Bonjour à vous qui, dans le maelström du net, êtes arrivés, par hasard? lassitude? erreur? sur ce blog. Vous êtes les bienvenus. Vous y lirez des extraits d'articles, de pensées, d'interviews, piochés ça et là, et illustrés de photos et dessins détournés, via un humour de bon aloi. Vous pouvez évidemment réagir avec le même humour, la même ironie que nous mettons, chaque jour, à tenter de respirer un peu plus librement dans une société qui se corsète chaque fois un peu plus.
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mercredi 17 avril 2013

"Appartenant au Peuple Elu, il méprisait la démocratie". Jacques Damboise in "Pensées à contre-pet".

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Pensées pour nous-mêmes:

(NE CALCULE PAS TES PENSÉES, 
LAISSE-LES VIVRE LIBREMENT

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COURTS RÉCITS AU LONG COURS (85)
pcc Benoît Barvin


Van (6)

   "Oncle décédé. Ouverture du testament dans deux jours". Telles étaient les deux phrases que mon frère m'avait envoyées, sur mon portable. L'oncle Ferdinand était un excentrique, un inventeur farfelu que je n'avais plus revu depuis une bonne dizaine d'années. Enfants, notre mère nous envoyait chez lui et je me rappelais que nous passions des vacances hors-normes dans sa demeure, bâtie près d'une rivière et à l'orée d'une belle forêt domaniale. Comme il travaillait tous les jours,  dans le cellier transformé en un immense laboratoire, inventant des tas d'objets inutiles, il nous fichait, à mon frère et à moi, une paix royale. 

   L'oncle avait déjà été enterré. Je ne vis, de lui, qu'une photo récente où il ressemblait à Emmett Brown, dit le "Doc", dans la trilogie de "Retour vers le futur". Une allure caractéristique, donc, avec un visage sillonné de rides, une crinière de cheveux blancs peignés à la hâte et un sourire timide mais engageant. J'écrasai une larme et c'est le coeur gros que j'écoutai les attendus du testament.

   L'oncle Ferdinand n'avait que deux légataires: moi et mon frère. Il offrait à ce dernier sa demeure et son domaine. J'avais droit à un van Volkswagen, celui dans lequel il nous emmenait faire des balades, pris sur le temps de ses "inventions". Dire que je fus ravi de ce don serait exagéré. Il y avait une telle disproportion dans la donation entre mon frère et moi que ce dernier en fut gêné, tout en acceptant les dispositions testamentaires.

   Je me rendis dans le hangar qui servait d'écrin au véhicule utilitaire et je restai un moment immobile, cachant mal ma déception. Le van avait vécu: la peinture s'écaillait, deux pneus étaient lisses, le pare-choc arrière comportait un enfoncement en plein milieu, il manquait également un rétroviseur... Tout en détaillant la carrosserie, je me demandais pourquoi donc l'oncle Ferdinand m'avait puni. Que lui avais-je fait?

   Renonçant à comprendre, j'entrai dans le véhicule, m'installai côté conducteur et une bouffée de nostalgie me submergea. C'était un peu comme si je "devenais" mon oncle, appuyant sur les pédales, tournant le volant, sentant le moteur ronronner alors que le van commençait à tressauter sur l'asphalte... C'était d'ailleurs exactement ce qui se passait. A peine venais-je de m'installer et de poser mes mains sur le volant rugueux, en bois fatigué, que tout le véhicule s'était mis en branle...

   Cependant, au lieu de rouler, ce que j'aperçus, par-delà le pare-brise, me serra le coeur et, durant quelques secondes, je cessai de respirer. Il n'y avait plus de hangar, ni de cour, mais une espèce de brouillard doré, un peu comme si quelqu'un s'était amusé à effacer le décor pour le remplacer par... Par quoi, au fait? Je dégageai aussitôt mes mains moites du volant, comme si ce dernier me brûlait... mais le moteur continua à ronfler.

   C'est alors que je remarquai l'étrangeté du tableau de bord, couvert de différents témoins que je ne reconnaissais pas. Chacun portait une couleur différente, révélant le spectre d'un arc-en-ciel. On aurait dit le tableau de contrôle d'un avion, par exemple... Je me mis à frissonner car, bien qu'on fût en Mai, l'habitacle avait perdu quelques degrés de température. Mon estomac se mit également à faire des siennes et, soudain, ne pouvant me retenir, je vomis à longs jets du côté passager.

   Aussitôt je me sentis mieux... Il faut dire que je m'étais tout bonnement évanoui. Je me "réveillai" au bout d'un long moment, l'estomac toujours barbouillé mais la porte, côté conducteur, s'ouvrit brusquement et on me fit sortir du Van. J'entendis une voix chaleureuse qui s'exclamait: "J'ai réussi! TudieuPalsembleuTonnerredeBrest, j'ai réussi!"

