Bonjour à vous qui, dans le maelström du net, êtes arrivés, par hasard? lassitude? erreur? sur ce blog. Vous êtes les bienvenus. Vous y lirez des extraits d'articles, de pensées, d'interviews, piochés ça et là, et illustrés de photos et dessins détournés, via un humour de bon aloi. Vous pouvez évidemment réagir avec le même humour, la même ironie que nous mettons, chaque jour, à tenter de respirer un peu plus librement dans une société qui se corsète chaque fois un peu plus.
Affichage des articles dont le libellé est déforestation. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est déforestation. Afficher tous les articles

samedi 9 novembre 2013

"Ils ne s'aimaient pas assez pour se détester". Benoît Barvin in "Pensées pensées".

°°°
Pensées pour nous-mêmes:

(LA VOLONTÉ N'EST PAS LA SAGESSE)

°°°
Nouveau court récit au long cours (8)

LE LIBÉRÉ
DU
CLUB MAD



   Les relations entre Rachel et Daniel prennent peu à peu un tour plus intime...

sarana2007.centerblog.net

   Le lever de soleil en direct sur la mer plate et les rayons qui chauffent la peau, chaque seconde un peu plus. Daniel fait une série de postures et à chaque étirement se mêle la caresse de l’air ensoleillé.

   Rachel dort dans le creux de son coude. C’est bon de la voir dormir ainsi. Qu’elle en profite ! Il sait que les animateurs de voile n’arriveront que vers 9h30, s’ils arrivent, car avec cette mer d’huile, la voile c’est râpé une fois de plus. Il sait aussi qu’il n’ira pas faire du ski nautique ce matin. Trop d’attente au seul ponton ouvert. Il a vérifié hier qu’il tenait encore sur l’eau, mais ça ne l’intéresse plus de faire le mariole devant des monos qui te poussent à la compétition. Et puis, il n’est pas là pour ça.

   Pour quoi est-il là d’abord ? Est-ce la bonne question ? Il devrait plutôt se demander pour qui est-il là ? C’est peut-être cela la vraie question. Et il pense bien avoir la réponse , là, sous ses yeux, en train de s’éveiller

   Rachel s’étire, ouvre les paupières et met ses mains en visière pour regarder la mer.

   - Daniel, vous savez, j’aimerais continuer à vous dire vous. C’est étrange, cela n’a rien à voir avec un quelconque sentiment social normatif. Il y a quelque chose en vous qui m’intrigue, qui me fait vous placer un peu à part, dans le domaine de l’inclassable. Comme si vous étiez un extra- terrestre, bien incarné tout de même…

   Il éclate de rire.

   - C’est que tu ne sais pas grand chose de moi et moi-même je me fais quelques nœuds à mon sujet.

   - Qu’est-ce que vous voulez dire ?

   - Eh bien, je crois avoir eu récemment de petits problèmes cérébraux. Du moins, c’est ce qu’on m’a laissé entendre

   - Pourtant, vous paraissez en pleine forme, aussi bien de corps que d’esprit.

   - Oui, c’est paradoxal. Il est vrai que j’ai fait dernièrement des rêves bizarres et que je crois à ces rêves par moment, au point de m’y investir à fond.

   - Quels genres de rêves ?

   Il ne sait pas s’il va répondre. Ce serait comme trahir une part de lui-même. Il sent le ridicule de sa position, mais c’est encore plus fort que lui.

   - Je te raconterai cela plus tard. On va d’abord ranger les matelas...

   - Et se baigner avant le petit déjeuner.

   Rachel n’est pas du genre compliqué. Elle dit que c’est autour d’elle qu’elle sent les complications. Et plusieurs années d’études d’ethno-psycho-socio lui ont appris que les embrouilles n’étaient pas prêtes de disparaître de sitôt.

   Elle envoie balader son tee-shirt, va tout au bout du ponton et s’élance. Elle plonge profond dans l’eau claire, frôle les algues et le banc de sable, seule à nager dans cette immensité marine d'où a disparu, comme Daniel l’a constaté hier après-midi, toute faune aquatique.

   - C’est un délice matinal. Un peu frais quand même. Vous ne venez pas ?

