Bonjour à vous qui, dans le maelström du net, êtes arrivés, par hasard? lassitude? erreur? sur ce blog. Vous êtes les bienvenus. Vous y lirez des extraits d'articles, de pensées, d'interviews, piochés ça et là, et illustrés de photos et dessins détournés, via un humour de bon aloi. Vous pouvez évidemment réagir avec le même humour, la même ironie que nous mettons, chaque jour, à tenter de respirer un peu plus librement dans une société qui se corsète chaque fois un peu plus.
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mardi 5 novembre 2013

"Cette tapette sous un crâne tuait les mouches du politiquement correct". Jacques Damboise in "Pensées inconvénientes".

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Pensées pour nous-mêmes:

(NE THÉSAURISE PAS LES ETOILES
QUI FOURMILLENT DANS TA TÊTE)


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Nouveau court récit au long cours (4)

LE LIBÉRÉ 
DU 
CLUB MAD


   Daniel, qui travaille en sous-main pour une entreprise chargée d'observer l'évolution des différents clubs de vacances de la planète, note les changements ayant eu lieu à Ipsos, dans cet endroit qui est devenu "moderne" pour attirer une clientèle jeune... et affamée de boissons pour faire plus vite la fête..



   Bravo pour le raccourci. Il doit paraître sérieusement décalé et décati pour qu’elle lui suggère, à peine arrivé, d’aller se dorer la pilule sur un transat dans une résidence friquée !

   Il fait signe à Rachel qu’ils peuvent y aller. Il ne peut s’empêcher d’émettre des commentaires.

   - En voilà une qui ne manque pas de souffle ! C’est à se demander si on leur enseigne les rudiments du savoir-vivre. J’ai l’impression qu’ils recrutent des jeunes niveau BTS Force de Vente, plutôt que des diplômés en Tourisme et Loisirs. Et encore, la classification des études y fait-elle quelque chose ?… Au fait, c’est le genre de question que personne ne veut entendre ici, mais j’ai envie de savoir. Vous travaillez ou vous êtes étudiante ?

   - Entre les deux. Je viens de soutenir une thèse en psychologie, et ensuite… eh bien, je ne sais pas… ça risque de prendre du temps… J’ai besoin de souffler un moment.

   - Déprimée ?

   - Oui, c’est cela.

   - Et vous comptez sur cette semaine pour reprendre un peu d’enthousiasme ?

   Elle lui fait oui de la tête, légèrement essoufflée. La côte est rude qui monte vers l’Olympe. Lui, ça va, il a le cœur très solide.

   Ils passent devant les premières cases du secteur : elles sont nickel. Fini la paille et le chaume. Il doit y avoir un coin toilette à l’intérieur. Rachel appréciera. Les jeunes sont habitués à leur confort. A leur façon, ils cherchent le paradis, l’oubli des aberrations de nos systèmes sociaux. N’a-t-il pas fait de même autrefois quand il fuyait la capitale et les contraintes familiales ? Seulement, il leur faut de plus en plus de commodités, de moins en moins d’efforts au quotidien. Du coup, les structures les prennent en charge et les mettent dans des moules dont ils auront du mal à se sortir.

   - Je m’étonne que vous soyez venue seule, juste avec du blues dans votre sac.

   - Bien vu. Une amie parisienne arrivera ce soir. On s’est donné RDV ici.

   - Psychologiquement, c’est plus logique.

   Elle sourit, et il devine déjà dans cette âme toute la tristesse du monde.

   Sans le panneau directionnel près des sanitaires, il n’aurait pas trouvé la case, exilée dans un recoin de la presqu’île. Leurs cases sont pratiquement à côté, juste pour leur rappeler cette fameuse histoire de hasard qui fait bien les choses.

   Ici au moins, ils seront tranquilles. Loin des retours nocturnes. A l’écart. On entend juste la rumeur du restaurant qui s’active pour le déjeuner. On est donc en hauteur sur l’isthme. On ne voit pas la mer de là. On est à l’ombre d’oliviers centenaires, sur une terre de légendes...

   Daniel visite sa case. Rien à dire, c’est propre, fonctionnel, mais l’Energie s’en est allée, foi de Jupiter !

   C’est alors qu’une autre rumeur gronde, enfle et assourdit le silence, venant de plus bas, en ligne directe ascendante, telle un tonnerre de basses, ponctuée par les aboiements d’un animateur racoleur.

