltant.

Washington

   Obama avait promis de mettre fin aux dysfonctionnements de l’État. Il ne l’a pas fait. Pour des raisons structurelles, d’abord : le président américain a beau être charismatique, il n’est ni un chef de parti, ni un premier ministre, ni un souverain. Les Pères de la nation ont pris soin de répartir le pouvoir entre les différentes branches du gouvernement, ce qui est toujours le cas.

   Les Républicains se sont appliqués à lui rendre la tâche encore plus difficile. Les nouveaux présidents bénéficient généralement d’un effet "lune de miel", qui lui a été refusé. Du jour où il a pris ses fonctions, en 2009, des Républicains se sont réunis pour lui barrer la route, déclarant publiquement que leur objectif principal était de l’empêcher d’être réélu.

Le racisme

   Les Américains sont partagés sur l’influence, et l’ampleur, du racisme dans les difficultés rencontrées par Obama. Ce qui lui a permis de servir de modèle à certains — en tant que premier président noir de l’Histoire des États-Unis — est perçu comme une menace par d’autres. Ceux qui prétendent que le racisme n’a rien à voir là-dedans ne connaissent pas les États-Unis, pas plus que ceux qui affirment qu’il explique tout.

La compétence

   Obama a évité les scandales d’incompétence gouvernementale de type Ouragan Katrina, et son mandat a été relativement épargné par les affaires. Mais gérer un pays au quotidien n’est pas donné à tout le monde. La mise en place de son système de santé a frôlé le désastre, la surveillance des frontières n’est pas totale et ses timides initiatives pour empêcher la propagation de l’épidémie d’Ebola aux Etats-Unis ont mis un certain temps à se mettre en place. Cette dernière menace pourrait même définir les deux dernières années de son mandat.

Obama lui-même

   Très fier et sûr de lui en public, Obama n’en est pas moins prudent et méfiant. Il préfère la complexité à la simplicité. Son intelligence et son parcours exceptionnel sont salués depuis toujours, et il a l’habitude qu’on lui témoigne du respect, même si beaucoup ne l’apprécient pas. Il aime mettre les gens à l’aise et ne cherche pas le conflit. Il a grimpé les échelons grâce à son charme et son sens du timing plutôt qu’en bombant le torse.

   Son côté réfléchi, calme et optimiste lui ont permis de se faire élire, mais il le rend dédaigneux du Congrès et des réalités politiques en général. Sa petite équipe est composée de collègues de l’époque où il était sénateur et de membres de sa première campagne présidentielle, et il a du mal à s’ouvrir à d’autres personnes. Il ne s’est pas fait beaucoup d’amis à Washington — ni d’ennemis jurés, d’ailleurs — et cela ne semble pas le déranger.

   Mais les menaces actuelles dans le monde pourraient laisser penser qu’il est nécessaire de faire preuve d’agressivité. Ses qualités de dirigeant seront mises à l’épreuve comme jamais auparavant au cours de ses deux dernières années à la Maison-Blanche. Les États-Unis ne sont plus en position de force, mais leur rôle demeure indispensable, et ce qui est arrivé à Obama importe moins que ce qui lui arrive maintenant.


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(Mon chien se présenta à la députation
et faillit se faire élire, mais la couleur blanche
de sa cravate fut un terrible handicap)



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Luc Desle

mercredi 29 octobre 2014

"Elle avait de petits yeux car, pour vivre, elles les avait vendus pour les remplacer par de jolies agates". Jacques Damboise in "Pensées à contre-pet".

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Pensées pour nous-mêmes:

(LA PLUIE NE MOUILLE QUE
LES VÊTEMENTS, PAS LES ÂMES)

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(Indigène cherchant à échapper aux barbares)

Voir plus bas


(Source: generic-art)

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(Files d'immigrés venant envahir la France)




Parlez-vous le néo-facho ? 


David Caviglioli, Jacques Drillon et Grégoire Leménager 

Antiracisme

    Idéologie cauchemardesque qui a pris le pouvoir en France dans les années 1980. «Communisme du XXIème siècle» selon Alain Finkielkraut, «branche terroriste » du nihilisme et avatar du« Démon» pour Richard Millet, l’antiracisme prône «une société sans discrimination ni frontière» (« Valeurs actuelles »), horizon monstrueux qui fait froid dans le dos. «A la maladie nazie et à la névrose communiste a succédé le conditionnement antiraciste.» (Millet toujours) Quiconque ne s’y soumet pas est lynché (voir Lynchage), et/ou devient célèbre.