   C’est tentant. Juste pour se coller une fois de plus contre ce corps gracile qui évolue là, simplement, tout simplement. Et tant pis s’il se gèle un peu. Ce n’est pas souvent que l’on rencontre des personnes simples dans leur comportement. Disons que la façon de se comporter de Rachel lui va comme un gant Ca fait partie des miracles des affinités sélectives. Chimiquement, physiquement parlant, il doit y avoir des causes logiques à ces rapprochements subtils. En tout cas, c’est un plaisir total.

   Cela fait longtemps qu’il croit avoir trouvé le secret de l’harmonie, qui consiste pour lui à ne rien désirer de plus que ce que lui offre chaque instant. Et l’instant présent est tout bonnement extraordinaire, débordant de sensations, d’une netteté lumineuse en ce matin de juin.

   La falaise abrupte, sculptée de figures minérales, se détache sur le ciel. Chaque roche étincelle au bord de l’eau salée. Les cheveux de Rachel ruissellent sur ses épaules pales.

   Ils remontent vers le Village endormi. Le sol ne gronde plus sous leurs pieds. Tout est calme. 

(A Suivre)


°°°
(Chuchotant)
"Tu as vu le médiocre noeud pap' qu'il arbore?"

(La jeune femme, pensant)
"Moi j'ai surtout vu sa belle moustache...
et sa bouche tentante..."


The Opera - Clarence F. Underwood

°°°
"S'il n'y a plus de forêts...
Comment je vais faire de l'escarpolette, moi?"


Girl on a Swing by Raimundo de Madrazo y Garreta


Le marché ne sauvera pas
 les forêts tropicales
Romain Pirard

   (...) Près de treize millions d’hectares de forêts tropicales sont détruits chaque année, entre bassin amazonien, Afrique centrale et Asie du Sud-Est. Le chiffre est certes en partie balancé par des efforts de reboisement dans certains pays d’Asie (Chine, Vietnam) ou dans le monde développé, mais cela ne compense pas la perte de biodiviersité tropicale.

   Ce phénomène n’est pas nouveau. En réponse, on va vu depuis vingt cinq ans se propager des discours volontaristes sur les mérites des marchés, comparativement à des approches plus coercitives associées au pouvoir régulateur des gouvernements. Cette tendance s’est trouvée renforcée par l’émergence plus récente d’une rhétorique sur les « services environnementaux » : il s’agit des bénéfices dont jouissent les populations lorsque l’environnement est bien géré.

   Par exemple, la conservation d’un espace boisé en amont d’un bassin versant permet non seulement de lutter contre l’érosion des sols, mais aussi de garantir un débit plus régulier des cours d’eau dont les populations et industries en aval peuvent bénéficier.

   Ainsi, de nombreuses tentatives visent aujourd’hui à promouvoir des instruments adossés au marché pour atteindre des objectifs environnementaux , par exemple des programmes de certification type FSC (Forest stewardship council) ou les très médiatisés « Paiements pour Services Environnementaux » (PSE). Ceux-ci recouvrent des instruments hétérogènes mais qui partagent certaines caractéristiques : transactions bilatérales où un bénéficiaire d’un service rémunère ceux dont les décisions d’usage des sols permettront de garantir la fourniture du service, la rémunération étant conditionnée à la fourniture du service (ou aux moyens mis en œuvre pour atteindre cet objectif).

   Dans le même temps, les négociations au sein de la Convention Climat ont abouti à la création d’un mécanisme appelé REDD+, qui vise à financer la réduction de la déforestation tropicale. Ce financement peut passer par les marchés carbone, par les contributions des pays industrialisés (la Norvège notamment) ou par tout autre moyen, que celui-ci relève des passagers d’un vol aérien souhaitant compenser leurs émissions, des organisations philanthropiques ou encore des agences onusiennes.

   Quels sont les résultats obtenus par ces approches ? Les attentes sont très loin d’être satisfaites aujourd’hui, et les discours l’ont emporté sur les réalisations. Je ne rentrerai pas ici dans des considérations morales sur ces approches ; celles-ci font déjà l’objet de nombreux débats où les peurs souvent irrationnelles d’une « marchandisation de l’environnement » se confrontent à des présupposés idéologiques sur les avantages théoriques des marchés.

