Bonjour à vous qui, dans le maelström du net, êtes arrivés, par hasard? lassitude? erreur? sur ce blog. Vous êtes les bienvenus. Vous y lirez des extraits d'articles, de pensées, d'interviews, piochés ça et là, et illustrés de photos et dessins détournés, via un humour de bon aloi. Vous pouvez évidemment réagir avec le même humour, la même ironie que nous mettons, chaque jour, à tenter de respirer un peu plus librement dans une société qui se corsète chaque fois un peu plus.
Affichage des articles dont le libellé est combat. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est combat. Afficher tous les articles

mercredi 30 avril 2014

"Cet automate et ses nerfs d'acier m'impressionna". Benoît Barvin in "Pensées pensées".

£££
Pensées pour nous-mêmes:

(NE COMPTE PAS
LES OREILLES DE L’ÂNE)

Pcc Jacques Damboise

£££

"Super, je voole!
- Moi aussi! Et sans parachute!"


Posted by o-m-e-r-t-a 



£££

"Fi donc, vile boîte en fer blanc!
- J'en ai autant pour vous, vile chair putréfiée"

(Augustin Blanchard, le célèbre écrivain 
de Fiction Fantastique, était un maître es dialogues)


£££
(L'Homme aux mille têtes
n'était hélas pourvu que d'une seule petite cervelle)



£££

"Lalalaaa...
J'ai une super pêche, aujourd'hui..."



£££
Nadine Estrella (avec le concours mal éclairé de Jacques Damboise)

mardi 17 décembre 2013

"Le Vieil Homme et l'Amer" fit un sacré flop". Jacques Damboise in "Pensées à contre-pet".

£££
Pensées pour nous-mêmes:

(LE VRAI D'AUJOURD’HUI
ÉTAIT LE FAUX D'HIER)

£££

"Tu as vu la cruche?
- Pff, elle ne porte aucun chapeau...
- Et ses cheveux couleur de miel, hein?
- Ils sont d'un vulgaire...
- N'empêche qu'elle a des chevaliers servants, elle.
- Oui, snif..."

Javier Gosé


£££

(La danse avec le Paradis Fiscal
était sacrément dangereuse)


The Dance of Death, Josef Fenneker


Pour en finir (vraiment) 
avec les paradis fiscaux


   (...) Que sont les paradis fiscaux ? Un chancre dangereux et ruineux, installé au cœur de l’économie mondialisée. Qu’a-t-on fait jusqu’ici pour les détruire ? Rien ou presque, puisqu’ils ne se sont jamais aussi bien portés qu’aujourd’hui ? Peut-on enfin les détruire ? Un plan d’action efficace pourrait être mis en œuvre sans avoir besoin de s’engager dans une dangereuse fermeture des frontières. Mais cela requiert une mobilisation exceptionnelle des citoyens à une échelle internationale.

   Voilà, en résumé, ce que dit le jeune économiste Gabriel Zucman, professeur à la London School of Economics et chercheur à l’université de Berkeley, dans "La richesse cachée des nations" (Seuil, novembre 2013), un livre aussi court (124 pages) que percutant.

   L’enquête porte essentiellement sur le rôle des paradis fiscaux dans l’évasion et la fraude fiscales des riches et des super riches. Un chapitre est consacré néanmoins aux actions possibles contre l’utilisation des paradis fiscaux par les entreprises multinationales. (...)

   (...) Un premier apport de Gabriel Zucman consiste à chiffrer le montant des fortunes dissimulées dans les paradis fiscaux et le coût fiscal engendré. Ce travail d’évaluation utilise de façon inédite les anomalies des statistiques financières des balances des paiements. Normalement, la somme des actifs enregistrés à l’échelle du monde devrait être égale au total des passifs. Or on peut constater une différence considérable et permanente entre les deux. « D’aussi loin que remontent les statistiques, dans les années 1970, cette anomalie est visible. En somme, c’est comme si la Terre était possédée en partie par la planète Mars ! », explique Gabriel Zucman qui analyse pourquoi ce déséquilibre reflète bien l’argent placé dans les paradis fiscaux. Les explications sont données dans le livre. (...)

