Bonjour à vous qui, dans le maelström du net, êtes arrivés, par hasard? lassitude? erreur? sur ce blog. Vous êtes les bienvenus. Vous y lirez des extraits d'articles, de pensées, d'interviews, piochés ça et là, et illustrés de photos et dessins détournés, via un humour de bon aloi. Vous pouvez évidemment réagir avec le même humour, la même ironie que nous mettons, chaque jour, à tenter de respirer un peu plus librement dans une société qui se corsète chaque fois un peu plus.

mercredi 3 juillet 2013

"Pour ne pas mourir idiot il fit l'imbécile". J'acques Damboise in "Pensées inconvénientes".

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Pensées pour nous-mêmes:

(TU NE TRAVERSERAS JAMAIS
LA MONTAGNE)
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LONG RÉCIT AU LONG COURS (1/56)
pcc Benoît Barvin et Blanche Baptiste


   Angélus, mort, a retrouvé sa beauté angélique...

ANGÉLUS 
ou 
LES SECRETS DE L’IMPALPABLE


l'archange Saint-Michel chasseur de dragons

CHAPITRE 22

   Adèle était restée un moment pétrifiée face à son archange. Elle était la seule à ne pas s’agenouiller devant lui car, privé de vie, Angélus, telles les statues froides des églises, ne représentait plus rien pour la jeune femme. Lorsqu’elle avait vu la foule mettre le feu à l’édifice, elle ne s’était pas inquiétée pensant qu’Angélus s’enfuirait par le fond du séchoir. Mais, pour une raison inexplicable, le jeune homme était resté et, pour finir, ils l’avaient tué. 

   Qu’il soit transfiguré ne lui apportait ni crainte ni réconfort. Plutôt un vide dont elle mesurerait, très vite, la profondeur. La seule pensée qu’elle avait, à ce moment, c’était qu’elle ne reverrait plus Angélus se baigner dans la rivière des Joncquières. Tout cela était fini. Cet ange-là était mort.

   - Si au moins, cela servait à quelque chose, pensa Adèle. Mais personne sur terre ne peut racheter les péchés du monde. Tout, ici bas, semble soumis à l’éternel recommencement. Si seulement après être tombées, les âmes pouvaient se relever et marcher droit sur la terre... Mais je ne vois que des simagrées, des mensonges, des jalousies... Non, je ne veux pas être des leurs. Tu t’es sauvé Angélus. Moi aussi, je vais me sauver. Il n’y a que cela qui importe.

   Pendant que le groupe demeurait là, prostré, elle redescendit au bourg. Elle croisa en chemin le reste du cortège qui portait, inanimée, Sœur Camille au couvent. La pluie avait cessé et le soleil inondait Fontseranne. Les ruelles étaient désertes. Alors, par la porte brisée de la boutique, la moniale entra chez l’apothicaire, le cœur battant à tout rompre. 

   Elle fureta dans les tiroirs. Ne trouvant rien, elle osa monter au premier et crut, un instant, être entrée dans quelque château féerique. Bien qu’étant issue d’une famille aisée, elle n’avait jamais eu l’occasion de côtoyer un décor aussi raffiné. Non pas dans les couleurs et dans les formes, mais dans la texture de chaque élément qui le composait. De fins voilages vous caressaient le visage lors de votre passage. Les meubles disparaissaient sous des amoncellements de coupons de velours, tous aussi doux et cependant aussi différents les uns des autres que peuvent l’être, pour des connaisseurs, les meilleurs crus de nos vignobles. 

   Il y avait peu de chances qu’elle trouvât ce qu’elle cherchait et pourtant, à force de brasser des étoffes, de remuer des objets délicats, elle finit, ivre de sensations, par mettre la main sur le cahier d’Angélus, celui-là même où, enfant, il avait noté ses premières découvertes et, plus tard, ses formules les plus extravagantes.

   Elle avisa également quelques fioles minuscules et de petits échantillons colorés qu’elle glissa dans sa poche.

   Adèle aurait été bien incapable alors de dire pourquoi elle agissait de la sorte et ce qu’elle comptait faire de ce larcin. Le fait est qu’elle sortit de la boutique, grisée, joyeuse comme une enfant dont on aurait comblé le plus cher désir.

