Bonjour à vous qui, dans le maelström du net, êtes arrivés, par hasard? lassitude? erreur? sur ce blog. Vous êtes les bienvenus. Vous y lirez des extraits d'articles, de pensées, d'interviews, piochés ça et là, et illustrés de photos et dessins détournés, via un humour de bon aloi. Vous pouvez évidemment réagir avec le même humour, la même ironie que nous mettons, chaque jour, à tenter de respirer un peu plus librement dans une société qui se corsète chaque fois un peu plus.
Affichage des articles dont le libellé est Kiev. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est Kiev. Afficher tous les articles

vendredi 6 juin 2014

"Devant les caméras, on décora le frère du héros qui était moins moche que son frangin". Jacques Damboise in "Pensées à contre-pet".

+++
Pensées pour nous-mêmes:

(DANS UNE POUSSIÈRE D’ÉTOILES,
N'Y EN A-T-IL QUE DES FRAGMENTS?)

+++

(Cette femme battait la Terre qui ne lui donnait
pas assez de fruits juteux)


Sake & Strange Divine (by 酷子)

+++

(Même les seniors, chez les Super-Héros,
acceptaient de défendre la vieille Europe)


"Yeah... Kof, kof, kof"


Le marteau d’un milliard de dollars d’Obama 
(the vineyard of the Saker)

The Saker
Traduction : Dominique Muselet

   (...) Vous le savez probablement déjà : Obama a promis un milliard de dollars pour garantir ce que ma BBC "adorée" appelle "la sécurité européenne". Le nom officiel de cette initiative est "Initiative de réassurance européenne".

   Voyez-vous, Obama et la BBC pensent que les Européens sont terrifiés parce qu’ils croient que les tanks russes vont envahir Varsovie, Athènes, Rome ou Lisbonne d’un instant à l’autre. Heureusement l’oncle Sam est là pour leur assurer qu’il empêchera cela, la preuve ce milliard de dollars qui va sans nul doute faire réfléchir l’ours russe. 

   A-t-on jamais entendu quelque chose de plus ridicule? Alors que se passe-t-il vraiment?  Il y a une merveilleuse expression étasunienne qui dit que "quand un homme tient un marteau il voit des clous partout". Eh bien, pour Obama l’UE et l’Ukraine sont sûrement des clous parce que le seul instrument que les Etats-Unis utilisent depuis des décennies dans leur politique étrangère, c’est un "marteau" composé de dollars et d’armes. Mais revenons un peu en arrière.

   Pour moi la politique étrangère des Etats-Unis en Europe est un échec total. Non seulement le coup d’état orchestré par les Etats-Unis en Ukraine a tourné au désastre, mais les dernières élections en Europe prouvent clairement que les Européens deviennent de plus en plus anti-UE et anti-Etats-Unis. En fait comme l’UE n’est jamais que l’instrument de la domination coloniale des Etats-Unis sur l’Europe, être anti-UE c’est être anti-EU. Bernard-Henri Levi, le clown hyper-sioniste qui se prend pour un "philosophe" et qui est le chouchou des élites européennes, a dit une fois que "l’anti-américanisme est une métaphore pour l’anti-sémitisme". 

   Pour le paraphraser, je dirais que "l’anti-Européanisme est une métaphore pour l’anti-Américanisme" (du moins si par "Europe" on désigne le monstre trans-national connu sous le nom de UE et non "l’Europe des nations" que de Gaulle, un vrai patriote de France et d’Europe, souhaitait). Et les types de Washington le savent bien, ils ne sont pas idiots. L’ennui pour eux c’est que le temps presse parce que la situation empire de jour en jour pour ne pas dire d’heure en heure. La France, en particulier, peut exploser à tout moment.