   Quelqu'un me prit dans ses bras, me secoua, riant et pleurant à la fois. Mon oncle. Mon oncle qui, bien vivant, me secouait comme un prunier. Mon oncle, le "doc", qui par je ne sais quel sortilège surgissait de l'espace/temps et se retrouvait face à moi, bien vivant.

   J'avisai, autour de moi, le hangar dans lequel il procédait  à ses expérimentations. Un hangar qui était tel que je l'avais conservé dans mon souvenir: poussiéreux, à l'odeur qui était un étrange cocktail de naphtaline et d'immondes cigares (les siens, évidemment). Rien n'avait changé: le van, évidemment, comme ragaillardi ainsi que la vieille calèche qui avait brûlé quelques années auparavant... dans le temps ordinaire. Le hangar, auréolé de la poussière d'or du soleil, me fit penser à une vieille chromo et des larmes vinrent piqueter mes yeux.

   L'oncle avait cessé de me malaxer les épaules. Il m'expliquait que son véhicule pour voyager dans l'espace/temps avait finalement marché. Que Wells avait raison. Et il se lança dans une explication scientifique à laquelle je ne compris rien, n'ayant jamais eu pour les Maths les yeux  - et l'intelligence - de Chimène. Ce que je compris, simplement, c'est que j'avais fait un bond dans le passé - un peu plus de quarante ans - et que le Ferdinand que j'avais sous les yeux étaient aussi jeune que je l'étais... enfin, dans ma propre temporalité. Peut-être même le battais-je en "vieillesse" de quatre ou cinq ans.

   "Et maintenant? demandai-je, une fois l'effervescence de l'oncle calmée. On fait quoi?". "Toi? Rien... Tu attends mon retour" dit Ferdinand en s'installant dans le van et en refermant la porte. Je retourne dans ton présent et tu m'attends dans mon passé. Je serai là dans... une bonne trentaine d'années, ahaha!". Je ne sais pourquoi, sa répartie me fit brusquement transpirer à grosses gouttes. Je me précipitai en direction du van, esquissai un geste dans sa direction... Le moteur éructa, puis démarra... Le véhicule prit une teinte mordorée et, sous mes yeux agrandis par l'effroi, je vis sa forme se dématérialiser, puis il disparut. Pour de bon...

   Cela s'est passé il y a une bonne année de cela. Je sais que l'oncle Ferdinand ne reviendra pas. Je l'ai deviné à son sourire un rien canaille lorsqu'il s'est mis à rire. Je me suis précipité vers la demeure, à la recherche de Mouna, la bonne, une fille abandonnée qu'il avait adoptée et qui lui servait de bonne.

   Mouna avec laquelle nous avions passé - à l'époque - de bons moments. Jusqu'à ce qu'il nous surprenne et qu'il la chasse. Mouna qui avait disparu du jour au lendemain de la demeure. Mouna dont je retrouvai le cadavre, jeté dans le vieux puits, celui qui servait autrefois dans la clairière, pas loin de là. Cadavre qui portait encore des traces de coups.

   L'oncle l'avait tuée dans un accès de jalousie et, avec un machiavélisme dont je ne l'aurais jamais cru capable, il avait établit sa vengeance. Une vengeance qui prenait un visage fantastique... et absurde. Je n'étais pas de ce monde - enfin, pour être exact, je n'en étais plus -, et il m'était impossible d'apparaître aux yeux des villageois comme si de rien n'était, les années passant ayant tellement patiné mon visage que je ne ressemblais plus, maintenant, à l'enfant que j'avais été. 

   J'étais coincé dans le temps - comme une erreur de la Nature -, avec pour seul compagnon un cadavre dont je devais répondre... alors que l'oncle Ferdinand, lui, avait certainement prévu un moyen de s'en sortir ailleurs... dans cette nouvelle vie qu'il avait forgée, pièce après pièce, en construisant ce Van de la vengeance...

   Bien que ma situation fût désespérée, je ne pus m'empêcher de saluer sa performance, digne d'un des assassins les plus tordus que l'histoire de l'Humanité ait jamais produit... 

***
(La fille paquet-cadeau était bêtement
tombée à l'eau. Elle ne pourrait plus
servir à présent...)



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(Tuer ma maîtresse en l'enfumant risquait quand même
de prendre un certain temps)


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(Wendy savait que le chat d'Alice, en un coup de papattes,
enfournerait tous les gâteaux)


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(En vieillissant, et pour faire parler d'elle,
Alice en faisait des tonnes)


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Nadine Estrella

dimanche 30 décembre 2012

"L'Année qui venait de passer laissait ses petites crottes partout". Jacques Damboise in "Pensées à contre-pets".

