Bonjour à vous qui, dans le maelström du net, êtes arrivés, par hasard? lassitude? erreur? sur ce blog. Vous êtes les bienvenus. Vous y lirez des extraits d'articles, de pensées, d'interviews, piochés ça et là, et illustrés de photos et dessins détournés, via un humour de bon aloi. Vous pouvez évidemment réagir avec le même humour, la même ironie que nous mettons, chaque jour, à tenter de respirer un peu plus librement dans une société qui se corsète chaque fois un peu plus.
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vendredi 15 août 2014

"Cet anchois était amoureux du pan bagnat". Jacques Damboise in "Pensées contraintes".

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Pensées pour nous-mêmes:

(REFUSE D’ÊTRE L'ANTRE
DE LA COLÈRE)

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"Ma Chérie... Souris... Souris...
- Je le ferai quand tu m'auras donné
l'argent du mois..."


ModerneWelt_1918-20


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(C) Franquin


Quand le droit se met enfin au service
des entreprises en difficulté

Avocat, conseiller économique et social européen

Avocate associée au sein 
du Cabinet Carbonnier, Lamaze, Rasle et Associés

   (...) En présentant en Conseil des ministres le 30 juillet dernier un projet de loi ratifiant l'ordonnance portant réforme de la prévention des difficultés des entreprises et des procédures collectives, la garde des Sceaux, ministre de la Justice, a affiché à la fois un objectif de modernisation du cadre législatif existant et de préservation de l'emploi et de l'activité.

   Elle s'inscrit à ce titre dans le prolongement de la loi de sauvegarde des entreprises du 26 juillet 2005, tout en apportant un certain nombre d'innovations. Si le texte est complexe, son impact sera d'une ampleur inédite pour la vie des entreprises en difficulté. Ses 117 articles modifient des dispositions du code de commerce, mais également du code civil, du code général des impôts, du code rural et de la pêche maritime et du code du travail.

   En l'occurrence, il ne faut pas craindre le millefeuille législatif, puisque le texte apporte une vraie bouffée d'oxygène pour les créateurs d'entreprises dans un contexte économique difficile, qui a vu en 2013 61.000 entreprises concernées par la défaillance, soit plus de 160 par jour! Qu'il s'agisse des procédures de prévention ou des procédures collectives, il était devenu urgent de consolider et moderniser notre droit en la matière. Quoi que l'on pense par ailleurs de la politique économique du gouvernement, cette initiative mérite un coup de chapeau, avec une mention particulière pour la Chancellerie.

   La clé de voute de cette réforme réside dans l'anticipation des difficultés des entreprises. Pour ces dernières, il est capital d'intervenir le plus en amont possible, avant la cessation de paiement, et de trouver un terrain d'entente entre l'entrepreneur et ses créanciers. D'où l'importance de renforcer l'attractivité de mesures telles que le mandat ad hoc ou la conciliation, qui interviennent avant les procédures collectives.

   Un signe fort est donné en faveur d'un traitement à l'amiable, alors que le gouvernement apporte par ailleurs une forme de flexibilité salvatrice dans bien des cas. Pour ne citer qu'un exemple, le dirigeant mis en demeure ou poursuivi par un créancier au cours de la conciliation pourra se voir accorder par le tribunal des délais de paiement ou un échelonnement de ses créances, qui pourront bénéficier aussi à ses garants. Cela paraît évident, mais une telle protection du débiteur pendant l'exécution de l'accord n'existait pas.

   Afin de renforcer l'efficacité des procédures à l'amiable, le régime du privilège de conciliation (new money) est également renforcé: il bénéficie désormais non seulement aux créanciers ayant apporté des fonds dans le cadre de l'accord de conciliation mais également à ceux ayant apporté de la trésorerie, un bien ou un service pendant la procédure. Cette modalité rend d'emblée plus attractive la conciliation dès son ouverture.

   L'autre volet majeur de ce nouveau cadre juridique concerne les procédures collectives, dans lesquelles sont introduites un certain nombre d'innovations, qui vont à la fois mieux répartir les pouvoirs entre les différents acteurs d'une procédure, mais aussi garantir de mieux répondre à l'urgence.

