Bonjour à vous qui, dans le maelström du net, êtes arrivés, par hasard? lassitude? erreur? sur ce blog. Vous êtes les bienvenus. Vous y lirez des extraits d'articles, de pensées, d'interviews, piochés ça et là, et illustrés de photos et dessins détournés, via un humour de bon aloi. Vous pouvez évidemment réagir avec le même humour, la même ironie que nous mettons, chaque jour, à tenter de respirer un peu plus librement dans une société qui se corsète chaque fois un peu plus.

samedi 30 novembre 2013

"La tradition qui voulait qu'on embroche les nouveaux-nés femelles sur le feu était controversée". Jacques Damboise in "Pensées inconvénientes".

¤¤¤
Pensées pour nous-mêmes:

(DANS L’ŒIL DU MAÎTRE
TU NE TE VERRAS PAS FORCÉMENT)

¤¤¤
Nouveau court récit au long cours (28)

LE LIBÉRÉ 
DU 
CLUB MAD

   L’apprenti sociologue Jean-Michel se perd dans ses réflexions, en compagnie de Daniel et de Rachel quand l'île se met à trembler...


poseidon-ou-neptune-dans-la-mythologie-romaine-le-dieu-de-la-mer


   Tout en bas, il y a comme un remue-ménage parmi les rochers et les arbres. On est trop loin pour deviner ce qui se passe. On ne distingue que les contours de la presqu’île, le grand parc verdoyant et la baie sablonneuse ourlée d’immeubles blancs. Soudain, c’est toute une suite de détonations qui résonnent dans la vallée. Un panache de fumée orange s’élève au dessus du Village. La mer elle-même semble en furie, bousculée par la terre qui s’effondre. De là-haut, on ne voit que des moutons blancs déferlant sur la verdure, et on entend quelques exclamations plus en bas dans les oliveraies. 

   C’est à peine si le sol sous leurs pieds tressaille comme devait tressaillir jadis, le mont Olympe sous les coups de tonnerre. Jean-Michel et Rachel se regardent interloqués. Daniel avait donc vu juste. C’est effrayant et en même temps fascinant. Rachel pense au pêcheur du ponton. Lui aussi disait vrai. Elle espère fortement que tous auront réalisé à temps le danger et qu’il n’y aura pas de victimes. 

   - Alors, vous saviez ? interroge Jean-Michel. Franchement, je vous ai suivis jusqu’ici, mais je n’y croyais pas. 

   Daniel se tait. Il sait bien que personne ne pouvait croire en ce qui ressemblait trop à des divagations. Mais il est sûr que certains auront eu l’intelligence de suivre son dernier conseil. 

   Il regarde la baie, silencieux. Une minuscule presqu’île engloutie, c’est peu de chose finalement, et ça ne suffira sûrement pas à faire changer le monde, juste à modifier la topographie d’un lieu que des bulldozers remodèleront sans vergogne. 

   Qui s’en souciera hormis ceux qui se nourrissaient des senteurs marines, qui aimaient la caresse du vent à cet endroit et qui ressentaient de l’amour pour les vieilles roches et les arbres tutélaires d’Ipsos ? 

   Rares sont ceux qui trouvent encore plaisir à danser des sirtakis sur une plage. 

   C’est ainsi, et Daniel se sent délivré d’un poids. Celui de sa supposée mission. Il sait que toute l’Histoire est sujette au doute et que la sienne n’échappe pas à cette règle, mais face à cette terre qui a tremblé parce que c’était le moment pour elle de trembler, il est saisi d’une certitude : il est inutile qu’il continue de se raconter des histoires. 

   Il est à Corfou, au dessus d’Ipsos, dans les collines. 

   Ils sont trois rescapés. 
 
   Ils se tiennent par la main. 

   Cela suffit pour le moment 

(A Suivre)

¤¤¤

(Ces tortues en jute étaient de sacrées coquines)


Miniature “Therapeutic Toy” Turtle in natural jute. 
Originally designed by Renate Müller in 1969.


¤¤¤

(Parmi ces 4 célébrités, une seule n'est pas une contrefaçon.
Sauras-tu la désigner?)


purepeople.com

Les agriculteurs seront-ils bientôt 
poursuivis pour contrefaçon ?

Amélie Mougey

   (...) Haro sur les faux sacs Vuitton et la reproduction illicite… de grains de maïs. Le Sénat a voté, mercredi 20 novembre, une proposition de loi « tendant à renforcer la lutte contre la contrefaçon ». Aussitôt, la coordination rurale, le comité Semons la biodiversité, et la CNDSF (Coordination nationale pour la défense des semences fermières) se sont fendus de communiqués enflammés fustigeant une « loi scélérate » ou réclamant des amendements avant son examen à l’Assemblée. Les raisons de leur colère ?

