Bonjour à vous qui, dans le maelström du net, êtes arrivés, par hasard? lassitude? erreur? sur ce blog. Vous êtes les bienvenus. Vous y lirez des extraits d'articles, de pensées, d'interviews, piochés ça et là, et illustrés de photos et dessins détournés, via un humour de bon aloi. Vous pouvez évidemment réagir avec le même humour, la même ironie que nous mettons, chaque jour, à tenter de respirer un peu plus librement dans une société qui se corsète chaque fois un peu plus.
Affichage des articles dont le libellé est culpabilité. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est culpabilité. Afficher tous les articles

mardi 12 août 2014

"Elle avançait en crabe, cette langoustine, ce qui provoqua la jalousie de son amant". Jacques Damboise in "Pensées contrites".

@@@
Pensées pour nous-mêmes:

(LA VERTU EST-ELLE
BONNE CONSEILLEUSE?)

@@@

"Soleil! Ote-toi de ma vue!"


Liv Ullmann and Bibi Andersson 
in Ingmar Bergman’s Persona, 1966

@@@

(Chien-Pilote partant à la recherche
d'indices concernant un crash d'avion)



Vol MH17 : 

la mystérieuse marche arrière 
de la propagande occidentale

Le Yéti

   (...) Mardi 22 juillet. Quelle mouche a bien pu piquer le département américain de la défense et les agences de presse occidentales (Reuters, Associated Press) pour changer aussi diamétralement le ton de leur communication et de leurs dépêches sur l’affaire du vol MH17 de la Malaysia Airlines ? (...)

   (...) Sans se soucier des condamnations sans appel lancées par le président Obama avant même le début de l’enquête, au risque d’humilier le secrétaire à la Défense Kerry qui prétendait deux jours plus tôt avoir « les preuves accablantes » de la culpabilité des insurgés ukrainiens et de la Russie, Reuters et Associated Press opéraient une surprenante marche arrière toute qui tranchait avec l’agressivité échevelée de la veille.

   Reuters, 22 juillet : « Selon les estimations de responsables du renseignement américain, les séparatistes pro-russes ont probablement abattu accidentellement l’avion de ligne malaisien à l’est de l’Ukraine. Cependant, les États-Unis ne savent pas exactement qui a tiré le missile sol-air. »

   Associated Press, 22 juillet : « Il n’y a pas de lien entre le gouvernement russe et la chute de l’avion. Si vous nous demandez, qui a tiré le missile : nous ne connaissons pas le nom, nous ne connaissons pas le rang, nous ne sommes pas encore à cent pour cent sûrs de l’origine du tir. » (...)

   (...) Si les accusations ne vont pas encore jusqu’à se retourner contre leurs auteurs, le rétropédalage est manifeste. C’est qu’entre-temps beaucoup d’eau est passée sous le pont de l’enquête. Sans souci des vociférations d’une propagande démentie par la réalité.

   Les corps des victimes ont été dûment rendus par les insurgés ukrainiens aux autorités néerlandaises. « Entreposés dans de bonnes conditions », comme l’a reconnu Peter Van Vliet, expert médico-légal hollandais présent sur place. Bien loin des accusations de saccage lancées par le camp occidental.

   Les boîtes noires de l’avion du vol MH17 ont été régulièrement remises par les mêmes insurgés à la Malaisie. Suffisamment « intactes et en bon état » pour que le colonel Mohamed Sakri, du Conseil de la sécurité nationale malaisienne, les en félicite. Bien loin des soupçons de manipulations abondamment répercutés par les médias.

   Enfin, le 23 juillet, le Conseil néerlandais de sécurité (DSB) annonçait qu’il prenait le contrôle de l’enquête sur le crash avec un groupe de 24 experts internationaux, dont des Ukrainiens et des Russes. Bien loin des insinuations d’entrave à toutes investigations qu’auraient exercées les rebelles.

   Depuis cet étrange retournement du 22 juillet, la retenue occidentale est de mise sur le drame du MH17. Les communicants institués préfèrent polariser l’attention sur d’autres terrains (des accusations d’interventions directes de l’armée russe contre les forces de Kiev, par exemple). Préparerait-on déjà les foules à une discrète inversion de culpabilité sur le crash ? (...)

   (...) En attendant d’en savoir un peu plus sur les tenants et les aboutissants de cette tragique histoire, de premiers enseignements peuvent en être tirés. Et ils ne sont guère glorieux pour le camp occidental.