   Par contre, il est important de souligner le peu d’impact de ces mécanismes adossés aux marchés. Un gouffre sépare leur conceptualisation de leur mise en pratique, et il est clair que ces instruments dits « innovants » se fracassent contre la réalité du terrain. Entre l’instrument pensé par l’économiste ou le décideur et celui qui est déployé dans les espaces forestiers, il existe peu de points communs.

   Autrement dit, la montagne a accouché d’une souris. Les inerties sont bien trop puissantes sur le terrain, ainsi que les agendas politiques divers et variés. La Norvège promet un milliard de dollars à l’Indonésie pour REDD+ ? Quelques années après, seulement 3 % sont versés en raison de l’absence d’actions concrètes.

   Les marchés volontaires constitueraient une solution transitoire avant que les marchés carbone sortent renforcés d’un accord global de réduction des émissions ? Là encore, ces transactions ne concernent que 0,3 % de l’ensemble des émissions de gaz à effet de serre dans le monde !

   L’Equateur veut mettre en place un appel à contributions internationales pour compenser les coûts d’opportunité de la non-exploitation des ressources pétrolières afin de préserver les forêts tropicales du Parc Yasuni ? Le projet est finalement abandonné en septembre 2013.

   Ce n’est pas le lieu ici de décrire la complexité des causes de la déforestation tropicale, entre infrastructures routières, besoin de satisfaire la demande alimentaire, gouvernance défaillante… Mais le fait est que les rustines que représentent les approches adossées au marché ne sont pas une solution au problème.

   La solution ne pourra passer que par une redéfinition de nos trajectoires de développement afin que la consommation par habitant diminue drastiquement (voire la démographie). Cette prise de conscience se heurte à des inerties là aussi puissantes, puisque la croissance économique reste dans nos esprits associée à plus de production de biens manufacturés.

   Elle continuera aussi de nous poser des problèmes intellectuels puisque l’on ne peut blâmer, à titre d’illustration, l’expansion des plantations de palmier à huile sans faire également l’effort d’admettre qu’avec une croissance de la demande alimentaire, les mêmes terres seraient de toute façon défrichées et cultivées pour y répondre, quel que soit le type de culture. (...)


°°°
(Élégante hésitant entre un hideux chapeau français
et un inesthétique bonnet russe)



°°°
Luc Desle (et Jacou Damboise)

mercredi 24 juillet 2013

"Il se fit porter pâle, ce Blanc-Bec, pour participer à cette gigantesque baston". Benoît Barvin in "Pensées pensées".

***
Pensées pour nous-mêmes:

(LE MAÎTRE EST LA NATURE,
SANS LES HOMMES)

***
"Oui, la Religion est amour...
Pourquoi cette question?"


PECCATOR


***
(Ce champignon forestier était tellement laid
qu'on dut se résoudre à l'abattre pour
retrouver la beauté du site)


L'Europe, première responsable 
de la déforestation dans le monde
Véronique Smée

   (...) En mars dernier, un rapport des Amis de la Terre publiait des chiffres édifiants sur « l'empreinte terres » des Européens, qui est la plus élevée au monde. Aujourd'hui, la Commission européenne révèle dans une étude l'impact considérable de la consommation européenne sur la déforestation, notamment dans les zones tropicales. Un sujet qui constitue aussi un risque majeur pour les entreprises.

   L’appropriation de terres étrangères pour satisfaire les besoins de la consommation européenne est mesurée par « l’empreinte terres », c'est-à-dire la mesure des « terres importées » nécessaires à la fabrication de nombreux produits. Et en la matière, celle des européens est particulièrement élevée : l’Europe utilise 9 700 km2 de terres par personne, soit 44% de plus que son propre domaine foncier, et un Européen consomme en moyenne 1,3 hectare tandis qu’un Chinois ou un Indien en consomment 0,4... La plus forte empreinte terres européenne est celle du lait cru (62 millions d'hectares par an), suivi par les produits laitiers et le blé (59 et 54 millions d'hectares par an). 

   Ces chiffres ont été rapportés par une étude des Amis de la terre publiée en mars 2013 (voir l’article L'« empreinte terres » des européens est l'une des plus importantes au monde). Le 2 juillet, la Commission européenne publiait elle-même des chiffres tout aussi alarmants dans une étude intitulée « l’impact de la consommation de l’Union européenne sur la déforestation ». 