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(A Suivre)

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"Que celui qui nous accuse d'espionnage
se dénonce!"

nickfury
mdcu-comics.fr

Comment l'Amérique espionne ses alliés
Laura Poitras, Marcel Rosenbach,
Fidelius Schmid, Holger Stark et Jonathan Stock

   (...) Pour la National Security Agency (NSA), c'est un fiasco. Longtemps - contrairement à la CIA, l'agence du renseignement extérieur américain -, cette institution avait réussi à opérer sans éveiller l'attention du grand public. Edward Snowden aurait "irrévocablement causé de terribles dommages" aux Etats-Unis, se plaignait il y a près de deux semaines le directeur de la NSA, le général Keith Alexander, dans un entretien accordé à la chaîne de télévision ABC.

   Les documents de la NSA révélés par Snowden concernent bien plus qu'un ou deux scandales. Ils sont comme une sorte d'instantané électronique du fonctionnement, pendant une dizaine d'années, des services secrets les plus puissants du monde. Der Spiegel a été en mesure de consulter et d'analyser plusieurs de ces documents.

   Ces dossiers montrent que l'Allemagne occupe une place de choix dans le réseau de surveillance planétaire de la NSA - et comment les Allemands eux-mêmes sont la cible des attaques de l'Amérique. Chaque mois, les services d'outre-Atlantique enregistrent près d'un demi-milliard de communications en Allemagne.(...)

   (...) Personne ou presque n'est à l'abri de cette rage de l'espionnage. Ne sont épargnés que quelques Etats triés sur le volet, que la NSA définit comme des amis proches, des partenaires de deuxième classe ("second party"),comme le dit un document interne : la Grande-Bretagne, l'Australie, le Canada et la Nouvelle-Zélande. Pour la NSA, ces pays ne seraient "pas des cibles, et il n'est pas nécessaire que ces partenaires fassent quelque chose qui serait aussi illégal pour la NSA," peut-on lire dans un texte classé "très secret".

   Cette réserve ne s'applique pas aux autres, tous les autres, y compris ce groupe d'une trentaine de pays considérés comme des partenaires de troisième classe ("third party"). "Nous pouvons intercepter les transmissions de la plupart de nos partenaires étrangers de troisième classe, et d'ailleurs, nous le faisons," se vante la NSA dans une présentation interne.

   A en croire la liste, l'Allemagne fait justement partie de ces pays placés sous surveillance. Ainsi, ces documents confirment ce que le gouvernement de Berlin soupçonne depuis longtemps : les services secrets américains, avec l'assentiment de la Maison-Blanche, ont le gouvernement fédéral à l'œil, y compris la chancelière. Il n'est pas étonnant non plus que la représentation de l'Union Européenne à Washington ait été mise sur écoute dans les règles de l'art, comme le montre un document auquel Der Spiegel a eu accès. (...)

   (...) Ce qui importe, dans ces révélations, ce n'est pas que des Etats se surveillent les uns les autres, qu'ils épient leurs ministres et pratiquent l'espionnage industriel. La véritable révélation, c'est avant tout qu'il soit possible de surveiller ses propres ressortissants et ceux de pays étrangers au-delà de tout contrôle et de toute supervision efficace. Car le principe qui veut qu'un service du renseignement extérieur n'espionne pas ses concitoyens, ou alors seulement dans le cadre d'enquêtes individuelles, semble ne plus avoir cours dans ce monde de communication et de surveillance globales.

   Le GCHQ (Government Communications Headquarters, quartier général des communications du gouvernement), un service britannique, peut surveiller tout le monde, y compris les Britanniques, de même pour la NSA, y compris les Américains, mais le Bundesnachrichtendienst (BND), peut surveiller tout le monde, sauf les Allemands. Ainsi la Matrice étend-elle son réseau de surveillance universelle, où chacun, selon le rôle qui lui est dévolu, peut aider l'autre. (...)


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(Imperturbable, l'espionne yankee fumait une taf
en attendant que son collègue fasse le sale boulot"


The last days of american crime T1, comics chez Emmanuel Proust ...

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"Par le Saint Nom du Capitalisme:
Ou je ne mets pas cette pièce dans la Culture...
Ou je la mets dans ma tirelire...
Choix cornélien..."