   Un nouvel outil est créé avec la sauvegarde accélérée, qui constitue une nouvelle passerelle avec les procédures préventives et permet de négocier des solutions avec les principaux créanciers de l'entreprise. En complément de la Sauvegarde Financière Accélérée, cette procédure ne peut être ouverte que sous certaines conditions, dont, par exemple, la mise en œuvre préalable d'une conciliation et l'élaboration d'un projet de plan susceptible de recueillir l'accord d'une majorité de créanciers. Il s'agit bien là d'une procédure mixte, "trait d'union entre l'amiable et le judiciaire" et reflet de la volonté du législateur d'apporter un surcroît de flexibilité et d'adaptation au plus grand nombre de situations.

   Cette notion de flexibilité marque le fil rouge de cette réforme; pour les professionnels du droit des entreprises, il ne peut qu'être synonyme de jours meilleurs. De l'assouplissement des règles relatives à la déclaration de créance aux nouvelles mesures pour accompagner la liquidation judiciaire -notamment des délais de traitement réduits-, tout est fait pour sécuriser la vie de l'entreprise.

   C'est également l'objectif poursuivi avec le rééquilibrage des pouvoirs au profit des créanciers, en leur donnant un rôle accru lors de la procédure collective. Ainsi, les créanciers pourront désormais proposer des plans de sauvegarde alternatifs, une initiative qui n'appartient plus exclusivement au dirigeant d'une entreprise en sauvegarde ou en redressement judiciaire. Il incombera au Tribunal de statuer sur chacun des plans proposés et de retenir celui qui lui paraîtra le plus adapté ou le plus crédible. Reste la cession forcée des titres des actionnaires récalcitrants, dont il était question dans le projet d'ordonnance, qui n'a finalement pas été retenue dans ce cadre. A suivre, donc !

   Avec le renforcement et l'extension des mesures relatives à la détection et la prévention des difficultés des entreprises, le rééquilibrage du rôle des acteurs en présence et notamment celui des créanciers, la simplification du traitement des situations irrémédiablement compromises, l'amélioration de l'impartialité des tribunaux et de l'indépendance des mandataires de justice et enfin le renforcement de la sécurité juridique, la France rattrape son retard en matière de droit des entreprises, par rapport à ses voisins européens. (...)


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Luc Desle

jeudi 24 octobre 2013

"Rouge de confusion, la Rose se détourna quand le Petit Prince fit pipi". Jacques Damboise in "Pensées de n'enfants".

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Pensées pour nous-mêmes:

(FAIS EN SORTE QUE LA RIVIÈRE
DE TON CŒUR IRRIGUE TON CERVEAU)

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(Le visage serait-il le voile du visage?)



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"Copier, Moi? Non, tout vient
de mes admirables synapses 
à nul autre pareil"

Alain Minc


Les « copy parties » 
ou l’art de copier sans pirater
ALEXANDRA BOGAERT

   (...) Personne en vue dans les rayons de la bibliothèque. Vite, vous dégainez votre smartphone pour photographier six pages d’un ouvrage que vous souhaitez relire tranquillement chez vous, sans vous encombrer du livre entier. Vous avez bien cru à un moment que le bibliothécaire allait vous surprendre, et vous avez eu une suée. Pourquoi ? Ce que vous faites est parfaitement légal, dans la mesure où cette copie réalisée grâce à votre matériel est uniquement destinée à votre usage privé.

   Photocopier, scanner, graver, photographier, télécharger des œuvres tombées dans le domaine public comme couvertes par les droits d’auteur est autorisé par la loi, sous certaines conditions. C’est ce droit méconnu que veulent populariser les « Copy parties », dont la prochaine édition (s'est tenue) ce samedi 19 octobre dans une bibliothèque parisienne (toutes les infos ici) à l’occasion du festival  Villes en biens communs. (...)

   « Depuis quinze ans, on se focalise essentiellement sur les aspects négatifs de la copie, comme le piratage. Partout, dans les bibliothèques ou les musées, on lit des panneaux indiquant que "le photocopillage tue le livre" ou qu’on n’a pas le droit de prendre de photos. Pourtant, si je copie un livre ou télécharge un DVD sur ma tablette dans une bibliothèque, je ne suis pas un pirate au regard de la loi », explique Lionel Maurel, juriste et bibliothécaire, auteur du blog S.I.Lex.