   - Mesdames, messieurs, toute l’équipe de Corfou, vous attend comme chaque jour, au bar, pour vos « Mad Mouvements » préférés, suivis d’un méga-apéritif, yéééh !

***

(A Suivre)

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"Heu... On pourrait d'abord discuter...
- Ce n'est pas ce que je fais, 
cabrón?"

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(La marchandisation du corps féminin

fonctionnait à plein régime)



La première "salope" répond aux "343 salauds"

   (...) En écho aux "343 salopes" qui défendaient leur droit à l'avortement dans les années 70, "343 salauds" (en réalité, ils ne sont que 19) signent aujourd'hui dans "Causeur" un manifeste pour défendre leur droit d'aller "aux putes" (sic). Ils s'y inquiètent "que des députés édictent des normes sur [leurs] désirs et [leurs] plaisirs", dénonçant une "répression déguisée en combat féministe" (rien que ça...).

   Nicole Muchnik est à l'origine de la publication du "Manifeste des 343", dans "Le Nouvel Observateur", le 5 avril 1971, avec Jean Moreau. Elle fait partie des "salopes" pour "Charlie Hebdo" qui rebaptise une semaine plus tard le Manifeste. "J'ai trouvé ça amusant", se souvient-elle aujourd'hui. Car Nicole Muchnik n'a jamais eu froid aux yeux. Cette journaliste originaire de Tunis a aujourd'hui 77 ans, et elle a été de tous les combats, de la Guerre d'Algérie aux grandes luttes de la gauche, en passant par le féminisme. On serait bien en peine de la faire passer pour une puritaine, car prôner la liberté à avorter, à disposer de son corps en tant que femme avait à l'époque une odeur de souffre. 

   Aujourd'hui, Elisabeth Lévy, directrice de publication de "Causeur" souhaite avec les "343 salauds", "emmerder les féministes d'aujourd'hui". Et celles d'hier, qu'en pensent-elles ? Interview.

   / Les "salauds" revendiquent le "droit de jouir"(sic) et le "droit à la différence", se comparant au manifeste initial. Quelle est la différence entre revendiquer la liberté d'avorter et la liberté d'aller "aux putes", comme ils disent ?

   - Ça me blesse énormément et je vais vous dire pourquoi : il n'y a pas longtemps, j'ai lu que l'ex-présidente de la Communauté de Madrid avait écrit "Après tout, si quelqu'un veut vendre son sexe, pourquoi pas ? Pourquoi le corps, le sexe ou n'importe quoi d'autre de ce genre serait en dehors du marché?"

   C'est ce qui me choque aujourd'hui, de la part des 343 salauds qui portent très bien leur nom et qui défendent cette "liberté". C'est scandaleux : vendre son corps c'est en faire une marchandise. Pourquoi ne pas vendre des enfants, des organes, des esclaves?

   L'avortement, c'était bien autre chose : c'était un droit à la liberté de disposer de notre corps.

   / Qu'avez-vous ressenti en apprenant cette publication ?

   - Je trouve comique que ces hommes, qui passent pour être intelligents, protestent parce qu'on touche à leur portefeuille, parce qu'on leur inflige une amende. C'est fantastique... et profondément hypocrite. A côté, ils ne parlent pas ou à peine, pour s'excuser, du fait que ces femmes soient en réalité des esclaves du sexe.

   Je n'ai franchement rien contre le fait qu'une petite bourgeoise ait envie de se faire un "type" en fréquentant un hôtel de passe ou ce qu'elle veut, c'est sa liberté. La prostitution, c'est bien autre chose, c'est de la vente de femme, et rien d'autre. C'est bête d'avoir à répéter encore que le corps et la tête forment un ensemble: quand on vend son corps, surtout sous la contrainte, on vend aussi sa tête. Et quand Elisabeth Levy [directrice de la rédaction du magazine "Causeur", NDLR] parle des féministes comme de la "brigade des plumeaux", c'est grave. Quelle est cette confusion ? Qu'est-ce qu'elle a dans la tête cette bonne femme ? 

   / Ce manifeste des salauds est-il le symptôme d'un véritable recul en terme d'égalité femmes-hommes ? Qu'est-ce que ça représente ? 

   - Ces hommes ne représentent qu'eux-mêmes : une poignée d'imbéciles qui se font de la pub. Je crois que la société française n'en est pas à ce point là, même si la prostitution est un réel problème. Je ne crois pas que ce soit représentatif de la société, et surtout, des hommes. 