Autre

    Espèce en voie de disparition, puisque l’antiracisme*, dans son refus de la frontière, désire «l’avènement du Même*». «C’est précisément par là qu’il rejoint le pire des racismes» («Eléments»). L’antiraciste, derrière son masque, est donc le vrai raciste. En revanche, l’inverse de l’antiraciste, auquel on cherche en vain un nom plus ramassé, aime l’Autre. Surtout quand il est Ailleurs (voir Majuscule).

Civilité

   Valeur fondatrice d’un parti comme l’In-nocence*, au même titre que «le civisme», «la civilisation», «l’urbanité» et le «respect de la parole». Se comprend surtout par opposition aux incivilités, également appelées«nocences», qui ravagent la société française: «pieds sur les banquettes»,«cueillaison privée de fleurs publiques», «bruits d’enfants» (voir Décivilisation). Défendre la civilité en toutes circonstances impose par exemple de comparer les immigrés* à des «cambrioleurs» (Renaud Camus), ou d’observer que les gamins tués par Breivik, après tout,«n’étaient que de jeunes travaillistes» (R. Millet).

Contre-colonisation

   Synonyme de Grand Remplacement*, présentant l’avantage de souligner sa dimension barbare et belliqueuse, puisqu’il est bien entendu que les immigrés nous ont déclaré la guerre. Ne pas craindre d’être totalement illogique en dénonçant par ailleurs l’usage abusif du terme «colonisation» pour évoquer l’ancien empire français. Car «sauf peut-être en Algérie, et bien avant cela au Canada ou en Louisiane, la France n’a pas procédé à une colonisation à proprement parler» (R. Camus).

Curés

   Terme à connotation péjorative sous la plume de gens qui revendiquent haut et fort leur catholicisme, pour attaquer tous ceux qui ne sont pas d’accord eux. On peut aussi, au nom d’un Occident chrétien millénaire, traiter ses adversaires d’apôtres, de dévots, de bigots (D. Tillinac), et reprocher à ces inquisiteurs de mener des procès en sorcellerie. Cette récupération lexicale osée permet, jusque dans le très pieux «Valeurs actuelles», de dégainer l’arme suprême: Voltaire, qui comme chacun sait aimait beaucoup se rendre à la messe.

Décivilisation

   Concept central de la philosophie politique de Renaud Camus, au point d’en avoir été détaché pour constituer la matière de son Opus Magnum, «Décivilisation», d’ailleurs dédié «à Richard Millet, fraternellement». La décivilisation repose sur l’égalité revendiquée entre «les sexes», «les âges», et les «niveaux d’expérience».

Déculturation (Grande -) 

   Précédant la décivilisation* d’un tome, la Déculturation est aussi «Grande» que le remplacement. (L’histoire ne dit pas pourquoi la décivilisation n’est pas Grande, pour Camus.) Editée en 2008, la «Grande Déculturation» vise l’école, en tant qu’elle est la fossoyeuse de la culture française. Dans l’«Abécédaire de l’In-nocence», l’entrée Déculturation comprend quatre communiqués: le premier sur la désignation au Sénat du «Plus grand Français de tous les temps» (avec Coluche et Bourvil, mais sans Proust et Cézanne); le deuxième sur le battage médiatique fait autour de la mort de Mickael Jackson; le troisième sur la prononciation erronée du nom d’Eric Raoult; le quatrième sur le statut social et culturel des sportifs et des chanteurs de variété. Vivement la Grande Reculturation.

Dissidents

   Appellation empreinte d’une grande modestie dont se gratifient les opposants à l’antiracisme, apparue dans le premier numéro des «Cahiers de l’In-nocence». Renaud Camus y proclame: «Nous n’avons d’autre ressource que la dissidence». Le dissident se réclame beaucoup de Soljenitsyne, tout en devant reconnaître, mélancolique, que «l’antiracisme dogmatique […]ne dispose pas encore de Sibérie.» (R. Camus)

Grand Remplacement

   Concept clé de Renaud Camus décrivant le«changement de peuple», ou substitution progressive d’une population par une autre: «Le Grand Remplacement en cours, en France et en Europe, des populations indigènes par des populations immigrées.» Comparable à la permutation des voyelles dans le grec ancien que les phonéticiens désignent par «métathèse de quantité», et qu’on explique aux élèves par la formule «la grosse mange la petite», ce phénomène s’accélère du fait que l’émigré, comme le catholique, a une fâcheuse tendance à se reproduire. Ce Grand Remplacement de la petite par la grosse a évidemment une connotation sexuelle.