   Elle révèle que non seulement les produits importés par l’UE et liés à la déforestation sont en forte augmentation, mais qu’en outre ils signifient la violation par l’Europe des engagements pris pour réduire les importations illégales. Bruxelles avait en effet adopté un plan en 2008 pour « stopper la diminution de la couverture forestière d’ici 2030 au plus tard et réduire la déforestation tropicale de 50% par rapport aux niveaux actuels d’ici 2020 ». Or, l'Europe est aujourd’hui responsable de plus du tiers – 36 %– de la déforestation liée au commerce international, loin devant les Etats-Unis, le Japon ou la Chine. Ainsi entre 1990 et 2008, les Etats membres a importé des produits issus de la déforestation d’environ 9 millions d’hectares de terres (soit environ 3 fois la taille de la Belgique), contre 1,9 million d’ha pour l’Amérique du Nord et 4,5 millions d’ha pour l’Asie de l’Est (incluant le Japon et la Chine). 

   La déforestation dans les zones tropicales est principalement liée à l’augmentation de la consommation de viande et de produits oléagineux (soja, huile de palme…), La France constitue par exemple le 3e importateur mondial de soja brésilien (destiné à l’alimentation animale), soit une surface de plus de 1 million d’ha.

   Globalement, les importations européennes de soja ont été multipliées par cinq depuis le début des années 70 pour soutenir l’intensification de l’élevage, au détriment d’autres sources (fourrages foin, paille) plus onéreuses. L'élevage extensif et le soja exporté sont depuis devenus la première cause de la déforestation en Amérique du Sud. Comme l’expliquait déjà en 2007 l’économiste Alain Karsenty du CIRAD, « là où les conditions économiques le permettent, il est plus profitable de faire des plantations de palmier à huile, de cacao ou de soja que d’exploiter durablement la forêt, et a fortiori de la conserver. Il est également souvent plus rentable de convertir la forêt naturelle en plantations d’arbres à croissance rapide pour la fabrication de pâte à papier.» Et à l’autre bout de la chaîne, la multiplication des produits issus de la déforestation ne ralentira pas sans une intervention des autorités européennes… 

   Le 7ème programme d'action pour l'environnement (PAE) de l'Union européenne, intitulé "Bien vivre, dans les limites de notre planète", actuellement en cours de discussion, est censé donner des directions pour réduire la consommation de produits liés à la déforestation. Il doit couvrir la période 2014-2020 et pourrait être mis en place au début de l'automne 2013 sous la présidence lituanienne. (...)

   (...) Lancé en 2008 par la fondation britannique « Global Canopy », le « Forest footprint disclosure » (voir notre article La déforestation, un risque majeur pour les entreprises ) alerte les entreprises et les investisseurs sur l'urgence à prendre en compte l'impact de la déforestation dans leurs activités. Le panel des multinationales interrogées doit s’expliquer sur plusieurs sujets : la conversion des terres pour la culture du soja, d’huile de palme, l’élevage et les agro-carburants, ou l’exploitation du bois). L’enquête sur le « risque forêt » leur demande de détailler leurs actions en matière de traçabilité, de certification, de stratégie ou de communication autour des ressources forestières qu’ils utilisent. Depuis, le « Forest footprint disclosure » a fusionné avec le Carbon Disclosure Project qui a évalué le reporting des entreprises sur les liens entre leur activité et la déforestation (voir notre article Secteur textile : l'opacité de la filière cuir). 

   Il en ressort pour le secteur d’activité « habillement et luxe », par exemple, que sur 30 entreprises contactées, dix ont accepté de répondre, dont Marks & Spencer, en pointe sur le sujet ou, côté chaussures, Clarks, Patagonia, Adidas et Nike. Pour le luxe, seuls Dior, Gucci et LVMH ont joué le jeu de la transparence, sans pour autant garantir que leur cuir n'est pas lié à la déforestation. En revanche la marque Eram s’est engagée à « éliminer tout risque d'utiliser des cuirs provenant d'élevages liés à la déforestation amazonienne ». après a campagne activiste ciblée sur les fabricants de chaussure, menée par l’association Envol Vert. (...)
Lire sur: