Bonjour à vous qui, dans le maelström du net, êtes arrivés, par hasard? lassitude? erreur? sur ce blog. Vous êtes les bienvenus. Vous y lirez des extraits d'articles, de pensées, d'interviews, piochés ça et là, et illustrés de photos et dessins détournés, via un humour de bon aloi. Vous pouvez évidemment réagir avec le même humour, la même ironie que nous mettons, chaque jour, à tenter de respirer un peu plus librement dans une société qui se corsète chaque fois un peu plus.

mercredi 19 septembre 2012

"Par dérision, Dracula, complètement pété, exigeait qu'on l'appelle le Roi des Pieux". Jacques Damboise in "Pensées contrites"

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Pensées pour nous-mêmes:

(SOIS LE DRAPEAU DE LA PAIX
QUI CLAQUE AU VENT)

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COURTS RÉCITS AU LONG COURS(43)
pcc Benoît Barvin



http://lalarveoregime.unblog.fr/

Flaque

   C'était une mauvaise période. J'avais perdu mon boulot, mon épouse était partie, mes enfants avaient déménagé dans une autre ville, ils travaillaient tous deux et n'étaient pas vraiment décidés à m'épauler. Je ne pouvais leur en vouloir, je n'avais pas été un père très aimant, bouffé par le boulot et par quelques maîtresses, ce qui les avait profondément blessés. J'avais, certes, fait amende honorable mais ils m'en gardaient toujours rancune et...

   Je cessai de ressasser tous ces problèmes. Décidément, la vieillesse est un naufrage pendant laquelle le capitaine regarde son bateau couler en additionnant, avec amertume, toutes les erreurs commises et en pleurant sur son sort. Je me trouvais devant la banque de cette pharmacie et la préparatrice examinait l'ordonnance que mon docteur m'avait prescrite. Toujours les mêmes drogues destinées à me faire voir la vie en rose, à calmer les palpitations de mon coeur, à être, un peu, dans le droit courant d'une vie soi-disant normale.

   Cela faisait maintenant six mois que je venais, toutes les trois semaines à peu près, dans ce lieu de gavage pour oie humaine décentrée. Je prenais des anxiolytiques comme un gamin se gave de bonbon acidulés. Parfois cela marchait et je souriais comme une buse à tout bout de champ. D'autres fois cela me mettait dans l'état d'un étron qui prend conscience réellement de ce qu'il est. Pas folichon, n'est-ce pas?

   La préparatrice était une blonde entre deux âges. Elle avait dû être mignonne et il lui restait encore quelques traces de cette beauté: sa peau était aussi douce que celle d'un bébé; j'aimais ses mains un peu grasses que j'imaginais volontiers sur mon ventre; sa poitrine se contenait difficilement dans un soutien-gorge ample et elle était boudinée dans sa tenue blanche. Mais elle savait encore bouger avec grâce et, surtout, elle avait un capital sourire qui aurait fait fondre un directeur financier.

   Cependant, depuis deux mois à peu près, je m'étais rendu compte d'un étrange phénomène. J'avais l'impression que "Magda", puisque c'était ainsi qu'elle se prénommait, enflait comme un bibendum. Au début, je mis ça sur le compte de la ménopause puis le phénomène prit un tour inquiétant. Chaque semaine Magda prenait quelques rondeurs supplémentaires. J'avais en effet pris l'habitude de l'observer, de loin, et même de la suivre, en prenant les précautions nécessaires pour ne pas être confondu avec un banal voyeur. 

   Ce matin, la jeune femme avait de nouveau forci. Son visage était maintenant suave, d'une rondeur avenante; sa poitrine semblait sur le point de faire craquer un soutien-gorge qui, à présent, atteignait les limites autorisées; jusqu'à ses doigts qui me firent penser à de jolies saucisses dans lesquelles j'aurais aimé mordre... Le plus impressionnant, c'était que ses collègues semblaient trouver cette métamorphose normale et qu'ils continuaient à vendre, sans sourciller, des méthodes "infaillibles" pour maigrir.

   Le soir me trouva dissimulé derrière la pharmacie. Qu'espérais-je? Je n'en sais rien. Peut-être avais-je envie de lui adresser la parole, afin de lui avouer que sa présence, depuis que ma garce d'ex-femme m'avait quitté, me faisait du bien. Que nous pourrions faire un peu de chemin ensemble? A moins que ce ne soit sa transformation physique qui m'attirât, tel un aimant, modification que j'étais certain de stopper, puis de faire régresser. Une illumination me vint: Magda m'avait été envoyé par un Esprit supérieur qui voulait qu'à travers elle je me sauve.

   La lune était ronde, aussi ronde que la préparatrice qui quittait toujours la dernière la pharmacie. Elle me parut encore plus large que le matin. Elle "roula" vers sa voiture, éclairée par la lumière froide de la lune qui me révéla un semblant de femme, une caricature humaine qui, au fur et à mesure de sa marche, se déformait pour ressembler à une ébauche de glaise qu'un sculpteur invisible  transformerait. 

   La forme devint une grande flaque dans laquelle se reflétait la lune. Elle me fit penser à un immense protoplasme qui palpitait, empli de couleurs chatoyantes et, au "milieu" de cette "chose", je crus distinguer comme deux pupilles d'or qui m'observaient.

   Je fis un demi-tour affolé et m'enfuis, le coeur au bord des lèvres et, après avoir balancé alentour les médicaments pelliculés que je trimbalais comme des gri-gri, je me jurai que plus jamais - ah ça non, plus jamais - je ne tomberais amoureux d'une préparatrice en pharmacie.

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"Comment ça la grille est ouverte?
Mais tu ne sais pas que je suis une vraie blonde, non?
Quelle cruche, celle-là!"


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"Ah vos rangs... Fixes!"


(Cette bande de manchots faisait régner 
la terreur dans le camp de vacances)

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"Youpie! J'ai perdu ma virginité!
J'ai perdu ma vir-gi-ni-té!!!"


(Cette idiote de Dorothée avait juste embrassé son boy-friend
sur le bout du nez. Les années 60 étaient un rien naïves...)

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"Non mais... T'as vu la tête des lecteurs?
- Et celle des lectrices, alors...
- Hihihi..."


(Ces deux starlettes étaient insupportablement  moqueuses)

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"Alors? Tu en penses quoi, de mon cadeau?
- Ben..."


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Jacques Damboise (maître es humoriste)

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