CHARLES ROBIN 
"Le libéralisme comme volonté 
et comme représentation"
Pierre Le Vigan

   (...) « L’une des confusions habituelles de l’extrême gauche contemporaine (…) réside dans cette idée que le libéralisme ne désignerait rien d’autre qu’un système d’organisation économique de la société (fondé sur la propriété privée des moyens de production et la liberté intégrale des échanges marchands), qui trouverait ses adeptes les plus enthousiasmes, en France, sur la rive droite de l’échiquier politique. » Or, ce qu’explique Charles Robin, dans la veine de Jean-Claude Michéa et de Dany-Robert Dufour, c’est qu’en fait, l’extension indéfinie de l’économie de marché, va obligatoirement avec une société de marché dont l’un des éléments essentiels est l’extension continue des « droits individuels », ces mêmes droits dont l’illimitation est soutenue résolument par l’extrême gauche.

   La neutralité axiologique du libéralisme aboutit à ce que le seul critère de légitimité des actions sociales soit l’intérêt et la maximisation des satisfactions matérielles. La doctrine du droit naturel – qui seraient des droits qui tiennent à la nature même de l’homme - , qui fonde celle des droits de l’homme, postule l’auto-institution nécessaire et suffisante de la société- la fameuse « société civile » chère aux libéraux – et donc l’inanité de la recherche d’une « société bonne ». 

   Le libéralisme prend les hommes comme ils sont, et il les prend même tels qu’ils sont, le pire. Dans la vision libérale, la société bonne, ou même seulement meilleure, ne peut avoir de place, non plus que l’idée de la nécessaire amélioration morale de l’homme, ou l’idée d’excellence morale, notamment par l’éducation, et par une élévation des idéaux mis en valeur ou portés en exemple. Les humanités sont ainsi naturellement appelées à disparaître dans une société libérale – et c’est bien ce que l’on observe. Le vrai législateur tout comme le vrai éducateur deviennent, en société libérale, le Marché et l’Argent. 

   Tout comme Jean-Claude Michéa, Charles Robin insiste sur l’unité du libéralisme : il est économique et culturel. Il ne serait pas efficacement économique s’il n’était culturel. Etymologiquement, le commerce (neg-otium) c’est le contraire du loisir. Entendons le loisir au sens où il est liberté, ouverture à la contemplation, rendez-vous avec soi-même.

   On le constate en pratique tous les jours : la société libérale distrait chacun mais empêche le vrai loisir, celui qui permet de prendre du recul en soi. Le libéralisme postule que la liberté consiste en fait dans la capacité de se déraciner continuellement. Charles Robin tout comme Jean-Claude Michéa fait remonter cette vision à Kant et à Rousseau. Elle est aujourd’hui parfaitement illustrée par Vincent Peillon pour qui « l’école doit dépouiller l’enfant de toutes ses attaches [pré-républicaines]».

   Quoi de plus naturel, si l’homme est détaché de toutes attaches, en apesanteur, hors-sol, qu’il n’ait plus comme référence que le « souci de soi », vite devenu le « je ne me soucie que de moi ». L’inconvénient c’est notamment que le souci de soi d’hommes sans passé ne draine pas beaucoup de richesses humaines collectives. Il arase les diversités. En effet, seul celui qui a des traditions peut comprendre celles des autres. C’est pourquoi la diversité de l’homme en apesanteur est réduite à peu de choses. C’est une diversité-alibi d’un aplatissement généralisé. L’Européen est réduit à un Blanc, l’Africain ou l’Antillais est réduit à un Noir (et même un « black »). Le Français est réduit à un citoyen de « la patrie des droits de l’homme » (rappelons que c’est le pays qui a inventé le génocide avec la Vendée). 

   Cette réduction des authentiques différences se fait au nom de l’autonomie de l’individu mais au mépris du sens exact de ce principe qui ne signifie aucunement « faire sans les autres » ou « se passer des autres » mais choisir librement la règle que l’on se donne. C’est tout cela, et encore bien d’autres choses, que Charles Robin, de solide formation philosophique, nous donne à comprendre en un livre non seulement important mais essentiel.


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Luc Desle

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