   Mais le vrai problème, ce n’est pas l’Europe ou l’Ukraine, ce sont les EU. Les leaders étasuniens, clairement intoxiqués par l’hubris impérial et l’arrogance des 1%, ont tout simplement oublié la devise de Bismark "La politique est l’art du possible" et c’est pourquoi au lieu de chercher le meilleur compromis possible pour aboutir à la meilleure solution possible, ils s’accrochent désespérément à une solution impossible : une Europe contrôlée par l’UE et un état unique (le Banderastan) à la frontière de la Russie. Cela n’arrivera pas, c’est sûr et certain. En fait, plus les Etats-Unis s’entêtent, moins ils réussissent à imposer leur volonté. Pas besoin de lire Hegel pour comprendre pourquoi – un rapide coup d’oeil sur les récents évènements en Europe montre que le projet de l’Empire de former une zone ATTU – (de l’Atlantique à l’Oural) n’a aucune chance d’aboutir et se soldera par une lamentable débâcle.

   Confrontée à cette perspective la Maison Blanche pratique ce que les Français appellent la "fuite en avant". Les Russes n’ont pas saisi l’hameçon ukrainien ? Très bien – nous allons faire comme s’ils l’avaient fait et rassurer les Européens en déclarant que la "sécurité des alliés européens de l’Amérique est sacrée", avec assez de gravité pour leur faire croire qu’ils sont vraiment menacés. La junte néonazie vient de perpétrer un nouveau massacre dans l’est ? Pas de problème, nous allons féliciter le régime pour sa "mesure" et sa "nature démocratique". Les leaders de l’UE ont une attaque de panique après les dernières élections ? Pas de problème non plus, nous allons leur donner un milliard de dollars de pots de vin pour leur montrer que nous sommes à leurs côtés quoiqu’il arrive et quel que soit celui pour lequel ces maudits Européens votent la prochaine fois.

   Parce que, évidemment ce milliard de dollars ce n’est que cela : un pot de vin que les ploutocrates, le 1% aux EU et en UE, pourront se partager sous prétexte de "rassurer l’Europe". En réalité, " l’Initiative de réassurance européenne" ne sert qu’à rassurer les élites européennes et les Euro-bureaucrates car ils seront les seuls à vraiment en profiter. Et d’où viendra l’argent ? Eh bien quoi, l’oncle Sam peut le créer à partir de rien du tout en tapant sur les touches du bon ordinateur. Et aussi longtemps que l’UE et le reste de la planète colonisée par les EU continueront d’accepter de régler les transactions en dollars, ce seront eux qui en fin de compte paieront pour cette "Initiative de réassurance européenne".

   Vous direz peut-être que c’est une stratégie idiote qui ne fera qu’aggraver les choses. Et vous aurez raison. Mais pas dans le très court terme qui est réellement le seul terme qui ait jamais importé aux capitalistes. En outre, l’argent et les armes sont les deux seuls "instruments politiques" que les élites étasuniennes comprennent, alors pourquoi ne pas jeter un peu d’argent sur le problème et espérer que les armes feront paraître l’Empire plus fort ?

   C’est aussi pathétique qu’immoral. La bonne nouvelle est que l’Empire se saborde tout seul plus vite et mieux qu’aucune force extérieure ne pourrait rêver de le faire. Et on est loin d’avoir vu le pire (imaginez seulement ce que ce serait si Hillary devenait présidente !).

   Quant aux peuples de Novorossia et de Russie – il leur faut garder leur sang froid et ne pas oublier que tout cet air chaud qui souffle de l’ouest n’est que de l’air chaud – et rien d’autre. Oui, ils ont parfois "l’air" effrayant mais c’et juste parce que les politiciens étasuniens sont passés maîtres dans l’art du faux-semblant et qu’ils dirigent ce que Chris Hedges a si brillamment nommé "l’Empire des illusions". Peu importe ce qu’ils disent, la réalité sur le terrain dans le monde réel, c’est que Kiev n’a aucune chance de gagner une guerre contre le Donbass exactement comme l’Empire n’a aucune chance contre la Russie. Oui, ils peuvent continuer à faire semblant mais ça ne deviendra pas vrai pour autant.