   Sur la liste des branches de la propriété intellectuelle concernées par le texte on retrouve les « obtentions végétales », c’est-à-dire les variétés vendues aux agriculteurs par les semenciers. Le Réseau semences paysannes voit dans ce texte «un arsenal répressif» mis à disposition des semenciers pour venir à bout des agriculteurs récalcitrants à leur passer commande tous les ans. Le Groupement national interprofessionnel des semenciers (Gnis) parle de « fantasmes ». Terra eco fait le point.

   / En France, un agriculteur peut-il être accusé de contrefaçon ?

   - Oui. C’est là la principale source de crispations. « Etre assimilés aux réseaux mafieux et bandes organisées alors qu’on perpétue une pratique agricole vieille de plusieurs millénaires, c’est humiliant », s’emporte Jean-Louis Courtot, président de la CNDSF. Le texte en question, destiné à donner plus de moyens d’action aux douaniers, ravive le débat délicat des droits de propriété sur le vivant. « Mettre sur le même plan une semence, une montre et une pièce détachée automobile est insensé », renchérit Guy Kastler, délégué général du Réseau semences paysannes. Ce traitement juridique sans distinction n’est pourtant pas nouveau : la loi sur la contrefaçon de 2007 mentionnait déjà les obtentions végétales.

   / Comment expliquer que les agriculteurs qui récupèrent des semences d’une année sur l’autre soient hors-la-loi ?

   - En évoquant la propriété intellectuelle. Depuis la Convention internationale de l’Union pour la protection des obtentions végétales (UPOV) de 1961, la plupart des semences sont protégées par un Certificat d’obtention végétale (COV). Sortes de brevets allégés, les COV autorisent la recherche et la sélection sur les variétés protégées mais interdisent de les reproduire en vue de les réutiliser une deuxième année. Les semenciers voient dans ce compromis la garantie d’un juste retour sur investissement. « Il s’agit de soutenir et de protéger la recherche, si les agriculteurs arrêtent de payer après la première année, les obtenteurs (les créateurs de nouvelles variétés, ndlr) ne récoltent jamais le fruit de leur travail », expose Isabelle Ferrière, responsable de la communication au sein de l’Union française des semenciers (UFS). Pour Guy Kastler au contraire,« les semenciers monétisent le fruit de siècles de sélections de variétés réalisées gratuitement par les agriculteurs ».

   / Quelle part des cultures françaises est concernée ?

   Les Certificats d’obtention végétale couvrent plus de 95% des cultures françaises. La quasi-totalité des agriculteurs qui produisent des semences de ferme sont donc hors-la-loi. Seuls les utilisateurs de variétés tombées dans le domaine public (400 sur les 6000 répertoriées) et un petit millier d’agriculteurs militant pour la préservation et la multiplication des variétés anciennes (1), non protégées par un certificat, font figure d’exceptions.

   / La loi est-elle respectée ?

   - Pas vraiment. En dépit de l’interdiction, la moitié des récoltes de colza sont issues de semences de ferme. Pourtant, en dix ans, la Sicasov, sorte de Sacem de la graine, n’a instruit que 103 dossiers. Après 55 passages au tribunal, 26 agriculteurs ont été condamnés. « La Sicasov ne se concentre que sur les gros cas, les plus symboliques, quand il y a commercialisation », avance François Burgaud, directeur des relations publiques du Gnis. L’explication de Guy Kastler diffère : « La contrefaçon de semences est très difficile à prouver, les analyses coûtent cher. » Alors, depuis le 8 décembre 2011 une loi autorise, pour 21 espèces, les agriculteurs à produire des semences de ferme à condition qu’ils rémunèrent l’obtenteur chaque année.

   / Certains agriculteurs paient-ils déjà pour la réutilisation de semences protégées ?

   Uniquement s’ils produisent du blé tendre. Dans ce cas, 70 centimes d’euro pour chaque tonne produite sont prélevés à la source. Mais si un agriculteur rachète des semences l’année suivante, preuve qu’il n’en a pas produit lui-même, il est remboursé. En 2014, l’orge et l’avoine seront soumis au même système. « Pour l’instant cela ne dissuade personne de produire des semences de ferme, le montant est relativement faible et le système peu étendu », reconnaît Jean-Louis Courtot. Mais après la dernière hausse de 20 centimes d’euro en juin dernier, il craint de nouvelles augmentations « qui pourraient rendre la production de semences de ferme rédhibitoire d’un point de vue financier » . Or, selon lui, la pratique ne doit surtout pas disparaitre : « Contrairement aux produits des semenciers, traités sans discrimination, les semences de ferme permettent à l’agriculteur de limiter l’usage d’intrants (pesticides, fongicides...) en adaptant les traitement aux besoins spécifiques de chaque champ. »

   / Si elle est adoptée, la loi sur la contrefaçon va-t-elle mettre les agriculteurs face aux douaniers ?