   Une révision, en décembre 2011, de la « loi Lang » du 3 juillet 1985 sur les droits d’auteur, précise en effet que « ne peuvent être interdites par l’auteur les copies ou reproductions [de ses oeuvres] réalisées à partir d’une source licite, strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective ».

   « Avant cette mise au point, un flou subsistait, poursuit Lionel Maurel. On pouvait comprendre que le copieur devait nécessairement être propriétaire de la source qu’il copiait. Mais depuis la fin de l’année 2011, on peut considérer que la bibliothèque entre dans le cadre des sources licites. D’où l’idée d’organiser un événement spécial autour d’une opération de copiage en bibliothèque, pour informer les usagers de leurs droits. » Avec Olivier Ertzscheid, maître de conférences en sciences de l’information à l’université de Nantes, Lionel Maurel a inauguré la première Copy party, en mars 2012, à la bibliothèque universitaire de La Roche-sur-Yon (Vendée). Il y en a eu deux autres en France depuis – à Brest (Finistère) et Rezé (Loire-Atlantique) – et une à Bruxelles.

   « Ces journées sont l’occasion de clarifier un usage légitime, rapporte Olivier Ertzscheid. Pour être autorisé à faire une copie privée, en bibliothèque ou une fois rentré chez soi, il faut obligatoirement utiliser son propre matériel, destiner ces copies à l’usage privé et ne pas chercher à craquer les œuvres protégées par un DRM. » Petites subtilités supplémentaires à connaître : les CD non protégés peuvent être copiés en bibliothèque mais pas à domicile, et les logiciels – donc a fortiori les jeux vidéos, bien qu’un flou subsiste sur ce point – ne sont pas ouverts à la copie privée. (...)

   (...) Si vous êtes « comme toutes ces personnes qui téléchargent illégalement des films sur des sites pirates sans aucune culpabilité mais qui ont des scrupules à photographier quelques pages d’un livre ou d’un magazine en bibliothèque », pensez que vous payez pour avoir cette possibilité de copier légalement, rappelle Olivier Ertzscheid. Depuis 1985 et la loi Lang déjà évoquée, quand vous achetez des supports d’enregistrement vierges ou du matériel servant à copier de la musique et des images (CD ou DVD vierges, baladeurs numériques, clés USB, enregistreurs numériques, tablettes, etc.), vous payez une redevance sur copie privée.

   Collectées par Copie France, ces sommes (qui ont atteint 192 millions d’euros en 2011) servent justement à rémunérer les auteurs, éditeurs, interprètes et producteurs des œuvres que ces supports permettent de copier, ainsi qu’à financer des manifestations culturelles. En somme, le préjudice que vous causez à l’auteur est, d’une certaine manière, déjà compensé.
Pas un droit, une exception... à manier avec prudence

   Emmanuel de Rengervé, délégué général du Syndicat national des auteurs et des compositeurs, ne dit pas le contraire. Pour autant, il précise qu’il ne faut pas confondre droit à copier et exception au droit d’auteur. « Certains voudraient que la copie privée devienne un droit dont ils pourraient tirer avantage, mais ce n’en est pas un. C’est une pratique d’exception, tolérée dans la législation française sous certaines conditions, mais interdite par exemple dans les pays anglo-saxons. »

   Pour lui, les Copy parties amènent à « autre chose que la copie privée : on essaie de rassembler lors de ces manifestations un public le plus large possible. Qui vérifie que chacun a bien son propre matériel et qu’il n’y a pas ensuite échange des copies ? » Si le Snac n’a « pas de position rigide sur le sujet », son représentant juge que ces manifestations peuvent soulever des questions juridiques. « Pour autant, ces événements n’ont pas atteint une taille telle qu’on s’en préoccupe vraiment. » En fait, les plus grandes résistances viennent parfois des bibliothécaires eux-mêmes. Certains considèrent que copier les œuvres, qui plus est sous leur nez, est sacrilège. (...)


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"Oh, ma Chérie, laisse-moi mettre
mes mains sur ton visage, autour de ton cou..."
susurra l'étrangleur récidiviste.



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Luc Desle