  / A titre personnel, que pensez-vous de la pénalisation du client, qui est proposé aujourd'hui par le gouvernement?

   - Il faut en passer par là il me semble, malheureusement. Comme pour les quotas : on ne devrait pas avoir à les infliger dans une société civilisée, mais on voit qu'il faut en passer par là. (...)

Propos recueillis par Alice Maruani - Le Nouvel Observateur

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(Casque protégeant un des 343 s...
du syndrome terrifiant de l'intelligence)



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Benoît Barvin

dimanche 3 novembre 2013

"Cet enfant boulet était le fils de l'Homme Canon". Jacques Damboise in "Pensées à contre-pet".

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Pensées pour nous-mêmes:

(ÉVITE D'AVOIR A TE PARDONNER)

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Nouveau court récit au long cours (2)

LE LIBÉRÉ 
DU 
CLUB MAD 


   Notre "Héros" part pour l'île de Corfou où il doit séjourner dans un club de vacances, pour une mission qui semble très secrète. Que va-t-il y trouver?



CHAPITRE 1

« Il faut savoir oublier
pour goûter la saveur du présent. »

Marc Augé

   A l’arrivée, des caïques venaient tous les chercher à Kerkyra et ils rejoignaient Ipsos en bateau. Cela leur permettait de faire connaissance. Il faut dire que dans les premières semaines, en mai et en juin, le nombre de vacanciers n’excédait pas quatre cents personnes. Le Village était à eux ; ils s’y sentaient accueillis, ils y prenaient leurs aises, ils avaient de l’espace et du calme…

   Les temps ont changé. Des organisateurs jeunes et artificiellement sympathiques les ont fait monter dans un autocar grand luxe où la climatisation distille sa fraîcheur, et une radio, la musique US qui sévit partout.

   Une douzaine de jeunes costauds, allure rugbymen, soulagés d’avoir retrouvé le plancher des chèvres, entonnent une chanson à boire.

   Il ne sait pas ce qui se passe mais il se sent agressé, mortifié. Il ne retrouve pas l’ambiance habituelle et cela le dérange comme si l’on portait atteinte à la dignité de l’être humain dans sa globalité.

   - Ne te laisse surtout pas atteindre par la nostalgie, lui avait rappelé Gabriel. Tu dois faire abstraction de ce que tu as pu aimer là-bas. On te demande juste une étude comparée sur le terrain pour confirmer nos études préalables. Nous savons que tu ne feras qu’entériner nos premières conclusions. Tu es là, disons, pour mettre la touche finale à notre travail. Ce que tu verras et vivras au Village ne pourra que te décevoir, tu t’en doutes bien. Nous sommes loin des idées somme toute généreuses du fondateur. L’art d’être Père Noël ne fait plus recette. Depuis le rachat de l’association par de puissants groupes financiers et la situation actuelle, bien de l’eau sale a coulé sous les pontons. Tu vas tout découvrir de tes propres yeux. Ne sois pas trop touché !

   Il faut qu’il se remémore toutes leurs mises en garde. Qu’il reste détaché et ne prenne pas trop vite parti pour des sujets finalement très prosaïques. Il est parvenu, il y a peu, au détachement, à la légèreté de ceux qui ne font que passer. Ce n’est pas le moment de retomber dans le jugement, l’hypersensibilité et la faiblesse.

   - C’est la première fois que vous allez à Ipsos ? lui demande de but en blanc une jeune femme au profil d’oiseau, assise à ses côtés.

   Ne sachant pas mentir, il répond que non. Elle enchaîne aussitôt, heureuse d’avoir trouvé un informateur.

   - C’est si joli que cela, le Village, les cases ? Mes parents m’ont dit qu’il y avait des fleurs partout. Un restaurant idyllique. Que c’était un vrai paradis… C’est vrai ?

   - C’est effectivement l’image que j’en ai gardée. Seulement mes références datent un peu

   Sa réflexion la fait rire. Un beau rire franc, naturel.

   - Il paraît que l’ambiance est parfois un peu lourde… comme en ce moment dans le car…

   - Effectivement, on ne peut pas empêcher ce laisser-aller. Mais tout dépend du chef du Village. L’ancien savait canaliser tous ces débordements. Quand il voyait qu’il avait à faire à toute une bande de joyeux fêtards, genre excités portés sur l’alcool, il organisait des tournois, des tas de challenges pour que les gars échauffés puissent suer leur agressivité. Pour finir, on arrivait tous à faire assez bon ménage.