   - Le texte n’introduit pas de nouvelle interdiction. Mais la proposition de loi discutée la semaine dernière au Sénat stipule que « l’administration des douanes peut, sur demandes écrites du détenteur d’un certificat d’obtention, retenir les marchandises ». Pour Guy Kastler, cela signifie que« la simple présomption de contrefaçon permettra aux semenciers de demander la destruction des stocks ». Hélène Lipietz, députée Europe Ecologie - Les Verts de Seine-et-Marne, tempère : « S’ils accusent à tort ils devront en porter la responsabilité. » Du côté des semenciers, on refrène tout enthousiasme : « Ce texte ne va rien changer », assure François Burgaud.

   / Un agriculteur qui cultivera des semences paysannes, ces variétés anciennes non protégées, peut-il être accusé à tort ?

   - Si son champ est contaminé par des semences protégées par des COV, et qu’un obtenteur saisit les douanes, ce scénario n’est pas exclu. C’est ce que redoute le Réseau semences paysannes.« Les champs de maïs surtout, du fait des caractères génétiques, sont vulnérables aux contaminations », précise Véronique Chable, ingénieure en génétique végétale à l’Inra, l’Institut national de la recherche agronomique. Selon elle, les législateurs prennent le problème à l’envers :« Ils partent du principe que ce sont les semences modernes qu’il convient de protéger car elles ont plus de valeur économique que les semences paysannes, souligne la scientifique, mais du point de vue de la biodiversité, c’est tout le contraire. »

(1) A ne pas confondre avec les semences de ferme issues de la multiplication des semences modernes, fournies par des semenciers.



¤¤¤

(Femmes Afghanes hyper voilées regardant vers... 
Heu... Regardant quoi, exactement?)



¤¤¤
Benoît Barvin

vendredi 29 novembre 2013

"Le tueur de doutes a disparu". Benoît Barvin in "Annonces, annonces".

%%%
Pensées pour nous-mêmes:

(L'ESPOIR C'EST AUJOURD'HUI
ET MAINTENANT)

%%%

Nouveau court récit au long cours (27)

LE LIBÉRÉ 
DU 
CLUB MAD

   Daniel ne serait-il qu'un malade mental échappé de l'hôpital psychiatrique? Et quid de Rachel et de Jean-Mich' qui ont l'air de trafiquer Dieu sait quoi? Le chef du Club sent que quelque chose ne tourne pas rond.


EPILOGUE

   Sur les hauteurs d’Ipsos, la vue est époustouflante. Jean-Michel ne regrette pas d’avoir pris ses jumelles.

   Il est heureux de faire enfin une pause. C’est la première depuis son arrivée au Club. Il a suivi Rachel et Daniel jusque-là pour tuer son ennui et c’est assez réussi jusqu’à présent.

   Il y a eu l’effort de la montée, le rire de Rachel qui n’arrête pas de se moquer des élucubrations de Daniel. Quand elle lui a dit qu’il avait reçu un message, il s’est montré furieux. Qu’est-ce qu’ils lui voulaient encore ? Il est vrai que depuis sa nuit sur le ponton avec Rachel, il n’a plus donné de nouvelles. Ils s’inquiétaient pour lui certainement. Avaient-ils peur pour sa santé ou peur qu’il ne suive pas les bonnes consignes ?

   Il faut dire qu’il est assez imprévisible Daniel, plutôt farfelu, catégorie inclassable, c’est bien cela. Pourtant, on peut parier que certains psys ont dû lui trouver une névrose liée à un trouble dégénératif. Peut-être souffre-t-il de dromomanie et fait-il partie de ces voyageurs pathologiques qui partent sans avertir quiconque et arpentent la planète en quête d’un monde idéal ? En tout cas, Jean-Michel se sent en affinité avec ce vieux baroudeur.

   Quant à Rachel, il la trouve délicieuse de simplicité. Il n’y a que le vouvoiement qui le gêne, mais il s’y fera car il est pour le mélange des genres, l’étude des différences. Tout l’intéresse même si au fond de lui stagne un ennui tenace. D’ailleurs, il peut bien le reconnaître, paradoxalement cet ennui même le passionne. Même la connerie, même la folie des hommes. Il a décidé d’en faire son objet d’étude. Ce n’est pas un engagement à la légère. Il finira par comprendre le pourquoi du chaos, le sens de l’ordre, leur interaction nécessaire, bref ce qu’est la vie.

   Un grondement sourd interrompt ses réflexions. Rachel, assise à ses côtés, sur une roche, se fige. Daniel, qui était debout, s’assied près d’elle, tout pâle.

