Bonjour à vous qui, dans le maelström du net, êtes arrivés, par hasard? lassitude? erreur? sur ce blog. Vous êtes les bienvenus. Vous y lirez des extraits d'articles, de pensées, d'interviews, piochés ça et là, et illustrés de photos et dessins détournés, via un humour de bon aloi. Vous pouvez évidemment réagir avec le même humour, la même ironie que nous mettons, chaque jour, à tenter de respirer un peu plus librement dans une société qui se corsète chaque fois un peu plus.

jeudi 20 mars 2014

"Cet excellent huissier ne fumait le cigare qu'après une expropriation réussie". Jacques Damboise in "Pensées inconvénientes".

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Pensées pour nous-mêmes:

(TU ES TON PROPRE EXEMPLE)

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(Sachant qu'il n'en avait plus pour longtemps,
ses idées noire le quittaient à toute vitesse)


DEMENTIA
[noun

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(Le descendant de l'empereur Inca
implorant le Dieu Quetzalcoatl de fiche
enfin ces étrangers destructeurs à la porte)



Au Pérou, le Machu Picchu 
menacé par un projet d’aéroport

AMANDA CHAPARRO

   (...) Déjà saturée avec ses 2 500 visiteurs par jour, la cité inca tremble devant un projet de développement gigantesque. Au menu : des avions, des centaines de familles expulsées et trois fois plus de touristes.

   « On s’y est opposés au départ, mais maintenant on est fatigués », concède Alicia, une habitante de Chinchero, dans le sud-est du Pérou. Depuis plus de trente ans, le débat fait rage autour du futur aéroport de Cuzco, septième ville du pays, mais première destination touristique en raison de la proximité du Machu Picchu. Maintes fois enterré pour des raisons de faisabilité, il est aujourd’hui en passe de voir le jour. Les terrains ont été achetés par l’Etat, et un appel d’offres a été lancé pour savoir qui exploitera les lieux durant les quarante prochaines années. Une vingtaine d’entreprises nationales et étrangères – dont trois françaises (1) – sont en course.

   L’emplacement choisi est la plaine de Chinchero, sur la route qui relie Cuzco à l’ancienne cité inca. Perché à 3 700 mètres d’altitude, au cœur des Andes, le lieu est embrassé par une couronne de montagnes sacrées, les Apus, vénérées par les Incas du XIIIe au XVe siècle. La ville du même nom, joyau d’architecture incaïque et coloniale, domine le site. Les communautés autochtones alentour ont conservé ici leurs traditions vieilles de plusieurs siècles et vivent de la culture de la pomme de terre et du tissage.


   Mais cet écosystème risque de vaciller avec l’arrivée des pelleteuses et la construction du nouvel aéroport qui devrait s’étendre sur 357 hectares. Et accueillir parkings, boutiques de luxe, hôtels et restaurants. Aussi vaste que celui de Lima, la capitale, il est prévu pour fonctionner 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7 et remplacera à terme l’actuelle infrastructure de Cuzco, située en plein cœur de la ville. L’équipement, né en 1964, est jugé trop petit, inadapté et dangereux. Aussi, le nouvel aéroport doit-il surtout permettre aux touristes de débarquer directement dans la cité andine, sans être obligés de transiter par la capitale (lointaine de 45 minutes en avion). Si le calendrier est respecté, les travaux débuteront en 2014, et le nouvel aéroport sera opérationnel en 2018.

   Le président de la République, Ollanta Humala, a fait du nouvel aéroport un symbole du développement touristique de son pays. En août 2012, un an après son élection, il promulgue une loi (2) donnant le feu vert à sa construction et en fait un projet de « nécessité publique ». « Cuzco mérite un tel aéroport, Cuzco a droit au développement », déclare-t-il lors d’un discours à la nation. Cinq millions de passagers sont attendus chaque année dès 2025, selon les prévisions officielles, contre deux millions aujourd’hui dans l’aéroport actuel. Pour un investissement de l’Etat à hauteur de 460 millions de dollars (338 millions d’euros), les retombées économiques sont, elles, estimées à environ 5 milliards de dollars par an (3,6 milliards d’euros). Davantage que le plus grand projet minier du Pérou, Conga, dans le nord-ouest du pays. (...)

   (...) Mais la population de Cuzco craint de ne pas être la réelle bénéficiaire de ce flot d’argent frais, dans un pays où les richesses sont très mal réparties. Malgré plus de 6 % de croissance annuelle en moyenne depuis dix ans, un quart de la population vit toujours en deçà du seuil de pauvreté. A cela s’ajoutent de fortes disparités nationales : ainsi, dans les zones rurales andines, le taux de pauvreté peut atteindre plus de 50 % (3). A Cuzco, le secteur du tourisme est aux mains d’investisseurs et de prestataires étrangers ou de grandes familles liméniennes. L’inflation est telle qu’eux seuls peuvent se payer des locaux commerciaux. Selon une étude récente, seules 20 % à 25 % des entreprises de tourisme situées dans le centre-ville sont détenues par des Péruviens. Et la part de Cuzquéniens est marginale !

   A Chinchero, où la spéculation va bon train, le même schéma semble à l’œuvre. Le prix du foncier a déjà explosé et le prix du mètre carré a bondi de 5 à 300 dollars (de 3,6 à 220 euros) ! Les autorités, elles, préfèrent mettre en avant la création de centaines d’emplois induits par l’aéroport. S’il ne conteste pas ce fait, Carlos de los Rios, économiste à l’Institut d’études péruviennes, tempère les espoirs officiels : « Les populations autochtones qui vivent à Chinchero serviront surtout de main-d’œuvre à bas coût. Dans l’industrie du tourisme, les emplois sont précaires, mal rémunérés, saisonniers et sans aucune garantie. » Il critique aussi la vision à court terme de l’Etat.« Le développement du tourisme se fait sans penser au futur. C’est une industrie vorace qui n’est pas durable. Cuzco va perdre de son attractivité dans les années à venir. Quand les touristes verront qu’elle n’est pas différente des autres villes mondialisées avec ses hôtels cinq étoiles et ses restaurants de cuisine mondialisée, ils ne viendront plus », assure-t-il. La région pourra-t-elle supporter un tel afflux touristique alors que le site du Machu Picchu – principale attraction touristique nationale – est déjà saturé ? (...)

(1) Les noms des entreprises françaises n’ont pas été communiqués. Contacté, le groupe Vinci précise qu’il ne « communique pas ce genre d’informations pendant la phase d’appel d’offres ».
(2) La loi « relative à l’expropriation des terrains de Chinchero pour la construction de l’aéroport international de Chinchero-Cuzco ».
(3) Chiffres de la pauvreté 2012. Source : Institut national péruvien de la statistique.

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(La femme qui nage sous l'eau ne manque pas d'air)


falling apart

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Luc Desle

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