Bonjour à vous qui, dans le maelström du net, êtes arrivés, par hasard? lassitude? erreur? sur ce blog. Vous êtes les bienvenus. Vous y lirez des extraits d'articles, de pensées, d'interviews, piochés ça et là, et illustrés de photos et dessins détournés, via un humour de bon aloi. Vous pouvez évidemment réagir avec le même humour, la même ironie que nous mettons, chaque jour, à tenter de respirer un peu plus librement dans une société qui se corsète chaque fois un peu plus.

jeudi 6 février 2014

"Ce téléviseur en panne me servait de mauvais miroir". Benoît Barvin in "Pensées pensées".

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(Pensées pour nous-mêmes)

(LA SAGESSE NE POUSSE
PAS SUR LE DOS DU LÉOPARD)

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"Mon... Monsieur le pêcheur... Vous n'allez
quand même pas me manger...
- Pas tout de suite. D'abord, je vais te faire des choses..."


(L'Ogre était vraiment un sale type pervers)


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"Un pourboire?! Non mais, quoi encore...
Et ma montre, mon gousset et toute ma fortune,
tant qu'il y est..."



Ces ultrariches qui se sentent persécutés

|EUGENE ROBINSON
THE WASHINGTON POST

   (...) Une poussée de victimisation pleurnicharde fait des ravages dans certains des quartiers les plus chics des Etats-Unis. Ce n’est pas joli joli. A croire qu’une partie des 1 % [les plus riches] commencent à avoir peur de cette vieille mise en garde : “Quand les gens n’auront plus rien à manger, ils mangeront les riches.”

   Le risque est minime. La populace préfère nettement manger un Big Mac – et avoir un travail qui lui apporte un salaire décent, des congés maladie, une mutuelle, des congés payés et une retraite. Il fut un temps où même les riches admettaient qu’il s’agissait là d’ambitions louables. Aujourd’hui, s’efforcer de mettre ces objectifs à la portée du plus grand nombre revient à persécuter les riches, si l’on en croit les 1 % et leurs défenseurs. (...) 

   (...) Le 24 janvier, dans une lettre peu reluisante adressée au Wall Street Journal [voir ci-contre], le légendaire homme d’affaires Tom Perkins a comparé “la guerre de la gauche contre les Américains du 1 %, autrement dit les ‘riches’“, à la persécution des Juifs dans l’Allemagne nazie. Il est même allé jusqu’à annoncer le risque d’une Nuit de cristal antiriches, faisant allusion à la nuit de 1938 où des synagogues ainsi que des magasins, des hôpitaux, des écoles appartenant à des Juifs furent saccagés en Allemagne et en Autriche.

   A l’appui de ses dires, Perkins cite le mouvement Occupy ; la grogne contre les cadres de la Silicon Valley, qui ont fait grimper les prix de l’immobilier et se rendent à leur travail dans des bus spéciaux ; et la “diabolisation des riches qui transparaît presque à chaque mot dans le journal local, le San Francisco Chronicle”. Il reproche amèrement au San Francisco Chronicle d’avoir traité la romancière Danielle Steel de “snob” malgré ses œuvres de bienfaisance, tout en omettant de rappeler que Danielle Steel est son ancienne épouse.
 Perkins s’est ensuite excusé d’avoir fait référence à la Nuit de cristal, mais n’a pas démordu du reste de sa thèse. Il a déclaré sur Bloomberg TV que la réduction des inégalités passait par une baisse des impôts, qu’il comprenait ses détracteurs “parce que des membres de ma propre famille vivent dans des camping-cars – pas des parents proches, mais de la famille”, et il a ajouté : “Que tout le monde me haïsse, cela fait partie du jeu.”

   On pourrait ne pas prendre cet épisode au sérieux. Si je touchais un dollar chaque fois qu’un courrier de lecteur loufoque est publié dans un journal, je serais aussi riche que Perkins et peut-être aussi illuminé. (...)

   (...) Mais la semaine dernière, le Wall Street Journal est revenu à la charge avec un éditorial intitulé “Perkinsnacht” [La nuit de Perkins], dans lequel il soutenait sans réserve la thèse de Perkins – à savoir qu’il existe bel et bien “une marée montante de haine contre les 1 % qui ont réussi” –, tout en exprimant des réticences sur son langage “malheureux, quoique suffisamment provoquant pour inciter à la réflexion”.

   Bigre ! Je connais personnellement plusieurs membres du comité éditorial du Wall Street Journal, et même si nous sommes parfois en désaccord, ce ne sont quand même pas des fous furieux. Seulement, ils croient au capitalisme (je n’ai rien à y redire) et à la théorie libérale du ruissellement économique [selon laquelle la richesse des nantis finit par se propager aux couches les plus modestes], une théorie on ne peut plus discréditée à l’heure qu’il est. Alors je me suis demandé pourquoi ce débat national que nous commençons à avoir sur les inégalités faisait perdre à certains conservateurs tout sens des réalités. Comment en viennent-ils à débiter des âneries sur “les attaques personnelles” et “les abus des pouvoirs publics” ? (...)

   Je dirais que c’est une question de rapport de force. A mon sens, ce discours hystérique est bien la preuve que les progressistes gagnent du terrain et commencent à convaincre avec leurs politiques de réduction des inégalités.

   Les réductions d’impôts et la déréglementation ont dominé la politique fédérale depuis les années 1980, entraînant une explosion des inégalités. Si les conservateurs n’ont rien d’autre à proposer que davantage de baisses d’impôts et de déréglementation, rien d’étonnant à ce que les gens prêtent l’oreille à ce que dit l’autre camp.

   Les taux d’imposition sur le revenu des plus riches restent historiquement très faibles, tandis que les plus-values sont taxées à des taux dérisoires de 15 ou 20 %. Prôner une hausse des impôts pour les riches n’est pas une attaque personnelle contre qui que ce soit – pas plus contre vous, M. Perkins, que contre Mme Steel. Non, de telles mesures ne résoudraient pas tous les problèmes budgétaires du pays. En revanche, elles apporteraient d’importantes recettes fiscales et rendraient notre fiscalité plus progressive, et aux yeux de la plupart des gens, plus juste. Or, la justice, c’est important.

   Certes, les grandes fortunes ont elles aussi besoin d’amour. Mais elles en recevront davantage si elles cessent de s’autocongratuler pour leur labeur acharné et comprennent que les pauvres eux aussi travaillent dur, parfois en cumulant deux ou trois emplois, et qu’ils ont du mal à mettre de la nourriture sur la table.

   Détendez-vous, M. Perkins, ils ne vont pas s’en prendre à vous. Ils attendent juste que des bus normaux les emmènent à l’épicerie. (...)


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(Ce pauvre, qui avait vendu pour une somme dérisoire
quelques éléments mineurs de son corps,
se plaignit en langage des sourds 
que personne n'écoutait ses plaintes)



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Benoît Barvin

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