   (...) L’évaluation est aussi précise que possible. Elle n’est pas ni absolue ni définitive. Les chiffres sont parlants : 8% du patrimoine financier des ménages est détenu dans les paradis fiscaux soit 6 000 milliards d’euros. Les Français détiennent à peu près 350 milliards d’euros dont la moitié environ en Suisse. Quelques 130 milliards d’euros de recettes fiscales sont perdues annuellement au plan international, dont 17 milliards pour la France. Sans l’évasion fiscale permise par le secret bancaire, la dette publique française ne s’élèverait pas à 94% du PIB mais à 70%. « Taxer le stock actuel de fortunes dissimulées ne mettrait pas fin à tous les problèmes de la France, constate Gabriel Zucman, mais cela desserrerait considérablement l’étau budgétaire et permettrait d’inverser la spirale de l’austérité ». (...)

   (...) Un second apport tient à la description des mécanismes, depuis le rôle historique central de la Suisse jusqu'au triangle de la fraude organisé avec le Luxembourg, les îles vierges et des nouvelles places comme Singapour ; depuis les comptes à numéro, grand classique du secret bancaire suisse d’hier, jusqu'aux trusts , aux sociétés écrans et autres fondations d’aujourd’hui. L’intérêt de l’analyse est de montrer que, quelles que soient les innovations, les montages ne sont pas le plus souvent si compliqués qu’on veut le faire croire. « Nous en savons assez pour pouvoir agir contre la fraude » affirme l’auteur. (...)

   La moitié du livre est consacrée aux solutions concrètes. D’abord pour faire le point de ce qui a été entrepris sous l’égide du G 20 depuis 2009. Pour l’essentiel l’action vise à étendre les d’échanges d’informations fiscales à la demande entre pays.« Même pas mal ! » peuvent dire la plupart des fraudeurs : à partir de données publiques de la banque centrale suisse, Gabriel Zucman a calculé qu’entre l’automne 2009 et l’automne 2013, le montant des fortunes étrangères gérées en Suisse a augmenté de 14 % soit à un rythme plus rapide encore que les années précédentes. Pourtant, dit-il, on pourrait agir efficacement. Le plan d’actions qu’il préconise a trois volets qu’il faudrait mettre en œuvre conjointement : Sanctionner, connaitre et taxer. (...)

   «  Les paradis fiscaux ne plieront que sous la menace de sanctions. » Certes la France, seule, ne peut pas faire grand-chose. Mais le combat est gagnable s’il est mené à bonne échelle c’est-à-dire par des coalitions de pays qui décident d’appliquer ensemble des sanctions commerciales au moins équivalentes à ce que leur coûtent les paradis fiscaux et supérieurs à ce qu’elles rapportent à ceux-ci. Exemple : la France, l’Allemagne et l’Italie peuvent contraindre la Suisse à abandonner son secret bancaire en imposant conjointement des droits de douanes de 30% sur les biens qu’ils importent de ce pays. Les coûts dépasseraient les revenus que ses banques tirent de l’évasion. Quant au Luxembourg, il faudrait encore aller plus loin jusqu’à le menacer de l’exclure de l’Union européenne. (...) 

   L’échange d’informations à la demande ne permet pas d’agir efficacement. Il s’agit de savoir réellement qui possède quoi et où. La proposition novatrice de Gabriel Zucman est de créer un registre mondial des titres financiers. Ce n’est pas une utopie. Un registre de ce type existe déjà en Suède. D’autres plus parcellaires sont tenues par des institutions privées comme la banque luxembourgeoise Clearstream. L’objectif serait d’en élargir le champ, de l’universaliser et d’en transférer la gestion au Fonds monétaire international (FMI). L’auteur rappelle que quand la Révolution française a voulu mettre fin à la non-imposition de la noblesse et du clergé, la Constituante a créé le cadastre de la France pour recenser toutes les propriétés immobilières et en consigner la valeur. C’est aujourd’hui un cadastre financier qu’il faut créer à une échelle mondiale et non plus nationale pour mettre fin à la non-imposition des privilégiés de notre temps. (...) 

   Les paradis fiscaux nous forcent à repenser l’imposition du capital. Collaborateur de Thomas Piketty Gabriel Zucman préconise la création d’un impôt mondial sur les fortunes financières. Sur la base des informations fournies par le cadastre financier, un impôt annuel, par exemple de 2% de la valeur de chaque titre financier, pourrait être prélevé à la source par le FMI. Ces impôts seraient remboursables aux propriétaires des titres une fois déclarés fiscalement dans leurs pays.