   Il ne faut jamais oublier que ni l’argent ni les armes ne gagnent une guerre. Certes, ce sont des éléments importants mais ils ne sont pas décisifs. Ce qui est décisif c’est la volonté. Les Etasuniens en sont parfaitement conscients. Ceux qui sont bêtes croient en leur propre propagande mais ceux qui sont intelligents savent que la "propagande illusionniste" n’a pas pour but de faire arriver les choses pour de vrai mais de démoraliser l’adversaire et de briser son pouvoir de résistance. Le danger c’est que dès que votre adversaire comprend cela, il comprend aussi que vous aboyez plus que vous ne mordez. C’est ce qui est arrivé avec le Hezbollah.

   Pendant des années, la propagande anglo-sioniste a présenté l’armée israélienne comme une armée de soldats d’élite quasi invincibles (ce qu’ils n’ont jamais été , tous ceux qui se sont entraînés avec eux le savent bien). Et ce mythe de l’invincibilité israélienne a littéralement paralysé le Moyen-Orient tout entier jusqu’à ce que le Hezbollah les défie. Comme l’a dit Robert Fisk en 2006, "Autrefois les Libanais avaient l’habitude de sauter dans leurs voitures et de prendre la direction du nord aussitôt qu’on annonçait une attaque israélienne, mais maintenant ils sautent dans leurs voitures et roulent vers le sud". Ce "changement" d’esprit des Libanais est ce qui a causé la défaite de l’armée israélienne en 2006 et non une quelconque arme extraordinaire qu’aurait détenu le Hezbollah.

   Qu’est-ce que tout cela signifie pour Novorossia ? Cela signifie que le peuple de Novorossia doit croire en lui-même et cesser d’attendre que les Russes interviennent, ce qui n’arrivera pas, du moins pas pour le moment. Qu’Obama agite son marteau d’un milliard de dollars jusqu’à épuisement mais que cela ne vous détourne pas d’une victoire qui est tout à fait à votre portée. Oui les massacres d’Odessa, Marioupol, Slaviansk, Kramatorsk, Donetsk et maintenant Lugansk sont d’atroces ignominies qu’on ne pourra jamais oublier ni pardonner mais les horreurs de la seconde guerre mondiale étaient encore bien pires et pourtant les Russes ont quand même gagné la guerre.

   Les mensonges et la terreur ont exactement le même objectif : briser la volonté de la cible et on peut s’attendre à encore plus de mensonges et de terreur de la part des neo-Nazis de Kiev et de la part de l’Empire. Mais si on se souvient de l’exemple du Hezbollah au Liban et si on garde à l’esprit que le temps est avec nous, nous vaincrons tôt ou tard.


+++

(L'amour entre cette femme et son violon
était scandaleux)



+++
Benoît Barvin

mercredi 26 février 2014

"Comme le Temps passait, je lui fis un bras d'honneur". Jacques Damboise in "Pensées à contre-pet".

***
Pensées pour nous-mêmes:

(L'AMOUR EST TOUJOURS EN DEVENIR)

Chaval

   (...) Né dans une famille bourgeoise et conventionnelle de Bordeaux, il fait des études à l’École des beaux-arts de Bordeaux, puis à l'École des beaux-arts de Paris. Un oncle bohème et fantaisiste, peintre et décorateur, toujours habillé en clochard, ami d’Alphonse Mucha, l’initie aux œuvres des humoristes, Mark Twain, Alphonse Allais, Jerome K. Jerome. Il pratique la gravure et c’est à la demande d’un éditeur d’illustrer des livres qu’il s’est installé à Paris. Il exerce ensuite divers métiers, et travaille pour la publicité, illustrant notamment une longue campagne pour les produits en tube, tout en publiant ses dessins d’humour.

