Etrange comme écrire tous les jours est un arasement de nos valeurs les plus profondes.
Il faut à chaque fois trouver un sujet - ou plusieurs - et, dans l'urgence, tenter de cadrer les différentes implications que cela suppose. Parler de politique, par exemple, et des derniers sautillements sémantiques du résident actuel de l'Elysée, ou des propos tenus par tel ou tel activiste de la médiasphère est un exercice à haut risque.
Dur de trouver le bon angle d'attaque pour tenter de définir une pensée personnelle, de ne pas se laisser aller, comme CSP (http://comite-de-salut-public.blogspot.com/), à traiter un acteur de ce théâtre de guignol de "flaque de vomi froid". Certes, le plaisir de l'auteur est évident et l'amusement du lecteur également, mais cracher sur les adversaires politiques - qu'ils soient dans le milieu politique, judiciaire ou dans les médias -, outre que cela fait penser au détestable "Casse-toi pauvre con", n'amène rien de vraiment transcendant.
Je sais que la violence des formules était, dans la Troisième République, presque une institution.
Evoquant Emile Loubet et son épouse, Clémenceau, au verbe haut, disait notamment : « Ce couple de petits bourgeois incultes et sans éducation installés à l’Elysée, quelle pitié ! » En guise d’oraison funèbre, Jaurès n’était guère mieux traité : « Voilà ce que c’était, Jaurès… Un dangereux imbécile. Je le répète, son assassinat fut une chance pour la France. » Il qualifiait Edouard Herriot, Président du Conseil, de « Bouse de vache » et Gambetta, lui aussi Président du Conseil et Ministre, de « Barbe à poux » (http://savatier.blog.lemonde.fr)
Le but, pourtant, dans ces papiers virtuels, n'est pas tant de se faire plaisir, me semble-t-il, que de mettre en mots les tenants et aboutissants de Ceux qui nous gouvernent. Chercher les points de jonction, traquer les fissures dans des dicours ou des poses bien trop lisses, tenter de décrypter les faits et actions, non pas avec l'émotion en bandoulière, mais en cherchant ce qui se cache derrière - s'il y a lieu.
Bref, les billets de réflexions sont avant tout des petits bouts d'éclairage de la sphère publique, avec les moyens du bord. Il faut aller à la chasse aux informations sur un Net pantagruélique - et souvent maelstrom de contradictions tonitruantes. Comprendre - ou tenter de - ce qui donne - à nos yeux - le "La" dans un événement, une déclaration, un acte, un posture.
Après avoir déposé ses borborigmes sur son blog, l'infortuné blogueur n'a souvent d'autres attentes que celles des réactions d'une blogosphère cruelle, un rien "chien fou", qui lui échappe complètement et noie ses efforts dans une litanie de commentaires qui, eux, le plus souvent, ne font pas dans la dentelle intellectuelle. C'est le jeu, bien sûr, mais cependant parfois un rien éreintant, il faut bien l'avouer.
Arasement des valeurs, écrivais-je plus haut... Oui, mais également renversement des dites valeurs établies, des certitudes de nos dirigeants, des innombrables mépris avec lesquels on cajôle les peuples - mal - gouvernés.
Alors cet arasement, au final, n'est qu'un moindre mal au vu du résultat: un bouillonnement effervescent dont sortira, un jour, une nouvelle manière de s'occuper de la sphère politique. C'est mon souhait et je le partage.
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Pour finir, la petite pensée du jour:
"Si vous voulez savoir la valeur de l'argent, essayez donc d'en emprunter".
Benjamin Franklin.
Benoît Barvin
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