   Les autorités occidentales ont confirmé une propension à l’amateurisme et à l’infantilisme qui est le propre des puissances acculées (cf. aussi les fiascos syrien, libyen, irakien, afghan...). Les « preuves accablantes » du secrétaire d’État Kerry — où sont-elles ? — ne firent guère que rappeler le lamentable épisode des armes de destructions massives irakiennes qui fit la honte du général Colin Powell en février 2003.

   Les médias dits "mainstream" ont achevé de se ridiculiser et de se discréditer en relayant sans la moindre nuance tous les éléments de langage que leur distillaient les autorités. Entre insinuations grotesques et documents à charge bidonnés (entre autres, la vidéo diffusée par France 2 où l’on voit un camion lance-missiles "Buk" attribué aux insurgés... mais, comme cela s’est vérifié ensuite, filmé en territoire contrôlé par les forces régulières de Kiev). (...)

   Une fois de plus, il ne reste plus guère que les réseaux du Net pour tenter de démêler le vrai du faux dans le fatras des rumeurs et des mensonges paranoïaques propagés par les médias mainstream. À ce sujet, on ne saurait trop conseiller aux lecteurs curieux d’aller lire les billets d’Olivier Berruyer consacrés à cette crise politique internationale majeure [1]. Ou encore les hypothèses pointilleuses de Jacques Sapir sur le crash du vol MH17 [2].

   Nombreuses sont les voix à s’élever également outre-atlantique pour faire corps contre le déluge de boniments stupides qu’un empire déficient tente encore d’infliger à ces sujets. Citons le site d’investigation 21st Century Wire [3]. Ou le journaliste américain Robert Parry démontant méthodiquement la précipitation des autorités de son pays à nous imposer leur jugement [4].

   De fait, à l’exception des coupables, nul n’a encore de certitudes sur ce qui se passa le jour de la tragédie. Laissons, comme on dit, l’enquête suivre son cours et rappelons juste qu’en ces périodes exacerbées où un vieux monde aux abois cède de mauvais gré sa place à un monde d’après encore incertain, il est une qualité qui devrait s’imposer à chacun : le sens de la mesure.

   Notes

[1] Les billets d’Olivier Berruyer sur la crise politique internationale sont rassemblés ici.http://www.les-crises.fr/category/crise-politique/

[2] 3 billets de Jacques Sapir :
MH17 : vers la vérité ? http://russeurope.hypotheses.org/2562

[3] Une enquête de 21st Century Fire traduite par les-crises.fr http://www.les-crises.fr/mh17-une-enquete/

[4] 3 articles traduits de Robert Parry :
Le drame aérien conduit à des jugements hâtifs http://www.les-crises.fr/le-drame-aerien-incite-a-de-nouveaux-jugements/
Qu’ont vu les satellites espions US en Ukraine ?http://www.vineyardsaker.fr/2014/07/22/quont-vu-les-satellites-espions...
La folle précipitation de John Kerry à juger http://www.les-crises.fr/la-folle-precipitation-de-john-kerry-a-juger/



@@@
Luc Desle

jeudi 22 mai 2014

"La fille qui bavait peu n'avait besoin que d'une petite serviette". Jacques Damboise in "Pensées à contre-pet".

***
Pensées pour nous-mêmes:

(LE MAÎTRE EST-IL SON PROPRE EXEMPLE?)

***
(La technique de cette concurrente pour
déstabiliser son adversaire était déloyale)


Eve Babitz and Marcel Duchamp at the Pasadena Art Museum, 
photographed by Julian Wasser, 1963.
Organized by Walter Hopps.


***

(Trader s'entraînant à faire repentance
hors caméra)


Jean-Jacques Henner


Jérôme Kerviel, Goliath médiatique

Pascale Robert-Diard

   Se souvient-on encore de l'affaire Kerviel ? De l'histoire de ce trader emporté dans une spirale folle qui l'amène à prendre sur le marché près de 50 milliards d'engagements sans contrepartie en janvier 2008 ? Qui établit plus de 900 opérations fictives, fabrique des mails à en-tête falsifiés de la Deutsche Bank ou de JP Morgan et invente de toutes pièces un donneur d'ordre quand les premières alertes se déclenchent sur ses opérations ?

   C'est cet homme-là qui, au terme d'une instruction de neuf mois menée par l'un des juges les plus expérimentés du pôle financier, Renaud Van Ruymbeke, a été renvoyé devant le tribunal pour abus de confiance, faux et usage de faux et introduction de données informatiques frauduleuses.