   Pendant la Seconde Guerre mondiale, il réalise plusieurs caricatures antisémites pour le journal collaborationniste bordelais Le Progrès. Dans les Entretiens avec Chaval de Pierre Ajame, il dit avoir eu « mentalement un côté collabo , ajoutant : « la chose publique ne m'intéresse pas, je n'ai jamais milité. Je suis toujours resté seul ». C'est seulement dans les années 1950 que Chaval connaît la notoriété. Il dessine alors dans de nombreux journaux à grand tirage où son humour décalé est diversement apprécié. Il obtient en 1953 la Coupe Internationale du Meilleur Dessinateur. Utilisant jeux de mots et calembours, ses dessins sont remplis de dérision.

   Son pseudonyme est choisi en hommage au facteur Cheval, qui fut transformé en Chaval après une erreur de transcription.

   Cinéaste amateur, il réalise lui-même plusieurs courts métrages à partir de ses dessins, notamment Conte médiocre et Les oiseaux sont des cons. Son ami Mario Ruspoli réalisera deux courts métrages sur lui après son décès : Chaval et Le Chavalanthrope.

   Il devient neurasthénique après la mort de sa femme, qui s'est suicidée après qu'il lui a avoué qu'il la trompait régulièrement depuis plusieurs années; il finit par se suicider chez lui le 22 janvier 1968 à Paris, au gaz après avoir calfeutré la porte et affiché cet avis « Attention, Danger d'Explosion ».


***
(De l'utilité des cornettes de Bonnes Soeurs)



***
(Magnat de l'acier américanophile 
tendant la main au peuple ukrainien)

La Clinton-Pinchuk Connection (Il Manifesto)

Manlio DINUCCI
Traduit de l’italien par Marie-Ange Patrizio

   (...)  A la table de Kiev où a été négocié l’accord formel entre gouvernement, opposition, UE et Russie ne siégeait officiellement aucun représentant de la puissante oligarchie interne qui, plus liée à Washington et à l’OTAN qu’à Bruxelles et à l’Ue, pousse l’Ukraine vers l’Occident. Emblématique est le cas de Victor Pinchuk, magnat de l’acier, 54 ans, classé par la revue Forbes parmi les hommes les plus riches du monde.

   La fortune de Pinchuk commence quand en 2002 il épouse Olena, fille de Leonid Kuchma, second président de l’Ukraine (1994-2005). En 2004 l’illustre beau-père privatise le plus grand complexe sidérurgique ukrainien, celui de Kryvorizhstal, en le vendant à la société Interpipe, dont son gendre est co-propriétaire, pour 800 millions de dollars, un sixième environ de sa valeur réelle. Interpipe monopolise ainsi la fabrication des canalisations en acier. En 2007 Pinchuk constitue l’EastOne Group, société de consultance pour investissements internationaux, qui fournit aux multinationales tous les outils pour pénétrer dans les économies de l’Est. 

   Il devient en même temps propriétaire de quatre chaînes de télévision et d’un tabloïd populaire (Faits et commentaires) avec une diffusion de plus d’un million d’exemplaires. Sans négliger cependant les œuvres de bienfaisance : il crée la Victor Pinchuk Foundation, considérée comme la plus grande « fondation philanthropique » ukrainienne.

   C’est à travers cette fondation que Pinchuk se lie avec les Clinton, en soutenant la Clinton Global Initiativeétablie par Bill et Hillary en 2005, dont la mission est de « réunir les leaders mondiaux pour créer des solutions innovatrices aux défis mondiaux les plus urgents ». Derrière ce slogan rutilant se trouve l’objectif réel : créer un réseau international de puissants appuis à Hillary Clinton, l’ex first lady qui, après avoir été sénatrice de New York en 2001-2009 et secrétaire d’Etat de 2009 à 2013, tente à nouveau l’ascension à la présidence. La fructueuse collaboration commence en 2007 quand Bill Clinton remercie « Victor et Olena Pinchuk pour leur vigoureuse activité sociale et l’appui fourni à notre programme international ». 