   - A ce sujet mes parents m’ont conseillé de réserver une case par fax, une semaine avant mon arrivée. Ils m’ont dit : « Rachel, loge à la presqu’île ». C’est vraiment mieux ?

   - Oui, ils ont eu raison, c’est situé légèrement à l’écart, en hauteur. On domine la mer. Les habitués choisissent toujours ce coin-là.

   - C’est donc là que vous logerez, déduit-elle avec un petit air futé.

   - Tout juste.

   Il remarque, tout en parlant, que la route sinueuse a été agrandie, que de nouvelles constructions, pour la plupart en instance, viennent surcharger le paysage. Mais le ciel est toujours bleu et sa loquace voisine d’une fraîcheur apaisante.

   - Voilà, nous arrivons. L’entrée, avant, était plus haut, vous voyez ? Certainement trop étroite pour le trafic des nouveaux autocars. Voici les tennis… très ensoleillés… et le début du village de cases.

   Que se passe-t-il ? Elles n’ont plus la même allure rustique qu’autrefois. Se pourrait-il qu’ici aussi, ils aient voulu normaliser, aseptiser, rendre plus confortable et plus cher ? Il avait comme consigne de ne rien consulter ayant trait au Village avant son arrivée. Ce sont ses supérieurs qui ont tout organisé. Il découvre donc en même temps que Rachel, mais contrairement à elle, ses yeux ne sont pas vierges. Ils ont connu plus beau autrefois et ne peuvent l’oublier. Ils trouvent de la fadeur, là où ceux de Rachel ne voient que joliesse.

   - C’est carrément une forêt d’oliviers ! C’est splendide.

   - Ce n’est pas fini, vous allez voir.

(A Suivre)


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(Une fois remontées, les Soeurs "Dance Shoulders"
ne s'arrêtaient plus)



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(Derrière le Miroir, Alice faisait des grimaces)


Victoria Audouard - Mirrors (2012)

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(Banquier affamé se ruant sur une bonne affaire)


(Source: mizzkandikizzes, via snowsgreen)

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(Palace faisant entrer en douce un trader sous couverture)


VIP
(Source: 66lanvin, via maskofzorro)

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Jacques Damboise

samedi 2 novembre 2013

"Il mit de l'eau dans son vin et fut massacré par les viticulteurs présents". Jacques Damboise in "Pensées inconvénientes".

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Pensées pour nous-mêmes:

(LE VOILE SUR TON VISAGE
DISSIMULE-T-IL TON ÂME?)

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Nouveau court récit au long cours (1)

LE LIBÉRÉ 
DU 
CLUB MAD 

   « La technique moderne a introduit des objets tellement inédits
et des conséquences tellement inédites, que le cadre de l’éthique antérieure ne peut plus les contenir. » Hans Jonas




PROLOGUE


   C’est une étrange mission que la sienne. Il ne sait pas qui la lui impose vraiment. D’ailleurs, peut-être est-ce elle qui s’impose à lui. Elle est à la fois factice, futile, essentielle, nécessaire en tout cas pour ceux qui l’en ont investi.

   A priori, il ne sait pas qu’en penser. Il va se laisser porter et observer. Il va être un Gentil Observateur, un G.O. parmi leurs G.O., comme ils disent là-bas. Ou comme ils disaient… Cela fait tant d’années qu’il n’y est pas retourné. Les choses ont peut-être changé à ce niveau-là aussi : histoire de marketing, d’économie, de mode, que sais-je encore ?

    - Vous voulez boire quelque chose, monsieur ?

   L’hôtesse le regarde avec deux yeux de biche fauve, un Thermos de café à la main.

   Boire, oui. Essayer à nouveau. Tout cela va lui revenir. Il demande un peu d’eau, efkaristo. Oui, il parle grec, croit-il, quelques rudiments.

   Le gobelet en plastique transparent, coule en molécules fraîches sur sa langue et ses gencives. Retour de la joie simple de se désaltérer.

   Dans quelle amnésie avait-il donc plongé pour oublier ces plaisirs de l’existence ? Est-il encore privé d’une partie de son entendement ? Pourtant les sensations affluent tout à coup, comme aspirées par son être.