   Cela n’empêche pas un pays de ne pas imposer le capital pour ses ressortissants. Mais cela empêche d’en faire bénéficier les non ressortissants et cela supprime les avantages de la dissimulation dans les trusts et les sociétés écrans. L’auteur préconise une approche de même type pour les multinationales. L’impôt sur les sociétés est à bout de souffle. « L’impôt sur les sociétés du XXIe siècle doit taxer les profits globaux des multinationales et non, comme aujourd’hui, leurs profits pays par pays, car ces derniers sont manipulés par des armées d’experts comptables ». Selon lui, le nouvel impôt rapporterait 30% de plus que l’ancien, essentiellement au profit des grands pays d’Europe et des Etats unis où les Google, Apple et autres Amazon ne payent pratiquement pas d’impôts. Pour la France cela pourrait représenter quelques 15 à 20 milliards d’euros.

   Christian Chavagneux rédacteur en chef de la revue L’Economie politique, lui-même précurseur en France de l’analyse des paradis fiscaux critique assez vertement le travail de Gabriel Zucman, notamment ses propositions concernant la Suisse et le Luxembourg. « Si c’est la condition pour avancer dans la lutte contre les paradis fiscaux, ils ont encore de beaux jours devant eux car aucune coalition politique n’est aujourd’hui prête à prendre cette voie ». Mieux vaudrait donc « la voie diplomatique » qui certes a ses faiblesses mais qui, selon lui, avance.

   Mais Gabriel Zucman conteste, arguments sérieux à l’appui, que les avancées sur cette voie soient consistantes. C’est pourquoi, affirme-t-il en conclusion de son ouvrage le combat qui doit être mené pour tourner la page de la fraude à grande échelle, n’est pas simplement une bataille entre Etats, « c’est surtout la lutte des citoyens contre la fausse fatalité de l’évasion et de l’impuissance des nations ». Que des économistes comme lui ne cherchent pas à être conseiller des princes mais conseiller des citoyens est plutôt une bonne nouvelle. (...)

Gabriel Zucman
"La richesse cachée des nations
Enquête sur les paradis fiscaux".
Série la République des idées
Seuil


£££

(La duchesse n'a-qu'un-bras 
quand elle en avait encore deux)


Sarah Stilwell Weber


£££
Benoît Barvin

vendredi 26 avril 2013

"Le roi des flous refusait de porter des lunettes". Jacques Damboise in "Pensées à contre-pet".

@@@
Pensées pour nous-mêmes:

(LE DISCIPLE QUI SERT LE MAÎTRE
N'EST QUE LE DISCIPLE)

@@@

Dans la série "Les-articles-qu'ils-sont-très-importants-
-surtout-quand-ce-sont-de-vrais-professionnels-qui-les-
gribouillent), en voici deux:

@@@

"La self-défense, c'est moi qui l'ai
pratiquement inventée"


(On ne s'en lasse pas...)

@@@

Cours de combat
Urbangirl

   Les cours de self défense et de combat ont le vent en poupe ! Dans les clubs de sport, on propose de plus en plus de cours de combat pour les femmes. Mais pourquoi cette tendance ?
   Les sports de combat comme le “bodycombat”, “bodyattack”, “box” et tant d’autres mixent plaisir et efficacité ! En plus d’apprendre des gestes de self défense, ces gestes permettent de travailler en souplesse notre silhouette. En bref, ces sports nous musclent autant le corps que le mental !

   Plus qu’un phénomène de mode, aujourd’hui, les attentes des femmes évoluent et elles veulent dorénavant se sentir en sécurité et avoir en gagnant en confiance en soi, c’est le pari que se sont lancés les coach sportifs et les responsables de clubs fitness ! (...)

   Exit le cours de “cuisse-abdo-fessier” qu’on connait tou(te)s, ces sports de combat permettent de travailler l’intégralité du corps (bras, ventre, cuisses, fessier) mais surtout de se défouler et d’assurer une perte de poids, de s’affiner et de se muscler ! (...) 

   Parmi les dizaines de cours existants, il y en aura forcément un qui répondra à vos besoins pour être au top de votre forme ! Débutantes, timides et motivées? Le body combat ou L’adi boxing sont des cours de tonification chorégraphiée, ils renforcent ainsi le système cardiovasculaire. Ce cours reprend des exercices de fitness et des mouvements issus des arts martiaux, le tout en musique ! (...) .