   Par ailleurs, «ni la guerre de Cent Ans ni l’Occupation allemande n’ont constitué pour la patrie une menace aussi grave, aussi fatale». Inutile d’objecter qu’il a, pour l’instant, fait un peu moins de morts.

Identité

   A l’origine, notion complexe regroupant ce qui configure à la fois notre ressemblance et notre dissemblance à l’Autre*. Aujourd’hui, le mot désigne la certitude d’être chez soi entouré de gens absolument semblables, certitude menacée par le Grand Remplacement* et l’antiracisme*. «Je n’ai plus le droit de m’interroger sur mon identité.» (R. Millet)

Immigré

   Divinité intouchable de la dictature antiraciste. «Figure noble, par excellence», «devenue esthétiquement et politiquement majoritaire» (R. Millet), l’immigré africain jouit en France d’un grand prestige et accapare l’essentiel des richesses du pays. A distinguer de l’immigré européen, qui n’est pas «susceptible de commisération, parce que Blanc et chrétien»: il faut aller voir les quartiers sinistres où s’entassent Britanniques, Hollandais et Suédois, en butte au mépris de tous et au harcèlement policier. Enfin, au bas de l’échelle sociale, se trouve l’indigène*, souffrant seul de sa condition minoritaire*.

Indigène

   Français blanc et chrétien. Ne pas confondre avec les indigènes de l’époque coloniale, tels qu’ils étaient nommés par les Français blancs et chrétiens, qui n’étaient alors pas des indigènes. La raison de cette inversion est bien évidemment que la France a subi depuis une contre-colonisation*.

In-nocence

   Nom donné par Renaud Camus au parti qu’il a fondé en 2002, et qu’il traduit lui-même par «la non-nocence, la renonciation ou le refus de la nuisance, l’engagement ou l’aspiration à ne pas nuire.» Il est inutile de le chercher dans les dictionnaires: faire compliqué quand on peut faire simple est un des prix à payer pour défendre et illustrer la langue* dans sa pureté originelle.

Langue

   Martyr du multiculturalisme. N’est déjà plus qu’un«fantôme», puisque même «le roman» est désormais un «lieu de sa destruction», comme dit Richard Millet. Heureusement, grâce à une poignée de génies qui, comme lui, «continuent d’être des stylistes envers et contre tout», la langue résiste à cette «paupérisation de la littérature» à coups de majuscules* emphatiques, de tournures ampoulées qui s’étalent sur vingt-cinq lignes, de néologismes délicats comme «remplacisme» (R. Camus) et de syntagmes raffinés comme «moins pire que…» (R. Millet).

Lynchage

   Ou lapidation, assassinat, procès stalinien, cabale des dévots, fatwa. Sort funeste réservé au dissident. On parlera par exemple d’un «lynchage maccarthyste contre Zemmour» (Riposte laïque). Le lynchage est en général constitué de quelques éditoriaux hostiles dans la presse de gauche, atteinte intolérable à la liberté d’expression*.

Liberté d’expression

   N’existe plus. Le dissident peut certes continuer à publier ses livres, cumuler les tribunes médiatiques et prospérer sur internet. Mais le Système (voir Majuscule) est bien rodé, puisque malgré tout ça, la liberté d’expression n’existe plus.

Majuscule

   Placée au début d’un mot, la majuscule montre qu’on n’est pas face à un simple mot, mais face à un concept, donc quelque chose d’important:«l’articulation du Droit et du Marché, donc de la Propagande» (R. Millet). A noter: la majuscule souligne principalement le concept déplorable. Par exemple, on écrira: «Le Nouvel Ordre Moral prohibe même la consommation du saucisson et du vin à l’apéritif.» Avec des majuscules à «Saucisson» et «Vin», on ne passe plus pour un dissident*, mais pour quelqu’un qui aime l’alcool et la charcuterie de manière excessive.

Même

   Malgré le soin que le dissident a de préserver l’Autre* dans son altérité, ledit Autre gagnerait à être un peu plus Même. En France, on attend de lui qu’il s’intègre et tombe la djellaba. A l’étranger aussi, d’ailleurs: «Le monde ne serait guère agréable si Alger ressemblait à Paris et Bamako à Madrid, parce qu’à la fin, tout ressemblera à tout. (Encore qu’il serait appréciable que les femmes de Kaboul puissent se vêtir comme celles de New York).»(Elisabeth Lévy)

Minoritaire

   Condition de l’indigène*. «Jamais je n’aurais pensé me retrouver un jour minoritaire, sur le plan racial, culturel, religieux.» (R. Millet) Par déduction, l’immense majorité de la population française est composée de Peuls, de Sikhs, de Pachtouns, de Mandchous et de Kabyles.

