Bonjour à vous qui, dans le maelström du net, êtes arrivés, par hasard? lassitude? erreur? sur ce blog. Vous êtes les bienvenus. Vous y lirez des extraits d'articles, de pensées, d'interviews, piochés ça et là, et illustrés de photos et dessins détournés, via un humour de bon aloi. Vous pouvez évidemment réagir avec le même humour, la même ironie que nous mettons, chaque jour, à tenter de respirer un peu plus librement dans une société qui se corsète chaque fois un peu plus.

lundi 24 février 2014

"Le Bonheur errait dans ce pays en ruine, inutile". Benoît Barvin in "Pensées pensées".

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Pensées pour nous-mêmes:

(LE MAITRE EST-IL L'EXEMPLE
DE L'EXEMPLE?)

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"Hips... La terre... hips... est basse...
De plus en plus basse... hips...
Why?"


Bart van Leeuwen

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(Lobbyiste travaillant un coeur de cible
particulièrement rétif)



Contre-lobbying :
remettre le citoyen au coeur de la démocratie

Benjamin Sourice
Auteur, blogueur, agitateur

   (...)« Le lobbying, c’est l’argent, l’alcool et les femmes », proclame un dicton américain, réduisant ainsi les stratégies d’influence des décideurs à une caricature digne d’une série hollywoodienne. Un stéréotype viril qui pourrait prêter à sourire, s’il n’était pas tant implanté dans l’imaginaire collectif et ne servait pas à faire diversion sur les méthodes modernes de lobbying.

   Dans mon premier ouvrage « Plaidoyer pour un contre-lobbying citoyen » (ECLM, 20 février 2014), je me suis attaché en tant qu’auteur à saisir la modernité du lobbying à partir d’expériences, d’entretiens avec des professionnels, des élus et des associatifs, mais aussi de nombreuses enquêtes journalistiques.

   Il s’agit d’établir une cartographie précise des stratégies de lobbying, autant les méthodes les plus légales que les aspects les plus critiquables lorsque l’exercice tourne à la manipulation ou à la tromperie. Polymorphe, alternant entre opacité maîtrisée et transparence calculée, souvent critiqué pour sa volonté permanente de s'autodéfinir, amalgamant sans distinction tous les intérêts, toutes les valeurs, le lobbying se fait aujourd’hui insaisissable pour mieux échapper à une régulation trop contraignante.

   S’il ne s’agit pas d’interdire le lobbying, ce qui reviendrait à le repousser dans ces marges opaques du pouvoir qu’il affectionne, il faut au contraire le mettre en lumière et lui imposer la plus stricte transparence afin d’en contrôler tous les aspects et d’en sanctionner les dérives.(...)

   (...) Comme le sous-entendait ce dicton américain, le lobbying serait apparenté à une forme de corruption, pourtant une distinction s’impose : « Si le lobbying vise à orienter, la corruption tend à diriger. » Lorsque le souhait d’influencer le pouvoir cède la place à la volonté de le contrôler, le lobbying se transforme alors en stratégie de capture de la décision publique au profit d’intérêts privés.

   Cet excès de pouvoir est caractérisé lorsque, dans la poursuite de ses intérêts particuliers, une entité régulée – une entreprise ou un groupement industriel (lobby) – se trouve en situation de dicter ses règles à l’entité régulatrice, qu’il s’agisse d’une agence d’expertise ou de régulation d’un marché, plus largement de toute structure de gouvernance nationale et internationale responsable de la production de normes.

   Au long de l’ouvrage, nous analysons ainsi les stratégies de capture de la science menant à une influence excessive des lobbies pharmaceutique ou agrochimique sur des organismes comme l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), en particulier lors de l’épisode de Grippe A, ou encore l’étude des conflits d’intérêts au sein de l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA), sur les politiques d’évaluation des pesticides et des perturbateurs endocriniens.

   La situation française est également scrutée à l’aune d’affaire comme le sang contaminé ou le Mediator, afin de comprendre la faillite des multiples agences sanitaires françaises. (...) 

   (...) Exemples à l’appui, nous démontrons que le financement d’études biaisées, l’infiltration des administrations et les conflits d’intérêts, ou encore la rémunération de « conseils » à des personnalités publiques ainsi que la multiplication des « portes tournantes » entre administration et industrie sont autant de comportements caractérisant cette capture du pouvoir mise en place par certains secteurs industriels.

   De trop nombreux scandales attestent que la corruption a su se moderniser pour maintenir son emprise sur le pouvoir à travers de nouveaux canaux jouant des marges de la loi. Celle-ci ne se réduit plus à quelques enveloppes maladroitement glissées sous une table ; au contraire, elle vise désormais à offrir, en échange d’un service rendu, des opportunités économiques tout à fait légales.

   Le livre pose ainsi la question de l’indépendance discutable de certains experts et « leaders d’opinion » auxquels les groupes de pression ont recours pour imposer leurs intérêts tout en leur donnant le lustre de la science. Nous étudions ainsi la place croissante laissée à ces experts dans l’orientation de politiques relatives aux choix technologiques, comme par exemple les OGM ou les nanotechnologies. (...)

   (...) Pour répondre à ce risque de dépossession citoyenne sur les enjeux sociétaux relatifs aux nouvelles technologies, nous appelons donc à un « contre-lobbying » entendu comme le moyen de construire un véritable contre-pouvoir citoyen garant des règles du jeu démocratique et de la prévalence de l’intérêt général.

   Selon Jacques Testart, « père scientifique » du premier bébé éprouvette, et auteur de la préface du livre : « La transparence, partout évoquée, mais partout mise à mal, est nécessaire pour créer des contre-pouvoirs car on ne se bat pas efficacement si tout est caché, mais elle devrait aller beaucoup plus loin : faire la différence entre le lobbying qui défend des intérêts financiers et le plaidoyer qui défend des idées ; rendre obligatoire l’inscription du premier sur un registre dûment vérifié, commun à l’Assemblée nationale et au Sénat ; exiger des traces explicites de toute intervention auprès des élus ou de leurs conseillers, au sein du Parlement et au-dehors ; connaître les sommes en jeu et la nature précise des intérêts défendus, etc. »

   Mettre en place les conditions d’un contre-lobbying revient donc à recentrer la décision publique sur l’intérêt général et à rappeler les fondements éthiques qui doivent prévaloir dans la vie politique.

   Ce plaidoyer pour un contre-lobbying citoyen se fait ainsi l’écho de ces nombreux acteurs de terrain et associations qui développent des alternatives concrètes, se faisant tantôt lanceurs d’alerte ou citoyens profanes, mais aussi inventeurs d’outils citoyens inscrit dans le mouvement de l’open data.

"Plaidoyer pour un contre-lobbying citoyen"
Editions Charles Léopold Mayer, 244 pages, février 2014- ISBN 978-2-84377-179-8


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(Le courageux anonyme qui dénonça l'identité du
Soldat Inconnu fut obligé de fuir)


(Source: anyskin)

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Benoît Barvin

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