Bonjour à vous qui, dans le maelström du net, êtes arrivés, par hasard? lassitude? erreur? sur ce blog. Vous êtes les bienvenus. Vous y lirez des extraits d'articles, de pensées, d'interviews, piochés ça et là, et illustrés de photos et dessins détournés, via un humour de bon aloi. Vous pouvez évidemment réagir avec le même humour, la même ironie que nous mettons, chaque jour, à tenter de respirer un peu plus librement dans une société qui se corsète chaque fois un peu plus.

mardi 25 février 2014

"Il était heureux de vivre, surtout quand sa Belle-Mère s'en allait en vacances". Jacques Damboise in "Pensées à contre-pet".

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Pensées pour nous-mêmes:

(LE MAÎTRE EST UN ENFANT
QUI N'A PAS GRANDI)
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(Le Vicomte Wouf-wouf Belle Gueule et une amie)


 scanned by WeirdVintage)

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"Comment ça je n'ai pas la bonne clé?
- Comment ça je ne suis pas la bonne serrure?"



IDENTITÉ SEXUELLE
Bahreïn entre en trans

Gillian Blease, The Economist, Londres



   (...) Un tribunal de Bahreïn vient d’autoriser deux femmes à changer de sexe. Une décision qui est qualifiée de victoire unilatérale pour le progrès des droits de l’homme dans la région du Golfe. Pour Global Health Mena [fil d’information sur Twitter], il s’agit d’un “succès pour le Moyen-Orient”. “Puisse Bahreïn continuer à se moderniser et à montrer la voie dans la région, et ce dans tous les domaines”, proclame fièrement un commentaire sur Twitter. 

   Maintenant que la Haute Cour administrative de Bahreïn s’est prononcée en leur faveur, le 31 décembre, les deux femmes vont pouvoir se rendre à l’étranger pour se faire opérer et légalement changer leur nom et leur sexe sur tous les documents officiels. 

   Selon l’organisation Gender Identity Watch, pour obtenir ce verdict et accélérer la procédure, l’avocate Fawzia Jahani a dû intenter une “action multiple” contre le ministère de la Santé, la Direction générale de la nationalité, des passeports et de la résidence et l’Organisation centrale de l’informatique. Fawzia Jahani, qui passe pour être la seule avocate arabe “spécialisée” dans les cas de changement de sexe, avait déjà remporté deux procès similaires et représente actuellement plus de 50 clients, répartis dans toute la région du Golfe. Après qu’elle a obtenu qu’Hussein Rabie (anciennement Zainab Rabie) soit légalement reconnu comme un homme après une chirurgie de réattribution sexuelle, en 2008, plus de 100 nouveaux dossiers venant de tout le Golfe ont inondé son bureau. Mais Mme Jahani n’accepte pas tous les cas et demande un examen psychiatrique pour “déterminer l’identité sexuelle réelle de la personne”. 

   L’avocate fournit un service utile et rare aux citoyens du Golfe qui souhaitent faire reconnaître leur identité sexuelle, mais ses plaidoiries mettent également en évidence une tendance dangereuse à exiger une identité sexuelle spécifique et conforme à un système binaire homme/femme. En cette époque d’“ouverture” de la société bahreïnie – et de l’islam dans le monde entier – à l’existence de personnes transgenres et à la demande d’opérations de changement de sexe, le contexte social qui rend le travail de Mme Jahani nécessaire mérite d’être étudié. 

   En 1983, l’ayatollah Khomeyni avait lancé une fatwa autorisant les opérations de changement de sexe dans la république islamique d’Iran. Aujourd’hui, selon la BBC, “il y a en Iran plus d’opérations de changement de sexe que dans tout autre pays au monde, hormis la Thaïlande”. S’il est, dans la pratique, louable d’accorder aux citoyens davantage de droits sur leur corps et leur sexualité, la tendance à la chirurgie a révélé des cas troublants d’Iraniens gays forcés de subir des opérations de réattribution sexuelle. Les personnes transsexuelles – celles qui vivent et agissent à l’extérieur des normes sexuelles traditionnelles – voient leur sexualité médicalisée par un système qui exige une “cohérence” apparente entre le corps et la sexualité. En résumé, il n’y a aucune place pour l’ambiguïté. 

   Ali Askar avait 24 ans lorsque la BBC l’a interviewé en 2008. Il porte aujourd’hui le prénom féminin de Negar. Il explique qu’il n’aurait pas changé de sexe s’il n’avait pas vécu en Iran : “Si je n’avais pas été obligé de me faire opérer, je ne l’aurais pas fait. Je n’aurais pas touché à l’œuvre de Dieu. […] Mais je suis iranien. Je veux vivre ici et cette société te dit : tu dois être soit un homme, soit une femme.” 

   La compulsion qui pousse à définir le sexe d’un individu selon un système binaire n’est pas spécifique à l’Iran, à Bahreïn ou au monde arabe. Dans le monde entier, des personnes se demandent si le simple “changement” d’un sexe supposé à l’autre est un acte médical nécessaire autorisé par des gouvernements bienveillants, ou plutôt un moyen de brider et d’homogénéiser l’expression de l’identité sexuelle en la maintenant dans un système binaire. 

   La cohérence apparente entre le sexe, l’identité sexuelle et la sexualité est la principale motivation dans la plupart des cas de réaffectation sexuelle. Si, bien entendu, il existe des adultes qui sont déterminés à modifier leur corps en passant par la chirurgie et qui passent à l’acte en connaissance de cause, de plus en plus de personnes, de l’Iran aux Etats-Unis, se sentent contraintes de le faire pour coller aux présupposés normatifs sur le sexe et l’identité sexuelle. 


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(La Princesse Branoskovaïska dansant avec son tigre apprivoisé)


A Charleston dance contest with tiger at Princeton.
 It was said that the tiger’s style was a bit more Jitterbug
 than Charleston. Photo by Martha Holmes, 1949 (via)


(Tigre que les mauvaises langues prétendaient être
un animal plus que familier)

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Benoît Barvin

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