Multiculturalisme

   Fléau majeur, à base de femmes voilées et de sous-culture hollywoodienne, qui déferle sur la France et l’Europe depuis des années. Dans la novlangue des flics antiracistes de la Pensée unique, ce «nom de code» sert à masquer le Grand Remplacement*. Car ce «prétendu multiculturalisme» ne signifie rien d’autre que «la bêtification spectaculaire marchande, l’hébétude hyperdémocratique, la ruquiérisation des esprits, la politique cabaret, la Grande Déculturation» (R. Camus). Il a naturellement une grande responsabilité dans «la conversion de l’individu en petit-bourgeois métissé, mondialisé, inculte, social-démocrate – soit le genre de personnes que Breivik a tuées» (R. Millet).

Nouvel Ordre moral

   Ou «mondial». Expression, empruntée à H.G. Wells, décrivant l’emprise planétaire de la bien-pensance totalitaire. Denis Tillinac dénonce ainsi«les bigots du nouvel ordre moral» qui menacent la France «de renouer avec ses mœurs des années noires». Le dogme de la «pureté» (R. Millet) ne rappelle en revanche que de bons moments.

Novlangue

   Redoutable outil carcéral mis en place, exactement comme dans «1984»*, par le Système. Car la novlangue ne se contente pas de prescrire des mots infâmes comme multiculturalisme* ou antiracisme*, elle en proscrit aussi:«les dernières menées révisionnistes contre la langue, en France, réclament par exemple la suppression de ‘‘mademoiselle’’ et de ‘‘race’’» (R. Millet). A ne surtout pas confondre avec les «éléments de langage» comme «remplacisme» ou «contre-colonisation»* forgés par Renaud Camus dans son «Abécédaire de l’In-nocence».

Pensée unique

   Expression polyvalente, qui désigne aussi bien l’antiracisme* que l’ambition hégémonique des antiracistes. A noter: la pensée unique n’est pas réellement unique, puisqu’il en existe d’autres. La répression de ces dernières échoit à la police de la pensée*.

Police de la pensée

   Ou politburo stalinien, tribunal inquisitorial de la bien-pensance, etc. Organe où siègent des avatars de Vichinsky, des procureurs, des épurateurs, etc. «La flicomanie des Torquemada de la rive gauche» (D. Tillinac). Ensemble des écrivains et journalistes chargés d’assurer le règne sans partage de la pensée unique*. Pour y parvenir, ses lieutenants publient des articles ou des livres. «La police de la pensée a envoyé les flics du Nouvel Observateur» (R. Millet). Attention: un penseur d’extrême-droite qui publie un article ou un livre n’appartient pas à la police de la pensée, mais à la dissidence (voir Dissidents).

Race

   «Beau mot» déshonoré par Hitler. Hélas, «depuis cinq ou six lustres, est devenu tout à fait tabou dans notre langue, où pourtant il avait prospéré avec le plus grand naturel plusieurs siècles durant en toute tranquillité»(R.Camus). Le mot « nous manque », donc, puisqu’il s’avère absolument nécessaire pour définir un peuple, même si c’est pour lui faire dire la même chose qu’au mot peuple. Le cas échéant, reprocher à Hitler d’avoir rendu«suspects» de nombreux autres termes «indispensables au système de protection ontologique de l’Europe».

Réel

   Ennemi de la gauche bien-pensante, qui est «contre le réel». (E. Lévy) «La réalité telle qu’elle ne doit pas être nommée» (R. Camus), c’est le Grand Remplacement*. Contrairement à la bien-pensance, la dissidence est lucide: elle considère qu’il suffit d’arrêter le cours des mouvements migratoires planétaires, pour revenir tant qu’il est possible à ce «pays réel»* (Charles Maurras, repris par Radio Courtoisie) bucolique de jadis où, comme on le sait, une population absolument homogène s’aimait d’amour à l’ombre des clochers et où la vie était sans douleur.

RER

   Espace invivable où le dissident* constate qu’il est une minorité* menacée dans son propre pays. «Le RER B est un cauchemar, surtout quand je suis le seul Blanc.» (R. Millet) «Quiconque a déjà voyagé dans une rame entouré de gens vêtus de boubous ou de djellabas devrait avoir l’honnêteté de partager ce constat.» (E. Lévy). Renaud Camus parle quant à lui du«syndrome du Noctilien, du nom de cet autobus de nuit où fut roué de coups un jeune indigène, ainsi qu’il est tout à fait courant.» A noter: comme les agresseurs n’étaient pas des indigènes*, ce n’est plus la bonne vieille délinquance du pays réel*, c’est un signe du Grand Remplacement*.