   Ils survolent une île, dendrite sur le bleu de la mer. Ce doit être Elbe avec l’Italie comme horizon. La terre est belle vue d’en haut. Tout semble simple. Et les problèmes humains abolis. L’homme en avion peut se sentir aussi léger qu’un ange. Peut-être est-il le seul parmi les cent cinquante passagers à ressentir le poids de sa condition retrouvée et à ne pas flotter sur les nuages de la vacance à venir. Contrairement à eux qui n’aspirent qu’à oublier le monde qu’ils viennent de quitter, il a un travail à effectuer sur l’île de Corfou, une investigation très pointue. Et cela lui plaît. Il n’aurait certainement pas supporté d’y retourner en touriste. Ce mot qu’il a fini par détester.

   Combien de fois déjà, y était-il allé du temps de ses années où il faisait à peu près comme tout le monde ? Onze fois, oui, c’est cela. En 1965 pour la première fois.

   - Pars trois semaines au Village-Club, lui avait suggéré sa compagne. Tu bosses tellement toute l’année. Fais une coupure. Ce seront tes premières vraies vacances.

   Alors il avait choisi Corfou, sur les conseils de son frère. C’était à la mi-mai. Troisième semaine offerte. Très peu de monde à cette saison. Il s’y est tant régalé, peinard dans une case tout seul, faisant du ski nautique sans arrêt, qu’il y est retourné plusieurs années durant, sans se lasser du paysage, des oliveraies, de l’ambiance bon enfant avec ses spectacles colorés, ses sirtakis et feux de camps sur la plage.

   Et aujourd’hui, il vole vers Corfou pour ausculter les dessous des frondaisons, les secrets des rouages, l’état de santé de la presqu’île d’Ipsos mise à mal par des vibrations trop violentes. Il va là-bas pour tenter de trouver une parade au système qui fait rage aux quatre coins du monde. Endroits retirés, privilégiés croit-on, mais pollués insidieusement par une stratégie commerciale et politique impitoyable, où des Observateurs dépêchés comme lui en urgence auront à déployer tout leur savoir-faire sans se laisser subjuguer par l’atmosphère corruptrice du lieu, aussi paradisiaque soit-il.

   - Mesdames, messieurs, nous allons procéder à l’atterrissage dans quelques minutes. Veuillez rattacher vos ceintures, relever votre dossier ainsi que la tablette. La température au sol est de 23°. Il est dix heures, heure locale. Nous vous demandons de garder vos ceintures bouclées jusqu’à l’arrêt complet de l’appareil. Attention au jet d’objets en récupérant vos bagages de cabine.

   Oui, il y fera très attention. Le contrôle à Marseille a été passé sans encombre. Il ne devrait plus y avoir de problème. Juste prendre un soin extrême de son bagage à main.

   Il entend encore l’ultime recommandation de Raphaël lui remettant les cinq fioles de produits, la veille de son départ. Puis son « au revoir » prononcé avec compassion.

   - J’espère que tu n’auras pas à t’en servir. Adieu Frère.

(A Suivre)


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(Primate exprimant une solide pensée d'amour
envers ses frères humains)


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(L'islamisme radical intéressait bien
au-delà de la Galaxie)


Dear Monday

Islamisme – 
Quand le voile se déchire
ERIC CHOL
COURRIER INTERNATIONAL

   (...) “Nous sommes moins musulmans pour les fondamentalistes et trop musulmans pour les islamophobes.” Journaliste québécois d’origine algérienne, Lamina Foura a poussé un cri de colère le mois dernier pour protester contre la présence à Montréal de quatre prédicateurs radicaux venus d’Europe. 

   Lui emboîtant le pas, de nombreux musulmans québécois – la communauté compte 150 000 membres – ont aussi exprimé leur opposition face aux discours d’intolérance des islamistes, dont la conférence a finalement été annulée. Comme à Montréal, lassés d’être confondus avec les éléments les plus sectaires de leur religion, les musulmans prennent la parole pour dénoncer les raccourcis faciles et les confusions hâtives

   Il était temps : un sondage inquiétant publié par Ipsos au début de l’année montre que les trois quarts des Français jugent que l’islam est une religion intolérante ; et plus d’une personne sur deux estime que la majorité de ses adeptes sont “en majorité” ou “en partie”intégristes. 