(A Suivre)


%%%

(Jean Seberg for ever)


À bout de souffle

%%%

"C'est bien joli, ton câlin,
mais est-ce que tu m'as rapporté
quelque chose d'Arabie Saoudite?
- De l'espoir..."


Bouguereau_Premier_Baiser


ARABIE SAOUDITE
Les "free hugs" ébranlent
 les fondements de la morale

PHILIPPE MISCHKOWSKY

   (...) Le royaume wahhabite est un pays extrêment conservateur, mais les jeunes ruent dans les brancards. En témoigne la vidéo d'un Saoudien qui propose des "calins gratuits" sur les trottoirs de Riyad. Deux autres qui en faisaient de même ont été arrêtés par la police. (...)

   (...) "Les autorités ont arrêté mercredi 20 novembre deux jeunes qui se promenaient dans les rues de la capitale avec une pancarte portant l'inscription 'free hugs', rapporte le site saoudien Sabq. Ils s'adonnaient à des embrassades en pleine rue." Heureusement, les gardiens de la morale étaient là ! 

   En effet, "une patrouille de la Commission pour la promotion de la vertu et la répression du vice [police religieuse] les ont repérés et transférés au poste avant de convoquer leurs pères. Quant aux pancartes, elles ont été confisquées." Ces deux jeunes, estime Sabq, cherchent à "répandre des pratiques non conformes aux us et coutumes locaux." Mais les interventions sourcilleuses de la Commission pour la promotion de la vertu n'ont pas empêché cette vidéo de faire un tabac en quelques jours. (...)

   Un autre Saoudien, Bandar Al-Swed, 21 ans (voici son compte Twitter), a mis en ligne une vidéo  qui le montre lui aussi en train d'embrasser ses compatriotes, en pleine rue, à Riyad – tous des hommes, la rue leur étant réservée. En regardant cette vidéo, on constate aussi que les seuls à réagir positivement sont des jeunes gens habillés à l'occidentale. Les garçons portant la dichdacha [tunique] à la saoudienne ne bronchent pas. Mieux, notre jeune ne semble même pas songer à les approcher. 

   "Bandar Al-Swed espère détrôner d'autres vidéos saoudiennes qui ont battu des records de popularité", rapporte la Saudi Gazette, telle la chanson No Women No Drive, version détournée de la chanson de Bob Marley No Woman, No Cry.

   Sur les réseaux sociaux, Bandar Al-Swed se fait lui aussi attaquer et critiquer. Tantôt parce qu'il auraient des problèmes psychologiques, tantôt parce qu'il imiterait inconsidérément les mœurs occidentales. Mais, n'en déplaise aux gardiens de la morale, les réactions positives prévalent, selon la Saudi Gazette. Bandar "veut apporter du bonheur en Arabie Saoudite", rapporte le journal, et beaucoup de twitteurs n'y trouvent rien à redire.


%%%

(Ce quidam, mal placé, faisait de la

mauvaise publicité au magasin)

Jacques Prévert


%%%
Luc Desle

jeudi 28 novembre 2013

"Ce coquin de sort est un fieffé chaud lapin". Benoît Barvin in "Pensées pensées".

°°°
Pensées pour nous-mêmes:

(FUIS LES HONNEURS COMME
AUTANT DE SERPENTS VENIMEUX)


°°°
Nouveau court récit au long cours (26)

LE LIBÉRÉ 
DU 
CLUB MAD

   En fin de compte, Daniel ne voulait pas jouer au terroriste. Il annonce simplement que l'île d'Ipsos risque de subir un tremblement de terre...




   - Est-ce que vous avez vu le vieux toqué et sa copine ? Ils ont désactivé leur puce et je n’arrive plus à les suivre depuis ce matin.

   - Ils viennent de passer au bar et le gars s’est mis à haranguer les clients. Le grand jeu barjo de celui qui annonce un cataclysme.

   - C’est effectivement un doux dingue. Y’a un psychiatre de Nîmes, un certain docteur Raphaël, qui vient de m’envoyer un mail. Il recherche notre pèlerin depuis trois jours. Il serait parti sans véritable traitement, avec des essais placébos expérimentaux prescrits en double aveugle. Bref, je ne sais pas s’il s’est échappé d’un asile ou si c’est juste une inquiétude de toubib pour un patient un peu spécial, mais mine de rien, on a à faire à un malade. 

   Dès qu’il se présentera à l’Accueil, on prévient le service sanitaire et on le réexpédie en France illico sur le prochain charter. Dans sa démence, il peut causer quelques dégâts et on a autre chose à faire qu’à surveiller les déjantés de son âge. Ca suffit avec les jeunes !