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Pensées pour nous-mêmes:

(LE TEMPS N'A PAS DE PRISE
SUR TA MORT)

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Lettres d'inconnus (15)
pcc Benoît Barvin


Madame,

   Vous voilà trépassée et, à présent, vous n'êtes plus qu'un lointain souvenir. Certes, pendant ces douze mois, vous en avez fait des misères, à notre malheureuse planète mais, heureusement, cela est bien fini. Cependant votre soeur jumelle dispose, au fond de sa besace, de nombreuses autres infortunes à nous faire subir et il n'est pas besoin d'être grand clerc pour savoir qu'elle ne s'en privera pas. 

   Mais, pour l'heure, nous voilà délivrés d'un nain hystérique et de sa tribu mangeuse d'espoirs, de plusieurs conflits qui ont endeuillé des peuples qui n'en peuvent mais, et la "crise", ainsi que la nomment les Nantis qui ne se sont jamais autant goinfrés, cette Crise, si elle n'a pas disparu, semble pour l'instant s'être un peu calmée. 

   C'est l'heure insolite, l'heure bleue où les espoirs se faufilent dans nos coeurs pas encore endeuillés, dans nos corps pas toujours martyrisés par votre compère le Temps qui, lui, sans ambages, poursuit son sinistre labeur. Mais, bon, considérons que ces instants sont magiques Madame, et attendons avec une certaine tendresse l'arrivée de votre presque sosie... Elle ne pourra pas être aussi impitoyable, cynique, infâme et ignominieuse que vous... Rassurez-nous? 

   Vous pouvez bien nous le dire, puisque l'enjeu qui consistait à être la dernière sorcière de notre Civilisation a échoué. Soyez bonne joueuse, Madame. Que nous réserve votre alter-ego? Des mois d'effronterie, d'immoralité, d'impudence, d'inconvenance et d'insolence? Nous avons déjà connu pire. Un peu de considération, parfois; quelques caresses, pas seulement verbales; de la nourriture spirituelle, peut-être...

   "Ah ! misère de moi ! est-ce que ça ne finira pas ! Mais la mort vaudrait mieux!" affirmait le grand Gustave Flaubert qui souffrait de devoir combattre les maux qui s'acharnaient sur lui. Nous n'en sommes heureusement pas là, Vieille Peau, et c'est tant mieux. Ainsi que le dit si bien Daniel Desbiens, "A se chercher de faux problèmes on trouve la vraie misère." Comme il a bien raison, ce philosophe de chambre à part. Cette Nouvelle Année, votre frangine, ne peut pas être pire que vous, si sotte et si incohérente que vous ayez été au cours de votre petit règne.

   Notre ami en syllogisme, Ambrose Bierce, tient à votre attention, cette définition du Bonheur (qui, pour vous, se résumait à assujettir un peu plus chacun des milliards d'humains de la planète). Il disait: "Bonheur: Agréable sensation qui naît de la contemplation de la misère d'autrui." Nous l'avons assez contemplé, cette pauvreté qui gangrène notre petite boule ronde. A présent, Chère Nouvelle Année, nous attendons de vous que vous nous rendiez l'Espoir, enfermé dans un coffre de banque pour en faire monter artificiellement le cours.

   Que cet Espoir ruisselle sur nous, assoiffés d'Amour, perclus de non-tendresse, affamés de regards enfin débordant de douceur... C'est tout ce que nous attendons de vous, un peu de gentillesse, une main qui se tend, un coeur qui soupire...

   Est-ce trop demander?
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"Je vais te sauver de toute cette pollution,
autant morale que physique,
pauvre petit bout"

youssefalaouiflight
(via abystle)

(La sorcière avait oublié que la portée des drones
avait plus que quintuplé...)

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"Tu es sûre de ne pas vouloir fêter la Nouvelle Année?
- NAAANNN!!!
- Toi et ton caractère de cochon..."

Herbert James Draper. Lamia. 1909. Oil on canvas. 
Lamia, queen of Libya, who was turned into a child-eating monster by the gods. 


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"Hey... Hips! Bogne n'Agnée!
- Quoi?
- Bogne n'A... Oh et puis crotte, tiens! Hips!
- Toujours le mot agréable, Toi...
L'année commence bien!"
An Incantation (A Bacchante) by John Collier
(Source: tatteredbanners, via abystle)

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"Tiens, s... d'année 2013... Voilà pour toi!
- Hargh... Mais ch'suis... Gargl...
Pas encore passée...
- C'est au cas où tu m'em... 
pour les 12 mois qui viennent"

Sascha Schneider
(via abystle)


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Blanche Baptiste