   Pour les 1 600 millions de musulmans de la planète (deuxième religion mondiale), ce n’est évidemment pas une bonne nouvelle. (A quand le même sursaut des musulmans contre la fanatisme dans les pays européens?) (...)


µµµ

(Texte de France 24 évoquant cette conférence)

Le Québec s'émeut de la venue 
de prédicateurs musulmans radicaux
 Stéphanie TROUILLARD 

   (...) La conférence intitulée "Entre ciel et Terre" prévue le 7 septembre au Palais des congrès de Montréal (et qui n'a donc pas eu lieu)  s’annonce des plus agitées. La présence de quatre prédicateurs européens lors de ce rassemblement consacré à l’islam suscite de nombreuses critiques au sein de la société québécoise. 

   La ministre de la Condition féminine, Agnès Maltais, a elle-même dénoncé la venue de ces conférenciers qu'elle juge "radicaux". Elle a envoyé une lettre à son homologue fédérale Kellie Leitch pour interdire leur prise de paroles et ainsi "évité la propagation de propos inacceptables pour les femmes du Québec". "Ces prédicateurs véhiculent des valeurs qui vont totalement à l'encontre des principes d'égalité entre les hommes et les femmes défendus au Québec", a-t-elle vivement dénoncé dans un communiqué. (...)

   (...) Ces critiques ont aussi été relayées par de nombreux membres de la communauté musulmane qui n'ont pas caché leur vive désapprobation. Dans une tribune, l’écrivain québécois d’origine kabyle Karim Akouche fustige ainsi ces "fous d’Allah" qui "glorifient la mort et le jugement dernier". "Moi qui ai vu prêcher ce genre d’illuminés dans les stades et les rues d’Algérie, au début des années 1990, avec pour résultat plus de 200 000 morts et d’infinies souffrances, comment pourrais-je me taire ?", écrit l'artiste.

   Le journaliste d’origine algérienne Lamine Foura a lui aussi condamné l’arrivée de ces prêcheurs au Québec. Selon lui, la grande majorité des 150 000 musulmans de cette province francophone du Canada ne partagent pas cette vision de la religion. "Les Québécois de souche et la société demandent à ce que ces musulmans se distinguent de ces discours d’intolérance et de haine", a-t-il expliqué à Radio-Canada.

   Plusieurs appels à des manifestations ont par ailleurs été lancés sur les réseaux sociaux. Le "collectif québécois pour les libertés face à l’islam radical" va organiser notamment une journée d’actions le 7 septembre pour remettre en cause cette conférence qui vise d’après lui "à répandre la vision d’un islam radical fondé sur la charia afin de l’appliquer à tous". (...) 

   (...) Les quatre "prédicateurs vedettes" attendus à la conférence se sont fait remarquer par leurs prêches radicaux prônant une application très stricte de l’islam des origines. Le Français Nader Abou Anas, qui prêche à la mosquée du Bourget, donne notamment des consignes très rigoureuses sur les rapports homme-femme. Dans plusieurs vidéos publiées sur Internet, il interdit tout accessoire (bijoux, maquillages, jean serré) pour les musulmanes qui selon lui sont des "servantes d’Allah qui ne sont pas libres de faire ce qu’elles veulent dans ce monde". Il exige aussi que "ses sœurs" portent le hijab car "refuser le voile, c’est pire que d’avoir le cancer ou le sida, car ne pas porter le voile mène en enfer".

   Un autre des invités de la conférence de Montréal, Farid Mounir, président du centre socioculturel de Longjumeau dans la région parisienne, s’en prend aussi régulièrement aux "femmes provocantes". "Regardez les femmes dénudées à la télévision. Aujourd’hui, nous tous on regarde les informations, le journal télévisé, et parfois on a aujourd’hui des demoiselles qui sont presque toutes nues, décolletés, on voit tout. (…) Leur tenue n’est pas correcte ! Allah nous a défendu de regarder de telles personnes et nous a demandé de baisser le regard !", a-t-il affirmé lors d’un prêche.

   Malgré la polémique qui ne cesse d'enfler, les organisateurs d’"Entre ciel et Terre", réunis sous le collectif 1ndépendance, sont restés jusqu'à présent silencieux. Sur leur page Facebook, ils précisent seulement que leur rassemblement "se veut un rendez-vous annuel d’échange et de partage à l’attention des jeunes de la communauté musulmane". (...)


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(Dumbo l'éléphant au cours de sa retraite spirituelle)



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Benoît Barvin