   Ptiboss fulmine, d’autant plus qu’il s’est rendu compte que le vieux avait aussi trafiqué le système vidéo de leurs cases. Il va envoyer un rapport à la direction afin que soit mis en place rapidement une limitation d’âge pour les destinations Club Mad.

   C’est alors qu’il voit Rachel sortant de la case de Jean-Mich’. Qu’est-ce qu’ils manigancent tous les deux ? La demoiselle aurait elle une envie de chair fraîche?

   - Vous savez où se trouve votre ami ?

   Rachel se méfie, c’est évident. Elle répond qu’il est parti se promener. Sûrement un bobard, vu que c’est l’heure du repas. Et là, Ptiboss réalise qu’il va le coincer, car avec son sigle désactivé, il va faire sonner l’alarme des buffets.

   - C’est assez urgent. Dites-lui de passer à l’Accueil. Il y a un message pour lui.

   - Bien, je le lui dirai.

   - Et vous vous ferez retamponner la main par la même occasion.

   Quel regard de tigresse elle peut avoir cette nana quand elle est en colère ! Ca donne envie de la dompter.

(A Suivre)


°°°
(Femme attendant en vain un homme, un vrai)



°°°



Mohamed VI, le "roi des pauvres",
 dépense sans compter

SALAH ELAYOUBI
DEMAIN ONLINE
AFP

   (...) "Dignité pour tous !" fut la revendication maîtresse du Mouvement du 20 février [mouvement de contestation lancé le 20 février 2011]. Elle signifiait, et signifie encore, égalité de traitement pour les puissants comme pour les plus faibles. A bientôt trois ans du fameux soulèvement populaire, je réalise combien nous sommes encore éloignés de toute dignité. Ce qui était supposé rendre le Maroc meilleur s'est révélé pure escroquerie.

   Pour s'en convaincre, il fallait se trouver le 11 novembre 2013 à la séance de la commission des finances du Parlement marocain. Il s'agissait d'examiner le projet de budget du palais royal. Une séance pour la forme. Clairsemée et expéditive, elle raconte l'histoire indigne de douze députés qui, en moins de dix minutes et sans coup férir, ont augmenté le budget d'un seul homme de 8 678 000 dirhams [774 455 euros], pour mettre à sa disposition 2 585 447 000 dirhams [230 734 295 euros], quand des départements ministériels aussi sensibles que la santé publique, l'éducation nationale, la jeunesse et les sports ou encore la culture doivent se glisser dans le chas de l'aiguille pour faire passer des budgets au demeurant dérisoires au vu de l'ampleur de la tâche qui leur incombe. (...)

   (...) Si l'énormité du budget ou plutôt du butin en question met à rude épreuve le mythe du "roi des pauvres", soigneusement entretenu par un entourage royal véreux, la disproportion de traitement entre le palais et les autres départements explique en grande partie le train de vie surréaliste de la monarchie marocaine, l'enrichissement exponentiel du roi et de sa famille, et la place qui est celle de notre pays : à la traîne de tous les indices mondiaux du développement.

   Et c'est précisément parce que le diable se cache dans les détails que l'opacité, l'omerta et un halo de mystère enveloppent un peu plus, d'une loi de finance à l'autre, les dépenses du palais comme son budget de fonctionnement, qui équivaut à celui de quatre ministères réunis: les Transports et l'Equipement, la Jeunesse et les Sports, la Culture, et enfin l'Habitat et l'Urbanisme.

   D'autres détails trahissent encore le peu de scrupules que manifeste Mohammed VI à puiser sans compter dans les deniers publics, comme cette ligne pompeusement surnommée "Dotations de souveraineté". Rien de moins qu'une caisse noire mise à la disposition du roi, qui représentera cette année 517 164 000 dirhams [46 153 517 euros] que l'intéressé s'acharnera sans aucun doute à consommer, comme de coutume, en totalité, sans que personne ne vienne jamais s'enquérir de la façon dont les fonds ont été épuisés. (...)

   Et que dire de ces frais de bouche qui engloutissent 2 % du budget de l'Etat, après avoir fait l'objet d'une brutale augmentation de plus de 55 %, en 2001? A croire que la disparition de Hassan II [en juillet 1999] et l'accession au trône de Mohammed VI auraient déclenché chez ce dernier une fringale soudaine, confinant à une boulimie pantagruélique.

   Une fois n'est pas coutume, une voix bien timide, celle du député du PJD [Parti de la justice et du développement], Abdelaziz Aftati, s'est élevée, pour réclamer que des administrateurs viennent s'expliquer sur le montant de l'enveloppe pharaonique que le palais projetait de s'adjuger. Peine perdue, car comme ces vieux singes à qui l'on n'apprend plus à grimacer, nos parlementaires ont passé outre, ayant appris à discerner chez leurs pairs les gesticulations pour la galerie. De simples faire-valoir, qui constituent la façade démocratique du régime marocain.