   Qui après quatre semaines de procès où il pu exposer ses arguments dans un débat public et contradictoire, avec pour sa défense, le cabinet de droit pénal des affaires le plus puissant de la place de Paris, celui de feu Olivier Metzner, a été déclaré coupable et condamné à trois ans de prison.

   Qui a fait appel du jugement, a changé d'avocat, s'est à nouveau expliqué publiquement et contradictoirement et a vu sa condamnation confirmée par la cour d'appel de Paris. C'était il y a presque deux ans jour pour jour, en juin 2012. (...)

   (...) Mais s'aventurer à rappeler les raisons pour lesquelles un tribunal puis une cour l'ont condamné, c'est être aussitôt rangé du côté de ceux qui, bien qu'ayant plongé pendant des mois et des semaines dans la complexité du dossier, ne se sont pas rendu compte qu'ils étaient dupés, manipulés, instrumentalisés par la Société générale.

   Et que pèse tout cela face à l'image d'un Jérôme Kerviel bronzé et barbu, marchant sac au dos sur les routes, en apôtre autoproclamé de la lutte contre la dérive des marchés financiers ?

   Comment les trois cents pages de motivation austères, complexes, rendues par le tribunal puis par la cour d'appel pourraient-elles rivaliser avec cette superproduction hollywoodienne livrée clé en main aux chaînes d'information dans laquelle un ex-méchant trader, parvenu à échapper aux griffes d'une superpuissance banquière, vient chercher sa rédemption à Rome avant de se livrer, tel saint Sébastien, aux flèches d'un pouvoir politique et judiciaire totalement soumis aux exigences occultes de l'argent ? (...)

   (...) On ne peut pas lutter pas contre un tel Goliath médiatique. Et Jérôme Kerviel l'a compris très vite. Depuis le début de l'affaire qui porte son nom, il sait que plus on s'approche du fond du dossier, plus on prend la peine de comprendre, plus sa défense est périlleuse. Il lui faut donc se défendre là où il ne peut pas être contredit. Dans ce domaine, il se révèle tout aussi habile que lorsqu'il masquait ses opérations comptables.

   La photo d'une poignée de main lors d'une audience générale qui accueillait 40 000 personnes un mercredi au Vatican et où Jérôme Kerviel est parvenu à se glisser au premier rang et à faire immortaliser la scène devient, via son comité de soutien très actif sur le Web, une « rencontre » avec le pape François.

   L'information est aussitôt relayée sans être vérifiée et fait les gros titres. Le correctif apporté par les services du Vatican, dépassés par l'ampleur de la manipulation, arrivera – il sera notamment apporté dans les colonnes du quotidien catholique la Croix – mais trop tard, le coup de génie est parti.

   Voilà Jérôme Kerviel, hier héros de la gauche de la gauche, qui murmure désormais aux oreilles des catholiques, touchés par ce récit de rédemption et de repentance.

   Qu'une telle conversion ne se fasse pas dans l'intimité d'une conscience mais s'expose en direct aux caméras de télévision ne semble guère susciter de méfiance. On suit le calvaire pédestre de l'ex-trader jusqu'à la frontière où, annonce-t-il, il va se présenter pour purger sa peine en parfait repenti. (...) 

   (...) Mais une fois cette belle histoire installée, le voilà qui s'attarde, écrit au président de la République et lui demande de le rencontrer « au plus tôt afin de lui exposer l'ensemble des dysfonctionnements graves » qui ont marqué son parcours judiciaire et attend sa réponse. La réponse vient, polie mais ferme. Il attend encore. Demande « l'immunité » pour des « témoins » menacés qui voudraient parler en sa faveur.

   Après s'être prévalu de la bénédiction du pape, Jérôme Kerviel tenterait-il de glisser ses pas dans ceux d'Edward Snowden, l'ancien employé de la CIA et de la NSA, qui a révélé les détails de des programmes de surveillance de masse aux Etats-Unis et en Grande-Bretagne ?

   Le trader qui, comme le relevait l'avocat général Dominique Gaillardot devant la cour d'appel « tapait d'une main des explications fausses, fabriquait des faux mails en réponse aux questions qui lui étaient posées, et continuait de l'autre à prendre des positions à risque » grâce à « une parfaite connaissance des rouages, qui lui permet d'adapter son discours en permanence » est-il si différent de celui qui, aujourd'hui, joue si bien du clavier médiatique ?

***
(Les portes du Paradis étaient peu engageantes)



***
Luc Desle