   Appui que Pinchuk concrétise par une première contribution de 5 millions de dollars, auxquels en succèdent d’autres, à la Clinton Global Initiative. Ceci ouvre à Pinchuk les portes de Washington : il embauche pour 40 000 dollars mensuels le lobbyiste Schoen, qui lui organise une série de contacts avec d’influents personnages, y compris une douzaine de rencontres en une an, entre 2011 et 2012, avec de hauts fonctionnaires du Département d’Etat. Ceci favorise aussi les affaires, en permettant à Pinchuk d’augmenter ses exportations aux Etats-Unis, même si maintenant les métallurgistes de Pennsylvanie et d’Ohio l’accusent de vendre les tubes d’acier aux USA au-dessous du prix.

   Pour renforcer ultérieurement ses liens avec les Etats-Unis et l’Occident, Pinchuk lance la Yalta European Strategy (Yes), « la plus grande institution sociale de diplomatie publique en Europe orientale », dont le but officiel est d’ « aider l’Ukraine à se développer en un pays moderne, démocratique et économiquement puissant ». Grâce à la grosse disponibilité financière de Pinchuk (qui rien que pour fêter son 50ème anniversaire a dépensé plus de 5 millions de dollars dans une station de ski française), la Yes est en mesure de tisser un vaste réseau de contacts internationaux, qui devient visible lors du meeting annuel organisé à Yalta. Y participent « plus de 200 politiciens, diplomates, hommes d’Etat, journalistes, analystes et dirigeants du monde des affaires provenant de plus de 20 pays ». 

   Parmi ceux-ci émergent les noms de Hillary et Bill Clinton, Condoleezza Rice, Tony Blair, George Soros, José Manuel Barroso et Mario Monti (qui a participé au meeting de septembre dernier), aux côtés desquels on trouve des personnages moins connus, mais non pour autant moins influents, dont des dirigeants du Fonds monétaire international (comme Dominique Strauss-Khan, voir NdT).

   Comme a expliqué Condoleezza Rice au meeting Yes 2012, « les transformations démocratiques requièrent du temps et de la patience, requièrent un appui de l’extérieur comme de l’intérieur ». Excellente synthèse de la stratégie que l’Occident adopte sous le manteau de l’ « appui de l’extérieur » pour favoriser les « transformations démocratiques ». Une stratégie désormais consolidée, de la Yougoslavie à la Libye, de la Syrie à l’Ukraine : ficher des coins dans les failles qu’a tout Etat, pour en dégonder les bases en soutenant ou fomentant des rébellions anti-gouvernementales (type celles de Kiev, trop ponctuelles et organisées pour être considérées comme simplement spontanées), tandis qu’on déchaîne une trépidante campagne médiatique contre le gouvernement qu’on veut abattre. 

   Pour ce qui concerne l’Ukraine, l’objectif est de faire crouler l’Etat ou de le casser en deux : une partie qui entrerait dans l’OTAN et dans l’Ue, une autre qui resterait majoritairement reliée à la Russie. Dans ce cadre s’insère la Yalta European Strategy de l’oligarque ami des Clinton.

Edition de samedi 22 février 2014 de il manifesto



Et quelques aspects de la Pinchuk-French Connection (NdT)

   « Mercredi 27 mars [2013], la Ministre de la Culture et de la Communication, Mme Aurélie Filippetti, a remis les insignes de chevalier de l’ordre des Arts et des Lettres à Victor Pinchuk. Elle a salué en lui « le visage européen du mécénat » et le « mariage heureux entre l’industrie et la culture, à l’image de l’installation monumentale d’Olafur Eliasson qui, comme le fer y subit de constants changements d’état, métamorphose votre nouvelle aciérie »


   « Mon professeur en art contemporain est français, Nicolas Bourriaud (critique d’art, il a dirigé le Palais de Tokyo avec Jérôme Sans de 2002 à 2006 et il est l’actuel directeur des Beaux-Arts de Paris depuis octobre 2011). Je l’appelle même mon gourou ! Je l’ai rencontré en 2002 par l’intermédiaire de mon ami Marcel Gross, directeur associé d’Euro RSCG ».