   Alors, de tous ces chiffres astronomiques, je préfère n'en retenir qu'un seul : 200. C'est le nombre de postes budgétaires que nos parlementaires d'un autre âge ont octroyé au palais royal pour l'année 2014, alors que la crise bat son plein et que tous les ministères en sont à contracter leurs effectifs et manquent cruellement de moyens. Deux cents postes et des millions de dirhams qui manqueront cruellement dans l'Atlas, où l'on continuera, sans doute, de mourir de froid, d'inanition, d'enclavement et de misère, lorsque l'hiver sera venu.

   Deux cents raisons de conclure, enfin, que le régime politique marocain s'est structuré pour se mettre au service d'un seul homme, empruntant aux plus sinistres mafias leurs coups de main, leurs brutalités, leur collecte de fonds, leur loi du silence, au point qu'il n'a désormais plus rien à leur envier.


°°°

(Une intruse est dissimulée dans cette photo.
Sauras-tu la retrouver?)



John Drysdale


°°°
Luc Desle

mercredi 27 novembre 2013

"Pour arrondir ses fins de mois cet ange proposait des baptêmes de l'air". Benoît Barvin in "Pensées pensées".

µµµ
Pensées pour nous-mêmes:

(LE MANÈGE DE LA VIE,
TU N'ES PAS OBLIGÉ DE
LE FAIRE TOURNER TROP VITE)


µµµ


Nouveau court récit au long cours (25)


LE LIBÉRÉ 
DU 
CLUB MAD

Le vieux Daniel serait-il un chaman?


   Au retour, Rachel n’a pas su pas comment Daniel avait pu accéder au micro. C’était juste au moment des jeux-apéritif, quand l’animateur allait faire les annonces du jour. La sono était branchée, Daniel est monté sur le podium.

   - J’ai une super annonce pour vous tous et pour ceux qui dorment encore, si vous voulez bien écouter puis aller le leur dire… Ce n’est pas une plaisanterie… Je suis un ancien expert-géologue et d’après les calculs que j’ai effectués ces jours-ci sur le site de Corfou Ipsos… c’est grave, vous devriez écouter… Cette après-midi, la presqu’île va s’effondrer dans mer, il s’en suivra un petit raz de marée qui engloutira toutes les cases et une partie des voies d’accès. Vous devez quitter le Club avant seize heures…

   Le chef du bar l’interpelle avec son micro personnel.

   - Hé, ringard, les petites blagues style Club Med, avec évacuation du village et arrivée d’extra-terrestres, ça n’a plus cours ici.

   - Je voulais juste vous prévenir, c’est tout. Je parle sérieusement.

   Daniel redescend en tremblant. Rachel va vers lui.

   - Qu’est-ce qui vous prend ? Vous êtes malade ?

   - Non, je les ai avertis, c’est tout. Et ce serait bien que tu joignes Jean-Michel. Il t’a dit hier qu’il serait de repos aujourd’hui. Dis-lui qu’il vienne nous retrouver. On l’attendra sur la place du petit village au dessus d’Ipsos.

   - Vous êtes vraiment bizarre Daniel. Vous auriez dû prendre ce traitement. Au lieu de cela vous l’avez jeté. J’ai vu les fioles vides sur votre sac en me levant.

   - J’ai toujours été déraisonnable Rachel. De toutes façons ce n’étaient que des placébos. J’ai testé tout ça. Les toubibs ne m’auront pas aussi facilement !

(A Suivre)

µµµ

(Vu la tête des pilotes, on comprenait mieux

les bavures de l'aviation américaine



µµµ

(Montres - mal - construites
dans un pays d’Extrême-Orient)



Les Lip, quarante après

Benoît Borrits

   (...) La lutte des Lip a déjà quarante ans. Une des premières luttes sur l’emploi et le maintien de la production. Parmi les nombreux événements de Besançon relatant ce conflit historique, une réunion rassemblait les anciens de Lip venus débattre avec quelques entreprises en lutte ou récemment reprises en SCOP.

   Samedi 16 novembre une réunion soutenue par AC !, Attac et les partis du Front de gauche était organisée par BESAC (Besançon, Écologie, Solidarité, Autogestion, Citoyenneté) et l’Association Autogestion dans le quartier populaire de Palente, cœur du conflit Lip de 1973, a 50 mètres du Gymnase Jean Zay qui servit de lieu d’Assemblée générale après l’évacuation de l’usine par les forces de l’ordre. L’usine est depuis bien longtemps rasée et laisse place à des immeubles de bureau. Charles Piaget, Monique Piton, François Laurent et d’autres anciens de ce conflit étaient là pour témoigner et échanger avec les plus jeunes générations. La SCOP Ceralep de Saint Vallier dans la Drôme, relancée en 2004 par ses salariés, une représentante des Fralib et un syndicaliste de Pilpa (Carcassonne), deux conflits où la perspective d’une reprise en SCOP est posée, participaient à ce débat avec la salle et les anciens de Lip.

