Bonjour à vous qui, dans le maelström du net, êtes arrivés, par hasard? lassitude? erreur? sur ce blog. Vous êtes les bienvenus. Vous y lirez des extraits d'articles, de pensées, d'interviews, piochés ça et là, et illustrés de photos et dessins détournés, via un humour de bon aloi. Vous pouvez évidemment réagir avec le même humour, la même ironie que nous mettons, chaque jour, à tenter de respirer un peu plus librement dans une société qui se corsète chaque fois un peu plus.

mercredi 6 mars 2013

"Ce Prince Charmant vendait ses charmes nuitamment". Jacques Damboise in "Pensées de peu".

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Pensées pour nous-mêmes:

(LE SAGE ET LE PAS  SAGE
SONT LES DEUX FACES DU MÊME INDIVIDU)

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COURTS RÉCITS AU LONG COURS (77)
pcc Benoît Barvin


Choix

   Je fus sorti brutalement du lit et, sans ménagement, on me poussa en direction du salon du rez-de-chaussée, encore endormi, les membres gourds. Je dévalai les escaliers, hésitant au début sur la matérialité de l’évènement. La douleur que je ressentis, à l'épaule gauche, douleur aussitôt doublée au genou droit, quand je m'affalai au bas des marches, me convainquit que j'étais bien réveillé et que les quatre silhouettes masquées qui me poussaient, claudiquant, gémissant, en direction du salon, étaient réelles.

   Passé la porte, j'aperçus aussitôt Papa et Maman, assis côté à côté, sur le divan, ligotés. Elle dans une nuisette qui ne cachait pas grand chose de sa nudité; lui en pyjama - cet atroce "machin" maronnasse qui le boudinait. Aucun d'eux ne souriait, évidemment, et j'entrevis sur le visage fripé de ma Mère une terreur sans nom. "Allez, dépêche-toi", lança une voix, alors qu'un coup violent dans le dos me poussait en avant. Je poussai un gémissement de douleur, les larmes envahirent mon regard et je me retrouvai à quatre pattes, dans une position indigne de notre "position sociale", comme l'auraient dit mes parents. S'ils avaient pu parler...

   Je remarquai alors que leur bouche était bourrée de journaux et, à leur teint apoplectique, je compris qu'ils avaient du mal à respirer. Maman, surtout, paraissait au bord de l'évanouissement. "Voilà le dernier membre de la famille", fit la même voix qui m'avait invité à avancer plus vite. Pas beaucoup de courage... à l'image de ses deux vieux."

   Les quatre malfrats se mirent à rire, et cela donna un concert terrifiant de feulements mauvais. "Vous avez vu comment est attifé le jeune homme?". Je réalisai alors que, pour la nuit, comme il faisait bon en ces premiers jours d'été, j'avais revêtu un simple slip kangourou et un vieux T-shirt bariolé datant de ma période Punk vintage. Un des types s'approcha. Il avait le même dress-code que ses comparses: blouson et pantalon militaire, rangers, masque figurant une tête de mort ricanante. 

   Il s'adressa à nous trois, transis dans une pièce pourtant agréablement aérée - la baie donnant sur le salon avait été forcée et la douceur de la nuit venait par vagues, comme des caresses. "Nous faisons partie de la Brigade, vous l'aurez deviné... Vous avez été désigné pour le Choix... Vous savez de quoi il s'agit, n'est-ce pas?". Papa dit quelque chose, étouffé par ce qui obstruait sa bouche. Un des types leva la crosse de son fusil-mitrailleur et lui en donna un coup, un peu au hasard. La pommette de mon père éclata et du sang jaillit.

   "On ne parle pas la bouche pleine" fit la brute en ricanant. Le premier, qui semblait être le chef de la Milice, me fit me retourner - j'étais toujours à quatre pattes, n'osant bouger, malgré la position humiliante. Face à lui, je dus baisser les yeux, sachant qu'on ne fixe jamais un membre de la Brigade, sous peine de sanctions. "Toi, qui es le fils de famille... Tu vas donc succéder à ce père enrobé, ce gros loukoum (il y eut quelques rires)... C'est donc à toi de prendre la décision... Alors, à ton avis, qui doit-on choisir: ton Vieux de ta Mère? Choisis!"

   Jusqu'à cette dernière phrase, j'avais prié pour que cette scène ne soit qu'un cauchemar; que je n'aie nul besoin d'entrer dans le jeu que la Nouvelle Société avait inventée: celle du Choix de Vie. Un "Choix" destiné à rendre chaque citoyen responsable de son destin plutôt que de le subir jusqu'à ce que mort s'ensuive. La Nouvelle Gouvernance Mondiale appuyait d'ailleurs cette expérience.

   Je n'ignorais pas que les caméras miniatures filmaient depuis le début, que des monteurs arrangeaient déjà l’ordonnancement des scènes, que la vidéo allait se retrouver très vite sur le Net et que le bêtisier - des gros plans de ma Mère, par exemple, avec ses seins apoplectiques; le ventre proéminent de mon père et mon slip kangourou -, tout cela allait être balancé sur des réseaux sociaux, pour la plus grande joie des fans du monde entier...

   "Choisir entre mon père et ma mère? Jamais! " crachai-je alors, tout en me propulsant vers le malfrat qui, pensant que je ne représentais aucun danger, avait baissé le fût de son arme. Je le heurtai, nous roulâmes sur le sol et je tentai de le frapper, à tort et à travers je l'avoue, car j'étais peu expert dans l'art du combat. Je réussis cependant à le débarrasser de son arme, la levai, triomphant... quand une ranger jaillit devant mes yeux et m'assomma pour le compte, en s'écrasant sur mon visage...

   Plus tard, quand je sortis de mon évanouissement, j'entendis le malfrat finir de résumer la situation. Je m'aperçus que j'étais à mon tour ligoté, à côté de Maman et que c'était Papa qui avait pris ma place. Il était agenouillé devant le chef de la bande. A la question "Qui choisis-tu? Ta femme ou ton fils?", je vis au ralenti mon père pivoter dans ma direction - mon père et son visage encroûté de sang - et il bredouilla un "désolé, fiston" pathétique, en me désignant.

   On se saisit de moi et on me fourra dans une saleté de van aux couleurs de la Compagnie Internationale du Travail Non Syndiqué. J'allais passer le reste de ma vie dans une immonde usine, à des centaines de milliers de kilomètres de là, taillable et corvéable à merci, ce qui ferait baisser un peu plus les statistiques du chômage de la région où j'étais né...

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Nellie Elizabeth "Irish" McCalla (25 Décembre 1928 - 1er Février, 2002) 
était une actrice Américaine, célèbre dans les années 1950, surtout pour  la série télévisée Sheena, reine de la jungle .  McCalla était également une « Fille Varga ", c'est-à-dire le modèle de la pin-up illustrée par le dessinateur  Alberto Vargas . C'est peut-être ce qui l'amène, après une courte carrière cinématographique dans les années soixante, à se tourner vers la peinture et à être membre de la "Woman Artists of the American West".


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"Heu, Madame... Entre votre poitrine et nous...
Il y a... hem... quelque chose..."

Irish McCalla

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"Bon... OK... Sur la chemise, pourquoi pas?
Après tout, vue la couleur de ses cheveux, 
je comprends son choix, hein?"

Nellie McCalla

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"Allo? Quoi? Il y a quoi entre
quoi et quoi? Allo? Je ne vous entends pas..."
Irish McCalla

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"Irish McCalla ou pas, moi, j'ai autre chose à faire!"


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Jacques Damboise (dit l'amateur de dames qui restent à leur place)

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