   Plus accessibles que certains sports d’arts martiaux, le body combat et l’adi boxing sont de bons compromis entre le sport pratique, ludique et utile, et les cours de “self defense”. Vous gagnerez ainsi en bien-être pour votre corps et votre esprit ! (...)

En savoir plus sur 

"Mais enfin, Chérie, c'était la seule couleur disponible!"

Sam Peffer (by oldcarguy41)

@@@

"Toi, je vais te priver de Facebook...
Ce truc d'humain ça te donne des
idées stupides..."



Une ado privée de Facebook 
pendant un an par la justice
Brokenbird

   (...) L’histoire se passe à Brandon, en plein centre du Canada. Une jeune fille de 12 ans a menacé de mort deux de ses camarades. La cause est une banale histoire de coeur et l’adolescente a tenu responsables les deux autres filles de sa détresse. Mais la mère de l’une des deux jeunes filles n’a pas apprécié les menaces en question et a décidé de porter plainte devant les tribunaux.

   La plaignante a demandé que la jeune fille soit bannie de Facebook. La mère de l’accusée a approuvé cette demande, clamant que sa fille « n’avait pas besoin de Facebook ». Le juge a tenu compte que l’adolescente avait déjà été condamnée par ses soins à 50 heures de travaux d’intérêt général étalés sur une période d’un an pour avoir giflé une autre élève de son collège. Il a alors décidé d’étendre la sentence en obligeant la jeune fille à se désinscrire de Facebook jusqu’à la fin de cette période.

   Une décision de Justice pas banale qui montre que le réseau social prend de plus en plus de place dans nos vies. A noter que la jeune fille condamnée n’avait déjà pas le droit de s’inscrire sur le réseau, puisque Facebook est théoriquement interdit aux moins de 13 ans.(...) 
En savoir plus sur 


@@@
Luc Desle

vendredi 19 avril 2013

"Il était gai comme un fonctionnaire qui entend la sonnerie de la sortie des bureaux". Jacques Damboise in "Pensées à contre-pet".

%%%
Pensées pour nous-mêmes:

(FAIS EN SORTE QUE TES POCHES TROUÉES
CONTIENNENT BEAUCOUP DE PIÈCES)

%%%

(Femme indigène à double plateau
pour mendier deux fois plus)



cgi.ebay.fr

Impérialisme : 
Le combattre ou en être complice ?
Jean-Pierre Dubois

   (...) Le combat anticolonialiste n’a jamais fait recette en France. Cela tient sans aucun doute au conditionnement idéologique (...) que la bourgeoisie a su mettre en oeuvre pour convaincre l’opinion du bien-fondé de la constitution et de la conservation d’un empire colonial.

   Cela tient aussi au fait, moins reconnu, que les forces impérialistes - toutes à leurs conquêtes territoriales et désireuses de s’assurer la paix sociale à domicile - ont fait en sorte qu’une fraction non négligeable de la population française bénéficie d’une partie de la rente coloniale. (principe qui prévaut pour tous les colonialismes, voir Rome notamment...)

   Dès la fin du XIXème siècle, Engels observait avec consternation comment la classe ouvrière anglaise s’était ralliée à la politique coloniale de son État. En 1858, il notait que celle-ci s’embourgeoisait de plus en plus et que cela lui semblait « logique » dans la mesure où leur nation exploitait « l’univers entier ». [1] Les ouvriers anglais jouissaient « en toute tranquillité […] du monopole colonial de l’Angleterre et de son monopole sur le marché mondial », ajoutera-t-il, plus tard.

   En 1902, c’est John Atkinson Hobson qui observe que les Etats qui possèdent des colonies peuvent à la fois enrichir leur classe gouvernante et corrompre leurs classes inférieures, « afin qu’elles se tiennent tranquilles ». [2]

   Sur ce point, Lénine est de l’avis d’Hobson qu’il cite dans sa célèbre brochure parue en 1916 [3]. Pour le révolutionnaire russe, l’idéologie de l’impérialisme et la défense de sa politique de domination pénètrent toutes les classes sociales, y compris la classe ouvrière.

   Il écrit : « Le capitalisme a assuré une situation privilégiée à une poignée […] d’Etats particulièrement riches et puissants, qui pillent le monde entier […]. On conçoit que ce gigantesque surprofit […] permette de corrompre les chefs ouvriers et la couche supérieure de l’aristocratie ouvrière. Et les capitalistes des pays avancés la corrompent effectivement : ils la corrompent par mille moyens, directs et indirects, ouverts et camouflés. » Pour parvenir à cette corruption, la bourgeoisie utilise « mille façons » parmi lesquelles les « milliers de sinécures aux dirigeants des coopératives, des syndicats, des chefs parlementaires », note Lénine.

   C’est cette corruption que Hannah Arendt qualifiera, plus tard, de distribution des « miettes du banquet impérialiste ». [4]

   En 1919, le Ier congrès de l’Internationale communiste dénonce la communauté d’intérêts dirigée contre les peuples coloniaux qui enchaîne l’ouvrier européen ou américain à la « patrie » impérialiste.

   En juillet 1920, Lénine revient sur le sujet : « Qu’est-ce qui explique la persistance de ces tendances réformistes en Europe et pourquoi cet opportunisme réformiste est-il plus fort en Europe occidentale que chez nous ? Mais parce que ces pays avancés ont pu bâtir et bâtissent toujours leur culture sur l’exploitation d’un milliard d’opprimés. » [5]

   Commentant les thèses de Lénine, le sociologue brésilien Emir Sader [6] remarque qu’elles permettent d’expliquer comment de larges secteurs de la classe ouvrière des pays capitalistes avancés en sont venus à privilégier les « intérêts nationaux » de leur propre Etat impérialiste au détriment des intérêts des peuples dominés. En quelque sorte, la solidarité nationale a primé sur la solidarité internationale.

   Pour Sader, « la question nationale a croisé le XXème siècle comme une des plus importantes et, en quelque sorte, des plus énigmatiques. Si dans la périphérie elle a assumé le caractère - plus ou moins prononcé - d’anti-impérialisme, de réaction et de résistance à la domination externe, au centre du capitalisme c’est le chauvinisme qui a prédominé ».

   Aujourd’hui, tout comme au temps de leur empire colonial, les Français acceptent très majoritairement les aventures guerrières de leur État en Libye, en Côte d’Ivoire, au Mali, etc. Dans le même temps, les partis de la gauche ont non seulement renoncé à s’y opposer mais le plus souvent font leur les « phrases philanthropiques-humanitaires » [7] censées les justifier.

   Le combat politique et les textes théoriques de Lénine et de ses compagnons n’auraient-ils plus rien à nous apprendre ? (...)

[1] Engels écrivait à Marx : « […] le prolétariat anglais s’embourgeoise de plus en plus, et il semble bien que cette nation, bourgeoise entre toutes, veuille en arriver à avoir, à côté de sa bourgeoisie, une aristocratie bourgeoise et un prolétariat bourgeois. Evidemment, de la part d’une nation qui exploite l’univers entier c’est, jusqu’à un certain point, logique ».

[2] John Atkinson Hobson, Impérialism, A Study, 1902.

[3] Lénine, L’impérialisme, stade suprême du capitalisme.

[4] Hannah Arendt, Les origines du totalitarisme, L’impérialisme, Ed. Fayard.

[5] IIème Congrès de l’Internationale communiste.

[6] Emir Sader est diplômé de l’université de São Paulo (philosophie et science politique). Penseur d’orientation marxiste, il est membre du conseil éditorial du périodique anglais New Left Review. Il a présidé l’association latino-américaine de sociologie (ALAS, 1997-1999) et est un des organisateurs du Forum social mondial.

[7] Expression utlisée dans une résolution du Ier congrès de l’Internationale communiste : « La question coloniale révéla clairement que la conférence de Berne était à la remorque de ces politiciens libéraux-bourgeois de la colonisation, qui justifient l’exploitation et l’asservissement des colonies par la bourgeoisie impérialiste et cherchent seulement à la masquer par des phrases philanthropiques-humanitaires ». La conférence de Berne en février 1919 était une tentative des partis sociaux-démocrates de faire renaître la Deuxième Internationale.


%%%

(Dieux parla à la femme
et la supplia d'être moins nue)

%%%

"Vous voulez bien être nos ami(e)s?
- Et nous apporter des bananes, surtout...
- Tais-toi! Ils vont croire qu'on
est intéressés..."


Le bavardage, des primates à Facebook
Fmariet

   (...) Robin Dunbar, Grooming, Gossip and the Evolution of Language, Cambridge, Harvard University Press, 1996, 230 p., Bibliogr., Index
   
   L'ouvrage de Robin Dunbar, publié dix ans avant le développement des réseaux sociaux, permet de mieux comprendre leur rôle et certaines de leur propriétés et limites

   (...) Le bavardage, terme péjoratif, traité avec condescendance serait en réalité essentiel. D'où le succès des réseaux sociaux numériques qui accordent au bavardage une place primordiale.

   Le langage est d'abord fait pour bavarder, pour se tenir au courant de la vie alentour, des proches, famille élargie, voisins, collègues, amis, etc. On bavarde dès la prime enfance. On bavarde en attendant, on bavarde au bistrot, dans les boutiques, on papotait à la veillée, on papote devant la télé, lors des cérémonies religieuses, au marché, dans la cour de récréation ; bavarder, c'est "rapporter" les toutes petites choses de la vie, parler pour ne rien dire sauf l'essentiel "tu es là, je suis là, voilà ce qui se passe". Le bavardage est tellement fondamental et urgent qu'il s'infiltre partout, même dans les réunions professionnelles, les conférences, les cours. Rien ne résiste à la tentation du bavardage. On "veut dire" ("You see what I mean"...), on répète...

   Racontars et commérages : le bavardage est formé d'énoncés échangés sur le monde qui "nous regarde", des autres qui nous intéressent (l'entre-nous : inter-esse) : qui fait quoi, avec qui ? Qu'est-ce qu'elle / il devient (gestion des stratégies amoureuses et matrimoniales) ? Qui dit du bien / du mal, elle le trompe, tu as vu comment il l'a regardée, tu crois qu'il est gay, etc. ? Que font ses enfants ? Et tout cela à propos des voisins, des collègues, des copains d'avant, des décès et des mariages, des récoltes.

   Pour Robin Dunbar, ce qui fait marcher le monde, le lubrifie en quelque sorte, est ce bavardage continu, sorte de grooming verbal : "it's the tittle-tattle of life that makes the world go round, not the pearls of wisdom that fall from the lips of the Aristotles and the Einsteins" (Ce sont ces petites saveurs de vie qui font le Monde, pas les perles de Sagesse sortant des lèvres d'Aristote ou d'Einstein) . "L'universel reportage" que dénonçait Mallarmé (et qu'illustraient selon lui les journaux) importe donc davantage que "l'absolu". Robin Dunbar réhabilite le bavardage.

   Le bavardage (gossip), interprété comme grooming, est déterminant pour l'entretien de la réputation, la gestion de l'influence (le rôle des invitations, des repas, etc.), de l'image.    Echanges, partages d'information, recommandations, complicité... 

   Les humains évoluent au sein de réseaux sociaux dont la taille maximum est de l'ordre de 150 personnes ("cognitive limit", "Dunbar's Number"). Au-delà, on ne sait plus de qui l'on parle, qui nous parle, ni à qui l'on parle. Que signifie, dans cette optique, 500 amis ou plus sur Facebook ? Tous les amis ne se valent pas (quantilage ?).

   - Le cercle restreint des personnes avec qui l'on a des relations étroites ("people with whom you can simultaneously have a deeply empathic relationship"), les "intimes", compte une quinzaine de personnes. C'est le nombre que l'on obtient si l'on demande à quelqu'un le nombre de personnes dont le décès le / la dévasteraient ; en moyenne, il / elle en cite en moyenne une douzaine (son nom : "the sympathy group").
   - La fréquence des inter-relations au sein d'un groupe varie avec sa taille. Couverture / répétition ?
    - La presse locale peut alimenter ce bavardage avec ses rubriques de faits divers locaux, son état-civil) ; la presse magazine peut aussi étendre le bavardage à des inconnus, des "people" ("intimate strangers"). 

   Si l'évolution du langage va dans le sens de l'optimisation du temps disponible pour les interactions (le grooming original prenant trop de temps), le réseau social avec son bavardage numérique représente-t-il le stade supême du grooming ? Les réseaux sociaux n'inventent pas le social, ils l'industrialisent, réseaux de sociétés qui n'ont plus le temps (cf. "It's complicated. C'est la faute à Facebook" !).

   Comment évoluera le bavardage ? Avec la communication numérisée (omniprésence, photographie et vidéo), le bavardage qui était jusqu'à présent un discours sans trace est désormais enregistré, écrit, réduit en data et metadata, stocké. Sa valeur pour le ciblage publicitaire est incomparable, d'autant que, pour l'instant, cette data est collectée gratuitement.
.
En savoir plus sur 

%%%
Luc Desle (avec le bref concours de Jacques Damboise)