Verticalité

   Principe hiérarchique qui régissait l’ancienne société. Nous vivons une crise de la verticalité. «La chute de toute verticalité en un vertige horizontal.»(R. Millet) Dans l’horrible monde horizontal, le pays émergent donne des leçons au pays émergé, l’étranger perd toute déférence envers l’autochtone, l’inculte rechigne à subir le mépris du lettré, l’adolescent ricane devant les admonestations de l’adulte. Cette situation est évidemment inacceptable, principalement pour le vieil écrivain français. Il faut donc réhabiliter cette verticalité, du moment qu’on continue à en occuper le sommet.

1984

   Grand roman antitotalitaire publié en 1949 par George Orwell, dans lequel chacun vit sous le regard de Big Brother, et où la Novlangue* en vigueur interdit toute liberté de pensée* en bannissant certains mots. A condition d’oublier que son auteur, socialiste déclaré, a combattu l’impérialisme britannique et le franquisme en Espagne, la référence est donc tout à fait adaptée pour dénoncer la férocité de la démocratie quand on soutient, comme Richard Millet, le régime de Bachar al-Assad. 

   A noter: Millet lui préfère «le Meilleur des mondes» d’Aldous Huxley, parce qu’il «va plus loin dans l’évocation de cette catastrophe que sont la mondialisation anglophone et ses ‘‘dommages collatéraux’’». A noter encore: «le Camp des saints» de Jean Raspail, où l’Occident blanc périt devant un afflux d’immigrés miséreux, a été réédité en février 2011 avec une préface intitulée «Big Other». Il s’est vendu à 40.000 exemplaires en quelques semaines. Que faisait la police de la pensée? Il faut croire que le Big Brother antiraciste était en vacances.



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(Fille indigène attendant, en petite tenue,
les hordes d'envahisseurs)


fridawannerberger: marble at me

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Luc Desle

mardi 28 octobre 2014

"Blagueur, le barbier de Barbe-Bleue la teignit en rose". Jacques Damboise in "Pensées de l'à-peu près".

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Pensées pour nous-mêmes:

(CHAQUE JOUR
ÉMERVEILLE-TOI D’ÊTRE VIVANT)

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(Nadia jura, mais un peu tard, de ne plus

jamais se pencher imprudemment à la fenêtre)



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(Geluck)


ÉNERGIE
Au Venezuela, il est moins cher 
d'importer du pétrole que d'en produire

SABINE GRANDADAM


   "Le Venezuela importe du pétrole pour la première fois dans son histoire", titre El Universal à Caracas. Un porte-conteneurs en provenance d'Algérie devrait arriver le 26 octobre sur les côtes vénézuéliennes avec quelque 2 millions de barils d'un pétrole algérien ultraléger, dénommé Saharan Blend. 

   La compagnie pétrolière de l'Etat du Venezuela (PDVSA) n'a pas confirmé la nouvelle, diffusée le 16 octobre par l'agence Reuters. Il s'agit pourtant d'une "atteinte à la souveraineté d'un pays qui compte les plus grandes réserves pétrolières au monde", note le quotidien espagnol El País, qui ajoute que "la chute des prix du pétrole aggrave la crise économique du Venezuela". (...)

   De fait, l'importation de ce pétrole algérien léger est destiné à réduire le coût de la transformation du pétrole lourd issu des gisements de la ceinture de l'Orénoque, dans le nord-est du Venezuela. Avant d'être exporté, ce brut doit être mélangé à un solvant, et l'industrie pétrolière vénézuélienne utilise habituellement du naphta lourd pour cette opération. Mais le coût élevé du naphta pèse sur les comptes de la PDVSA, surtout dans le contexte actuel de baisse des prix du baril sur le marché, privant le Venezuela d'une provision de devises. Le gouvernement de Nicolás Maduro a donc choisi de s'approvisionner en pétrole léger d'Algérie pour l'utiliser comme solvant moins coûteux que le naphta. 

   Le président Maduro a par ailleurs sollicité auprès de ses partenaires de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) une "réunion extraordinaire pour analyser le comportement des prix du brut", note El Universal. Selon un économiste cité par El País, le Venezuela aurait besoin d'un prix du brut à 120 dollars le baril pour espérer maintenir ses dépenses publiques actuelles. "Un prix impensable dans le contexte actuel du marché", précise El País, puisque le cours actuel est de 80 dollars.

