Bonjour à vous qui, dans le maelström du net, êtes arrivés, par hasard? lassitude? erreur? sur ce blog. Vous êtes les bienvenus. Vous y lirez des extraits d'articles, de pensées, d'interviews, piochés ça et là, et illustrés de photos et dessins détournés, via un humour de bon aloi. Vous pouvez évidemment réagir avec le même humour, la même ironie que nous mettons, chaque jour, à tenter de respirer un peu plus librement dans une société qui se corsète chaque fois un peu plus.

mercredi 9 janvier 2013

"Le râleur de Marathon n'a pas laissé un grand souvenir et c'est tant mieux". Jacques Damboise in "Pensées à contre-pet".

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Pensées pour nous-mêmes:

(LE MAÎTRE N'EST QUE LE MAÎTRE.
IL N'EST PAS TOI)

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COURTS RÉCITS AU LONG COURS(64)
pcc Benoît Barvin


Tache

   C'est mon épouse Lola qui, un matin, alors que nous nous préparions pour aller au boulot, m'en fit la remarque: "On dirait que tu as un truc, là, sur le nez", me dit-elle. Je vis, dans le miroir, une petite tache, de la dimension d'une pièce de 1 euro, à cheval entre l’arête et l'aile gauche du nez. Je tentai de l'effacer, pensant qu'il s'agissait d'une simple salissure sombre, mais rien n'y fit. "Tache de vieillesse, soupirai-je en embrassant Lola. Tu as, à tes côtés, un vieillard bientôt cacochyme...". Nous rimes et nous séparâmes en plaisantant. 

   Cependant, toute la journée, je surveillai la tache et, le soir, c'est le visage défait que je me présentai devant Lola. "Regarde", dis-je en désignant mon nez. "Il n'y a plus rien! s'exclama-t-elle. Tu vois je t'avais bien dit que...". Elle se tut, blêmit car elle venait de retrouver l'étrange phénomène placé, cette fois, sur la tempe droite. "C'est... C'est le même machin?". Je hochai lugubrement la tête. Nous bûmes un verre en cherchant une explication. L'altération de la pigmentation de ma peau semblait la plus logique.

   Je dormis mal cette nuit-là, me levant souvent pour aller vérifier l'emplacement de la tache. C'est au petit matin qu'elle se déplaça... ce dont je fus le témoin ahuri. Je la vis nettement bouger, "glissant" sur ma peau pour se figer sur l'intérieur de mon cou. Je bus de nouveau un verre, la main tremblante, cherchant à comprendre ce qui m'arrivait. Lola, qui m'avait suivi, constata elle aussi le nouvel endroit où cette marque pigmenteuse s'était placée. Elle se versa une rasade à son tour, et quand je m'approchai d'elle, elle esquissa un mouvement de retrait. "Pardonne-moi, Chéri, s'excusa-t-elle une minute après, en me prenant dans ses bras. Mais c'est tellement... tellement...".

   La semaine vit la salissure se promener sur mon corps comme un objet étranger glisse sur l'eau d'un lac. Mais cet "objet" semblait doué d'une forme d'intelligence et c'était ce qui me terrifiait. Après de nombreuses nuits de veille, en dépit de l'absorption de somnifères puissants, Lola me décida à aller voir un spécialiste. 

   J'attendais mon tour dans la salle d'attente, très nerveux, quand je m'aperçus que l'étrange "envie", comme on disait au XVIIème siècle, avait disparu de son emplacement du jour - le dos de ma main droite. Je jetai un oeil affolé sur différentes parties de mon anatomie et, parce que mon attitude commençait à intriguer les autres patients, je me réfugiai dans les toilettes. Là je me déshabillai entièrement sans trouver la moindre trace... de cette trace! 

   Je me retrouvai au bureau, l'esprit léger, rire légèrement hystérique aux lèvres. Le soir, j'accueillis Lola entièrement nu, afin qu'elle voit qu'il n'y avait justement plus rien à voir et que nous pourrions retrouver une vie de couple normal. Quand elle entra, elle poussa un cri, leva une main tremblotante en me désignant. "Elle... Elle a grossi...". Je baissai les yeux, entrevit la tache qui, à présent, s'était placée en plein milieu de mon ventre. Mon épouse avait raison: l'auréole sombre avait plus que doublé de volume.

   Le reste de la semaine se déroula d'une étrange façon. Je prenais rendez-vous chez les dermatologues mais quand j'arrivais dans chez le spécialiste en question, la tache disparaissait mystérieusement comme si elle comprenait mes intentions belliqueuses à son égard. J'étais anéanti, découragé, déprimé au plus haut point car Lola, à présent, ne voulait plus de moi dans le lit. Je me réfugiai dans la chambre d'amis, comprenant que si la situation perdurait, notre couple allait exploser en vol.

   C'est alors que je me décidai à aller voir Aïcha, notre voisine la plus proche et, accessoirement, ma maîtresse. J'avais besoin d'être consolé, chouchouté, materné et elle seule, maintenant, pouvait le faire. Je l'appelai, elle me répondit après plusieurs sonneries, accepta au bout de longues minutes qu'on se retrouve. "Tu m'as pourtant dit, il y a deux mois, que tout était fini entre nous" me lança-t-elle, sur un ton aigre. "Je ne peux pas me passer de toi", répondis-je, mal à l'aise.

   Un quart d'heure plus tard, profitant que Lola était parti au boulot, je me fis porter pâle au bureau et sonnai à la porte d'Aïcha. Elle m'ouvrit, complètement nue. Elle était toujours aussi belle, la peau agrémentée de ce si beau noir de jais qui m'avait scotché, la première fois que je l'avais vue, dans un bar. Ses seins étaient arrogants, sa taille mince, ses hanches larges et son ventre...

   Je fus tétanisé sur place. Sur ce ventre à la peau sombre j'apercevais une petite tache, de la taille d'une pièce de 1 euro, de couleur pâle, très pâle... blanche, pour être exact. En même temps, Aïcha découvrit sa jumelle, sur mon cou, de couleur noire et c'est le visage chaviré qu'elle me bondit dessus en balbutiant: 

   "Oh... Chéri... Mon Chéri, je le savais... Je savais que nous étions faits l'un pour l'autre..."


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(La femme-vaisselier  n'eut pas le succès escompté)

Marie Lise Gres in kitchenwear jewellery, 1965.
Photo by Ronald Falloon

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"Vous... Gargl... Ca ne fait pas longtemps
que vous êtes coiffeuse... Gargl... Je me trompe?"


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"Heu, Mon n'Amour, ceci n'est pas une trompette,
c'est un tuba...
- Et alors, c'est toujours un instrument à cordes, non?
- Si tu le dis..."



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"Hem, Chérie...
- Tu me parles, Mon Amour?
- Oui... Il y a ta robe, là, qui s'est ouverte...
- Qu'est-ce que tu dis?
- Ta robe ouverte...
C'est à cause du vent qui souffle en rafales...
- Parle plus fort: avec ce vent qui souffle en rafales,
je n'entends rien..."


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Jacques Damboise

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