   "Comment exister socialement dans son pays tout en ne faisant pas de politique ?" C’est Euro RSCG, en la personne du Français Stéphane Fouks, qui va lui fournir une réponse en trois points : 1. Créer un musée d’art contemporain qui valorise l’art ukrainien. 2. Mettre en place un think tank pour le rayonnement de l’Ukraine et son entrée dans l’Europe. 3. Créer une fondation anti-sida dont s’occupera sa femme.
L’oligarque s’investit dans la philanthropie.

   [...] « À une certaine période de la vie, il est temps de rendre un peu de ce qu’on a reçu, en étant guidé par une vision", dit-il. Pour autant, l’Ukrainien ne perd pas le nord : sa frénésie d’artistes n’est qu’une étape dans sa stratégie de conquête. Chaque automne, à Yalta, son think tank baptisé YES (pour Yalta European Strategy) travaille à faire rayonner l’Ukraine avec des invités comme Tony Blair ou Dominique Strauss-Kahn. À Davos, en marge du sommet, il imprime aussi sa marque : le 27 janvier, il organise une table ronde avec la jeune Cheikha Mayassa, princesse du Qatar très investie dans l’art, et Paulo Coelho (!) ».


Source : Marie-Ange Patrizio


***

(Élève d'un Maître de Sagesse
intervenant pour apaiser les conflits)


***
Benoît Barvin

mardi 11 février 2014

"Le Maître des Vents s'en prenait toujours plusieurs de la part de ses conquêtes". Jacques Damboise in "Pensées à contre-pet".

@@@
Pensées pour nous-mêmes:

(LA DESTINÉE N'A AUCUNE VOLONTÉ)

@@@

(Blonde attendant que sa chaîne Hifi fasse des grillades)


Full image link → 1969


@@@

(Européenne répondant finement aux grossièretés américaines)


funnyjunk.com

Les cinq leçons du « fuck the EU ! »
d'une diplomate américaine

Sylvie Kauffmann
Journaliste au Monde

   (...) On savait que les défunts présidents Johnson et Nixon parlaient comme des charretiers dans l'intimité du Bureau ovale ; on ignorait que certains responsables de la diplomatie américaine perpétuaient cette tradition encore aujourd'hui. Grâce aux Russes, on sait depuis jeudi 6 février que Victoria Nuland, chargée de l'Europe au département d'Etat, est une digne héritière du parler cru de la Maison Blanche, surtout lorsqu'elle évoque ses amis de l'Union européenne : « Qu'ils aillent se faire foutre ! »

   Le plus intéressant pourtant, dans cette conversation téléphonique entre MmeNuland et son ambassadeur à Kiev, Geoffrey Pyatt, délicatement enregistrée à leur insu par – présume-t-on – les services secrets russes, n'est pas le « And, you know… fuck the EU ! » qui ponctue la description par la responsable américaine de sa stratégie sur la crise ukrainienne. L'expression gagne en clarté ce qu'elle perd en élégance, et après tout, Dominique de Villepin au Quai d'Orsay ne faisait pas non plus dans la nuance en fustigeant les « connards » de tous bords. Le plus intéressant, en réalité, c'est tout ce qu'il y a autour de l'interjection. Cinq leçons peuvent en être tirées :

   /Moscou n'hésite pas à recourir aux vieilles ficelles du KGB

   Selon l'agence Reuters citant une source diplomatique, l'enregistrement a été diffusé sur YouTube jeudi par Dmitri Loskoutov, un collaborateur du vice-premier ministre russe, Dmitri Rogozine, avec transcription de l'échange en russe, alors que Mme Nuland arrivait à Kiev. Une autre conversation téléphonique, moins toxique, entre une adjointe de Catherine Ashton, chef de la diplomatie européenne, Helga Schmidt, et l'ambassadeur de l'UE à Kiev, Jan Tombinski, a été postée sur YouTube au même moment. Message subliminal : les dirigeants occidentaux vont et viennent en Ukraine pour soutenir le mouvement de Maïdan, mais les services secrets russes sont chez eux.