   "Maduro écarte toute idée que la chute des prix du pétrole affecte l'économie [du pays]", relaie pourtant El Universal. Mais qu'il nie l'évidence ou non, le pouvoir vénézuélien est confronté à une réalité sous-jacente aux caprices des cours du pétrole : l'état déplorable de son industrie pétrolière, rapporte El Nuevo Herald à Miami. Pour Humberto Calderón Berti, ancien président (vénézuélien) de l'Opep, qui a été ministre de l'Energie et des Mines avant l'ère Chávez, "cette industrie a été détruite dans sa quasi-totalité et nous avons perdu une grande partie de notre capacité de production".


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"YYYAAAAHHHH!!!!!"


(Big Mamma, la célèbre catcheuse,

 fallait surtout pas l'énerver)

(Source: theroamer)

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Benoît Barvin

lundi 27 octobre 2014

"L'homme qui croyait aux mites se dit qu'il avait fait une erreur quelque part". Jacques Damboise in "Pensées de l'à-peu près".

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Pensées pour nous-mêmes:

(AIME QUI T'AIME)

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"Tu as raison, Edward, 
j'ai moins froid maintenant...
- Approche-toi plus près encore...
- Tu es sûr?"


(via groundbreak)

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(Remember)


bouffonduroi.over-blog.fr

Quand le président de Total
jouait l’imbécile au café du Commerce‏

MYRIAM (REPORTERRE)
   (...) Christophe de Margerie, président de la compagnie Total, et un des barons de l’oligarchie française, est décédé dans un accident d’avion à Moscou lundi 20 octobre. Je tiens à préciser que je n’ai rien contre le journal Libération. Il m’arrive même de l’acheter et de le lire… Mais ce que j’ai vu du « Forum » Libération qui s’est tenu à Rennes ce week-end était tout simplement écoeurant.

   Le thème : 2030. Les invités ce samedi matin 12 avril : Christophe de Margerie, PDG de Total, Pascal Lamy, ex-secrétaire général de l’OMC, et Navi Radjou, optimiste par nature (je ne lui ai pas trouvé d’autre fonction officielle que celle-ci)De Forum, il ne fut point. Juste un exercice de séduction de Christophe de Margerie pendant 1h30 (c’est long).

   Introduction de C de Margerie : « Ce que je souhaite pour 2030, c’est que les gens se parlent sans rentrer dans les vieux antagonismes. » La gouvernance mondiale ? Les Etats et la classe politique ont fait leur temps. Place aux citoyens et aux entreprises car « c’est elles qui créent l’emploi et fabriquent l’innovation dont le monde a besoin ».

   Le dérèglement climatique ? Il a fallu que quelqu’un dans l’assistance, moi, pose la question car la journaliste modératrice du « débat » n’avait pas jugé utile d’évoquer le sujet. J’ai pourtant lu sur un média très sérieux que Total était le plus gros émetteur de CO2 en France, et de loin, avec 398 millions de tonnes rejetées en 2010 par les barils extraits au large des côtes du monde entier (article de Jade Lindgaard et Arthur Pivin).

   Réponse de Christophe de Margerie : « En France, ce sont les raffineries qui émettent du CO2, mais quand j’ai voulu en fermer une en France, la France entière s’est mise en grève. Êtes-vous venue me soutenir pour fermer cette raffinerie ? »

   Pourtant, la question ne portait pas sur le raffinage sur le territoire national mais bien sur l’extraction mondiale. Les experts du climat affirment que si les grands producteurs pompent toutes les réserves de pétrole connues ou en cours de découvertes, nous serons bien au-delà de 2° C espérés d’augmentation de la température moyenne mondiale.

   La transition énergétique ? Petit sourire narquois pour expliquer que Total avait acheté une exploitation photovoltaïque en Californie. « Mais c’est moche. Je ne voudrais pas de cela dans ’ma’ Normandie. D’ailleurs il n’y a pas beaucoup de soleil en Normandie ! » S’en suit une diatribe pour dire que l’économie française était déjà largement« décarbonée » et que c’est dans les pays émergents que la transition doit avoir lieu. « Et nous, Total, on les aide à produire proprement ». Sans plus de précision sur l’aide.

   La journaliste de Libé ne semblait pas disposée à demander des éclaircissements. Et puis, rien ne remplacera un réacteur nucléaire, pas même l’exploitation photovoltaïque de Californie. « Il faut garder ce qui marche »Pour finir, les cinq questions posées par l’assistance n’ont donné lieu à aucun débat, le micro étant sur le champ retiré à celui ou à celle qui avait la chance de l’attraper.  Tiens, la journaliste prend la parole ! « On a pu finir sur une note d’optimisme, on a bien fait de ne pas faire la grasse matinée ce matin ».

   L’optimisme de circonstance était le suivant :

   Navi Radjou : « Je viens souvent en France car il y a beaucoup d’innovation en terme d’économie de partage, d’économie circulaire et d’économie du système D. »

   Christophe de Margerie : « La France est très attendue dans le monde. Je reviens de Mexico et je peux vous dire que là-bas, ils ne savent pas que nous sommes dans un profond pessimisme. Alors allez travailler à l’étranger, bougez, vous verrez ! Mais j’aime aussi Rennes, et je vais l’aimer encore plus car ma fille va s’y installer. Mais pas sous le nom de Margerie, heureusement pour elle » (regard à la personne, moi, qui a évoqué les 398 millions de tonnes de CO2 en 2010).

   Ouf, on a quand même pu finir sur de l’optimisme. Et puis, comme espéré pour 2030, « les gens se parlent sans rentrer dans les vieux antagonismes ».


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(Ce sauté de champagne avait plus de succès
que le sauté de veau)



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Benoît Barvin

dimanche 26 octobre 2014

"Ce tueur de Belles-Mères, avec la mienne, tomba sur un os". Jacques Damboise in "Pensées de l'à-peu près".

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Pensées pour nous-mêmes:

(LE COURAGE C'EST
D'OUBLIER SON EXISTENCE)


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   Natalie ou Nathalie Cole est une chanteuse de jazz, soul et R&B, musicienne et actrice américaine née le 6 février 1950 à Los Angeles, Californie. Elle a reçu le Grammy Award du meilleur nouvel artiste en 1976. Elle est la fille du pianiste et chanteur de jazz et de rhythm and blues, Nat King Cole, (avec lequel elle chante, post mortem, dans "Unforgettable).



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Natalie Cole LIVE - Unforgettable


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Diana Krall and Natalie Cole - 'S Wonderful and Route 66 
(Ask a woman who knows Live)


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Natalie Cole - Tell Me All About It (Ask a woman who knows Live)


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Nadine Estrella

samedi 25 octobre 2014

"Comme il chantait le bonheur de vivre, l'assemblée de Morts-Vivants se mit à pleurer". Jacques Damboise in "Pensées de l'à-peu près".

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Pensées pour nous-mêmes:

(LA FEMME ET L'HOMME
SONT LA MESURE L'UN DE L'AUTRE)
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(La contorsionniste s'entraînait toujours
très sérieusement)



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"Si ça va mal, zou! Je me fais
engager au parc Astérix!"



Euro Disney: 
pourquoi la maison-mère ne laissera
jamais tomber son parc d'attraction


Le HuffPost 

   (...) Pour la troisième fois en 22 ans, la maison-mère américaine du parc d'attraction va remettre la main à la poche pour sauver Disneyland Paris. The Walt Disney Company (TWDC) devrait mener un plan de recapitalisation d'un milliard d'euros, censé lui donner de l'air frais pour les années à venir. Euro Disney (l'exploitant du parc dont TWDC dispose de 40% du capital) souffre depuis ses origines d'un problème de dette abyssale et fait les frais de la conjoncture morose des dernières années. Mais l'oncle d'Amérique n'est pas près de laisser tomber sa vitrine européenne.

   "C'est le premier parc d'Europe et la première destination touristique française", explique au HuffPost Jean-Pierre Nadir, fondateur du portail Easyvoyage. "Avec 14 millions de visiteurs par an, on ne peut pas dire que c'est un échec". Il faut dire que malgré ses résultats en dents de scie, le parc reste le plus gros succès touristique des 25 dernières années. À titre d'indication, le parc Astérix, le Futuroscope et le Puy-du-Fou sont tous en-dessous des 2 millions.

   Le groupe croit dur comme fer dans la réussite du parc, dans lequel il a inauguré une nouvelle attraction en juillet dernier. Basée sur l'univers du film Ratatouille, elle est l'aboutissement d'un programme industriel d'ampleur dans sa conception et sa réalisation. C'est comparable au lancement du second parc Walt Disney Studios en 2002 ou la nouvelle version de Space Mountain en 2005. Montant de l'opération: 200 millions d'euros, soit le double de la "Tour de la terreur", dernière grande attraction du parc. (...)

   (...) "Disneyland Paris est la première destination touristique en Europe, mais la dégradation de l'environnement économique et le poids de la dette du groupe ont fortement impacté ses recettes et sa liquidité", a justifié Tom Wolber, le nouveau président d'Euro Disney, qui a pris ses fonctions mi-septembre. "Cette proposition de recapitalisation d'Euro Disney est essentielle pour renforcer sa solidité financière et permettre au groupe de continuer à investir dans le parc afin d'améliorer l'expérience visiteur", a-t-il dit.

   Il faut dire que malgré les résultats financiers, la réussite commerciale est incontestable. Le parc a accueilli 14,1 millions de personnes sur l'exercice 2014 (clos au 30 septembre). Il approche désormais la barre des 300 millions de visiteurs en cumul depuis son ouverture le 12 avril 1992 (avec un pic annuel de 16 millions en 2012). Mais en dépit de son impressionnant succès d'affluence, il continue d'accumuler les déficits depuis 2001.

   De fait, son exploitant n’a gagné de l’argent qu’entre 1995 et 2001. Euro Disney accusait encore une perte nette de 64,4 millions d’euros au titre de son exercice 2013, pour un chiffre d’affaires de 1,3 milliard d'euros. Avant la recapitalisation, la dette s'élevait à 1,7 milliard d'euros et devrait prochainement fondre à 750 millions d'euros. Alors, Disneyland Paris, une si mauvaise affaire que ça?

   "C'est la structure du financement qui pose un problème", explique Jean-Pierre Nadir d'Easyvoyage. "Euro Disney a été élaboré sans fonds propres, c'est normal que l'actionnaire remette la main à la poche régulièrement". En effet, le parc a toujours été condamné à s'endetter pour se développer et construire de nouvelles attractions. Mais la maison-mère n'est pas aussi perdante qu'on veut bien le croire.

   La Walt Disney Company profite d'un montage financier particulier. Le contrat prévoit qu'elle ne touche pas de dividendes (indexées sur les bénéfices), mais d'énormes royalties de la part de la société d'exploitation. Que le parc soit rentable ou pas, Disney s'assure une manne financière substantielle. Suspendus pendant cinq ans après la crise financière de 1994, ces royalties ont repris et représentent 57% des pertes nettes depuis dix ans. "Sans ces derniers, Euro Disney pourrait être très proche de la rentabilité", souligne Jean-Pierre Nadir.

   Depuis sa création, Euro Disney a reversé en moyenne 6% de son chiffre d'affaires à sa maison mère, sous forme de royalties. Le CFDT évoque une somme de 75 millions d'euros annuels. De plus, les prêts octroyés par la maison-mère ne sont pas sans intérêts. Sur les 1,3 milliard d'euros prêtés en 2012, le conseil de surveillance de Disney a fixé le taux de remboursement à 4%. (...)

   (...) Mais outre pour la maison-mère, la survie d'Euro Disney est un sujet primordial pour l'Etat français. Malgré un investissement public initial de 666 millions d'euros (interconnexions TGV, RER, échangeurs), la somme a été décuplée en 20 ans par l'investissement privé. Selon une étude de la délégation interministérielle au projet Euro Disney, 7 milliards d'euros d'investissements privés ont été réalisés depuis 1992. Toujours selon la même source, 2,5 milliards d'euros de valeur ajoutée sont produits chaque année, principalement au profit de l'Ile-de-France et de la Seine-et-Marne.

   Les visiteurs de Disneyland ont dépensé 59 milliards d'euros en 20 ans en France, ce qui représente 6,2% des recettes du tourisme en France sur la période. Un montant astronomique, auquel la France tient énormément. "La France s'est mise en quatre pour être choisie, au détriment de Barcelone également candidate", rajoute Jean-Pierre Nadir.

   Disneyland a aussi généré en 20 ans 5,33 milliards d'euros de recettes fiscales (impôts et taxes): 4,5 milliards d'euros de TVA pour les caisses de l'Etat, et 667 millions d'uros courants en impôts et taxes pour les collectivités territoriales. Sur le plan social, 55.000 emplois ont été créés en 20 ans (en moyenne annuelle), "directs, indirects ou induits", sachant qu'un emploi à Disneyland en a généré près de 3 ailleurs en France. Fin 2010, Disneyland comptait un peu moins de 15.000 salariés. Mais "c'est au total 20.000 emplois en Seine-et-Marne", rajoute l'étude. Difficile donc d'envisager Marne-la-vallée sans son parc.

   Enfin, "pour la Walt Disney Company cette présence en Europe est stratégique",expliquait pour les 20 ans Ignace Lahoud, directeur adjoint finances d'Euro Disney, "c'est sa plus belle vitrine". "Ils n'ont pas le choix", assure quant à lui Jean-Pierre Nadir: "C'est leur nom et leur marque, il est impossible d'imaginer Euro Disney sans Disney". (...)


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(La partie de cartes avait duré un peu trop longtemps)



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Luc Desle