   Charles Piaget, l’ancien porte-parole CFDT, relate les principaux moments de la lutte. Ce conflit éclate le 12 juin 1973 lorsque les salariés découvrent un plan de fermeture de l’usine Lip rachetée en 1968 par le groupe suisse Ebauche SA. D’emblée, Charles Piaget positionne la lutte : « Nous voulions le maintien de la totalité des emplois, nous ne nous battions pas pour des indemnités plus fortes. » Les salariés occupent immédiatement l’usine et réquisitionnent un stock de 45 000 montres. « Nous en avons donné symboliquement une à l’archevêque qui l’a acceptée » rappelle malicieusement Charles Piaget. Le site est ouvert à l’ensemble des sympathisants. Le lieu devient une ruche bouillonnante où se tiennent assemblées générales, commissions, repas et travaux d’entretien. Afin de maintenir les salaires, la production est relancée et revendue dans toute la France.

   Sur ordre du gouvernement, les gardes mobiles interviennent le 14 août pour évacuer le site. En dépit de cela, la production va se poursuivre dans le quartier et dans différents endroits de l’agglomération de Besançon. Le 29 septembre, une grande marche sur Besançon est appelée. 100 000 personnes viendront des quatre coins du pays pour y participer.

   Le 15 octobre, le premier ministre, Pierre Messmer, annonçait :« Lip, c’est fini ! ». En coulisse, une solution s’ébauche. C’est finalement Claude Neuschwander, alors numéro deux du groupe Publicis et membre du PSU, qui accepte de prendre les rênes de l’entreprise. Les accords de Dole sont signés le 29 janvier 1974 qui promettent la réembauche dans l’année de la totalité des 850 ouvriers. L’engagement sera tenu.

   Tout en rappelant que « cette lutte de 1973 était formidable », Monique Piton a mentionné la difficulté des femmes de se faire entendre et ce, même si elles représentaient plus de la moitié des salariés. Le débat relatera aussi la seconde lutte de 1976, celle où on cherche à tuer Lip par la suspension sans préavis des commandes de Renault et l’exigence du tribunal de commerce d’honorer les six millions de dettes de l’ancienne entreprise auprès des fournisseurs, exigence contraire aux accords de Dole. L’entreprise est liquidée le 12 septembre 1977. Les salariés de Lip vivront alors une période difficile. Monique Piton garde un souvenir terrible de cette période, alors que son collègue François Laurent « ne partage pas le même pessimisme ». Les salariés de Lip créeront sept coopératives dont deux fonctionnent toujours.

   Les années 1970 marquent l’irruption du chômage de masse dans la société française. « On fabrique, on vend, on se paie »disaient les Lip en leur temps, signifiant par là-même qu’il est possible de se passer du patron. C’est la classe politique qui, dans un premier temps, a préféré maintenir Lip pour éviter la confrontation. Elle l’abandonnera quelques années plus tard. C’est cette situation de laissez-faire économique qui pousse de nombreux salariés à envisager aujourd’hui la reprise de leur entreprise sous forme coopérative. Depuis 2010, ces reprises se multiplient : Helio-Corbeil (91), Fontanille (43), Arfeo (53), SET (74), Pilpa (11) pour n’en citer que quelques unes. Le conflit Lip dans les années 1970 a été emblématique de cette évolution.

   L’INSEE pointe que le taux de survie à trois ans des SCOP est de 82,3 %, largement supérieur à celui des entreprises classiques de 66 %. La maîtrise du travail par les salariés s’avère donc être un atout économique. Néanmoins, la forme coopérative n’est pas une baguette magique qui marcherait à tous les coups. L’économie est tout sauf un « marché libre et non faussé ». Comme en 1973 dans la solution qui a été trouvée pour Lip, la multiplication de ces entreprises nécessite une volonté politique, passant notamment par plus de coopération et moins de marché. (...)


µµµ

"Dans l'espace... glub! Nul ne t'entend crier..."



µµµ
Benoît Barvin

mardi 26 novembre 2013

"Ce chausson chaud avait un goût de chaussette châle". Jacques Damboise in "Pensées de l'à-peu près".

+++
Pensées pour nous-mêmes:

(SOIS LE VENT QUI CARESSE LA PEAU)

+++
Nouveau court récit au long cours (24)

LE LIBÉRÉ 
DU 
CLUB MAD

   Daniel va-t-il vraiment mettre son projet à exécution?