   /Il n'y a plus de diplomatie secrète

   Les Américains sont pourtant bien placés pour le savoir, après la fuite géante des télégrammes diplomatiques de WikiLeaks en 2010 et l'affaire Snowden en 2013. La NSA écoute le monde entier, mais deux hauts responsables américains s'entretiennent d'une des crises mondiales les plus sensibles du moment sur leur téléphone portable sans se soucier d'être écoutés ? C'est l'arroseur arrosé. D'après la presse américaine, les diplomates américains de ce rang ne sont pas équipés de téléphones portables cryptés. Washington n'a pas confirmé l'authenticité de la bande audio, mais ne l'a pas démentie non plus, et Victoria Nuland s'est excusée auprès de l'UE.

   / Les propos de Victoria Nuland sont révélateurs des divergences profondes entre Américains et Européens sur l'Ukraine

   Les Etats-Unis traitent l'affaire ukrainienne comme une crise de la guerre froide : l'Occident contre la Russie. Ils veulent prendre des sanctions et ne comprennent pas que l'UE hésite. Les Européens, eux, voient dans l'Ukraine une crise qui concerne au premier chef l'UE et l'un de ses voisins, dont une partie de la population aspire à la rejoindre. En outre, les Etats-Unis sont un Etat fédéral, tandis qu'en Europe, les décisions se prennent à vingt-huit. C'est plus compliqué et ça exaspère Washington. Le mari de Victoria Nuland, Robert Kagan, est l'auteur d'un livre célèbre : La Puissance et la faiblesse (Plon, 2003), dans lequel il explique que « les Américains sont de Mars et les Européens de Vénus ». C'est, visiblement, une vision que partage Mme Nuland. Mais au-delà des sanctions, les Etats-Unis n'ont pas non plus de solution-clé en mains à proposer pour la crise ukrainienne.

  / La maladresse, voire l'arrogance, américaine

   La familiarité avec laquelle la vice-secrétaire d'Etat évoque les dirigeants de l'opposition ukrainienne (« Yats » pour Arseni Iatseniouk, « Klitsch » pour Vitali Klitschko) et les postes qu'elle leur attribue dans un éventuel gouvernement traduit une étonnante maladresse, voire arrogance, dans la méthode, compte tenu des échecs américains à installer des équipes au pouvoir dans des pays étrangers depuis dix ans. Elle-même et l'ambassadeur Pyatt parlent des protagonistes de la crise ukrainienne comme si leur sort dépendait d'eux, ce qui n'est pas le cas. Inévitablement, le titre de la bande audio sur YouTube, en russe, est : « Les marionnettes de Maïdan ».

   /L'exaspération allemande

   L'affaire enfonce un coin supplémentaire dans les relations entre l'Allemagne et les Etats-Unis, de plus en plus froides. Angela Merkel n'a toujours pas digéré d'avoir appris par Edward Snowden que la NSA écoutait son téléphone et le fait payer aux Américains depuis, en mettant en avant la fureur déclenchée dans l'opinion publique allemande par les révélations sur l'ampleur de la surveillance électronique. La chancelière a été la première à réagir, vendredi, en faisant savoir qu'elle considérait les propos tenus par Mme Nuland comme « absolument inacceptables », suivie samedi par Herman Von Rompuy, le président du Conseil européen, qui a utilisé le même terme : « inacceptable ». Les autres dirigeants européens préfèrent pour l'instant rire ou enrager sous cape, ou, comme l'ambassadeur de l'UE à Washington, Joao Vale de Almeida, riposter avec humour :

   Finalement, les dégâts pourraient être plus importants que ne le laissait penser au départ la dimension anecdotique de la gaffe Nuland. Encore un joli coup des Russes dans la partie d'échecs qui se joue depuis l'été dernier entre Moscou et les Occidentaux.


@@@

(Y avait-il eu un accord secret 
entre le macaque et le pandore?
Certains en mettaient leur main à couper)



Illustration by Pem For "Le Sourire" September 1928

@@@
Luc Desle