    Daniel a eu un comportement vraiment étrange tout ce matin. Encore plus étrange que les jours précédents. Au réveil, Rachel l’a entendu parler d’action, de menace, d’hécatombe. Il est vraisemblablement très perturbé par son passé. Elle avait pensé un moment, suite à ce qu’il lui avait dit au sortir du night, soit disant en plaisantant, que ses fioles contenaient en fait des produits dangereux. Eh bien, dès qu’il s’est endormi, elle a fait très vite. 

   Elle s’est levée pour vérifier ces fameuses fioles, elle les a ouvertes une à une et après les avoir senties, elle a constaté qu’elles étaient totalement inodores. Elle s’est même risquée à tester les bouchons sur sa langue. Le goût en était insipide. Tout au plus, empreint d’une légère saveur sucrée.

   Elle a voulu le brancher sur le sujet au petit déjeuner mais lui ne voulait parler que de Corfou et de ses criques. Qu’ils devraient prendre un bateau pour aller visiter l’autre côté de l’île, pourquoi pas cette après midi.

   Ensuite, ils sont allés marcher le long de la plage, encore plus loin qu’elle l’avait fait la veille. De là-bas on voit toute la montagne en arrière plan qui dévale vers la mer.

   Le vieux pêcheur, curieusement, n’était pas sur son ponton.

   Pendant qu’ils admiraient le paysage, Daniel s’est mis à faire des passes magnétiques au-dessus de la main de Rachel, puis de la sienne

   - J’en ai assez que l’on nous suive à la trace avec ces fichues puces ! Il est temps de s’en débarrasser. 

(A Suivre)

+++

(Femme légère dansant avec un chat noir
pour conjurer le sort)


Illustration by Chéri Hérouard for La Vie Parisienne c. 1923 

+++



BRÉSIL
Le journaliste blogueur 
qui dérange

   (...) Le journaliste José Cristian Góes a été condamné le 4 juillet dernier à 7 mois de prison pour un article satirique posté sur son blog. Pour le vice-président du tribunal d’Aracaju, Edson Ulisses, la chronique attentait à son honneur et à celui de son beau-frère, gouverneur de l’Etat, Marcelo Déda. Voici l’article incriminé.

   "Il m’est de plus en plus difficile de sauver les apparences en me prétendant démocrate. Je ne le suis pas, et au fond vous le savez tous. Je commande et je décommande. Je fais et je défais. Tout cela au gré de ma seule volonté. Je ne tolère pas que mes envies soient contrariées. Je suis intelligent, autoritaire et vindicatif. Et alors ? 

   Cependant, au nom d’une démocratie de façade, je suis moi aussi obligé d’entretenir une façade, l’apparence de ce que je ne suis pas. 

   Ma fazenda [grand domaine agricole] s’est étendue. Elle a dépassé les limites de la capitale pour gagner l’Etat. De nombreuses personnes sont arrivées, le contrôle est désormais plus difficile. D’où cette nécessité pour moi d’entretenir mon autorité. C’est à moi qu’appartient l’argent, quoi qu’en pensent ceux qui croient que l’argent est public. 

   Je suis le grand patron. C’est moi qui nomme, moi qui congédie. C’est moi qui engage les flatteurs, les nervis, les serviteurs de tout grade et des bouffons de cour pour tous les goûts

   Malgré ce pouvoir divin, je suis contraint de me soumettre aux élections – c’est absurde. Mais ce n’est là qu’une façade de plus. Fort de tout ce pouvoir et de tout cet argent, avec des médias à ma botte et quelques phrases bien tournées et dans l’air du temps sur la démocratie, je suis imbattable. Il suffit d’attendre le jour J, et le peuple s’en va tout heureux voter pour moi. Il vote pour que je commande. 

   O peuple ignorant ! Un jour, ils m’ont contrarié : certains se sont mis en grève et ont envahi une partie des cuisines d’une des plantations. Ils disaient que la grève faisait partie de la démocratie et que je devais accepter. Accepter, rien du tout oui. J’ai fait venir un homme de main et de justice, par ailleurs (et pas par hasard) marié à ma sœur, et j’ai mis au peuple un bon coup de pied au cul. 

   J’ai envoyé des sbires de la police retirer de la circulation tous ces pauvres, ces Noirs et ceux qui parlent de droits à tout bout de champ. Le seul qui ait des droits, c’est moi. Le colonel des temps révolus vit toujours en moi, il est plus vivant que jamais. Ce colonel que je suis et que j’ai toujours été est nourri par ce peuple tout heureux qui, dans sa senzala[habitation réservée aux esclaves sur les fazendas], célèbre ma nécessaire existence. 

José Cristian Góes
Publié le 29 mai 2012" (...)


+++

(Dans cette famille, la Fraternité
commençait au berceau)


(via dezzibear89)

+++
Benoît Barvin